• AU NOM DE DIEU

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    LES ANGES

     

    Au pied du Sacré-Cœur, dans une boutique multicolore, sur un voile bleu ciel, s’étalent à foison des objets de dévotion.

    Les anges sont à vendre. Même les anges sont vendus.

    Ils sont couchés dans la vitrine dans des poses ambiguës pour attirer le client.

    D’autres, suspendus, volent à l’étalage sous les yeux des passants.

    Dans les profondeurs obscures, des anges déchus sont pendus.

    Dans le silence, les anges passent, rejetés des cieux.

    Au pied du Sacré-Cœur, qu'en pense le Bon Dieu ?


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    MORTS DE RIRE


     

    Ce Dieu est-il si petit qu’il ait besoin de ces sicaires

    Pour tuer un rire moqueur qui monte de la terre

    Les Dieux ne rient pas, ils ne savent pas rire

    Le désespoir est le propre des Dieux

    Alors, ils ne supportent pas le rire

    Quand il monte vers les cieux

     

    Ce Dieu est-il si ingrat

    Pour souhaiter si ardemment le trépas

    De descendants de ceux qui jadis l’inventèrent

    Et d’envoyer un sombre sicaire pour en assassiner

     

    Ce Dieu est-il si jaloux

    De la joie dont il est écarté

    Pour demander à des sicaires fous

    De joncher la ville d’innocents massacrés

     

    Paul Obraska

     Illustration : Yue Minjun


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  • matisse-l-homme.jpg

     

    AUTOCRITIQUE

     

    Dieu se dit

    En regardant l’Homme qu’Il venait de créer

    Ce n’est pas réussi

    Et pourtant Je Me suis bien entrainé

     

    J’ai créé toutes les couleurs

    En Me servant des fleurs

    De grands arbres épanouis

    Lourds de feuilles et de fruits

    Des milliers d’inventions

    Pour des insectes à foison

    Toutes sortes d’animaux

    Des plus curieux aux plus beaux

    Et voilà l’Homme que J’ai fait

    Il est particulièrement laid

     

    Quelques poils épars sur sa peau nue

    Il se déplace en cahotant sans grâce

    Sur de longs membres incongrus

    Ses chairs sans défense sont mollasses

    A le voir ainsi il semble déjà déchu

    Mais il va dire qu’il est à Mon image

    Car il est aussi prétentieux que laid

    Des êtres vivants ce sera le moins sage

    Je regrette déjà ce que J’ai fait

     

    Paul Obraska

     

    Henri Matisse « Modèle masculin »


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    CHRIST AFFLIGEDürer Albrecht Christ affligé 1493

     

    Qu’ai-je mal fait ?

    Certes, j’étais un peu distrait

    Les pieds sur terre et la tête au ciel

    Décodant la volonté paternelle

    Et comment ne pas penser

    Au supplice qui me serait infligé

     

    Certes, j’étais un peu distrait

    Tous les miracles que l’on me demandait

    Trouver de quoi nourrir les affamés

    Ressusciter un ami trépassé

    Laver les pieds de ceux qui me suivaient

    Convaincre Judas de me trahir

    Alors bien sûr j’étais un peu débordé

    Je n’ai guère eu le temps de réfléchir

     

    Pardonnez-moi d’être aussi affligé

    Mais je me demande maintenant

    Devant le monde à feu et à sang

    Si je n’ai pas oublié de dire aux apôtres :

    Aimez-vous les uns les autres

     

     Paul Obraska

     

     

    Albrecht Dürer : "Christ affligé"


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  • daumier un motif parfait
    Honoré Daumier « Un motif parfait »

     

    PROCES

     

    Il était laid

    Il était mal fait

    De la chance, il n’en eu guère

    Les inondations avaient emporté

    ce que la guerre et le feu avaient épargné

    Ses proches s’étaient éloignés au cimetière

    il était seul avec sa disgrâce et ses ennuis

    Lui qui croyait au ciel depuis qu’il était né

    ne voyait pas pourquoi le ciel l’avait puni

     

