• Les politiciens ont tendance devant des évènements nouveaux à se référer sans cesse à des évènements historiques, il est bien sûr utile de tirer des enseignements du passé, mais les faits ne sont jamais similaires et les acteurs ne sont jamais les mêmes. Les comparaisons se font surtout sur le mode dramatique, et les politiciens interprètent volontiers le présent selon le tragique du passé, surtout lorsqu’il s’agit d’un opposant au gouvernement pour montrer à quel point celui-ci sous-estime avec une légèreté coupable ce qui se déroule devant ses yeux. En ce moment on assiste à l’inverse, le gouvernement « joue » dans le tragique et les partis extrêmes minimisent au contraire la menace représentée par la Russie car ils sont atteints d’une russophilie ancienne qui persiste sous une forme larvée. Ainsi Valérie Hayer, la tête de liste Renaissance aux élections européennes, a parlé de Daladier à propos des accords de Munich comme un coupable d’avoir cédé (avec Chamberlain) à Hitler alors qu’il avait été plutôt contre et plus ou moins obligé de le faire, et sa vie a prouvé qu’il n’avait rien d’un collaborateur. Comparaison historique pour fustiger l’opposition molle du RN à l’agressivité de Poutine en mettant bêtement sur le même plan Daladier et Marine Le Pen. La situation historique que nous vivons n’est pas la même que celle qui a précédé la Deuxième guerre mondiale, mais sans aller jusqu’à l’aphorisme sur la répétition des évènements historiques, la première fois comme un drame, la seconde fois comme une comédie car la guerre en Ukraine et une possible extension du conflit n’ont rien d’une farce. Quant à Fabien Roussel, il compare la situation tragique à Gaza – une tragédie déclenchée et voulue par le Hamas et entretenue par les extrémistes israéliens – au ghetto de Varsovie, une comparaison qui n’a aucun sens, sinon pour reprocher implicitement aux Juifs de faire aux autres ce qu’ils ont eux-mêmes subi. Le point commun à deux évènements historiques dramatiques, c’est le drame, mais les causes, le déroulement, et les conséquences sont rarement les mêmes. Que nos politiciens, et accessoirement les journalistes, se contentent de décrire et d’analyser les évènements du présent sans les mettre sur le même plan que des évènements du passé car ils risquent d’ajouter de la confusion à la confusion et de créer des polémiques anachroniques surtout lorsque les connaissances historiques paraissent un peu lacunaires de la part des polémistes, même si l’on peut soupçonner le recours opportuniste à des lacunes volontaires chez certains d’entre eux.


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  • Le comble de l’absurdeCe comble pourrait être la tenue des élections dans les dictatures. Elles ne manquent jamais et se déroulent à date régulière. Même la Corée du Nord a ses élections (avec 100% de participation). Les dictateurs éprouvent le besoin de respecter un simulacre de légalité, le besoin de justifier leur existence en sollicitant une onction populaire même entièrement factice. Les dictatures crachent sur les démocraties mais se sentent obligées de recourir à un de leurs processus essentiels de gouvernement en organisant un simulacre de scrutin dont le résultat est connu d’avance car toutes les conditions sont réunies par la dictature pour qu’il le soit. Le dictateur n’a pas la moindre honte de cette pantalonnade devant le monde entier qui du rire est passé à l’indifférence. A un certain niveau d’absurdité on y devient insensible pour le plus grand bien des dictateurs qui continuent leur farce devant leurs peuples médusés et le public blasé.


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  • La dictature à géométrie variableOn a reproché à CNEWS le non-respect du cahier des charges préalable à l’attribution d’une chaîne télévisuelle d’information. On peut, en effet, discuter de cette mise en demeure assortie d’une commission d’enquête parlementaire qui constituent pour beaucoup une entrave à la liberté d’expression, surtout si l’on se mêle de l’orientation politique des chroniqueurs. Chacun sait que CNEWS est une chaîne très marquée à droite, mais on pourrait aussi remarquer que France Inter, station radio du service public, est marquée à gauche.

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  • Les deux mamelles de l’irresponsabilité

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  • Ne soyez pas naïfJ’avoue que j’ai un péché : je suis irrésistiblement attiré par les articles rédigés par des spécialistes de la question dont le sujet est celui des explications « complotistes » de chaque évènement fournies par des imaginations dont il faut saluer la fertilité. Les causes suggérées sont parfois tellement originales qu’elles en deviennent poétiques. Pour les scénaristes du complot la mort soudaine de Navalny n’a évidemment rien à voir de près ou de loin avec Poutine dont il était le premier opposant. Dans tous les complots, il existe une constante, le moment de l’évènement n’est jamais fortuit, si Navalny est mort ce jour-là c’est pour une raison X ou Y et ici pour embêter Poutine qui aurait préféré que son opposant continue à vivre, mais on pourrait se demander pourquoi il n’a rien fait pour ou se demander qui a bien pu le transférer dans une prison plus proche du pôle nord, toujours pour embêter Poutine. Le Texan Alex Jones accuse les « les mondialistes russes » ( ?) d’avoir éliminer Navalny. Pour les autres, la CIA et l’Occident ont été à l’oeuvre dans leur volonté de déstabiliser le Kremlin. La veuve de Navalny a même été accusée de vouloir se débarrasser de son mari qui avait été cependant condamné à 19 ans de prison, elle ne doit pas avoir confiance dans les promesses de Poutine. Quant à l’hypothèse de Francis Lalanne, elle n’est pas décevante : Poutine n’est pour rien dans la mort de Navalny, c’est évidemment le vaccin contre la Covid qui l’a tué. Tout cela est triste mais distrayant, et vous comprenez pourquoi je ne rate pas un article sur les récits surréalistes imaginés par les poètes de l’absurde. (d'après un article de Rudy Reichstadt)


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  • Le monde parallèle pour grands enfantsJ’ignore comment les enfants jouent aujourd’hui car ils disposent très tôt d'une tablette puis d'un télphone portable. Jadis, et sans doute encore, l’enfant inventait un monde parallèle à la réalité dans lequel il établissait ses propres règles, et où il faisait évoluer les participants selon son bon vouloir en démiurge tout puissant, en utilisant les objets et les jouets dont il disposait. Les moyens technologiques actuels fournissent à chacun, pour peu qu’il en ait les moyens, la possibilité de s’extraire totalement de la réalité et de vivre dans un monde virtuel le visage enfoui dans un appareil hors de prix ou collé à son écran qui déverse pêle-mêle de la beauté et des égouts. Cette évasion du réel n’est pas mise à la disposition de l’enfant mais de l’adulte. L’adulte est de plus en plus infantilisé. On lui offre à prix d’or des joujoux pour la création d’un monde virtuel dans lequel il pourra évoluer. A vrai dire on ne sait plus très bien où est la réalité et le vrai entre les jeux, les mensonges, les fausses nouvelles, la fabrication des images, la propagande qui finit par servir de preuves et le sexe désincarné qui finit par servir de sexualité. Mais comme dit l’autre "la réalité, c’est quand on se cogne". Elle finit par s’imposer durement, mais les grands enfants formés par les marchands de rêves n’y seront pas préparés.


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  • L'espèce dont il s'agit est celle de l'homme blanc qui tend à disparaître des campus américains. En général l'Europe suit avec un décalage de quelques années, un décalage qui se réduit progressivement. Aux USA, l'application depuis des décennies de la discrimination positive dont bénéficient les femmes et les minorités (dont les Juifs sont curieusement exclus, peut-être parce qu'ils n'en ont pas besoin),  a abouti à une discrimination négative : celle des hommes blancs, ils dominent encore le professorat, mais deviennent de plus en plus rares dans les instances de direction. Un article de Lawrence M. Krauss ( physicien théoricien et vulgarisateur scientifique) développe dans Le Point ces biais de recrutement basé sur le sexe et la couleur de la peau et qui tendent à écarter les jeunes hommes blancs des universités notamment dans les matières scientifiques. Le recrutement est, en effet, assuré par les bureaux « diversité, équité (sic) et inclusion », désormais hégémoniques dans la quasi-totalité des grandes universités américaines, les initiatives de discrimination positive ont clairement joué sur l'embauche des jeunes professeurs.

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  • A qui profite le crime ?C’est la première question que se pose un enquêteur pour retrouver l’auteur d’un crime, cette question réduit le champ des investigations. Mais la question peut se poser devant tout évènement politique ou historique. L’ennui est que le champ des causes possibles et souvent intriquées est ici large, et le raisonnement devient simpliste car celui qui profite d’un évènement n’en est pas forcément l’auteur, si je profite d’un feu rouge pour traverser la chaussée, ce n’est pour autant que je suis celui qui l’a actionné. Ce « à qui profite le crime ? » est à la base de l’élaboration des complots. Les amateurs de complots retrouvent aisément les personnes ou les groupes qui pourraient profiter d’un évènement, choisissent ceux pour lesquels ils ont une antipathie et les accusent d’avoir fomenter à leur avantage les évènements survenus. Le complotiste, dont l’imagination est fertile, va créer un récit autour de l’accusé, aussi invraisemblable soit-il, en négligeant les thèses officielles, par définition suspectes de manipulation, surtout lorsque les causes sont évidentes pour tout le monde, cette évidence même étant destinée aux crédules dont le complotiste se targue de ne pas faire partie. Il est méfiant et cette méfiance finit parfois par la crainte de forces obscures à l’œuvre jusqu’à la paranoïa . Pour le complotiste, les choses ne sont jamais évidentes, et il sait retrouver les ressorts cachés des évènements. Mais la question « à qui profite le crime ? » pourrait lui être posée, pourquoi devant chaque évènement cherche-t-il à accuser toujours les mêmes personnes ou les mêmes groupes ?


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  • Vous avez dit emprise ?

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  • Se soulager sur la toileIl ne s’agit pas de ces légions d’internautes qui se soulagent de leurs envies, de leur jalousie, de leurs colères, de leur haine et de leurs insultes en les déversant anonymement sur la toile, mais de ceux, et le plus souvent de celles, qui utilisent la toile pour partager avec d’autres internautes le moment privilégié où ils se soulagent de leur caca. Ils donnent ainsi ses lettres de noblesse à la scatologie (que Mozart ne dédaignait pas d'utiliser pour ses plaisanteries) qui devient publique par la diffusion de cacas connectés en glissant chacun d’eux sur la toile. J’ai donc appris récemment (mais peut-être le savez-vous déjà), qu’il existe une application spécifique depuis 2013 : « Poop map » permettant de créer un réseau social pour emmerder le web entre amis et pouvoir enfin parler de caca sans tabou, ni dégoût. Cette application permet d’établir une « carte collaborative de tous les endroits où les utilisateurs et leurs amis sont passés à la selle (« lâcher une crotte » comme le précise l’application) ». Il s’agit même d’une carte du monde (on n’arrête pas la mondialisation) où les évènements sont déposés en temps réel (lieu et heure), avec un récapitulatif pour se faire une idée d’ensemble. Les affiliés au réseau sont invités à commenter les caractéristiques de leurs selles et même à les noter sur 5 étoiles, la photo est judicieusement permise. Cette communauté semble très soudée par ce partage intime, les encouragements et les félicitations pour les selles d’autrui ne manquent pas. Une jeune femme de 27 ans ne cache pas son enthousiasme : « Niveau social, tu peux en parler beaucoup plus facilement de ton transit dans la vraie vie avec tes potes qui ont l’application ». Cette application a été téléchargée plus d’un million de fois et récolte la note de 4,8 étoiles sur 5 en accumulant les avis élogieux. « Le meilleur réseau social », « Convivial, ludique, accessible ». Pourquoi s’exonérer de ce "niveau" social ?

    Source : Huffpost

    Illustration : Bruegel Le Jeune : "Les flatteurs"


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