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Visite chez le dentiste
Ce matin, je suis allé chez mon dentiste. Après chacune de mes visites j’ai une pensée émue pour tous les patients qui, jusqu’au milieu du XIXème siècle, ont subi les actes de chirurgie dentaire sans anesthésie. Le spectacle du torturé volontaire au milieu d’un public attentif, et manifestement heureux de ne pas être à sa place entre les mains du barbier, a inspiré nombre de peintres jusqu’aux plus grands comme le Caravage :
On voit sur le visage de l'arracheur de dent la grimace provoquée par l'effort. A remarquer la nonchalance intéressée du personnage accoudé sur la table
Dans ce tableau de Théodore Rombouts, la barbier regarde davantage le peintre que son ouvrage. Il est vrai qu'une fois la dent prisonnière de l'instrument tout est dans l'effort et il vaut mieux regarder ailleurs. A côté de l'arracheur de dent un personnage explique à un autre qu'il s'agit d'un problème dentaire.
Ce tableau de Jan Miense Molenaer montre que la mode des trous au niveau des genoux est très ancienne. A moins que ce personnage n'ait pas eu les moyens de se payer une culotte neuve. Nos imbéciles d'aujourd'hui jouent volontairement aux pauvres en suivant une mode idiote. Nous attendons celle de la plume au cul qu'ils ne manqueront pas de suivre.
Dans ce tableau de Gerrit Van Honthorst, le patient garde les yeux ouverts sur son tortionnaire, ce qui est plutôt rare. la douleur invite à fermer les yeux sur elle.
Pour Jan Steen, la souffrance des autres est manifestement un spectacle pour les enfants
C'est fou ce qu'une bougie peut fournir de lumière. Avis aux écologistes.
Il n'est donc pas étonnant que deux dentistes, au moins, ont été à l'origine de la découverte de l'anesthésie :
Le dentiste américain, Horace Wells, fut le premier en 1844 à découvrir l'effet anesthésiant d'un gaz, le protoxyde d'azote, au cours d'une « hilarante party ». Un an plus tard il rencontra Morton et prétendra toujours lui avoir donné l'idée de l'anesthésie à l'éther. Avec le protoxyde, Wells n'obtint pas le succès espéré, abandonna la dentisterie pour faire des affaires et finir en prison, après avoir vitriolé des prostituées. Il s'est suicidé en se sectionnant une artère fémorale après s'être à demi anesthésié, les uns disent au chloroforme, les autres à l'éther, mais pas au protoxyde d'azote.
Ernest Board représente ici le Dr Morton pratiquant une anesthésie à l'éther, dont l'effet fut redécouvert en 1846. L'effet de l'éther, appelé eau blanche, était en fait connu dès le XVIe siècle où Paracelse avait remarqué qu'on pouvait endormir des poulets avec. Constatation sans suite pendant 300 ans...Trois siècles de souffrance par manque d'attention.
« Pour un amendement à la déclaration du patrimoineAux USA, la discrimination n'est pas celle que l'on croit »
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Commentaires
En effet, heureusement que les dentiste ont fait des progrès, car je suis allé moi aussi chez mon dentiste cette emaine, et j'ai éta très heureuse d'avoir une piqûre anesthésiante, quand il m'a dévitalisé la dent à soigner, après ...ce n'était pas très drôle!
J'aime beaucoup les tableaux choisis ils sont très amusants, et je pense que celui qui a des trous aux genoux n'avait pas les moyens de se payer une culotte convenable.
Quand au truc créole "le raché" je ne l'ai jamais entendu en Guadeloupe, c'est sans doute le créole d'une autre île.
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Mardi 18 Février 2020 à 22:52
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Les dentistes (le mien en tout cas) se plaignent du nouveau barème de tarification que leur a imposé le gouvernement dans le cadre du "zéro reste à charge".
Peut-être aurait-il fallu leur proposer, en compensation, d'ajouter à nouveau le métier de barbier à leurs compétences.
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Mardi 18 Février 2020 à 22:57
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Je vois mon dentiste demain pour la pose d'une orthèse d'avancée mandibulaire (OAM) destinée à luter contre l'apnée du sommeil. Je lui montrerai votre beau reportage photographique. Accessoirement elle fera sa petite visite annuelle de mes dents....
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Mercredi 19 Février 2020 à 08:40
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En créole, on continue d'appeler le dentiste "le raché". l'arracheur de dents.
L'anesthésique : un bon coup de rhum. Et des tambours pour couvrir les cris.
J'aime bien le rhum, mais pas pour les dents.