• 334. Coucou, le revoilàJe m’étonnais de ne plus entendre le Pr Raoult. Il vient de réapparaître dans une interview accordée aujourd’hui à Cnews, interview que je n’ai pas vue ou entendue et dont je n’ai lu que des extraits dans la presse. Je dois au préalable dire que je ne connais probablement pas le centième de ce qu’il sait sur les maladies infectieuses, ce domaine étant loin de ma spécialité. Ses points de vue étant originaux, il n’est pas inutile d’en prendre connaissance.

    Comme Trump, dont on s’est beaucoup moqué, il attribue lui aussi l’augmentation du nombre de contaminations à la pratique accrue des tests de dépistage. Ce n’est pas illogique, et pour une fois le président américain ne méritait pas les ricanements lorsqu’il avait déclaré la même chose. Toutefois, avec le temps et une épidémie persistante, il est probable que le nombre de contaminés augmentent sans que la diffusion des tests en soit la cause. Il ne faut pas accuser le thermomètre de donner de la fièvre.

    Notre professeur au cours de l’interview sort une banalité : “Plus on s'affole, moins on soigne bien”. Mais suivez mon regard : “On n’organise pas de lutte en ayant peur”…“Il faut enlever ceux qui ont peur et mettre ceux qui ont du courage devant”. Je ne vois pas très bien ce qu’il a voulu dire. Que veut dire « courage » pour un médecin en dehors d’aller porter secours à un blessé sous la mitraille ou de soigner des infectés comme l’ont fait les soignants en pleine épidémie. Quand il s’agit de prendre des décisions préventives et/ou thérapeutiques (ce que semble sous-entendre Raoult), le médecin ne prend aucun risque, c’est le malade qui en prend puisqu’il subit les conséquences d’une mauvaise décision. Paroles aussi verbales que vainement critiques. Pour les politiques, le courage est d'appliquer, dans l'incertitude, une bonne décision alors qu'elle est impopulaire.

    Il note que « dans les cas qu’on trouve, on est en train de regarder, entre ceux qu'on trouve maintenant et ceux que l'on trouvait en février ou en mars, ce n'est plus la même maladie”…Il s’agirait désormais de formes “très bénignes”“sans troubles de la coagulation”.

    Ce n’est plus la même maladie ? Je ne peux en juger (c'est possible en cas de mutation du virus), mais ce n’est peut-être plus la même population qui se contamine, peut-être est-elle plus jeune et les jeunes ont toujours fait pour la plupart des formes bénignes ou asymptomatiques.

    Puisque la maladie est devenue – à ses yeux – bénigne, on comprend qu’il ne soit guère formel sur l’utilisation de masques : “Si les masques peuvent rassurer c'est une chose, mais je suis inquiet qu'on fasse une fixation trop importante dessus, parce que maintenant c'est les gens qui vont vouloir faire la loi”. Aussi est-il partisan de la recommandation plutôt que de l’obligation. Il donne au masque un intérêt comme signal, celui qu'“il y a une maladie contagieuse qui circule”, mais il nous accorde toutefois que le masque joue un rôle physique de protection.

    Mais professeur, si vous recommandez, cela veut dire que l’on peut aussi se dispenser de la recommandation, et que des contaminés, surtout s’ils sont asymptomatiques, continueront à diffuser le virus et peut-être à tuer. Vous avez dit vous-même devant la commission parlementaire que plus l’on parle, plus on risque de dire des bêtises. Vous auriez mieux fait de vous taire plutôt que d’envoyer un tel message qui va conforter les réfractaires au masque. Je ne vous dis pas merci.    


    27 commentaires
  • 333. Hippocrate, Pasteur, réveillez-vous !

    D’après Rue89Strasbourg, une médecin du Bas-Rhin, âgée de 60 ans, naturopathe, homéopathe et adepte de “l’hypnose humaniste” “médecin de la conscience” et non "big pharma” envoie au sein d’un groupe “contre le masque obligatoire, pour la liberté de respirer et de sourire” un certificat de complaisance sur lequel il n’y a plus qu’à ajouter son nom et son prénom : “Les masques c’est un faux problème. Imaginez, quand un petit enfant se promène avec un masque, c’est une muselière. Le problème, c’est la dictature qui monte”, dit-elle, en affirmant par ailleurs avoir réussi à guérir des malades du Covid avec des méthodes alternatives. “J’ai prescrit pour tout le monde des vitamines, des huiles essentielles, etc… Pour moi le masque, comme les vaccins, c’est un mensonge". Elle préconisait également aux patients de “se rapprocher de la nature, de prier, voire même de répéter une succession de chiffres pour se protéger du Covid”… “Radiée ou pas radiée, cela importe peu, d’autres l’ont été avant moi… Moi je m’irradie au soleil, je respire la lumière. J’ai prêté serment devant Dieu et devant Hippocrate, pas devant Bill Gates et ‘Big Pharma’, les labos pharmaceutiques", a-t-elle affirmé, interviewée par la radio locale France Bleu. 

