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Par Dr WO le 21 Mars 2013 à 10:46
SPLEEN
L’hiver s’étale comme une tache grise
L’hiver s’étire et grignote le printemps
Les bourgeons frissonnent sous la bise
Les feuilles au chaud prennent leur temps
Et la ville est nue
L’hiver s’étire, l’hiver s’étale
Les peaux sont grises, les peaux sont pâles
Une lumière épuisée cherche un passage
A travers un ciel boursoufflé de nuages
Et les ombres de la ville sont perdues
Je perds un an aujourd’hui
Je perds un an chaque année
Comme je perds mes parapluies
Sans jamais les retrouver
Et il pleut sur la ville…
Paul Obraska
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Par Dr WO le 30 Mai 2012 à 18:08
L'EAU DES FONTAINES
Il y a des pays
Où il n’y a pas de fontaines
Des pays sans eau
Des pays malheureux
Il y a des pays
Où il y a de l’eau
Mais pas de fontaines
Ce sont des pays heureux
Mais qui n’ont rien compris
Les fontaines
On les entend avant de les voir
La chanson joyeuse et familière
De l’eau clapotant dans l’eau
De l’eau éclaboussant la pierre
Un chant de promesse de bonheurs
Le bonheur d’apaiser la soif
Le bonheur de fraîcheur
Le bonheur de pureté
Bien sûr il y a les fontaines royales
Avec leurs jets d’eau domestiquée
De l’eau qui fait des ronds
De l’eau qui fait le beau
De l’eau qui fait la roue
Pour se faire bien voir
Mais elle n’est pas à boire
Les petites fontaines sont bien plus belles
Au milieu d’une place nue
Avec leur chant de chanterelle
Coulée de fraîcheur têtue
Sur la pierre douce arrondie par l’usure
Quelques herbes en houppes
Et un peu de mousse au mur
Dans ses mains en coupe
Pour exaucer une prière
On recueille l’eau claire
Que l’on boit goulûment
Sans retenue bruyamment
En serrant les doigts pour éviter les pertes
Le visage mouillé de fraîcheur
Le menton humide le sourire éclos
Sur une place déserte
Ecrasée de chaleur
Où les maisons volets clos
Abritent les dormeurs
Paul Obraska
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Par Dr WO le 1 Mai 2012 à 17:43
Les vieux racontaient aux jeunes de leur voix flûtée,
Qu’un horrible fléau, dans les temps anciens,
Avait ravagé des pays, détruit des peuples entiers,
Et installé chez tous la terreur du prochain.
Les jeunes écoutaient par respect pour les aînés,
Mais on sait que les vieux manquent parfois de raison,
Pour les gens sensés un tel fléau ne pouvait exister,
Et ils retournaient sans souci à leurs occupations.
On parla du fléau dans des contrées lointaines.
On ne crut pas les voyageurs malgré leur émotion,
Leurs récits furent pris pour des calembredaines,
Et chacun continua en paix ses occupations.
Aux marges du pays apparut le fléau.
Les sandéfauts pensèrent échapper à ses méfaits,
Le mal ne toucherait sans doute que les anormaux,
Et les sandéfauts s’écartèrent des contrefaits.
Le mal envahit brutalement le pays,
Durcissant les coeurs et brûlant les cerveaux,
Il détruisit sans égard, les pauvres et les nantis,
Et jusqu’à l’âme des gens normaux.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 14 Août 2010 à 15:55
Les hommes sèment pour leur pardon
Des pierres gravées de noms disparus,
Des noms sans tombe ou des tombes sans nom
De morts inconnus.
Les hommes sèment dans le temps
Des plaques sur les murs des rues,
Sur les façades des places publiques,
Des listes de tués sur des monuments
Appelés à la mort par ordre alphabétique,
Des mémoriaux où les noms tournent par milliers,
Sans corps, dans le néant,
Jusqu’à donner la nausée.
Les hommes sèment dans les champs
Des noms dans les cimetières militaires,
Alignés en ordre par les survivants
Sur des tombes uniformes à l’infini.
Une armée en rangs serrés dans la terre,
Corps disciplinés dans la mort comme dans la vie.
Vaines semailles sans moisson.
