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Par Dr WO le 8 Mars 2021 à 09:01
Cette fin de semaine où le soleil brillait sur Paris dans un ciel pur, les gens étaient dehors. Ils marchaient. Ils déambulaient devant les cafés et les restaurants fermés, sur les trottoirs vides de leurs terrasses. Promeneurs obligés, debout sans pouvoir s’asseoir. Cohabitation serrée sur les bancs publics. Rebords de pierre occupés laissant leur marque sur les fesses lasses. Les colonnes tronquées de Buren enfin utiles comme sièges dans le jardin du Palais Royal où les fleurs pourpres confortablement installées sur les branches des arbres éclataient au soleil. Les juvéniles homos erectus malgré eux s’aggloméraient en petits groupes pour échanger quelques rires coupés par les masques chirurgicaux. Regards soupçonneux sur les vieux : que faisaient-ils dehors au risque de mettre tout le monde dedans ? Illustration : Balthus « La rue »
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Par Dr WO le 7 Février 2018 à 14:33
Paris est devenu dans la nuit un vieux film en noir et blanc.
Un film muet se déroulant en silence.
La neige étouffe chaque pas précautionneux dans un bruit de succion.
Les rares voitures glissent dans un discret clapotis.
Le ciel est blanc sale. Le soleil hiverne ailleurs.
Seuls les enfants, sortis de leur surprise, s’agitent et prennent à pleines mains la neige encore propre pour en faire des boulets mous qui s’effilochent en l’air une fois lancés sur les cibles enfantines matelassées.
Paris est en noir et blanc comme une vieille bobine du passé que l’on déroule pour les visiteurs que l’on veut épater. Pour être épatés, qu’ils viennent quand elle sera colorisée par le printemps.
Paul Obraska, qui tient à préciser que, malgré le titre, ce n’est pas un texte « racisé »
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Par Dr WO le 28 Janvier 2018 à 12:09
Il plut sur la ville comme il plut sur le cœur des campagnes.
L’eau a crû jusqu’à la crue, et les riverains ébahis furent cuits,
Qui l’eut cru.
Le réveil sonna et l’ocre Seine sortit de son lit,
Il était l’heure de travailler les berges englouties,
Les quais débarrassés cette fois des promeneurs
Furent offerts aux péniches qui montaient en douceur.
Le zouave qui fait le pont depuis la décolonisation
S’est recyclé comme étalon aqueux bénévole.
Dès que la Seine découche, ses pieds pataugent,
Chacun regarde le plongeur au niveau du pantalon,
Mais lui reste de pierre devant les eaux folles,
Ses yeux toujours fixés sur la ligne bleue des Vosges.
Dans les bas-fonds, les rats des caves se rebiffèrent,
Et sortirent en trottinant vers la lumière du jour gris,
Visiteurs clandestins des ordures ménagères,
Ils écartèrent un vieil SDF en montrant leurs dents,
Alors que l’homo sapiens en manquait cruellement.
Et le premier des rongeurs devant les restes, dit :
Que d’os, que d’os…
Dr WO. Pour ce poème, je préfère utiliser mon pseudo.
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Par Dr WO le 17 Avril 2017 à 18:57
Photo prise sur le pont de St Cloud
Temps menaçant, temps indécis.
Entre la noirceur des nuages et les percées solaires.
Entre l’eau suspendue du ciel et l’eau mobile de la terre.
Entre le silence trompeur et la menace de bruit.
L’orage se prépare, va-t-il éclater ?
Que le temps m’indiffère.
Que le vent se lève, que tombe la pluie.
J’appartiens au passé.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 31 Décembre 2016 à 14:52
Thomas Kinkade
Achats
Les grands magasins craquent
Leurs vitrines font la manche pour attirer le chaland
Les gens claquent un fric qu’ils n’ont peut-être pas
Ils virevoltent au milieu du luxe et des lumières
Et sortent avec de petits cercueils sous les bras
Pour enterrer l’année
Travaux
Les piétons le pas prudent passent de trou en trou
Le long des barrières de bois rayées de vert
Le long des travailleurs de toutes les couleurs
Les uns creusent ils sont plutôt noirs
D’autres regardent ils sont plutôt blancs
Mais tous ont le gilet jaune et le casque orange
La terre déshabillée de son béton est nue sous la pluie
Et les ouvriers bottés pataugent dans la boue
Traversée
Vert – Orange – Rouge – Vert
Les feux vains sont ridicules
Les automobiles restent immobiles
Chenilles de métal collées les unes aux autres
Un bus bondé barrit tel un éléphant entravé
Les voitures fument et feulent prêts à bondir
Les piétons agglutinés hésitent craintifs
Un pas sur la chaussée au ras du cul du bus
Dans l’haleine chaude et puante du moteur
Les piétons s’engouffrent agglutinés
Dans les fentes laissées par les pare-chocs
Evitent un bolide rugissant casqué de noir
Enhardis mais groupés ils passent
Et se retrouvent sain et sauf sur l’autre trottoir
Quelle aventure !
Tentatives
Les chauffeurs klaxonnent avec énergie
Mais les voitures restent inertes
Seuls les essuie-glace bougent sur place
Métronomes battant les gouttes en mesure
Ceux qui attendent un bus se déplacent
Pour regarder au loin s’il vient
Et espèrent en regardant le faire venir
En vain
Paul Obraska
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Par Dr WO le 3 Décembre 2015 à 09:39
Place du Tertre gorgée
De promeneurs placides
Les parasols au reflet blanc bleuté
Ouvrent leurs corolles translucides
Venue de la blancheur du ciel
La lumière de décembre fait merveille
A travers une trouée de ruelle
Elle retouche les toiles d'un peu de soleil
Devant les rangées de croûtes touchantes
Les touristes cassent leur croûte aux cafés
Les artistes abordent la planchette tentante
Les blondes étrangères rubicondes à croquer
Paul Obraska
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Par Dr WO le 4 Juillet 2015 à 13:08
Les effluves panachés s'élèvent du bitume
Odeurs d'essence et d'ordures de bennes
Déchets de trottoirs que les urines parfument
Bouches d'égout à la mauvaise haleine
La truffe canine hume les déjections fraternelles
Concentrée avec délice sur les odeurs merdiques
Et lèche affectueusement le maître en chien fidèle
Partageant le secret d'arômes mirifiques
Sur le pas de restaurants aux cuisines lointaines
Des senteurs exotiques parfument la chaussée
Tapis volant pour des voyages sans peine
Vers l'orient de contrées affamées
Le halot de fragrance d'une femme qui passe
Offre aux inconnus croisés sa toilette matinale
Au bord d'un jardin que les murs enchâssent
Le miracle des troènes dont l'essence s'exhale
Paris étouffe sous un garrot de chaleur
La ville incontinente lâche des vents mêlés
Son air saturé d'inextricables odeurs
Assaille dans la moiteur nos nez affolés
Paul Obraska
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Par Dr WO le 28 Août 2012 à 13:53
CORPS
Les corps étalent leur blancheur de ver
Soumises aux caresses cosmétiques
Les peaux rissolent dans l’huile solaire
Enveloppes fragiles du monde organique
Les mécaniques molles prennent l’air
Articulations à lacets, muscles à ficelles
Nappes de graisse et globes de chair
Habits provisoires des os éternels
Viscères suspendus dans le noir
Intestin sonore s’enroulant en crotale
Cavités aux pleurs sécrétoires
Ballons pulmonaires, récipient vésical
Batterie du cœur au rythme du temps
Plomberie vibrante des vaisseaux
Artères en tuyaux, veines en serpents
Le sang prisonnier joue au cerceau
Le cerveau dans sa boite de conserve fine
Les nerfs, cordes de guitares électriques
Et les dealers de drogues endocrines
Mènent la danse sur leur rythmique
A l’affût de l’air et de la becquée
La vie goulue dépend des orifices
Nous naissons d’orifices convoités
Et par eux passent nos délices
D’un corps aux mille bricolages
Surgit l’improbable pensée
De la laideur d’obscurs marécages
Surgit l’improbable beauté
Des synapses en folie naît la cruauté
L’intérieur sanglant attire la barbarie
Jouissance du métal dans les corps déchirés
Myriades de miracles anéantis
Corps vaniteux, édifice mollasse
Ta fragilité nue est inouïe
Ni griffes, ni cornes, ni carapace
Mais rien ne résiste à tes appétits
Paul Obraska
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