    Au Créateur il fit un procès

    Il y avait abus de confiance et escroquerie

    Les hommes étaient tels qu’on les avait faits :

    de pitoyables mouches aux ailes arrachées

    à qui fut accordée la liberté de voler

     

    Pas de circonstances atténuantes

    Pas d’actions innocentes

    Pas de folie

    Tout avait été voulu en pleine lucidité

    des documents étaient là pour l’attester

     

    La cause était solide mais le jury de parti pris

    Le plaignant fut débouté, non par maladresse

    mais au motif que Dieu n’avait pas d’adresse

     

    Paul Obraska

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  • chagall-Adam-et-Eve.jpg
    Marc Chagall « Adam et Eve »

     

    ADAM ET EVE

     

    On raconte la fable enfantine

    De deux amants uniques

    Qui par union consanguine

    Devinrent un couple prolifique.

     

    En fait, c’était un ménage à trois.

    Innocents, bons pour l’anathème,

    Ils n’étaient que des proies.

    Mais qui était le troisième ?

     

    Etait-ce Dieu le sacré créateur,

    Voyeur sévère de ses petits ?

    Etait-ce le serpent tentateur ?

    Mais envoyé par qui ?

     

    Le troisième était le Diable,

    Le Diable était au paradis.

    Ce n’est pas croyable !

    Le Mal en ce lieu béni !

     

    Ils se sont tous unis

    Pour offrir le fruit défendu,

    Le couple était né maudit,

    Et le Paradis d’emblée perdu.

     

    Les amants naïfs étaient manipulés,

    Et revenus les pieds sur terre,

    Adam et Eve sont à jamais restés

    Victimes des deux Compères.

     

     

    Paul Obraska


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  • PROCESSION

     

    Tels des enfants jouant un supplice pervers

    Ils descendent la rue Blanche comme on monte le Golgotha

    Pour jouir pleinement des affres d’une douleur légendaire

    Ils suivent la souffrance pas à pas

     

    Celle racontée par ceux qui n’ont rien vu

    Tragi-comédie vieille de deux mille ans

    Jouée sans relâche par des troupes têtues

     

    Les passionnés simulent l’antique calvaire

    Menés par des prêtres vêtus de pourpre et de blanc

    Genoux sur le bitume à défaut de poussière

    Sous le regard de policiers à défaut de Romains

     

    Croix portée

    Par de bons Samaritains

    Objet vénéré

     

    Instrument de torture symbole sanglant de l’amour du prochain

    Doigt  dressé vers le Ciel impavide

    Peuplé de satellites aux ailes déployées

    Messagers bavards du vide

     

    Anges de la modernité

    Planant sans cesse

    Dans le Ciel sans promesse

     

     

    Paul Obraska

     


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  • Piet Mondrian « Paysage nocturne »

     

    CULPABILITE

     

    Le Ciel obscur pèse de tout son poids

    Sur les épaules courbées du croyant

    Et des yeux innommables le voient

    Le suivent jusqu’à l’ultime jugement

     

    Créature imparfaite née coupable

    Il clopine le long de sa vie perdue

    Se sentant toujours incapable

    De racheter une faute inconnue

     

    Les uns se mortifient les chairs

    Dans l’espoir de fléchir le Ciel

    Les autres élèvent leurs prières

     

    Brûlent des cierges, se mettent à genoux

    Mais ne vois-tu pas croyant fidèle

    Que le Ciel obscur s’en fout ?

      

    Paul Obraska


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  • PHANERES

     

    Devant les idoles tu devais te découvrir

    Respecter le bois, le plâtre et la peinture

    Sinon, passant,  tu risquais d’en mourir

    L’idole devenait chair dans la torture

     

    Devant l’Eternel reste la tête couverte

    Cheveux de femme voilés, crânes rasées

    Cheveux longs enturbannés

    Pour les poils de la tête, Dieu déconcerte

     

    Subtilité de la théologie pilaire

    Les poils semblent Lui plaire

    Sur les joues et le menton

     

    La vertu serait nichée dans la barbe prolifique

    Comme la force dans les cheveux de Samson

    Et les poils envahissent la face des fanatiques

     

     

    Paul Obraska


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