    Je ne condamne pas a priori une position différente de celle du commun. Les progrès scientifiques viennent le plus souvent d'une position originale, voire révolutionnaire, qui s'oppose à ce qui est admis par tout le monde. Encore faut-il amener des arguments à la thèse défendue, et quand il s'agit d'un traitement, il faut aussi démontrer qu'il n'est pas nocif et qu'il est au moins aussi efficace que la conduite thérapeutique admise. Ici, cette médecin se contente d'affirmer sans démontrer, son point de vue est essentiellement idéologique et non scientifique, c'est du charlatanisme dangereux pour ses patients et on peut se demander si son cas ne relève pas de la psychiatrie.


    12 commentaires
  • 332. Des chiffres et de l’être« Le Premier ministre Jean Castex a annoncé mardi 11 août la prolongation jusqu'au 30 octobre de l'interdiction des évènements de plus de 5 000 personnes, soulignant que la situation épidémique en France s’est dégradée. Les préfets auront la « possibilité d'y déroger avec la vérification du strict respect des consignes sanitaires » (les journaux)

    Cette limite des 5000 personnes me rend perplexe. Pourquoi 5000 et pas 4000 ou 6OOO ? Tout rassemblement est une source de contamination. Deux personnes proches qui se parlent est l’occasion pour un virus de passer de l’une à l’autre, à cheval sur un postillon ou transporté plus élégamment par un aérosol. Ce qui compte est de faire obstacle à cette migration. 10000 personnes qui se réunissent en portant toutes un masque couvrant la bouche pour ne pas émettre et couvrant le nez pour ne pas recevoir, en se lavant les mains avant et après de se réunir, en évitant entre temps de se toucher le visage et les yeux, exposent à moins de danger de propagation du virus que 10 personnes dans un milieu clos ne prenant aucune précaution.

    Je sais bien que ceux qui nous dirigent doivent prendre des décisions, mais ces décisions ont parfois l'allure d'oukases dont on se demande la justification. C'est en particulier le cas des décisions chiffrées qui paraissent le plus souvent totalement arbitraires.


    12 commentaires
  • 331. La révolte contre la médecine

    Cette image montre une manifestation de 20000 Allemands environ descendus dans le rue à Berlin, le 1er août, pour s’élever contre les mesures imposées pour lutter contre la pandémie qui immobilise plus ou moins le monde depuis l’hiver dernier, avec comme slogan : « la fin de la pandémie, le jour de la liberté ». Notons que ces citoyens allemands décrètent la fin de la pandémie qu’ils estiment ainsi de leur décision. Peut-être que certains d’entre eux se rangent parmi les « complotistes » qui pensent que cette pandémie a été montée de toutes pièces ou même qu’elle n’existe pas.

    Nous avons eu droit à une présence médiatique médicale dense et multi-quotidienne, ce qui a permis au public de voir les failles et les contradictions de la science médicale. Nous avons aussi assisté à des querelles entre les médecins, où la controverse très habituelle et très saine dans la sphère médicale s’est étalée dans les médias, touchant le public et devenant même matière politique. Chaque opinion sur la conduite médicale à suivre ayant ses partisans hors du milieu médical dont certains ont été – comme c’est devenu habituel aujourd’hui – jusqu’à menacer physiquement les médecins n’ayant pas la même opinion que la leur, opinion basée sur une croyance plus que sur des faits. Mais il faut admettre que devant un virus nouveau, les renseignements erronés initialement venus de Chine et les retournements du corps médical au fur et à mesure des constations, le public a été tenté de croire plutôt que de savoir, le savoir paraissant incertain, et une incertitude étalée quotidiennement au grand jour, ce qui n’est pas pour donner confiance.

