• Un vent vilain dans les voiles

     

    Un vent mauvais dans les voiles

    Trois femmes voilées dans un parc. En levant les yeux de mon livre, mon regard se pose sur trois femmes voilées dont l’une porte une longue robe noire sous le soleil. Je ressens alors un sentiment désagréable qui m’est inhabituel et me rend mal à l’aise : celui d’une hostilité.

    La vue de ces femmes me dérange malgré moi. Une simple présence, une simple existence et j’éprouve l’un des sentiments les plus dangereux qui soient : le rejet. Un rejet totalement injuste : ces femmes sont paisibles, se photographient entre elles et ne m’ont rien fait.

    Bien sûr, le carnage récent de Nice y est pour quelque chose. Ces femmes appartiennent à la même religion que le tueur, encore que l’on peut douter de la religiosité de ce dernier.

    Je tombe donc facilement dans cet amalgame contre lequel nous sommes mis régulièrement en garde. Ne pas faire d’amalgame, d’accord, mais entre qui et qui ? Il n’y a pas marqué « islamiste » sur le front des islamistes. La famille allemande ayant accueilli un jeune Afghan pouvait-elle savoir qu’il allait agresser à la hache les voyageurs d’un train ? Encore heureux qu’elle n’ait pas été elle-même hachée en récompense de sa générosité.

    Quoi que l’on dise, l’islam est monolithique : « il n’y a pas deux islams, un vrai et un faux, un modéré et un extrémiste » (Adonis, poète d’origine syrienne). Ce sont les croyants de cette religion qui ont le choix entre la modération à partir de textes qui en font preuve rarement, et l’extrémisme qui a de quoi s’inspirer. Mais sait-on qui va passer de l’une à l’autre ? La religion, elle, est restée la même depuis des siècles : totalitaire, misogyne et n’hésitant pas à être violente même au plus haut niveau. La condamnation à mort de l’écrivain Salman Rushdie par le plus haut dignitaire des chiites et approuvée par des manifestations déchaînées dans le monde musulman en est un exemple, la charia des théocraties en est un autre, et sans parler des « fous de Dieu ».

    Ces femmes manifestent par le port du voile leur appartenance à l’islam et leur soumission ancestrale à l’homme[1].

    Toutes les femmes pubères et de « bonne vie » portaient le voile dans le monde antique bien avant l’arrivée de l’islam, les chrétiennes l’ont fait longtemps comme le montre le tableau de Robert Campin : « Portrait de femme », peint en 1430.

    Les musulmanes dont le statut social n’a guère changé depuis le Moyen Âge continuent à porter le voile comme les femmes d’antan et nos religieuses d’aujourd’hui, alors que les autres l’ont retiré. Le voile qu’elles s’imposent ou qu’on leur impose ne fait même pas partie avec certitude des obligations de leur religion, mais provient assurément d’un diktat des hommes jaloux qui tiennent à leur domination en suivant ou en interprétant les textes fondateurs à leur façon et pour leur profit, jusqu’à inventer de grotesques camisoles interdisant la moindre parcelle de peau féminine à la vue des hommes, ce qui dénote une relation malsaine avec la sexualité.

    Je me dis raisonnablement qu’elles ont le droit de s’habiller comme elles l’entendent, si elles le désirent. Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que le voile qu’elles portent symbolise[2] une religion au nom de laquelle les islamistes répandent la terreur. N’est-il pas dérangeant de voir que plus cette religion produit de meurtriers, plus les femmes se voilent en affirmant leur appartenance à la même idéologie que les meurtriers alors qu’elles vivent dans une société où la pratique d’un culte se doit d’être privée. Il faut bien le constater : peu se voilaient il y a quelques années, sans renier pour autant leur foi. J’ai connu des musulmanes têtes nues, me serrant la main pour me dire bonjour et qui, du jour au lendemain sont apparues largement voilées en public, en refusant la main que je leur tendais.

    Un bout de tissu sur la tête est-il devenu nécessaire à leur foi ? Ou veulent-elles par la façon de se vêtir et de se comporter exhiber leur religion comme un défi malgré les cadavres éparpillés sur la planète en son nom ?

