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Par Dr WO le 26 Août 2024 à 17:47
Bien que médecin, je ne me suis guère intéressé à la psychanalyse. Peut-être, justement, parce que je suis médecin. Je n’ai lu de Freud que « l’introduction à la psychanalyse », « l’interprétation des rêves » et sa biographie par Peter Gay. Vladimir Nabokov avait défini sobrement la psychanalyse comme étant « l’application des vieux mythes grecs sur les parties génitales ». Cette méthode thérapeutique m’a toujours paru basée sur une construction théorique faite d’affirmations sans la moindre preuve, dont une triade tout de même violente comportant une amputation (la castration pour les femmes), un inceste (sur la mère) et un meurtre (sur le père), une mécanique aussi sophistiquée qu’hypothétique tournant autour d’un axe phallique obsessionnel. Comment peut-on affirmer que : « la succion du sein de la mère est le modèle jamais atteint de toute satisfaction sexuelle ultérieure » ! ou que « l’ultime fondement de toutes les inhibitions intellectuelles et des inhibitions au travail semble être l’inhibition de l’onanisme enfantin ». Je sais bien que l’onanisme est manuel, mais de là à inhiber ultérieurement le travail par son inhibition dans l’enfance, il fallait oser. Notons que sous nos climats la répression sexuelle étant devenue moins prégnante qu'à l'époque de Freud, ses schémas explicatifs ne sont-ils pas plus ou moins obsolètes ?
Cependant, il s’agit d’une méthode thérapeutique et le critère de jugement est celui de l’efficacité. Cette thérapeutique est encore largement utilisée en France et âprement défendue par ceux qui la pratiquent malgré les nombreuses attaques qu’elle a subies depuis quelques temps. La cure psychanalytique permet aux gens de faire ce qu’ils aiment : parler d’eux, et en payant d’avoir des personnes plutôt intelligentes pour les écouter. Cette écoute, même à prix d’or, est probablement bénéfique dans des troubles mineurs. La psychanalyse permet à la parole de se libérer et de soulager plus ou moins celui qui parle. Une confession laïque mais payante. Par contre, employer la psychanalyse pour prendre des décisions juridiques ou définitives avec une propension sans mesure à culpabiliser les parents, et notamment la mère, me semble périlleux, comme il est dangereux de négliger les apports de la psychiatrie en faisant de la psychanalyse un monde qui se suffirait à lui-même pour aborder les troubles mentaux.
Tout est dans la parole et dans les mots. A tel point que les psychanalystes finissent parfois par donner aux jeux de mots une signification désarmante. Je mettrais à part les lapsus quand ils révèlent clairement une préoccupation. Le plus beau lapsus révélateur que j’ai pu entendre est celui du Pr Pasteur-Vallery-Radot, un patron en fin de carrière alors qui j’étais tout jeune étudiant, qui, lors d’une présentation de malade, mit le pavillon du stéthoscope sur le dos du patient en disant « allo » au lieu de « respirez » car il attendait un coup de fil important.
Je ne connais pas l’œuvre de Lacan et l’importance de son apport à la psychanalyse dans les années 1960, si ce n’est qu’il a grandement facilité l’accès au titre de psychanalyste en créant sa propre école, ce qui explique pour une part son succès. Je n’ai lu que des extraits, sans bien les comprendre et j’ai été découragé à persévérer lorsque je suis tombé sur cette démonstration citée par Sokal et Bricmont (Impostures intellectuelles, éd. Odile Jacob) : « C’est ainsi que l’organe érectile vient à symboliser la place de la jouissance, non pas en tant que lui- même, ni même en tant qu’image, mais en tant que partie manquante à l’image désirée : c’est pourquoi il est égalable à la racine de -1 de la signification plus haute produite, de la jouissance qu’il restitue par le coefficient de son énoncé à la fonction de manque de signifiant : (-1). ». Mis à part ce type d’élucubration aussi brillante qu’hermétique (mais dégageant tout de même une forte odeur de charlatanisme), Lacan et ses disciples jouaient avec les mots. Pour l’école lacanienne, l’inconscient n’est pas constitué comme pour les freudiens du refoulé sexuel, mais se déchiffrerait par des jeux de mots : « si vous dites à un lacanien : ne me prenez pas au mot, il entend ne me prenez pas pour un homo ». J’ai lu récemment qu’une psychiatre, membre de la cause freudienne, prenant possession de son service avait été scandalisée qu’un pavillon puisse s’appeler « Les peupliers » : « peut plier ! ». Devant le risque de déstructurer les patients par une telle appellation, le pavillon fut rebaptisé « Jacques Lacan ». Je suppose donc que, pour un lacanien, le titre de ce billet "jeu de mots" devrait être entendu comme "jeu de maux".