    La présence médicale dans les médias a-t-elle été excessive et continue-t-elle à l'être ? Oui, pour ce qui me concerne. Les journalistes se livrent depuis le début à une pêche aux médecins venus de tous les horizons et pas toujours du meilleur. Chaque médecin répétant ce que disait son voisin ou son prédécesseur sur le plateau, même quand il s’agissait d’une affirmation se révélant fausse par la suite. Mais était-ce inutile pour le public confronté pour la première fois à une pandémie ? En Occident, nous n’avions aucun des réflexes communs aux asiatiques proches de la Chine. N’avions-nous pas tendance à nous moquer des asiatiques marchant masqués dans la rue ? Moi-même j’avais un sourire narquois en voyant des Chinois masqués dans les rues de Paris quelques mois avant le déclenchement de la pandémie en Europe. La répétition est la méthode la plus efficace de la pédagogie et le masque est devenu un objet commun, on sort dans la rue muni d’un masque comme on se munit de ses clefs. Il faut en outre constater que la présence médicale itérative, la répétition ad nauseam des conseils préventifs ont permis aux politiques d’imposer des mesures liberticides, mais contre lesquelles une partie de la population se révolte.

    A-t-elle raison de se révolter ? Un malade peut toujours refuser un traitement, une personne saine peut toujours refuser une prévention. L’un comme l’autre prend un risque pour lui-même. En cas d’épidémie grave, il ne s’agit plus de soi mais des autres (comme pour la vaccination où l'on n'est pas seul en cause). Il est licite de restreindre la liberté d’un individu s’il représente une menace pour les autres jusqu'à l’assigner à résidence. Toutes proportions gardées, on enferme un criminel s’il représente une menace pour la société. Si un individu est porteur d’une maladie contagieuse et qu’il ne fait rien pour ne pas contaminer les autres dont certains risquent de mourir de la maladie, n’est-ce pas criminel ?

    Mais le point d’achoppement est le suivant : les mesures préconisées sont-elles les bonnes ? En matière médicale tout est basé sur la confiance, et elle a été fortement entamée par les tergiversations, notamment au sujet des masques à propos desquels on a assisté à une comédie de dupes tristement hilarante. On sait que lorsqu’un médecin fait une seule erreur, il n’a plus la confiance de son patient. Le doute sur l’opportunité des mesures médicales sévères est renforcé par le fait que d’autres conduites différentes ont été adoptées ailleurs mais dont l’efficacité n’a pas été clairement établie, notamment en Suède. Reste que dans les pays où les mesures que nous avons suivies sont mal conduites, la situation parait préoccupante.

    Alors, faute de mieux, faites confiance à vos médecins. Quoi qu'il en soit, ce sont eux les mieux placés pour vous aider, la plupart conservent leur bon sens et ne cessent de s'informer et ils ont été plutôt bons pour prendre en charge les malades dans la tourmente, comme le furent les autres soignants.


    25 commentaires
  • 331. Certaines ne masquent pas les choses

    Un des médecins infectiologues intervenant régulièrement sur les plateaux a déclaré récemment que le port du masque dans la rue est inutile. Je continue néanmoins à le porter car à Paris, où les trottoirs sont souvent étroits, la distanciation physique n’est pas toujours possible ou respectée. Ainsi, sans masque nous pourrions être à la merci de l’éternuement ou de la toux d’un quidam de passage non masqué et n’ayant pas le réflexe de le faire dans le creux de son coude. Notons que l’on voit fréquemment des personnes masquées mais le nez à l’air, or la contamination de ce coronavirus se fait essentiellement par le nez.

    Bien que l’épidémie ne soit pas encore terminée, et que l’on observe toujours des foyers de contamination qui s’allument çà et là, aussi bien en France qu’à l’étranger, les masques se raréfient dans la rue, et le porter finit par apparaître comme un signe de couardise. Pourtant, les différentes études montrent que le masque diminue nettement le risque de contamination comme l'illustre le diagramme ci-dessous (où s’est glissée une erreur avec inversion des chiffres pour le risque selon la distance observée).

    331. Certaines ne masquent pas les choses

    Nous savons qu’aux USA, surtout dans les Etats qui votent républicain, les précautions sanitaires sont mal suivies car les gens se sont élevés contre elles, aussi bien contre le confinement que le port du masque.

