-
-
Par Dr WO le 22 Juin 2017 à 16:17
Il fait chaud
La femme nue assoupie
Etreint le lit
La tête dans ses bras en berceau
Il fait chaud
Le corps découvert alangui
Dans la beauté de son impudeur
Dans le charme de sa candeur
Une heure de sommeil
Volée sur la nuit
A l'ombre de la chambre fleurie
Dehors le soleil
Frappe sur les volets fermés
Au pied du lit
Les vêtements éparpillés
De trop
Et un chien endormi
Il fait chaud
La femme s'est s'abandonnée
Nue
Sans retenue
Dans la chaleur de l'été
Paul ObraskaPierre Bonnard "Sieste"
17 commentaires -
Par Dr WO le 5 Décembre 2010 à 10:15
Edouard Vuillard « Scène d’intérieur dit mystère »
POUSSIERES
Dans la maison aux volets clos
Housses grises sur les crapauds
Drap blanc couché sur le divan
A l’abri des éternelles poussières
Scintillantes dans les raies de lumière
Ils attendent immuables et patients
Que revienne un jour l’hôte des lieux
Il viendra peut-être ou peut-être pas
Se déposer sur les housses et le drap
Lorsque le souffle du vent facétieux
Portera de loin ses cendres inertes
Dispersées au-dessus de la mer
Jusqu’aux raies de lumière
De la maison déserte
Paul Obraska
8 commentaires -
Par Dr WO le 22 Novembre 2010 à 16:09
Chagall : « Bouquet de fleurs »
REVE DE FLEURS
Ils sont blottis l’un contre l’autre
Deux ombres claires endormies
Loin du triste village laissé dans la nuit
A l’abri des pupilles noires des fenêtres
Ils rêvent unis dans le même songe
Cerné d’un bleu liquide un pot de grès gravite
Et au-dessus de leurs corps alanguis
Un bouquet géant explose dans le ciel
Jetant une pluie de pépites multicolores
Le couple fait le même rêve de bonheur
Heureux de l’exploit onirique des fleurs
Qui dans leur songe se désincarnent devant eux
En délaissant leurs formes devenues inutiles
Pour ne plus être que leurs couleurs
Comme des âmes abandonnant leur corps
Paul Obraska
14 commentaires -
Par Dr WO le 10 Novembre 2010 à 17:17
LE MESSAGER
Après avoir parcouru une longue distance
Le messager le plus rapide de tout l’univers
Est apparu à la porte du temple en silence
Les ombres se sont écartées devant l’être de lumière
Et il s’est glissé jusqu’à moi sur le sol carrelé
Pour m’annoncer par sa présence en ces lieux
Que son maître lointain dans ses forges calcinées
Acceptait encore de m’enchanter par ses jeux
Paul Obraska
20 commentaires -
Par Dr WO le 9 Juin 2010 à 19:27
Klimt : "Ferme en Haute-Autriche"
LE VIEIL ARBRE
En ce nouveau printemps
Le vieil arbre devint vert
Sur son bois grisonnant
Sur ses branches vermoulues
Ses racines sorties de terre
Serpentaient, entrelacées sur le sol
Comme des vaisseaux gonflés de sève
Soulevant une peau d'herbe folle
Le tronc couvert de mousse poilue
Etait tatoué de cœurs et de noms
Et les flèches obliques des rêves
Epinglées comme des décorations
Paul Obraska
16 commentaires -
Par Dr WO le 18 Mars 2010 à 11:17
René Magritte "L'Empire des lumières"
LE SOLEIL EST PARTIUn jour ou une nuit
Le Soleil est parti
Tout seul comme un grand
En laissant ses planètes en plan
Derrière lui
Sans crier gare
Le Soleil ne supporte pas les émotions du départ
De son geste il était bien placé pour en mesurer la gravité
Mais que voulez-vous il en avait assez
Assez de toutes ces planètes
Qui lui tournaient sans cesse autour
Et tournaient sur elles-mêmes par des pirouettes
Pour se montrer sous leur meilleur jour
Toute cette cour lui prenait la tête
Ce galopin de Mercure
Collé à lui malgré la température
Vénus qui se prenait pour la déesse de l'Amour
La Terre bleue fière de sa Lune blême
Et qui n'arrêtait pas de se bronzer
Mars vêtu de rouge pour se faire remarquer
Jupiter qui se prenait pour Dieu lui-même
Entouré de ses douze apôtres
Saturne avec ses anneaux dans le nez
Et les autres
Tout ce petit monde lui portait sur le système
Le monde fut surpris
De se retrouver sans chaleur sans lumière
Dans une froide nuit
Pourtant
Pour échapper à son cortège planétaire
Le Soleil avait depuis longtemps
Préparé sa fuite solitaire
Chaque jour il disparaissait la nuit
Ce n'était pas un jeu gratuit
La nuit devait préparer le monde à mourir
La nuit est un avant-goût de la mort
Le monde aurait du s'en souvenir
On meurt un peu quand on dort
Dans les profondeurs des nos nuits
Seuls les rêves prouvent que l'on vit
Encore
Paul Obraska
William Turner : « Le matin après le déluge »LE SOLEIL EST REVENU
Timidement, le soleil est revenu
Sur la pointe de ses rayons.