Source : Certaines citations ont été tirées d’un dossier de l’Express du 8/08/24
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Par Dr WO le 10 Août 2024 à 14:22
Le médecin allemand Samuel Hanhmann, qui prétendait soigner les malades en leur administrant des substances extrêmement diluées (au point de se demander s’il en persiste encore une molécule dans la dilution), interdit d’exercer dans son pays, s’était exilé à Paris pour y passer ses dernières années et diffuser sa doctrine des plus bizarres mais qui devint à la mode dans les années 1830. Elle ne manqua pas de séduire la haute société. Le violoniste Niccolo Paganini ou l’écrivain Eugène Sue se firent soigner par Hanhmann. Ce qui confirme que la culture n’empêche pas la crédulité (comme elle n’empêche pas la barbarie).
Si certains médecins du Second Empire adoptèrent l’homéopathie, la plupart l’attaquèrent comme le Dr Théophile Gallard qui déclara dans un journal médical le 24 octobre 1857 que l’homéopathie était une « supercherie » et une « divagation extrascientifique ». « Ce n’est plus une doctrine, encore moins une science, c’est un commerce » « S’il est une époque où on a pu appliquer cette méthode sans être un ignorant abject, un pauvre illuminé ou un misérable charlatan, ce n’est certainement pas l’époque actuelle ». Notons que déjà dans une étude utilisant l’effet placebo, le Dr Armand Trousseau avait prouvé en 1834 l’inefficacité de l’homéopathie. Inefficacité amplement confirmée par la suite par bien d’autres études bien conduites, mais elle se porte toujours très bien.
Les médecins homéopathes de l’époque (400 environ) demandèrent au journal de se rétracter et de s’excuser, ce qui fut refusé par le directeur de la publication. « Onze homéopathes (dont un certain Dr Crétin, ça ne s’invente pas) portent plainte. A l’heure où le conseil de l’Ordre n’existe pas encore, l’affaire se réglera donc devant le tribunal de première instance de la Seine. » Le procès eut lieu en 1858 et l’avocat impérial (ancêtre du procureur de la République) fit rejeter la plainte en déclarant avec lucidité : « Que les homéopathes démontrent que leur succès n’est dû ni au hasard, ni aux caprices de la mode et les portes de l’Académie s’ouvriront d’elles-mêmes ».
Par contre, en février 2024, « plusieurs médecins ont été sanctionnés par le conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) pour avoir signé une tribune contre les médecines alternatives et l’homéopathie publiée dans Le Figaro en 2018. Les « juges » de la CNOM ont estimé que ce texte constituait un « manquement à la confraternité » notamment car il désignait les médecins pratiquant l’homéopathie comme des « charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies ».
Je me demande si des homéopathes ne siègent pas au conseil national de l’ordre des médecins et jusqu’où doit aller la confraternité ?
Source : Quentin Haroche. Journal International de Médecine, le 9 Août 2024
Illustration : « Henri II touchant les écrouelles »
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Par Dr WO le 18 Juillet 2024 à 08:51
Van Gogh : "Autoportrait à l'oreille bandée"
Comme Van Gogh, Trump arborait à la convention républicaine un pansement sur l'oreille droite, certes plus petit, mais qui rappelait au monde qu'on lui avait tiré sur l'oreille, qu'à cette occasion son attitude fut virile, et surtout que Dieu est intervenu pour lui sauver la vie en lui faisant tourner la tête au bon moment. Devenu un miraculé distingué par Dieu, il voit ainsi s'effacer, avec l'appui bien humain de la Cour Suprême, le bruit des multiples casseroles qu'il traîne dans son sillage.
Van Gogh s'était tranché lui-même l'oreille, exemple fameux d'automutilation, en offrant le lobe détaché à une jeune fille.
L'automutilation est couramment observée en psychiatrie, expression de la recherche d’une aide et associée à un risque accru de suicide. Dans ma pratique j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques cas d’automutilation et constaté les misères physiques que les patients s’infligeaient à eux-mêmes. Bien sûr, ce n’était pas de mon ressort mais celui de la psychiatrie.
Depuis l’apparition des réseaux sociaux on assiste de plus en plus à l’automutilation numérique. Cette nouvelle forme de douleur auto-infligée consiste à s’envoyer à soi-même, des messages d’insultes ou du contenu nuisible pour la personne à leur origine, de préférence anonymement pour que le contenu semblant avoir été envoyé par autrui apparaisse plus douloureux à la réception.
Aux USA, il existe une publication intitulée Journal of School Violence qui a réalisé une étude sur trois enquêtes nationales menées sur le sujet en 2016, 2019 et 2021. Celles-ci avaient interrogé des adolescents américains âgés de 13 à 17 ans et il a été constaté une nette augmentation du phénomène de 6,3 % en 2016 à 12% en 2021. Ainsi plus d'un adolescent sur 10 éprouverait le besoin d'utiliser une boucle de messagerie pour se dénigrer soi-même, la lecture d'un message paraissant plus éprouvant que de s'insulter à voix haute.
Le phénomène touche plus souvent les jeunes femmes, les jeunes issus de minorités raciales ainsi que les jeunes non-hétérosexuels. Les motivations seraient très variées ; appel à l’aide, la volonté d’être cool (?) et la haine de soi (qui peut aller jusqu’au suicide).
Il n'y a aucun risque que des personnalités publiques s’envoient à eux-mêmes des messages d’insultes alors qu'elles les méritent. Il est vrai que d'autres s'en chargent, mais l'autocritique serait bien plus efficace.
Source pour l'automutilation numérique : Journal International de Médecine 17/07/24
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Par Dr WO le 16 Juillet 2024 à 18:08
Poser une telle question en ces termes montre à quel point je ne suis pas psychiatre. « Fou » est un terme péjoratif qui recouvre grossièrement des maladies mentales dont les patients ne sont pas responsables. Mais comment prendre en charge des individus ayant commis un acte criminel, non jugés car considérés comme non responsables, et libérés dans la ville après avoir été traités sans jamais être certain qu’ils continueront à suivre leur traitement ?
Que fallait-il faire de cet homme de 40 ans, né au Congo (« République démocratique »), naturalisé Français en 2006, ayant poignardé dans le dos un soldat qui patrouillait gare de l’Est hier soir, au cri de « Dieu est grand ! », en se disant chrétien mais dont l’exclamation rappelle un peu trop un autre cri de ralliement ? Il l’aurait fait « parce que les militaires tuent des gens dans son pays ». Notons que bien que Français par naturalisation depuis l’âge de 22 ans, cet Africain considère que son pays est toujours le Congo. Que fallait-il faire de lui alors qu’il battait sa femme et avait déjà commis un meurtre en 2018 en tuant un homme de 22 ans à la station Châtelet-les-Halles et pour lequel il avait été jugé irresponsable et interné en psychiatrie ?
Sa garde à vue a été levée ce matin, « aux fins d’une prise en charge à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police ». Que faut-il faire ? Je ne sais pas. Mais il est prudent de ne pas croiser son chemin car un jour ou l’autre il sera remis dans la nature en jurant à son psychiatre qu’il suivra bien son traitement.
Illustration : Francis Bacon (un des autoportraits)
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Par Dr WO le 13 Juillet 2024 à 10:54
Aux USA Il existe une réelle transparence sur la santé des dirigeants, ce qui n’est pas le cas en France où le secret médical est respecté, volontiers remplacé par le mensonge. Le spectacle donné par Biden en public est assez déprimant pour ses partisans qui par ailleurs saluent les actions accomplies pendant sa présidence et aimeraient pour beaucoup qu’il passe la main au bon moment. Il est vrai que son passé médical est déjà impressionnant, et je trouve finalement que compte tenu de celui-ci sa résistance est remarquable pour un homme de son âge soumis à des activités multiples et incessantes et à de nombreux voyages à longue distance. Cet homme de 81 ans a subi en 1988 une intervention chirurgicale pour un anévrisme cérébral, avec des complications postopératoires incluant une thrombose veineuse profonde et une embolie pulmonaire. C’est du lourd. Il a une hyperplasie bénigne de la prostate et a subi une cholécystectomie en 2003, c’est moins lourd. S’il a peut-être une maladie de Parkinson (qui habituellement n’entame pas les facultés intellectuelles), il a sûrement une arythmie complète par fibrillation auriculaire qui entraine un rythme cardiaque irrégulier pouvant être rapide, et dont le risque principal est la formation d’un caillot sanguin dans l’oreillette gauche et son envoi très malencontreux dans le cerveau. Pour l‘éviter Biden prend quotidiennement un anticoagulant (Eliquis) parmi ses autres médicaments (Crestor, une statine pour le cholestérol, le Nexium : protection gastrique, Dymista : rhinite allergique). Il a des antécédents familiaux de longévité, mais certains (médecins) ne lui donnent que deux chances sur trois de terminer son éventuel mandat futur.
On en connait moins sur Donald Trump. En 2019, il prenait de la rosuvastatine pour contrôler son cholestérol, de l'aspirine pour prévenir les maladies cardiaques, du finastéride pour la calvitie, ainsi que de la crème d'ivermectine pour la rosacée. Il est obèse avec un IMC de 30,1 et mène une vie sédentaire. Ses parents ont atteint un âge respectable (93 et 88 ans), ce qui lui donne des espérances, mais moins pour son pays s’il accède à nouveau à la présidence avec son désir de vengeance.
Quoi qu’il en soit la vice-présidence aux USA semble devenir un poste de plus en plus intéressant.
Source : Frédéric Haroche (Journal International de Médecine, 12 Juillet 2024)
Il les a envoyés à l'abattoir et il s'offusque de voir que les rescapés ont des mouvements d'humeur. Ne tirez aucune conclusion du fait que cet appendice a été ajouté à une chronique médicale.
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Par Dr WO le 29 Juin 2024 à 13:28
Pour nous représenter à l’Assemblée Nationale, les partis n’hésitent pas à investir des candidats qui flirtent avec l’obscurantisme, fâchés avec la science et la médecine basée sur les preuves. Dans le Journal International de Médecine, Quentin Haroche fait le 28/06/24 un petit tour d’horizon à partir d’une enquête conjointe de l’Express et du site Conspiracy Watch. J’en donne ici quelques extraits :
« Au RN, les anti-vaccins sont légion. C’est par exemple Jonathan Rivière, candidat à la Réunion, qui entre autres déclarations complotistes sur le prétendu faux alunissage de 1969 ou la responsabilité de la CIA dans les attentats du 11 septembre, explique que « les vaccins vous tueront complètement » ou qu’ils rendent « aimantés ». C’est aussi Emmanuelle Darles, candidate dans la Vienne, membre du « conseil scientifique indépendant », un aéropage d’anti-vaccins qui s’est formé durant la pandémie et qui avait comparé la vaccination contre la Covid-19 des enfants à un « viol ». C’est enfin (mais il y en a d’autres), Virginie Joron, réélue députée européenne le 9 juin dernier et désormais candidate dans le Bas-Rhin dont les positions anti-vaccins ont déjà été évoquées dans nos colonnes récemment.
Le RN n’est pas le seul parti à investir des candidats fâchés avec les vaccins. Sur les 80 candidats qu’il a investis France, le parti Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan présente ainsi deux professionnels de santé, un médecin et un infirmier, suspendus pour avoir refusé de se faire vacciner contre la Covid-19.
Les anti-vaccins assumés sont moins nombreux à l’autre bord de l’échiquier politique. On peut tout de même citer Aly Dioura, candidat LFI-NFP en Seine-Saint-Denis, qui, non content d’avoir tenu des propos flirtant (euphémisme) avec l’antisémitisme, avait également expliqué en 2020 que le vaccin n’était qu’un « outil » pour assouvir le « désir de rentabilité des laboratoires pharmaceutiques et de leurs lobbyistes ».
Et que dire de l’ancien chanteur Francis Lalanne, candidat pour son propre mouvement France Libre en Guadeloupe, dont les discours anti-vaccins tournent régulièrement au complotisme et dont il faudrait plusieurs pages pour faire la liste de tous les propos anti-science.
Au-delà du rejet des vaccins, nombreux sont les candidats adeptes des thérapies alternatives et des croyances ésotériques. Là encore, c’est surtout dans les rangs du RN et de ses alliés que l’on retrouve le plus de ces étranges postulants. Le parti d’extrême-droite présente ainsi la candidature d’Aurélie Quinquis, naturopathe et reflexologue à Marseille ou encore de Cyline Humblot-Cornille, praticienne en soins « énergétiques » à Dijon. La branche de LR ralliée au RN a, elle, investi un certain Bruno Comby en Loire-Atlantique : en 1989, cet ingénieur expliquait dans son livre « Nature contre SIDA » que manger des aliments crus permettait de vaincre le VIH et s’affiche toujours avec le Pr Henri Joyeux, interdit d’exercer la médecine pour ses positions anti-vaccins. »
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Par Dr WO le 30 Mai 2024 à 08:14
La mairie de Paris nous offre ces affiches sans doute avec l’argent du contribuable parisien.
Vouloir être achevé ou pas ressort d’une décision personnelle, et la conviction peut d’ailleurs changer dans le temps car on peut très bien vouloir que sa vie soit interrompue lorsque l’on est jeune et en bonne santé, cette perspective paraissant lointaine, et s‘y accrocher quand elle vous échappe.
Chacun en fonction de ses convictions philosophiques ou religieuses a un avis sur la question de la fin de vie, et je trouve ce battage publicitaire déplacé. Il est d’autant plus déplacé à mes yeux de médecin que cette affiche suggère qu’aujourd’hui les soignants laissent mourir leurs patients dans l’indignité, ce qui est une insulte.
Favoriser la mort dans certaines circonstances ne contredit pas l'éthique médicale. Quand les patients en fin de vie souffrent, la loi actuelle permet de les endormir jusqu’à leur mort, les endormir est une façon d’interrompre leur vie. De même provoque-t-on la mort en interrompant les soins d'un patient plongé dans coma prolongé, ce qui est toujours une situation difficile quand il n'y a pas de directives anticipées.
La question est différente quand des personnes veulent interrompre leur vie en pleine conscience estimant que le peu qui leur reste à vivre ne vaut pas la peine d’être vécu et craigne l'état probable qui va précéder la mort. D'autres peuvent estimer que leur vie est devenue intolérable. Dans de tels cas, chacun peut avoir son opinion et reste libre de choisir, mais il est sans doute souhaitable que des possibilités soient ouvertes par une législation car pour l'instant, quand on ne peut pas se suicider soi-même, seuls ceux qui sont fortunés peuvent choisir leur fin dans un pays étranger où le personnel fournira les moyens pharmacologiques de se suicider sans accomplir l'acte lui-même.
Soulignons que l’on constate que la plupart des patients condamnés cherchent plutôt à vivre qu’à mourir, mais bien que sacrée, la vie est toujours mortelle.
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Par Dr WO le 28 Mai 2024 à 15:45
Le Sénat examine ce mardi 28 mai un texte, déposé par Les Républicains qui propose de rendre quasi impossibles avant la majorité les transitions médicales du genre. « Il faut pouvoir donner du temps aux mineurs qui se posent des questions » sur leur identité, « pour ne pas accompagner trop tôt certains enfants vers des choses souvent irréversibles » et l’on sait que des patients qui ont subi cette transition trop tôt l’ont regretté par la suite et en ont subi des dommages.
Du point de vue médical ne pas se précipiter chez un adolescent pour l’inonder d’hormones et éventuellement lui faire subir des manipulations chirurgicales définitives parait être une attitude de bon sens, cette prudence est appliquée pour toute pathologie.
Cependant la ministre déléguée à la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a prévenu que le gouvernement s'opposerait « avec force » au texte, transformant ainsi un problème strictement médical en un problème politique, même si des médecins peuvent penser qu’il est licite de toucher aux enfants sur un simple ressenti alors que celui-ci peut être provoqué par un mal-être n’ayant rien à voir avec le genre et même être lié à un effet de mode ou une influence (notamment des réseaux sociaux).
Il n’est pas étonnant que des collectifs et des associations aient lancé un appel à manifester devant le Sénat aujourd’hui, une réaction qui pousse à se demander s’ils n’ont pas plus en tête la volonté de recruter que le souci de la santé des enfants. Ce texte est bien sûr condamné par la gauche dont le progressisme est plus orienté vers les minorités que vers le peuple, et des associations de défense des droits des personnes transgenres qui y voient une « offensive transphobe ». L’écologiste Anne Souyris estime que, « C'est une aberration complète en termes de réalité scientifique et d'accompagnement médical », et son groupe défendra une motion de rejet préalable du texte en ouverture des débats. Cette bonne dame parle de « réalité scientifique » et estime donc qu’un simple ressenti aussi prégnant soit-il est une réalité scientifique. Si le mal-être fait partie de l’observation, où sont les preuves de la détermination erronée du genre par la nature ? Et il n'a rien de transphobe dans cette proposition de loi, puisqu’il s’agit de déterminer le moment opportun pour effectuer la transition et non de l’interdire, et comparer cette prudence aux thérapies de conversion des homosexuels est stupide. La version du texte soumise au vote du Sénat n’interdit même pas la prescription des bloqueurs de puberté aux mineurs mais vise à l'encadrer.
On peut se demander pourquoi autant de polémiques et de manifestations pour des questions qui ne concernent que 1% de la population. Sans doute parce que le sexe et le genre sont des repères primordiaux de l'espèce.
NB Après la rédaction de ce texte, j'ai pris connaissance de celui-ci : "En revanche, au Royaume-Uni, la fermeture du centre à Tavistock /où l'on prescrivait auparavant des bloqueurs de puberté/ laisse près de 5 000 mineurs dans l’attente de soins, selon Le Monde (bloquer la puberté n'est pas un soin). Ce qui a des conséquences pour ces jeunes. L’intérêt des bloqueurs de puberté est de « rajouter un temps de réflexion et de ralentir la croissance », explique Anaïs Perrin-Prevelle (directrice de l’association OUTrans) : « Il peut y avoir de vrais enjeux corporels » pour les mineurs trans qui n’y ont pas accès, car « la puberté va faire son travail et certains éléments du corps peuvent ramener à notre genre d’assignation ». Autrement dit si l'on ne bloque pas la puberté, l'adolescent n'éprouverait peut-être plus le besoin de changer de genre ?! Être ramené au genre d'assignation (comme s'il s'agissait d'une assignation purement aléatoire ou totalement arbitraire) parait une dérive pour cette dame. Mais il est vrai que si le mal-être persiste et que le jeune veut toujours changer de genre, il aura acquis des attributs bien embarrassants.
Illustration : le produit des amours d'Hermès et d'Aphrodite
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Par Dr WO le 24 Mai 2024 à 14:24
"Dans un texte publié par Le Point, 1 000 professeurs de médecine et docteurs s'en émeuvent et adressent un appel au président du Conseil national de l'Ordre des médecins, François Arnault, et à son secrétaire général, Pierre Maurice. Le voici :
« Monsieur le président,
Monsieur le secrétaire général,
Chers Confrères,Vous n'avez pas manqué, comme nous-mêmes, d'apprendre par la presse qu'une question à teneur fortement politisée concernant le conflit au Moyen-Orient a été posée le 6 mai dernier au concours de première année de médecine de l'Université Paris-Sorbonne-Nord.
Nous la reproduisons ci-joint. Nous reproduisons de même le corrigé de cette épreuve écrite qui n'est pas moins indigne d'un enseignement universitaire.
Organisme de droit privé, l'Ordre des médecins est avant tout chargé d'une mission de service public. Il est porteur de l'honneur et de la dignité de la profession auprès de l'ensemble de la société.
Les médecins signataires expriment leur étonnement, leur total désaccord et leur condamnation sans appel d'une « question d'examen » dont le contenu inadmissible et tendancieux ne présente aucune relation avec les études médicales.
Nous formulons le souhait que le Conseil national aura à cœur de condamner sans ambiguïté une telle pratique, ce dont nous ne saurions douter.
Veuillez croire, Chers Confrères, en l'assurance de nos sentiments confraternels et respectueux. »
Le questionnaire écrit et son corrigé :
2 QROC : À Gaza, l'âge médian est de 18 ans
2.1 : Qu'est-ce que cela veut dire ?
Corrigé 2.1 : Cela signifie que la moitié des habitant.e.s de Gaza ont moins de cet âge. La population comptant 50 % d'enfants et d'adolescents – et donc peu de personnes âgées – peut être qualifiée de très jeune, car particulièrement féconde du fait d'un usage manifestement limité des techniques contraceptives. Mais par ailleurs, la plupart des gens n'y vivent pas vieux. Cette population est à l'évidence parmi les plus jeunes du monde.
2.2 : Décrivez et tentez de dessiner la pyramide des âges gazaouie ?
Corrigé 2.2 : Vous aurez dessiné une forme de pyramide « égyptienne » classique, à base large et effectif légèrement supérieur à gauche (car il naît a priori là aussi davantage de garçons) aux deux côtés montant rapidement en oblique pour se rejoindre en haut où le sommet est très effilé, montrant néanmoins un petit sureffectif féminin puisque les femmes vivent un peu plus longtemps.
2.3 : Quelles principales incidences découlent de ce fait ?
2.3.1 : Quant à l'actualité du conflit Israël Hamas ?
Corrigé 2.3.1 : Les bombardements suivis d'assauts terrestres israéliens ont causé de nombreuses victimes civiles en bas âge d'autant que des enfants ont pu parfois constituer malgré eux des « boucliers humains », derrière lesquels certains responsables du Hamas ont cherché à se dissimuler. Une telle structure démographique, sur un territoire densément peuplé, augmentait les risques de carnage. D'où aussi ce caractère de « sale guerre » que les médias ont relayé.
2.3.2 : Et dans un avenir prévisible ?
Corrigé 2.3.2 : La très douloureuse expérience de ces événements suscitera probablement chez de nombreux enfants et adolescents d'aujourd'hui un désir de vengeance et une haine d'Israël attisés par le gouvernement local. Et la structure démographique actuelle facilitera d'ici quelques années le recrutement de bataillons de jeunes combattants susceptibles de mener de nouvelles incursions armées sur le sol israélien, engendrant alors d'autres ripostes militaires pas forcément proportionnées aux attaques, alimentant ainsi le cercle vicieux d'un conflit violent et interminable."On attend la réaction de Sylvie Retailleau ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. L'examen a eu lieu le 6 mai.
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