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AINSI VA LA VIE XIX
Gustav Klimt « Les trois âges de la femme »LE COMPAGNON INFIDELE
Le corps n’en fait qu’à sa caboche
Il suit son bonhomme de chemin
Il fut un compagnon proche
En bonne forme chaque matin
Et plutôt agréable à fréquenter
Mais il se met peu à peu à s’éloigner
En faisant trop parler de lui
On traîne un compagnon étranger
Qui vient nous gâcher la vie
On le voit chaque jour changer
Il perd des petits bouts avec les ans
Des cheveux gris et des dents cariés
Son habit de peau devient trop grand
Il fait des plis, tout fripé et taché
Il s’incline un peu pour marcher
Il craque comme un sarment desséché
Et il s’en va un jour ou une nuit
Au moment où on a besoin de lui
Paul Obraska
Gustav Klimt « Dame avec chapeau et fourrure »
LA GARCEPlus je vieillis, plus j’aime la vie.
Mais la vie est une amante
Qui vous quitte quand on vieillit.
Son départ fatal me hante.
Je l’ai prise au berceau.
Au début la différence d’âge
Ne se voyait pas trop,
Je la préservais des orages.
Mais voilà, la vie ne change pas,
Et moi j’ai peu à peu changé.
La vie ne connait pas le trépas,
Le mien est programmé.
Alors la garce va me quitter.
J’espère qu’elle le fera en douceur,
Nous avons été ensemble tant d’années.
Je ne sais pas, elle a tant de froideur.
Volage, elle ira vers d’autres amants,
Elle les prendra au berceau comme moi,
Mais ses amants n’auront qu’un temps,
J’espère que la garce me regrettera.
Paul Obraska
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Commentaires
1Le HuronSamedi 31 Janvier 2009 à 18:59Poème tout à fait à sa place dans "Ainsi va la vie"!RépondreEn ce qui me concerne, oui! Je n'ai pas encore eu l'occasion d'expérimenter la fin du poème mais ça ne saurait tarder.Comme disait Jacques Martin dans un de ses sketchs : "Je m'accroche et je freine des deux pieds !"
Dr WOMoi, j'entre peu à peu dans une phase d'interrogations (une décennie ornée d'un "6" s'approche à grands pas). C'est drôle, j'ai moins peur. De vieillir, et peut-être aussi d'avoir vu disparaître il y a vingt ans une petite étoile de douze ans, me fait regarder autrement le couple indissoluble vie-mort. Si vous avez l'occasion, lisez-donc "La porte des enfers", de Laurent Gaudé. Très fort. Quoi qu'il en soit, votre poème est fort émouvant.La peur n'est pas tant celle de mourir que celle de souffrir physiquement et moralement. Et le souci de laisser ceux qui restent se débrouiller comme ils pourront dans le monde qu'on leur laisse.Décennie ornée (je préfère affublée) d'un 6? Gamin!Vous avez l'âge d'un homme où sa propre disparition, sauf fragilité particulière, reste encore théorique.
Dr WOLa mort n'est pas vécue. Ce qui est à craindre est ce qui précède et la mort des autres.
Dr WOOk. Ce soir je sors en boîte grâce à vos encouragements (lol comme disent les "plus jeunes").La prochaine fois que je sortirai en boîte, elle aura des poignées sur le côté.Je trouve ces échanges masculins assez savoureux ! Je croyais qu'il n'y avait que les femmes qui s'en préoccupaient, de leur âge. Je commenterai à ma façon dès que je ne serais plus pressée par mes temps de connexion à prix prohibitif ; ou j'écrirai quelque chose là-dessus. Bon plissement, les hommes !Nous, c'est pas la beauté; c'est seulement la santé.A deux places? On risque d'être aussi serrés que dans les autres mais là, au moins, il n'y aura pas de "muzik".Bel hommage...Alors vous avez encore beaucoup de temps pour l'aimer...A condition qu'il soit aimable.
Dr WO
PS Je vient souvent sur votre blog, mais je laisse rarement un commentaire, il y en a déjà tellement !J'ai (re)lu votre billet quatre fois. Rien à faire : je préfère ceux qui sont plus vivants !Je le comprends. Mais ce poème traduit une réalité que chacun d'entre nous doit ou devra vivre un jour s'il vit assez longtemps. La lucidité est aussi ue chose vivante, surtout lorsqu'elle se double d'autodérision.
Dr WOMagnifique texte merci pour ces mots qui restent quand la vie passe......; krismalo31seb leLundi 7 Janvier 2013 à 16:33Je ne sais pas comment j'aimerai mon corps dans 30 ans...32JeffanneLundi 7 Janvier 2013 à 16:33Un texte si beau et si juste... et quand je lis les commentaires qui en résultent je me demande bien ce que je pourrais ajouter à cela... peut-être à Pierre je répondrais : moi j'ai deux six, lalalalère en riant bien sûr....n'empêche que... Bonne journée
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