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    L’EAU MIRACLEUSE

    Par un tour de magie dont elle a le secret

    L’eau offre à nos yeux le ciel sur terre

    L’incendie de l’automne y jette ses flammes

    Que le soleil éteindra en se couchant

     


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    Avec un bruit de succion

    Comme un dernier baiser

    La mer s’est retirée

    Plus près de l’horizon  

    Chaque jour, sur rendez-vous

    Elle dévoile son intimité

    Relève sa robe et ses dessous

    Montrant ses touffes herbacées  

    Elle dénude en passant

    Les bateaux échoués

    Leurs ventres gonflés

       Dans le sable gluant   

    Elle viendra de nouveau

    Grande dame lunatique

    Recouvrir de ses flots 

    Ses dessous impudiques

    Paul Obraska

     


      


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  • LA MER S’EST RETIREE

    Avec un bruit de succion, comme un dernier baiser, la mer s’est retirée plus près de l’horizon. Chaque jour, sur rendez-vous, elle dévoile son intimité, relève sa robe et ses dessous en  exhibant ses touffes herbacées.

    Elle dénude en passant les bateaux échoués qui se dressent, ridicules, sur leurs quilles branlantes en montrant leurs ventres gonflés dans la terre gluante.

    Les hardes d’algues s’étalent sur la terre humide abandonnées sur le sol par le corps de la mer. Les traînées de guenilles verdâtres macèrent en exhalant dans l’air des effluves putrides.  

    Les mouettes blanches à tête noire piaillent. Leur corps de ballet tourne et plane avant de fourrager les entrailles de la mangeoire océane, comme le font les chercheurs de coquillages, buste incliné vers la boue puante, mollets nus ou bottes montantes.  

    Un soleil gris en glissant argente les flaques du marécage. La mer s’est retirée, mais la grande dame lunatique viendra de nouveau dans son va-et-vient perpétuel recouvrir de ses flots ses dessous impudiques.

    Paul Obraska


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    BAIN DE SOLEIL

     

     Des poupées aux membres écartelés

    Eparpillées sur le sable plastique

    Jouissent épanouies, leur corps relâché

    Sous la caresse des éclats atomiques

     

    Au bord de la mer à la peau ridée

    Plissée d’innombrables vaguelettes

    Parmi les arêtes aiguës des rochers

    Elles s’étalent en renversant la tête

     

    Poupées médusées, dos à terre

    Leurs têtes absentes ou alourdies

    Epinglées par les rayons solaires

     

    Elles resteront longtemps alanguies

    Exposant leurs anatomies solitaires

    Avec une étoile pour compagnie

        

    Paul Obraska  

     

    Salvador Dali : « Figures couchées sur le sable »

     


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  • raeburn8.jpg

    Sir Henry Raeburn « Portrait du révérend Robert Walter en train de patiner » 1784

     

    MIRACLES

     

    Un révérend marche sur les eaux

    Comme le Seigneur

    Dans sa béatitude il glisse, glisse

    Et glisse encore sur la glace lisse

    En songeant dans son for intérieur

    Que les pays du nord ont des attributs

    Que le Seigneur n’a pas connus

     

    Le révérend père tout fier

    Glisse sur ses patins, le visage béat            

    Et songe aux miracles d’ici-bas

    Le miracle de l’eau changée en pierre

    Pour le plus grand plaisir d’un révérend

    Un révérend qui glisse sur la glace lisse

     

    Il songe à l’eau à boire pour être vivant

    Et pour pisser le plus loin

    A l’eau changée en neige pour blanchir les sapins

    A l’eau changée en fine rosée

    Pour démaquiller les fleurs des prés

    A l’eau changée en vin

    Miracle apprécié du Seigneur

    En pressant les grappes de raisin

    A l’eau changée en vapeur

    Pour dessiner de beaux nuages

    Et pousser en sifflant les rouages

    A la vapeur changée en pluie bienvenue

    Pour que poussent les récoltes attendues

    A l’eau changée en grains

    Pour manger le pain de demain

     