La mémoire des massacres passés
N’empêche pas les massacres à venir,
La mémoire en pierre des assassinés
N’empêche pas les hommes de mourir,
Pour des causes inutiles,
Pour des causes futiles,
Ou d’être exterminés sans raison
Paul Obraska
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Par Dr WO le 18 Juin 2010 à 08:52
LES VOIX
Te souviens-tu des voix
Qui sortaient des boîtes de bois
Vibrantes de menaces ou d’espoir
Portées par les ondes chaque soir
Te souviens-tu de cette voix
Vociférant des imprécations
De la foule en fureur à l’unisson
Qui nous glaçaient d’effroi
Te souviens-tu de cette voix
Chevrotante du vieillard prêcheur
Qui allait fournir aux prédateurs
Les rabatteurs pour leurs proies
Te souviens-tu de cette voix
Fragile franchissant la Manche
Si faible qu’il fallait que l’on se penche
Pour entendre la boîte de bois
Te souviens-tu de cette voix
Qui annonçait que loin, là-bas
Dans les plaines blanches et glacées
Naissait l’espoir de la liberté
Paul Obraska
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Par Dr WO le 18 Février 2010 à 18:20
LA LETTRE ANONYME
Elle fut écrite dans les temps anciens
Servant de preuve dans un livre sacré
On ignore le nom du délateur écrivain
Un ermite du désert ou un mari trompé
Elle accusait la femme du premier des péchés
De la honte d’avoir été chassés du jardin d’Eden
D’avoir dévoilé le bien et le mal à l’humanité
A l’origine de l’exil de l’homme et de ses peines
Depuis la femme est en garde à vue
Sur cette calomnieuse dénonciation
Par une lettre écrite par un inconnu
Voilà des millénaires qu’elle vit sa punition
Dans une geôle qu’elle porte parfois sur elle
Sous les cieux où les lettres restent éternelles
Paul Obraska
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Par Dr WO le 31 Décembre 2009 à 10:42
Achats
Les grands magasins craquent
Leurs vitrines font la manche pour attirer le chaland
Les gens claquent un fric qu’ils n’ont peut-être pas
Ils virevoltent au milieu du luxe et des lumières
Et sortent avec de petits cercueils sous les bras
Pour enterrer l’année
Travaux
Les piétons le pas prudent passent de trou en trou
Le long des barrières de bois rayées de vert
Le long des travailleurs de toutes les couleurs
Les uns creusent ils sont plutôt noirs
D’autres regardent ils sont plutôt blancs
Mais tous ont le gilet jaune et le casque orange
La terre déshabillée de son béton est nue sous la pluie
Et les ouvriers bottés pataugent dans la boue
Traversée
Vert – Orange – Rouge – Vert
Les feux vains sont ridicules
Les automobiles restent immobiles
Chenilles de métal collées les unes aux autres
Un bus bondé barrit tel un éléphant entravé
Les voitures fument et feulent prêts à bondir
Les piétons agglutinés hésitent craintifs
Un pas sur la chaussée au ras du cul du bus
Dans l’haleine chaude et puante du moteur
Les piétons s’engouffrent agglutinés
Dans les fentes laissées par les pare-chocs
Evitent un bolide rugissant casqué de noir
Enhardis mais groupés ils passent
Et se retrouvent sain et sauf sur l’autre trottoir
Quelle aventure !
Tentatives
Les chauffeurs klaxonnent avec énergie
Mais les voitures restent inertes
Seuls les essuie-glace bougent sur place
Métronomes battant les gouttes en mesure
Ceux qui attendent un bus se déplacent
Pour regarder au loin s’il vient
Et espèrent en regardant le faire venir
En vain
Paul Obraska
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Par Dr WO le 17 Novembre 2009 à 18:49
L’âge d’or hollandais
Ces hommes morts depuis si longtemps
Dans leurs sombres habits du dimanche
Manches bouffantes et dentelles blanches
Ces femmes le visage serein et leurs belles mains
Les reflets chatoyants de leurs lourdes robes
Je les regarde et ils me regardent sans me voir
De leurs yeux fixes qui jamais ne se dérobent
Regards d’outre-tombe, regards d’outre-siècles
Leur intimité déflorée par la foule indiscrète
Qui défile au pas devant ces morts immortels
Aplatis sur la toile pour franchir le temps
Voilà sur un fond obscur une table d’abondance
Une branche de vigne déverse ses raisins luisants
Citron ouvert, orange entière, noix fendues
Corps d’huitres écartelées, châtaignes nues
Le cœur d’une grenade étale ses grains de sang
Quelques cerises oblongues prêtes à chuter
De la nappe vert sombre aux franges dorées
Un escargot intrus glisse au bord du festin
Sous une branche aux fleurs flavescentes
Une carafe sombre reflète une fenêtre éclairée
Et une mèche à bout rougeoyant serpente
A cheval sur une pipe blanche au foyer éteint
Et en passant on entre dans leur vie
Un chat agrippe la nappe garnie de mets
Pendant que la vieille prie les yeux fermés
Une lettre d’amour ouverte devant nous
Une femme à sa toilette retire un bas couleur brique
Il a marqué le haut du mollet et sa cuisse est levée
Une mère attentive épouille son enfant à genoux
Intérieur impeccable, le soleil glisse dans l’entrée
Un atelier de tailleur, un boulanger et son pain
Un marché à poissons dont on perçoit l’odeur
Des paysans attablés, un moine cartes en main
Et les villageois jouent sur un lac gelé, insouciants
Avant d’être tous foudroyés par le temps.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 4 Juillet 2009 à 17:19
UN AIR DE VACANCES
Des bandes d’enfants défilent dans les gares
Equipées comme des armées sur le départ
Petits soldats courbés sous leur sac à dos
Des pancartes de carton pour drapeaux
Il fait chaud dans Paris sous un ciel voilé
Dans les rues les femmes sont déshabillées
Les seins se préparent à aller sur la plage
A demi découverts sous le voile du corsage
Les cafés obscurs se vident sur les terrasses
Les serveurs en sueur ramassent les tasses
Les cyclistes naviguent entre les voitures
Et les piétons évitent les vélos peu sûrs
Un air de vacances flotte dans l’air pollué
Ceux qui partiront sont déjà partis en pensée
Ceux qui ne partent pas deviennent nonchalants
Et ralentissent leurs pas en se promenant
Dans Paris en juillet sous la chaleur de l’été.
Paul Obraska
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Par Dr WO le 1 Juin 2009 à 17:45
Un jour je partirai d’ici
J’irai de port en port
J’irai de pays en pays
J’irai de visage en visage
J’irai de corps en corps
Et au bout du voyage
Là-bas au bout de la terre
Je te rencontrerai
Enfin
Toi que j’ai quittée
Et je t’épouserai
Paul Obraska
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