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Par Dr WO le 21 Février 2016 à 09:54
Au pied du Sacré-Cœur, dans une boutique multicolore, sur un voile bleu ciel, s’étalent à foison des objets de dévotion.
Les anges sont à vendre. Même les anges sont vendus.
Ils sont couchés dans la vitrine dans des poses ambiguës pour attirer le client.
D’autres, suspendus, volent à l’étalage sous les yeux des passants.
Dans les profondeurs obscures, des anges déchus sont pendus.
Dans le silence, les anges passent, rejetés des cieux.
Au pied du Sacré-Cœur, qu'en pense le Bon Dieu ?
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Par Dr WO le 6 Janvier 2016 à 14:24
Ce Dieu est-il si petit qu’il ait besoin de ces sicaires
Pour tuer un rire moqueur qui monte de la terre
Les Dieux ne rient pas, ils ne savent pas rire
Le désespoir est le propre des Dieux
Alors, ils ne supportent pas le rire
Quand il monte vers les cieux
Ce Dieu est-il si ingrat
Pour souhaiter si ardemment le trépas
De descendants de ceux qui jadis l’inventèrent
Et d’envoyer un sombre sicaire pour en assassiner
Ce Dieu est-il si jaloux
De la joie dont il est écarté
Pour demander à des sicaires fous
De joncher la ville d’innocents massacrés
Paul Obraska
Illustration : Yue Minjun
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Par Dr WO le 28 Février 2012 à 09:42
AUTOCRITIQUE
Dieu se dit
En regardant l’Homme qu’Il venait de créer
Ce n’est pas réussi
Et pourtant Je Me suis bien entrainé
J’ai créé toutes les couleurs
En Me servant des fleurs
De grands arbres épanouis
Lourds de feuilles et de fruits
Des milliers d’inventions
Pour des insectes à foison
Toutes sortes d’animaux
Des plus curieux aux plus beaux
Et voilà l’Homme que J’ai fait
Il est particulièrement laid
Quelques poils épars sur sa peau nue
Il se déplace en cahotant sans grâce
Sur de longs membres incongrus
Ses chairs sans défense sont mollasses
A le voir ainsi il semble déjà déchu
Mais il va dire qu’il est à Mon image
Car il est aussi prétentieux que laid
Des êtres vivants ce sera le moins sage
Je regrette déjà ce que J’ai fait
Paul Obraska
Henri Matisse « Modèle masculin »
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Par Dr WO le 3 Juin 2010 à 18:21
CHRIST AFFLIGE
Qu’ai-je mal fait ?
Certes, j’étais un peu distrait
Les pieds sur terre et la tête au ciel
Décodant la volonté paternelle
Et comment ne pas penser
Au supplice qui me serait infligé
Certes, j’étais un peu distrait
Tous les miracles que l’on me demandait
Trouver de quoi nourrir les affamés
Ressusciter un ami trépassé
Laver les pieds de ceux qui me suivaient
Convaincre Judas de me trahir
Alors bien sûr j’étais un peu débordé
Je n’ai guère eu le temps de réfléchir
Pardonnez-moi d’être aussi affligé
Mais je me demande maintenant
Devant le monde à feu et à sang
Si je n’ai pas oublié de dire aux apôtres :
Aimez-vous les uns les autres
Paul Obraska
Albrecht Dürer : "Christ affligé"
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Par Dr WO le 20 Janvier 2010 à 17:59
Honoré Daumier « Un motif parfait »PROCES
Il était laid
Il était mal fait
De la chance, il n’en eu guère
Les inondations avaient emporté
ce que la guerre et le feu avaient épargné
Ses proches s’étaient éloignés au cimetière
il était seul avec sa disgrâce et ses ennuis
Lui qui croyait au ciel depuis qu’il était né
ne voyait pas pourquoi le ciel l’avait puni
Au Créateur il fit un procès
Il y avait abus de confiance et escroquerie
Les hommes étaient tels qu’on les avait faits :
de pitoyables mouches aux ailes arrachées
à qui fut accordée la liberté de voler
Pas de circonstances atténuantes
Pas d’actions innocentes
Pas de folie
Tout avait été voulu en pleine lucidité
des documents étaient là pour l’attester
La cause était solide mais le jury de parti pris
Le plaignant fut débouté, non par maladresse
mais au motif que Dieu n’avait pas d’adresse
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Par Dr WO le 12 Décembre 2009 à 11:14
Marc Chagall « Adam et Eve »ADAM ET EVE
On raconte la fable enfantine
De deux amants uniques
Qui par union consanguine
Devinrent un couple prolifique.
En fait, c’était un ménage à trois.
Innocents, bons pour l’anathème,
Ils n’étaient que des proies.
Mais qui était le troisième ?
Etait-ce Dieu le sacré créateur,
Voyeur sévère de ses petits ?
Etait-ce le serpent tentateur ?
Mais envoyé par qui ?
Le troisième était le Diable,
Le Diable était au paradis.
Ce n’est pas croyable !
Le Mal en ce lieu béni !
Ils se sont tous unis
Pour offrir le fruit défendu,
Le couple était né maudit,
Et le Paradis d’emblée perdu.
Les amants naïfs étaient manipulés,
Et revenus les pieds sur terre,
Adam et Eve sont à jamais restés
Victimes des deux Compères.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 11 Novembre 2009 à 11:38
PROCESSIONTels des enfants jouant un supplice pervers
Ils descendent la rue Blanche comme on monte le Golgotha
Pour jouir pleinement des affres d’une douleur légendaire
Ils suivent la souffrance pas à pas
Celle racontée par ceux qui n’ont rien vu
Tragi-comédie vieille de deux mille ans
Jouée sans relâche par des troupes têtues
Les passionnés simulent l’antique calvaire
Menés par des prêtres vêtus de pourpre et de blanc
Genoux sur le bitume à défaut de poussière
Sous le regard de policiers à défaut de Romains
Croix portée
Par de bons Samaritains
Objet vénéré
Instrument de torture symbole sanglant de l’amour du prochain
Doigt dressé vers le Ciel impavide
Peuplé de satellites aux ailes déployées
Messagers bavards du vide
Anges de la modernité
Planant sans cesse
Dans le Ciel sans promesse
Paul Obraska
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Par Dr WO le 31 Juillet 2009 à 16:50
Piet Mondrian « Paysage nocturne »CULPABILITE
Le Ciel obscur pèse de tout son poids
Sur les épaules courbées du croyant
Et des yeux innommables le voient
Le suivent jusqu’à l’ultime jugement
Créature imparfaite née coupable
Il clopine le long de sa vie perdue
Se sentant toujours incapable
De racheter une faute inconnue
Les uns se mortifient les chairs
Dans l’espoir de fléchir le Ciel
Les autres élèvent leurs prières
Brûlent des cierges, se mettent à genoux
Mais ne vois-tu pas croyant fidèle
Que le Ciel obscur s’en fout ?
Paul Obraska
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Par Dr WO le 21 Juin 2009 à 11:09
PHANERESDevant les idoles tu devais te découvrir
Respecter le bois, le plâtre et la peinture
Sinon, passant, tu risquais d’en mourir
L’idole devenait chair dans la torture
Devant l’Eternel reste la tête couverte
Cheveux de femme voilés, crânes rasées
Cheveux longs enturbannés
Pour les poils de la tête, Dieu déconcerte
Subtilité de la théologie pilaire
Les poils semblent Lui plaire
Sur les joues et le menton
La vertu serait nichée dans la barbe prolifique
Comme la force dans les cheveux de Samson
Et les poils envahissent la face des fanatiques
Paul Obraska
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