Il s’ennuyait, seul dans l’espace, tout nu,
Et passait pour un mauvais garçon
Sans un cortège d’admirateurs,
Comme toute étoile digne de ce nom.
Il était parti sur un coup de chaleur,
Il regrettait sa mauvaise humeur,
Et profitant de l’éclosion du Printemps
Il se glissa nuitamment
Au milieu de ses planètes abandonnées
Qui continuaient bêtement à tourner.
Quand le jour se leva,
Ce fut la fête dans le système solaire.
La Terre n’en revenait pas,
De joie, les arbres devinrent verts,
Les fleurs éclatèrent en un feu d’artifice,
Et les couples se regardaient, complices.
Paul Obraska
29 commentaires -
Par Dr WO le 25 Février 2010 à 17:06
SOUS-BOISLes arbres parés de mousse émeraude
Colonnades cerclant les puits de clarté
Dans le végétal vertical l’intrus perdu rôde
Ses pas craquent sur les brindilles brisées
Dans les branches s’infiltre la lumière
Elle tombe en nappe sur le sol herbu
Scintillante de myriades de poussières
Les projecteurs du ciel suivent l’intrus
La basse continue des insectes en nuées
Bourdonne avant un assaut imprévisible
Les racines sournoises accrochent les pieds
Les feuilles masquent des trous invisibles
Quelque chose se faufile dans les fourrés
Quelque chose rampe quelque part
Surgissent les contes qui l’avaient terrifié
Et peuplaient, enfant, ses cauchemars
Un lièvre bondit, virevoltant, cul en l’air
L’intrus suit du regard son arrière-train
Jusque dans le soleil d’une clairière
Où il retrouve soulagé son chemin
Paul Obraska
22 commentaires -
Par Dr WO le 10 Février 2010 à 18:12
Georges Seurat « Le cirque »CIRQUE
Je n’aime pas le cirque, je n’aime pas son odeur,
Je n’aime pas son arène et ses gladiateurs.
Je n’aime pas le grotesque des clowns peints
Chutant sous les salves des rires enfantins.
Je crains que le jongleur stupéfiant
Ne commette une erreur en jonglant.
Je crains que les acrobates aux corps invincibles
Finissent par tomber dans des postures risibles.
J’ai peur que la ballerine aérienne sur son cheval au galop
Chute lourdement sur le sable et se rompt les os.
J’ai peur que les trapézistes à l’aise en l’air
S’envolent hors du filet pour mourir à terre.
J’ai peur que le dompteur ne fouette une fois de trop
Et que les bêtes dominées se servent de leurs crocs.
Allons camarade ! Soit franc joueur,
Ce que tu n’aimes pas dans le cirque : c’est ta peur.
Paul Obraska
18 commentaires -
Par Dr WO le 5 Décembre 2009 à 11:34
Camille Pissarro « Foire à Dieppe, matin, soleil »FOIRE
Le soleil frissonnant levé de bon matin
Dépose sa lumière sur les vieux murs ridés
Le manège coiffé d’un chapeau mandarin
Fait tourner les rêves secrets des enfants
L’église lance arches et flèches festonnées
Au-dessus des portes ogivales du mystère
Et dans les rues marchent nonchalants
Les groupes de passants endimanchés
Devant l’étalage des dons de la terre
Le regard paresseux le désir incertain
Sur les petites parcelles de mets offerts
Les forains bavards invitent à les goûter
Offrande généreuse montrée de la main
Là-haut le soleil fiévreux court vers midi
Certains pressent le pas vers l’estaminet
Les couples de gourmets mis en appétit
S’attardent près des étals de mangeailles
Jaugeant ensemble de l’œil leurs envies
Avant de rentrer chargés de victuailles
Paul Obraska
20 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique