• Parapluies

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  • Orthostatisme dans la villeCette fin de semaine où le soleil brillait sur Paris dans un ciel pur, les gens étaient dehors. Ils marchaient. Ils déambulaient devant les cafés et les restaurants fermés, sur les trottoirs vides de leurs terrasses. Promeneurs obligés, debout sans pouvoir s’asseoir. Cohabitation serrée sur les bancs publics. Rebords de pierre occupés laissant leur marque sur les fesses lasses. Les colonnes tronquées de Buren enfin utiles comme sièges dans le jardin du Palais Royal où les fleurs pourpres confortablement installées sur les branches des arbres éclataient au soleil. Les juvéniles homos  erectus malgré eux s’aggloméraient en petits groupes pour échanger quelques rires coupés par les masques chirurgicaux. Regards soupçonneux sur les vieux : que faisaient-ils dehors au risque de mettre tout le monde dedans ? Illustration : Balthus « La rue »


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  • La nostalgie des tableaux

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  • NOIR ET BLANC

    Paris est devenu dans la nuit un vieux film en noir et blanc.

    Un film muet se déroulant en silence.

    La neige étouffe chaque pas précautionneux dans un bruit de succion.

    Les rares voitures glissent dans un discret clapotis.

    Le ciel est blanc sale. Le soleil hiverne ailleurs.

    Seuls les enfants, sortis de leur surprise, s’agitent et prennent à pleines mains la neige encore propre pour en faire des boulets mous qui s’effilochent en l’air une fois lancés sur les cibles enfantines matelassées.

    Paris est en noir et blanc comme une vieille bobine du passé que l’on déroule pour les visiteurs que l’on veut épater. Pour être épatés, qu’ils viennent quand elle sera colorisée par le printemps.

    Paul Obraska, qui tient à préciser que, malgré le titre, ce n’est pas un texte « racisé »

    NOIR ET BLANC


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  • A L’EAU, poème téléphoné

     

    Il plut sur la ville comme il plut sur le cœur des campagnes.

    L’eau a crû jusqu’à la crue, et les riverains ébahis furent cuits,

    Qui l’eut cru.

     

    Le réveil sonna et l’ocre Seine sortit de son lit,

    Il était l’heure de travailler les berges englouties,

    Les quais débarrassés cette fois des promeneurs

    Furent offerts aux péniches qui montaient en douceur.

     

    Le zouave qui fait le pont depuis la décolonisation

    S’est recyclé comme étalon aqueux bénévole.

    Dès que la Seine découche, ses pieds pataugent,

    Chacun regarde le plongeur au niveau du pantalon,

    Mais lui reste de pierre devant les eaux folles,

    Ses yeux toujours fixés sur la ligne bleue des Vosges.

     

    Dans les bas-fonds, les rats des caves se rebiffèrent,

    Et sortirent en trottinant vers la lumière du jour gris,

    Visiteurs clandestins des ordures ménagères,

    Ils écartèrent un vieil SDF en montrant leurs dents,

    Alors que l’homo sapiens en manquait cruellement.

    Et le premier des rongeurs devant les restes, dit :

    Que d’os, que d’os…

     

    Dr WO. Pour ce poème, je préfère utiliser mon pseudo.


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  • EN ATTENTE DE L’ORAGE

    Photo prise sur le pont de St Cloud

    Temps menaçant, temps indécis.

    Entre la noirceur des nuages et les percées solaires.

    Entre l’eau suspendue du ciel et l’eau mobile de la terre.

    Entre le silence trompeur et la menace de bruit.

    L’orage se prépare, va-t-il éclater ?

    Que le temps m’indiffère.

    Que le vent se lève, que tombe la pluie.

    J’appartiens au passé.

    Paul Obraska


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  • FIN D'ANNEE A PARIS

    Thomas Kinkade

     

    Achats 

    Les grands magasins craquent

    Leurs vitrines font la manche pour attirer le chaland

    Les gens claquent un fric qu’ils n’ont peut-être pas

    Ils virevoltent au milieu du luxe et des lumières

    Et sortent avec de petits cercueils sous les bras

    Pour enterrer l’année

     

    Travaux

    Les piétons le pas prudent passent de trou en trou

    Le long des barrières de bois rayées de vert

    Le long des travailleurs de toutes les couleurs

    Les uns creusent ils sont plutôt noirs

    D’autres regardent ils sont plutôt blancs

    Mais tous ont le gilet jaune et le casque orange

    La terre déshabillée de son béton est nue sous la pluie

    Et les ouvriers bottés pataugent dans la boue

     