    Le Parisien du 27/06/20 rapporte qu’au cours d’une réunion tenue à Palm Beach en Floride, des Américaines ont expliqué à la tribune pourquoi elles sont opposées au port obligatoire du masque : « L’une d’elles évoque un crime contre l’humanité, (et) demande pourquoi Bill Gates et Hillary Clinton ne sont pas en prison…Une autre les accuse de tourner le dos au magnifique système respiratoire créé par Dieu » Mais la confession de la troisième ne manque pas de sel : « Je ne porte pas de masque pour la même raison que je ne porte pas de petite culotte. Les choses doivent respirer »

    Illustration : Balthus : "Thérèse rêvant"


    12 commentaires
  •  

    330. Matériel humain

    Les Cubains arrivent en Martinique et sont accueillis à bras ouverts :  un pneumologue, deux spécialistes en médecine interne, un infectiologue, deux anesthésistes, trois radiologues, deux néphrologues, un hématologue, un urgentiste, encadrés par un chef de brigade et un directeur administratif.

    La France devient ainsi le troisième pays européen, après l’Italie et Andorre, à recevoir l’aide directe de professionnels de santé cubains. Il faut avouer qu’ils sont dans tous les coups durs, qu’il s’agisse de catastrophes, d’épidémies ou de guerres. Avec les cigares, les médecins sont ce que l’Etat cubain produit de mieux et mes confrères cubains sont, depuis des décennies, les produits d’exportation les plus rentables pour le pays puisqu’ils pourraient rapporter jusqu’à 11 milliards (4 fois plus que ce rapporte le tourisme) en déployant près de 30.000 médecins cubains à l’année dans une soixantaine de pays.  A l’occasion de la pandémie de coronavirus, Cuba aurait envoyé près de 2000 professionnels de santé en mission temporaire dans 27 pays.

    Les salaires des médecins sont perçus par l’État cubain qui n’en reverse qu’une faible partie au personnel médical (ce qui est aussi un frein à la désertion, deux soignants cubains en Andorre ont demandé l’asile politique en Europe). Dans quelle mesure ce travail à l’étranger est-il un travail forcé ? Les médecins sont largement exploités, même s’ils sont volontaires pour partir, Dans Le Point, la journaliste Claire Meynial estime que « la plupart des médecins gagnent à peine une cinquantaine de dollars par mois à Cuba, et beaucoup, plongés dans la misère, acceptent les missions par nécessité ». Certains parlent même d’esclavage (une ONG espagnole, « Prisoners Defenders », qui a déposé une plainte à la Cour pénale internationale contre Cuba pour « esclavage ».) ou de trafic d’êtres humains . Mais le service rendu est d’une autre nature que l’objectif des trafics d’êtres humains habituels : « La chercheuse américaine Julie Feinsilver relève qu'en 2010, les médecins cubains ont prescrit un traitement à plus de 85 millions de patients, réalisé plus de 2,2 millions opérations, et vacciné plus de 9,2 millions de personnes »

    Il faut rendre hommage à l'astuce de Fidel Castro (et sans doute de Che Guevara qui était médecin) d'avoir mis sur pied ce fructueux trafic d'êtres humains déployés dans le monde en cas de nécessité et qui n'arrivent  dans les zones en détresse pour faire - en principe - que le bien, à condition qu'ils soient réellement compétents, et que l'on ne les incite pas à gonfler leur activité..

    Je me sens tout de même un  peu gêné que la France ait été obligée de faire appel à Cuba et à ses esclaves médicaux.   


    18 commentaires
  • J’ai assisté à une bonne partie de la prestation de Didier Raoult devant la commission parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire, que je trouve d’ailleurs prématurée car elle n’est pas terminée. C’était plutôt amusant, non pas à cause du sujet qui ne prête pas à rire, mais du personnage interrogé. Il m’a semblé :

    - Que Raoult crache tout de même dans la soupe. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas été tendre pour les autorités médicales alors que celles-ci n’ont pas été avares dans le passé en subventions pour la création de son institut. Le présenter comme un rebelle, quasiment un « gilet jaune », contre les "mandarins" et l’élite, dont il a dit lui-même, en riant, qu’il en faisait partie, est une plaisanterie (interview de Pujadas).

