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105. Le médecin et la machine
L’article précédent pourrait faire croire que je regrette l’intervention omniprésente de la technique dans la pratique médicale, ce n’est pas le cas. J’ai assisté à l’avant et à l’après et je peux vous dire que ce n’est pas une évolution mais une révolution, et que je suis en admiration devant les cadeaux offerts par les biologistes et les physiciens à la médecine : marqueurs biologiques de maladies, imagerie du corps par rayons X (scanner), par ultra sons (échographie), par isotopes à courte durée de vie se fixant sur certaines parties du corps (scintigraphies) ou par résonnance des noyaux d’hydrogène sous l’effet d’un champ magnétique donnant une image quasi anatomique du corps (IRM). Revenir à un examen purement clinique serait stupide et d’une bien moins grande efficacité, quelle que soit la qualité du médecin.
La question est banale, c’est celle de la relation de l’homme avec la machine : qui doit dominer l’autre ? Si, par exemple, un médecin, après son interrogatoire et son examen clinique, soupçonne une anomalie du foie et qu’il demande à la machine de confirmer ce soupçon, il domine la machine. Mais s’il n’a aucune idée préalable et s’il demande à la machine de lui en donner une en faisant systématiquement l’examen, c’est la machine qui le domine. De la même façon si vous rechercher sur internet un renseignement, vous utilisez la machine selon votre idée, mais si, au contraire, vous errer sur internet sans idée préconçue, c’est la machine qui vous domine en vous révélant ce que vous n’avez pas recherché, même si cette errance peut vous distraire.
Ce n’est pas parce que nous sommes capables de faire une chose que nous devons obligatoirement la faire (c’est en particulier le cas pour les examens et les traitements « agressifs »). Il faut d’abord réfléchir et savoir pourquoi on la fait et si, selon le résultat, le malade en tirera ou non un bénéfice et avec le moindre risque.
L’efficacité des machines peut très bien conduire à une paresse d’esprit et à une véritable démission de la pensée médicale en les faisant intervenir systématiquement. On peut très bien faire un « scanner corps entier » (avec une irradiation non négligeable) sans signe d’orientation et trouver, par exemple, un cancer dont il n’existait aucun signe apparent, alors qu’il est possible que ce cancer n’aurait jamais évolué.
Mais on pourrait me répondre : pourquoi pas ? En effet, la discussion est ouverte. Pourtant, il n’est pas certain que l’on rende service au patient en découvrant par hasard une pathologie dont il ne souffre pas et dont nous n’avons peut-être aucun traitement. Il faut ajouter que, tôt ou tard, nous n’aurons plus les moyens d’avoir une telle attitude, surtout si l’examen le plus performant a été fait en dernier après une avalanche d’examens préalables.
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Commentaires
Voir l'intérieur du corps est un progrès immense, à condition de savoir d'abord ce que l'on cherche.
Il y a tellement d'autres domaines où l'on fait les choses parce qu'on sait les faire et non pas parce que c'est nécessaire. Regardez le tableau de bord d'une voiture récente et vous verrez ce que je veux dire.-
kobus van cleefDimanche 3 Mai 2020 à 19:15
allons allons, le tableau de bord de ma harley est très spartiate
compte tour , badin et kilométrage
ça suffit amplement
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On vit dans une accumulation de choses inutiles. Une fuite en avant et la création de besoins.
L'idéal serait que la machine confirme le diagnostic dans les cas délicats, et aide à aller au delà des possibilités humaines. Un médecin est un homme de sciences pas un magicien !
Pour autant, il faut reconnaitre que le manque de médecin et souvent leur surmenage, les oblige où en pousse certains à se reposer sur la technique. Le patient à alors la sensation d'être livrer à un ensemble de choses bizarres sans âme et rébarbatives !
Je crois qu'il faut harmoniser les deux, la machine est bien souvent indispensable, mais en plus le médecin, lui est humain !
J'exprime peut-être mal ce que je ressens, mais j'espère que vous aurez pu vous y retrouver !
NettoueJe m'y suis très bien retrouvé. Le médecin de ville par manque de temps, mais aussi par facilité, a tendance à confier le patient aux machines et se déresponsabilise par la même occasion.
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kobus van cleefDimanche 3 Mai 2020 à 19:17
affirmation tronquée
le médecin hospitalier, au moins le junior, est tout autant laxiste
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Dimanche 3 Mai 2020 à 19:33
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J'aime bien cette idée de domination Doc... Qui de la machine ou de l'homme, et dans le contexte de ton article, qui de la machine et du médecin. C'est en effet toute la question que se pose pour beaucoup de patients confrontés à la médecine actuelle. Mais c'est vrai, la technologie est un gros progrès pour aider les médecins à partir du moment où ils restent maîtres de leurs décisions et n'ouvrent pas systématiquement le parapluie et se réfugiant derrière un compte rendu d'exploration médicale. Bonne soirée Doc. ZAZAL'homme qui domine réellement la machine, c'est son créateur ou son réparateur. Le médecin se plie trop souvent à sa perfection.
Si le pilote d'avion a de moins en moins de décisions à prendre, c'est qu'un autre les a prises à sa place : l'ingénieur aéronautique.
Mais c'est lui le pilote qui reste l'"aventurier", le maître à bord, le sauveur ultime en cas de problème !
Comme le médecin !
Et ni l'un ni l'autre n'accepteraient de revenir aux vieilles machines du début du siècle, vous l'exprimez très bien !Sujet très complexe...pour lequel vous avez apporté beaucoup de clarté. Merci..Des livres sont consacrés à ce sujet sans omettre les "Temps modernes" de Chaplin. Cependant, je n'ai pas connaissance d'une étude sur les modifications de la démarche médicale depuis l'introduction des progrès techniques, mais cette étude doit sûrement exister.
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Vendredi 2 Décembre 2022 à 09:16
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Pour ce qui est d'un diagnostic porté sur une maladie que l'on ne peut guérir et non plus soigner véritablement, je suis d'avis de laisser le patient tranquille le plus longtemps possible.
Merci pour ces excellents billets et bonne soirée.
Béa
(Le voussoiement m'es revenu ; il m'avait échappé).