    Traversée

    Vert – Orange – Rouge – Vert

    Les feux vains sont ridicules

    Les automobiles restent immobiles

    Chenilles de métal collées les unes aux autres

    Un bus bondé barrit tel un éléphant entravé

    Les voitures fument et feulent prêts à bondir

    Les piétons agglutinés hésitent craintifs

    Un pas sur la chaussée au ras du cul du bus

    Dans l’haleine chaude et puante du moteur

    Les piétons s’engouffrent agglutinés

    Dans les fentes laissées par les pare-chocs

    Evitent un bolide rugissant casqué de noir

    Enhardis mais groupés ils passent

    Et se retrouvent sain et sauf sur l’autre trottoir

    Quelle aventure !

     

    Tentatives

    Les chauffeurs klaxonnent avec énergie

    Mais les voitures restent inertes

    Seuls les essuie-glace bougent sur place

    Métronomes battant les gouttes en mesure

    Ceux qui attendent un bus se déplacent

    Pour regarder au loin s’il vient

    Et espèrent en regardant le faire venir

    En vain 

     

    Paul Obraska

     

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  •  

    PLACE DU TERTRE

     

    Place du Tertre gorgée

    De promeneurs placides

    Les parasols au reflet blanc bleuté

    Ouvrent leurs corolles translucides

     

    Venue de la blancheur du ciel

    La lumière de décembre fait merveille

    A travers une trouée de ruelle

    Elle retouche les toiles d'un peu de soleil

     

    Devant les rangées de croûtes touchantes

    Les touristes cassent leur croûte aux cafés

    Les artistes abordent la planchette tentante

    Les blondes étrangères rubicondes à croquer

     


    Paul Obraska


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  • cliquez

     

    Les effluves panachés s'élèvent du bitume

    Odeurs d'essence et d'ordures de bennes

    Déchets de trottoirs que les urines parfument

    Bouches d'égout à la mauvaise haleine

     

    La truffe canine hume les déjections fraternelles

    Concentrée avec délice sur les odeurs merdiques

    Et lèche affectueusement le maître en chien fidèle

    Partageant le secret d'arômes mirifiques

     

    Sur le pas de restaurants aux cuisines lointaines

    Des senteurs exotiques parfument la chaussée

    Tapis volant pour des voyages sans peine

    Vers l'orient de contrées affamées

     

    Le halot de fragrance d'une femme qui passe

    Offre aux inconnus croisés sa toilette matinale

    Au bord d'un jardin que les murs enchâssent

    Le miracle des troènes dont l'essence s'exhale

     

    Paris étouffe sous un garrot de chaleur

    La ville incontinente lâche des vents mêlés

    Son air saturé d'inextricables odeurs

    Assaille dans la moiteur nos nez affolés


    Paul Obraska


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  • DSC00714.JPG

     

    CORPS

     

    Les corps étalent leur blancheur de ver

    Soumises aux caresses cosmétiques

    Les peaux rissolent dans l’huile solaire

    Enveloppes fragiles du monde organique

     

    Les mécaniques molles prennent l’air

    Articulations à lacets, muscles à ficelles

    Nappes de graisse et globes de chair

    Habits provisoires des os éternels

     

    Viscères suspendus dans le noir

    Intestin sonore s’enroulant en crotale

    Cavités aux pleurs sécrétoires

    Ballons pulmonaires, récipient vésical

     

    Batterie du cœur au rythme du temps

    Plomberie vibrante des vaisseaux

    Artères en tuyaux, veines en serpents

    Le sang prisonnier joue au cerceau

     

    Le cerveau dans sa boite de conserve fine

    Les nerfs, cordes de guitares électriques

    Et les dealers de drogues endocrines

    Mènent la danse sur leur rythmique

     

    A l’affût de l’air et de la becquée

    La vie goulue dépend des orifices

    Nous naissons d’orifices convoités

    Et par eux passent nos délices

     

    D’un corps aux mille bricolages

    Surgit l’improbable pensée

    De la laideur d’obscurs marécages

    Surgit l’improbable beauté

     

    Des synapses en folie naît la cruauté

    L’intérieur sanglant attire la barbarie

    Jouissance du métal dans les corps déchirés

    Myriades de miracles anéantis

     

    Corps vaniteux, édifice mollasse

    Ta fragilité nue est inouïe

    Ni griffes, ni cornes, ni carapace

    Mais rien ne résiste à tes appétits

     

    Paul Obraska


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