    - Que le plus souvent il n’a pas répondu aux questions lorsqu’elles étaient précises en se perdant dans des digressions verbeuses (dont la remarque savoureuse dans sa bouche : "quand on parle trop, on risque de dire des bêtises") qui aboutissaient presque toujours à lui et ce qu’il avait fait. Notamment pour ce qui concerne les études sur l’efficacité du traitement qu’il a proposé. Critiquer la méthodologie par randomisation pour évaluer les traitements est licite. Dire que l’on utilisait la méthode par comparaison et que la plupart des découvertes ont été faites de cette façon est vrai. Par contre il n'hésite pas à comparer la mortalité de la région marseillaise avec celle de la région parisienne, en avançant des chiffres très discutables, comme argument à l’appui de sa thérapeutique et il affirme avec aplomb des choses fausses. Comparer ce qui n'est pas comparable et taire les comparaisons et les études lorsqu'elles sont moins flatteuses pour son protocole est à la limite de l'honnêteté.

    - Qu’il est méprisant à l’égard des autres, les traitant : certains d’incompétents et d’autres de corrompus, sans la moindre preuve.

    - Qu’il est prétentieux :  il a raison, les autres ont tort ou ne savent pas. Un petit exemple de sa prétention : racontant l’anecdote, bien connue par ceux qui s’intéressent à l’histoire ou à la médecine (voir 46), de Louis XIV prenant du quinquina (à l’origine de la quinine et de la chloroquine) contre la fièvre, puis imité par la Cour, Raoult a précédé son récit par un « vous ne le savez peut-être pas, mais… ». Il est fort possible que cette historiette fût ignorée des parlementaires, mais pourquoi faire une remarque sur leur éventuelle ignorance ?

    Le mépris mégalomaniaque à l'égard de ceux qui sont en désaccord avec ses positions, et les approximations de Didier Raoult, noient dans son verbiage, que ses partisans (dont Bigard, ce qui devrait l'inquiéter) qualifient de truculence, ce qu'il apporte de vrai ou d'intéressant.


    12 commentaires
  •  

    328. Le préservatif du visage

    Un médecin infectiologue intervenant sur LCI, il y a quelques jours, a comparé le masque sanitaire à un préservatif pour se protéger du coronavirus comme le condom (le bien nommé) le fait pour les maladies sexuellement transmissibles. Une comparaison qui n’est pas dénuée de sens et qui peut frapper les esprits. BHL intervenant après le médecin s’était élevé sur le fait que l’on puisse comparer un visage à un sexe, ce qui prouve qu’il n’avait rien compris à l’objectif de cette démarche médicale et que le texte ci-dessous vient illustrer :

    « Dans une note publique, les autorités sanitaires de New-York encouragent la population à être créative et à adopter des positions sexuelles plus sûres pendant l’épidémie de coronavirus.

    Si l’abstinence demeure, pour les chercheurs, la manière la plus efficace d’éviter les risques d’infection, le département de Santé de la ville de New-York semble avoir trouvé une meilleure idée pour ne pas s’en priver. Dans une note publique, les autorités sanitaires invitent les citoyens à adopter des positions sexuelles plus sûres pendant l’épidémie de coronavirus. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu'elles ne manquent pas d’originalité.

    Alors que le coronavirus se transmet notamment par gouttelettes de salive, le département de la Santé newyorkais suggère que les personnes portent un masque lors de leurs ébats. “Soyez créatifs avec les positions sexuelles et les barrières physiques, comme les murs, qui permettent le contact sexuel tout en empêchant le contact face-à-face”, explique-t-il. Les experts exposent également la possibilité de se masturber ensemble tout en gardant une distance.

    Il est également conseillé de choisir un partenaire auquel la personne fait confiance. Toutefois, si un rapport a lieu hors du cercle proche, les autorités appellent les personnes à surveiller l’apparition d’éventuels symptômes du Covid-19 et à se faire tester cinq à sept jours après l’acte ou au moins une fois par mois. Des précautions supplémentaires doivent s’imposer pour les personnes de 65 ans et plus, davantage sensibles.

    Pour rappel, des traces de la maladie dans le sperme de certains malades du Covid-19 avaient été trouvées par des chercheurs chinois en mai dernier. Mais le département de Santé de New-York rappelle que les données ne sont pas assez étayées sur ce sujet pour assurer que le coronavirus est une maladie sexuellement transmissible. D’autres scientifiques ont également émis des réserves quant à ces résultats. »

    Source : egora.fr, texte signé L.C. paru le 15-06-2020 [avec CNN et BFMTV]

    L'illustration (revisitée) serait de l'artiste ukrainien Sergey Prokopchuk


    15 commentaires
  • 327. La médecine désertique au secours des déserts médicaux ?Une des conséquences de la distanciation physique au-delà de la performance de saut en longueur du coronavirus est l’explosion de la téléconsultation médicale. Elle est passée de 60000 sur toute l’année 2019 à plus de 1 million depuis le mois de mars 2020 !

