• LA NUIT ECLAIREE

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  • La vérité sur la fin du monde

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  • SOUPIERE

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  • Le premier jour de l’année nouvelle

    l’homme âgé se regarde dans le miroir

    Qu’espère-t-il y voir ?

    Objet glacial impudique et rebelle

    le miroir efface l’illusoire

     

    Encore une année de gagnée

    se dit l’homme pour se consoler

    Encore une année de perdue

    se dit l’homme amer

     

    Gagnée ou perdue ?

    La vie est un jeu à qui gagne perd

     

    Et le temps s’écoule

    sur les montres molles de Dali

    et l’on se noie dans sa houle

    et l’homme se dit

    pourquoi lutter à contre-courant ?

    de toute façon on coule

    emporté par le temps

     

    Alors l’homme tire la langue au miroir

    Qu’importe ce qu’il avait été

    Il chasse son fantôme de la mémoire

    et sans hésiter

    prend son rasoir

    sourit à ses restes

    et commence à se raser

    en savourant les petits gestes

    les petits gestes coutumiers

    les petits gestes modestes

    de la vie

     

    Paul Obraska

    Dali : "La persistance de la mémoire"


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  •  

    L'EAU DES FONTAINES

     

    Il  y a des pays    

    Où il n’y a pas de fontaines  

    Des pays sans eau  

    Des pays malheureux  

    Il y a des pays    

    Où il y a de l’eau    

    Mais pas de fontaines    

    Ce sont des pays heureux    

    Mais qui n’ont rien compris

             

    Les fontaines    

    On les entend avant de les voir  

    La chanson joyeuse et familière    

    De l’eau clapotant dans l’eau    

    De l’eau éclaboussant la pierre  

    Un chant de promesse de bonheurs  

    Le bonheur d’apaiser la soif    

    Le bonheur de fraîcheur    

    Le bonheur de pureté

     

    Bien sûr il y a les fontaines royales    

    Avec leurs jets d’eau domestiquée  

    De l’eau qui fait des ronds  

    De l’eau qui fait le beau    

    De l’eau qui fait la roue    

    Pour se faire bien voir    

    Mais elle n’est pas à boire

     

    Les petites fontaines sont bien plus belles  

    Au milieu d’une place nue    

    Avec leur chant de chanterelle  

    Coulée de fraîcheur têtue    

    Sur la pierre douce arrondie par l’usure    

    Quelques herbes en houppes    

    Et un peu de mousse au mur    

    Dans ses mains en coupe    

    Pour exaucer une prière    

    On recueille l’eau claire    

    Que l’on boit goulûment    

    Sans retenue bruyamment  

    En serrant les doigts pour éviter les pertes    

    Le visage mouillé de fraîcheur  

    Le menton humide le sourire éclos    

    Sur une place déserte  

    Ecrasée de chaleur    

    Où les maisons volets clos    

    Abritent les dormeurs

        

    Paul Obraska

    Cézanne : "La fontaine" 

     

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  • Le petit texte ci-dessous a été publié sur ce blog il y a juste dix ans. Il ne faut pas regretter de voir le temps passer, il est regrettable de le voir s'arrêter. 

    Anniversaire

    Chagall « Anniversaire »

    Lorsqu’il se réveilla ce matin-là, il vit venir un ange, un peu maladroit, ses grandes ailes le gênant pour marcher (non, ce n’était pas un albatros) et arrivé, cahin-caha,  au pied de son lit, la créature céleste lui proposa une nouvelle tranche de vie.

    Il répondit que la précédente ne lui avait pas déplu et qu’il ne cracherait pas dessus. L’ange approuva de ses ailes, car les gens n’étaient pas toujours contents de ce qu’ils avaient eu et il devait parfois remporter sa tranche au ciel quand les gens trouvaient leur vie amère.

    Et l’ange découpa soigneusement dans le gâteau d’anniversaire une tranche de vie pour un an.

    Le voyant faire, il demanda timidement s’il ne pouvait pas en couper davantage. Mais l’ange répondit qu’être trop gourmand ne serait pas sage, qu’il fallait se contenter de ce qui était donné et le savourer lentement pour ne pas avaler de travers, un accident est si vite arrivé et il serait dommage de ne pas terminer la tranche de vie de l’année.

    Sur ces paroles, l’ange mit une bougie de plus sur le gâteau entamé et plus à l’aise dans l’air que sur le sol, s’envola en lui souhaitant un bon anniversaire.

     

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  • Déconseillé aux déprimés

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    DEREGLEMENT DES SENS

    Ils s’appartiennent les amants
    L’un contre l’autre, joue contre joue
    Pas aveugles mais malvoyants
    La tête dans le sac de l’amour fou
     
    La maigre osseuse est élancée
    La dépensière a de l’élégance
    La grosse de la volupté
    L’obèse de la prestance
    Le violent de la virilité
    L’entêté de la constance
    Et la séduction excuse l’infidélité
     
    Les amants après avoir été aveuglés
    Sortent du sac et deviennent sourds
    Ils n’écoutent que ce qu’ils veulent entendre
    Ils n’entendent que les mots d’amour
    Que les mots consentis, les mots tendres
    Ils n’entendent pas les mots amers
    Les mots d’ennui, les mots de colère
     
    Et les amants finissent par ne plus s’entendre
    Par ne plus se voir
    Leur amour n’a plus de sens
    Il n’a plus d’espoir
    Et ils remettent le sac pour l’indifférence


    Paul Obraska
     
    Magritte : "les amants"

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  • JEUX DE MAINS

    Il y a la main qui écrit, la main qui pétrit, la main qui peint, la main qui pétrit le pain. La main du médecin qui recherche le mal, celle du chirurgien qui le tranche pour le bien.

    Il y a la main complice qui donne une caresse à l’être que l’on aime, au chien qui vous aime, ou aux fesses tentatrices.

    Il y a les mains réunies, une menotte dans une grosse, une large sur une fine, les doigts entrelacés. De petites mains unies dans une ronde enfantine. Celles jointes en prière, ou menottées de fer pour avoir la paix.

    Il y a les mains qui parlent de ceux qui parlent trop ou de celui qui se tait parce qu’il est muet

    Il y a ceux qui tendent la main pour connaître leur destin, et ceux qui prétendent l’avoir dans leurs mains, mais n’en savent rien.

    Il y a celui qui tend la main, le dos au mur, parce qu’il n’a rien, sauf la soif et la faim.

    Il y a ceux en colère qui ferment la main pour en frapper le voisin ou le tenir en l’air pour menacer l’univers.

    Il y a les mains habiles qui trichent ou dérobent. Il arrive que devant des messieurs en robe, ils tombent dans la nasse comme des poissons morts.

    Il y a les mains assassines qui serrent le cou un peu fort : meurtre ou accident, au hasard du jugement.

    Il y a les hommes souriants qui se serrent longuement la main par devant, et jouent parfois à celui qui serre le plus fort, pour la photo, ou qui se passent la main dans le dos pour se trahir demain.

    Il y a ceux qui se salissent les mains dans les moyens justifiés par la fin ou dans le sang de la guerre et en sont fiers. Il y a ceux qui s’en lavent les mains, et même s’ils se donnent du mal leurs mains restent sales.

    Il y a les mains qui tremblent avec sur leur dos cette terrible crasse sénile, ces petites taches brunes qui petit à petit se touchent et tirent un voile blanc sur le destin de chacun.

     

     Albrecht Dürer : "Le Christ au milieu des docteurs" (détail)


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    Gustave Klimt "Musique"

    Il y a un lieu qui rassemble dans les cieux les musiciens morts avant de devenir vieux, ceux qui disparaissent avant quarante ans, et que leur génie rend immortels. 

    Pergolese en est le benjamin. Marie par son instinct de mère a un petit faible pour l'Italien. Quand on joue son Stabat Mater, elle l'écoute debout sous le charme sans pouvoir retenir ses larmes. 

    Quand Pergolèse vint, Purcell était déjà là en habit de cour après avoir quitté ses rois.

    Entre compositeurs lyriques ils se sont vite compris, et les deux s'inclinèrent quand Mozart arriva. Le grand Mozart déjà grand lorsqu'il était petit, tiré d'une fosse commune après qu'on l'eùt trouvé là où les croquemorts sous la neige l'avaient égaré 

    Schubert bohème et fidèle en amitié hésita à quitter le cimetière de Vienne où il était enterré près de son cher Beethoven. Lui qui n'avait pu partager de grand amour, lorsque le délicat Chopin arriva à son tour, il lui fit raconter sa passion pour Maria dont la maternelle George Sand le consola

    Mendelssohn venu peu avant, en homme raffiné les écoutait poliment. 

    Le dernier arrivé parmi eux fut Bizet trois mois après la création de Carmen, le temps que les critiques se déchaînent sur l'opéra qui allait triompher peu après. 

    Sur les portées des étoiles filantes, les musiciens aux chants inachevés composent les musiques enivrantes qu'ils n'ont pas eu le temps de créer. C'est ainsi que devant un ciel étoilé, devant l'orange d'un coucher de soleil, devant l'amour des amants, dans le rire des enfants, en tendant bien l'oreille on entend, venues des nues, des musiques inconnues.

         


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