    Mais aussi

    A l’eau changée en déluge

    Pour noyer les mécréants

    Sans oublier les croyants

    Que Dieu laisse sans refuge

    A l’eau bénite changée en sueur du malheur

    A l’eau changée en grêle et en pleurs

    Et en crachats de mépris

    Mais le révérend dans ses pirouettes remarquables

    Nous dit

    Que les desseins du Ciel sont impénétrables

     

    Paul Obraska


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  • turner-tempete.jpg
    William Turner "Tempête"

    VENGEANCE

     

    HAÏKU

     

    Baleine sanglante

    Proie fabuleuse des mers

    Lames tranchantes

     

    QUATRAIN

     

    Un jour une immense baleine courroucée 

    Surgit des profondeurs abyssales  

    Fila vers les îles nipponnes apeurées

    En ouvrant ses entrailles colossales

     

    DISTIQUE

     

    La baleine immense surgie des obscurs tréfonds

    Engloutit d’un seul coup les bateaux du Japon

     

    TANKA

     

    L’immense baleine

    Ballotta les petits hommes

    Les cracha dans l’eau

     

    Les matelots rescapés

    Quittèrent les baleiniers

     

     

    Paul Obraska


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  • MASQUES

     

    La Mort ironique s’invite à la fête

    Par des masques mortuaires livides

    Dans ce lieu où s’étalent des têtes

    Aux trous noirs d’orbites vides

     

    Faces peintes suspendues

    Dans l’attente d’un corps vivant

    Penchées comme celles des pendus

    Têtes de décapités au visage souriant

     

    Dans une morgue ruisselante

    De flammes rouges, de flammes bleues

    Les bouches cyanosées ou sanglantes

    Semblent lancer un appel silencieux

     

    Les masques sardoniques du carnaval

    Comme des figures figées par la Camarde

    Attendent d’être amenés au bal

    Pour une sarabande goguenarde

     

    Que les vivants se couvrent la face

    Du masque anonyme des morts

    Pour enfin libérer leurs audaces

    Avant de subir leur sort

     

    Paul Obraska

      Giandomenico Tiepolo "Scène de carnaval - le menuet"


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  • REVES DE PIERRE A TORCELLO

     

    Statue de femme à la tête penchée

    Traits de pierre mélancoliques

    Au delà de la grille ouvragée

    Sourd un rêve nostalgique

     

    Rêvez-vous de jardins printaniers

    D’escalades d’enfants

    Rêvez-vous  sur vos faces pétrifiées

    D’oiseaux incontinents

     

    Corps à l’écart

    Statues oubliées

    Rêvez-vous du regard

     

    Et de la main de votre créateur

    Qui caressait votre corps ébauché

    Après les coups du ciseau de sculpteur

     

     

    Paul Obraska

     


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  • COULEURS CHAUDES A BURANO

     

    Bleu turquoise violet vert

    Palettes éclatantes, canal endormi

    Maisons de poupées à ciel ouvert

    Façades de lumière, intérieurs de nuit

     

    Rose rouge pourpre vert

    Débauche de couleurs pour peintre en folie

    Murs en chaleur sous le feu solaire

    Barques alignées, paresseuses assoupies

     

    Orange jaune brun vert

    Volets mi-clos sur des siestes alanguies

    Intimités pendues entre deux couleurs

     

    Ciel amarante canari vert

    Deux silhouettes passent sur le quai à l’abri

    Où les murs ombragés offrent la fraîcheur

     

    Paul Obraska

     


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  • LES PIGEONS DE LA PLACE SAINT-MARC

     

    Un pigeon s’attable place Saint-Marc

    Un pigeon assoiffé cherchant asile

    Le serveur dos tourné, détourne le regard

    Sans aucun égard pour le volatile

     

    Le pigeon sur le pastel de la nappe bleue

    Cherche en vain le prix des boissons

    Au son de la musique au ton sirupeux

    Le serveur s’occupe d’un autre pigeon

     

    Pourtant les clients attablés se font rares

    Hors ces pigeons en quête de boissons

    Les autres s’attroupent place Saint-Marc

     

    Sur leurs pattes, bec levé, les yeux  ronds

    En troupeau serré, ils déambulent au hasard

    Dans le piège sublime de la place Saint-Marc

     

    Paul Obraska

     


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