    Le rêve : plus d’attente dans les salles du même nom, infestées de journaux périmés et d’individus anxieux, plus de tripotages de la part du médecin, et pour le médecin plus de palper, plus de toucher, plus de percussion, plus d’embouts dans les oreilles pour ausculter, et parfois plus d’odeurs.

    Cependant il faut encore parler, interroger, bien qu’un formulaire à remplir devient de plus en plus courant et parfois obligatoire… et il faut encore regarder. Pour la peau, des photos avec le smartphone seraient plus précises que le regard à distance. Pour le reste une bonne imagerie (radios, échographies, scanners, IRM…) serait plus performante que l’examen clinique bien que beaucoup plus ruineux.

    Quant au médecin il n’est pas nécessaire que son écran se situe en France, il pourrait se situer dans un pays francophone. Et un petit accent exotique ne manquerait pas de charme.

    Tout ça n’a pas échappé au « Ségur de la santé ». Lors de l’ouverture le 25 mai dernier, le premier ministre Edouard Philippe s’est d’ailleurs félicité de ce « choc de simplification maintes fois espéré jamais observé » : « Beaucoup de médecins, beaucoup de patients, se sont parfaitement approprié / la télémédecine /. Je pense que l’on doit tirer ensemble les enseignements de cette évolution pour voir dans quelles conditions nous pouvons la prolonger. »

    C’est vrai que c’est une simplification choquante. Un rêve ou un cauchemar ?


    26 commentaires
  • 326. Et la liberté de prescription ?!Sur ce blog j’ai été amené à critiquer les prestations médiatiques du Pr Raoult : 324, 315, 312, 311. L’excès s’est exprimé dans l’interview qu’il a accordé à Pujadas pour LCI par cette déclaration inouïe dans la bouche d’un médecin dans l’exercice de son métier : "Le HCSP (Haut conseil de santé publique), c’est une opinion comme une autre, je m’en fiche un peu", "Vous voulez faire un sondage entre Véran et moi pour voir qui [les gens] croient ? ». S’il a raison de dire qu’une déclaration du HCSP est une opinion comme une autre, par contre, évoquer la possibilité d’un sondage pour établir une vérité médicale, en parlant de croyance, est plutôt déconcertant, et du même niveau que le sondage improbable où les Français interrogés ont été une majorité à penser que la chloroquine était efficace sur la covid-19. Comment un médecin du niveau de Raoult a-t-il pu proférer une telle ânerie digne d’une émission de téléréalité ?

    Je continue à penser que l’attitude médiatique de Raoult a eu et a toujours des conséquences fâcheuses, mais cet excès médiatique n’implique aucunement que le protocole qu’il a suivi pour le traitement de la covid-19 n’est pas valable. Il l’est en théorie, mais les preuves manquent pour affirmer une éventuelle efficacité sur les malades.

    L’étude du Lancet, massive, mais du type observationnelle, n’a pas permis de la démontrer, mais soulève nettement la possibilité d’une nocivité. Cependant, les auteurs de l’étude eux-mêmes sont prudents et ne cachent pas les biais possibles de leur étude.

    Comme il fallait s’y attendre, nous assistons au phénomène du balancier, et voilà la chloroquine et ses dérivés interdits pour le traitement de la covid-19 par toutes les instances. L’OMS demande de suspendre les essais sur la chloroquine qu’elle parrainait dans la crainte de cet effet nocif. C’est dommage pour la vérité, mais comment faire autrement sur le plan éthique ?

    Pour ma part, si les recommandations sont nécessaires, je suis contre l’interdiction faite aux médecins de prescrire, surtout dans une situation de controverse. La Nivaquine et le Plaquenil sont largement prescrits dans d’autres indications, ses effets secondaires possibles sont parfaitement connus, comme le sont les précautions à prendre, et la surveillance à assurer. 

    On prend encore une fois les médecins pour des idiots. Laissons-les prescrire en leur âme et conscience, ils ont été formés pour ça, ils ont le souci de respecter l’intérêt de leurs patients, comme de prendre leurs responsabilités, parfois à leurs dépens. Que l’on ne leur force pas la main dans des situations incertaines, que ce soit de la part de l’Etat ou de la part des patients qui ont de plus en plus tendance à exiger une prescription prônée sur internet ou médiatisée par un médecin.


    29 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique