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LE BATEAU-LAVOIR
Sur la place Emile Goudeau, les arbres entrelacés
Veinent par l’ombre de leurs bras nus et noirs
Le quadrillage bossu des pavés penchés
Que le soleil peint sous leur pochoir.
Les réverbères efflanqués et solitaires,
Eteints le jour, tels des noctambules endormis,
Attendent patiemment que vienne la nuit
Pour nous faire partager leurs lumières.
La place Emile Goudeau, de son perchoir,
S’incline vers les Abbesses par la rue Ravignan.
Sortis des cendres du bateau-lavoir,
Des fantômes qui furent dissidents
Viennent se reposer de leur gloire,
A l’ombre des arbres, sur les bancs.
Peintres et poètes surgissent comme des mirages
Dans le viseur des chasseurs d’images,
Le déclencheur avide de ces lieux légendaires,
Où sont passés Picasso, Gris, Apollinaire,
Braque, Max Jacob, Vlaminck, Modigliani,
Marie Laurencin, Van Dongen ou Dufy…
Ils ont quitté depuis longtemps la place inclinée,
Mais derrière eux un parfum de poésie persiste
Et le promeneur en ces lieux se met à rêver
A l’éclosion magique de ce bouquet d’artistes
Paul Obraska
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Commentaires
Superbe poème. Bravo, docteur!