    Les musulmans qui ne sont pas responsables de ces tueries finissent par se plaindre d’en être les premières victimes. C’est tout juste s’ils ne nous rendent pas coupables des crimes perpétrés par leurs coreligionnaires.

    Je n’ai ni sympathie, ni hostilité pour les religions mais j’ai toutes les raisons de craindre celles qui sont agressives et dangereuses. L’islam est aujourd’hui de celles-là. Mais elles l’ont toutes été à un moment donné ou un autre. Que le christianisme le fût amplement dans le passé et même davantage que l’islam, n’excuse pas celui-ci de continuer à l’être au XXIe siècle de façon aussi barbare par ses fractions extrémistes en invoquant les  croisades[3], et de s’imposer de façon aussi totalitaire dans ses théocraties pour respecter intégralement leur religion avec très peu de velléité de l’adapter au monde contemporain. La barbarie sans mesure des uns masquant volontiers la barbarie officielle des autres.

    Je n’ai pas la moindre hostilité envers les musulmans qui pratiquent leur religion paisiblement, et sans vouloir l’imposer à autrui. Ils ont d’ailleurs du mérite de le faire paisiblement, malgré les encouragements à la violence et au prosélytisme de leurs textes fondateurs : 518 versets contre la mécréance et 370 versets sur le châtiment dans le Coran dont la source serait directement divine ce qui leur donne la force du commandement. Là est une partie du drame.

    La Bible, dont l’origine ne prétend pas être directement divine, ne manque pas également de violence, mais les faits relatés ne sont pas considérés comme des exemples à suivre. Heureusement. Steve Wells, dans son livre dont le titre en français pourrait être « Ivre de sang, les meurtres de Dieu dans la Bible », après analyse, a estimé que Dieu est responsable dans ce récit, directement ou indirectement, de 2,8 millions de morts ! Sans compter le génocide provoqué par le Déluge et organisé minutieusement par Dieu lui-même, dont le bilan s’élèverait d’après l’estimation de l’auteur à 25 millions de morts !

    En matière de violence, Il n’y a pas une religion pour relever l’autre, même si à cet égard les prescriptions des Evangiles sont plutôt paisibles, mais la plupart de leurs lecteurs énamourés ne l’ont pas été pour autant pendant de longs siècles. Aujourd’hui, ce sont eux qui se font massacrer en Orient toujours au nom du même Dieu dont la proclamation de l’unicité a été désastreux pour l’humanité.

     

    [1] « Saint Paul, apôtre de Jésus, dans la première épître aux Corinthiens (11 : 2-16) note : « L'homme lui ne doit pas se voiler, il est l'image de la gloire de dieu, mais la femme est la gloire de l'homme... voilà pourquoi elle doit porter la marque de sa dépendance »

    [2] Attitude que l’on pourrait aisément qualifier d’islamophobie. Mais n’en déplaise à son « observatoire » qui n’a aucune raison d’être et ne s’est imposé que par un remarquable tour de passe-passe sémantique : assimiler la critique d’une religion à un racisme. Nous avons le droit de ne pas aimer le contenu d’une religion et la craindre dans ses débordements, ce qui ne veut pas dire que l’on est hostile à ceux qui la pratiquent sans agressivité.

    [3] Qui tentaient en fait de reconquérir des terres auparavant judéo-chrétiennes pendant des siècles et que les musulmans avaient conquises et converties de force.

    « Pierre et merL’innocent de l’Archevêché »

  • Commentaires

    1
    Samedi 23 Juillet 2016 à 17:15

    Et d'autres voiles soulèveront encore ce malaise chez vous comme chez beaucoup de français aujourd'hui, et nous n'y pouvons rien!

      • Samedi 23 Juillet 2016 à 17:23

        Le malaise est de condamner a priori des gens innocents. Nous entrons dans l'ère de la suspicion.

    2
    Dimanche 24 Juillet 2016 à 09:06

    Je crois qu'en matière d'idéologie on est toujours perdant à accepter de se placer sur le terrain de l'adversaire, façon : j'accepte ton postulat de base, mais reconnais que tu n'en respectes pas les principes. Dans les années 70, ça donnait : "Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous". comme si on pouvait, en se référant au léninisme, réussir à culpabiliser les membres du politburo et leur affidés européens.

    Aujourd'hui, beaucoup d'occidentaux (musulmans, mais pas seulement) parlent à propos de l'islam  de "textes sacrées" et s'en référent soit pour tenter de démontrer que l'égalité homme-femme y est inscrite soit en espérant que l'analyse minutieuse de  ces textes pourrait réussir à démontrer, par exemple, que le djihad est intérieur et non-violent. ( le vrai Islam vs l'Islam dévoyé). 

    Vous avez raison d'analyser les choses sous l'angle historique. Plaçons-nous sur notre propre terrain. Notre société est non seulement laïque mais largement athée dans sa conception de l'univers. Il est acquis depuis longtemps, pour la plupart d'entre nous, que les textes religieux sont des créations humaines, et que comme les textes de lois, la poésie, les chants et les tenues vestimentaires, elles n'ont qu'une seule utilité, celle de nous aider à comprendre les sociétés antiques dans lesquelles elles sont apparus. 

     

      • Dimanche 24 Juillet 2016 à 10:06

        Les gens raisonnables (même croyants) savent que les textes dits sacrés sont des productions humaines qui reflètent le moment historique où ils ont été écrits. Comme vous le dites très bien, ce ne sont pas des bases de discussion pour rechercher une vérité quelconque. Malheureusement la plupart des religieux et ceux qui les suivent sont fondamentalistes par obligation car sans les textes fondateurs il n'y a plus de religions monothéistes : retirer la Bible il n'y a plus de "peuple élu", retirer le Coran, il n'y a plus de prophète, retirer les Evangiles et les écrits de St Paul et Jesus de Nazareth disparait de l'histoire, puisque certains ont même douté de son existence. 

        Par contre si on peut s'arranger plus ou moins avec le fondamentalisme (la croyance en un récit fondamental), l'intégrisme, lui, est dangereux car il conduit à appliquer dans le présent des prescriptions du passé peut-être adaptées à un moment historique mais totalement anachroniques aujourd'hui.

    3
    Lundi 25 Juillet 2016 à 14:14

    Les religions éveillent ma méfiance, j'approuve leurs préceptes quand ils rejoignent la morale naturelle ou celle qui régit nos moeurs. Je crains leurs impératifs sociétaux. Pour le reste, ce sont pour moi des faits culturels. Comme vous l'avez remarqué, le port du voile en France est relativement récent et s'est développé avec le nombre des musulmans et la montée des intégrismes. Comment donc ne pas soupçonner d'intégrisme et de radicalisation une famille où les femmes sont voilées? Surtout si c'est récemment.

      • Lundi 25 Juillet 2016 à 16:57

        Contrairement à ce que les bons esprits avancent, la multiplications des femmes voilées (surtout de la tête aux pieds) dans notre société a une signification et elle n'est pas anodine. C'est une offensive par les femmes de l'intégrisme musulman. Il n'est pas nécessaire d'être voilée pour être pratiquante ou pour avoir une tenue dite "pudique".

    4
    Lundi 25 Juillet 2016 à 14:41

    Je suis d'accord avec vous: la fatwah contre Salman Rushdie est un démenti apporté à ceux qui différencient "intégristes" et "modérés". Sans parler des pays où l'état punit de mort les blasphémateurs et les apostats.

      • Lundi 25 Juillet 2016 à 17:00

        Les sociétés musulmanes théocratiques sont des vitrines de l'islam et la chanson de l'islam paisible et tolérant est parfaitement fausse.

    5
    Lundi 25 Juillet 2016 à 18:08

    Vos questions sont parfaitement fondées et légitimes, puis-je cependant en suggérer une de plus:

    "Qu'est-ce que ces gens-là foutent chez nous?"

    Amitiés.

      • Lundi 25 Juillet 2016 à 18:21

        Parce qu'ils ont été importés comme travailleurs quand l'Algérie était française et la Tunisie et le Maroc des protectorats. Et aujourd'hui, parce que leurs pays sont à feu et à sang depuis que nous avons contribué à supprimer leurs dictateurs. Rien n'est simple.

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