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    255. Les zones érogènes, rappel pour le nouvel an

    Il peut paraître osé de parler de plaisir sexuel dans un billet qui succède à celui où figure le pape en chaste compagnie, mais nous nous éloignons de Noël et de son caractère religieux que lui attribuent les chrétiens, alors que nous nous approchons du réveillon du jour de l’an qui sera fêté à la manière païenne, motif de ripailles et de paillardises où les couples se forment parfois et s’embrassent toujours, heureux de survivre à l’année écoulée.

    Les zones érogènes restent toujours un sujet de recherche alors que le plaisir sexuel est expérimenté en solitaire ou en couple des milliards de fois depuis la nuit des temps. Pour Adam et Eve, il leur a fallu être chassés du Paradis pour goûter à la chose. On peut d’ailleurs se demander si le séjour paradisiaque conçu par les chrétiens ne manque pas de sel en l’absence de sexe, ce que les musulmans semblent avoir bien compris en l’agrémentant d’un bon lot de vierges.

    En juin 2015 des chercheurs britanniques (Université de Bangor) et sud-africains (l’Université du Witwatersrand à Johannesburg) ont effectué le classement des zones les plus érogènes du corps humain. L'étude a porté sur 800 volontaires hommes et femmes, d’âge, de nationalité et d’origine différents, questionnés sur les différentes parties du corps afin de les évaluer érotiquement.

    Les résultats ont d’abord montré que les hommes ont autant de zones érogènes que les femmes. L’homme est une femme comme les autres.

    En attribuant une note sur 10, les hommes donnent 9 pour le pénis, 7 pour la bouche et les lèvres (70% des hommes ont donné plus de 7/10 pour les lèvres), 6,5 pour les testicules, 5,8 pour l’intérieur des cuisses, et 5,6 pour le haut de la nuque.

    Pour les femmes : le clitoris arrive en tête (9,1) suivi par le vagin (8,4), la bouche et les lèvres (7,9) - 70% des femmes ayant donné une note supérieure à 7/10 aux lèvres - le haut de la nuque (7,5) dépasse les seins et les mamelons (7,3).

    A noter que dans les deux sexes le pied n’atteint même pas 1/10, ce qui permet de conclure que viser la nuque est bien davantage une agression sexuelle sur la femme que le massage des pieds. Par ailleurs la nuque est plus facilement accessible que les autres zones érogènes d’autant plus que la victime ne vous voit pas venir.

    Le vagin est peut-être défavorisé par l’incertitude qui règne sur le siège et même l’existence du fameux point G. Une ignorance qui laisse les partenaires un peu désarmés malgré leur bonne volonté. Ce starter vaginal de la jouissance féminine fut évoqué pour la première fois en 1950 par le sexologue Ernest Gräfenberg.

    En 2010 des chercheurs britanniques du King’s College de Londres ont osé affirmer que le point G n’existe pas. Cette affirmation est basée sur les réponses de 1800 sœurs jumelles sur cette question, et dont les confessions intimes ne concordaient pas. Les auteurs de cette étude ne purent que constater que si des jumelles, partageant les mêmes caractéristiques génétiques, pouvaient présenter une telle différence physiologique, c’était sans doute que le point G n’était qu’une « idée subjective ». Tim Spector et ses collègues avaient donc conclu : « Il est pratiquement impossible de trouver des preuves réelles de l’existence du point G ».

    Cette affirmation de la perfide Albion a bouleversé les chauds partisans du point G, qui, notons-le, sont presque tous des hommes, ce qui a conduit à une critique acerbe de l’étude britannique dont je vous épargne les arguments. Pour certains « La zone la plus sensible pour la majorité des femmes se trouve à 2 cm de l’entrée du vagin, sur sa paroi antérieure » (Pierre Foldès). D’autres avancent que la position du point G n’a pas de siège fixe et varie avec chaque femme. Nous voilà bien avancés.

    François Boucher : "Hercule et Omphale"


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  • « L'Agence Nationale de Sécurité du Médicament étudie le cas de 14 patients décédés alors qu'ils prenaient du Levothyrox. Ce mercredi 29 novembre, l'hebdomadaire Ebdo a révélé que les morts de plusieurs personnes avaient été enregistrées dans la banque nationale de données recensant les effets secondaires des médicaments. » (Huffpost)

    Ce journal Ebdo* titre carrément : « Les 13 morts du Levothyrox cachées par les autorités françaises ».

    Un titre particulièrement « lourd », pour ne pas dire inepte. D’abord il affirme que les 13 morts ont été provoquées par le Lévothyrox (pris par 3 millions de personnes) et ensuite que les autorités françaises cachent délibérément la survenue de ces décès. Si après ça les patients ne sont pas paniqués, c’est qu’ils ont les nerfs solides.

    Si le titre est racoleur et nuisible, dans l’article même la « journaliste » est un peu plus prudente quant à la relation de cause à effet qui reste à démontrer entre la prise du médicament et le décès. Et je me demande pour ma part ce qui pourrait bien tuer dans la nouvelle formule qui ne comporte que deux excipients nouveaux (mannitol et acide citrique anhydre qui se trouvent dans beaucoup de produits que l’on ingère) par rapport à l’ancienne formule, substances qui paraissent tout de même anodines (voir également : « 251. Quand une hormone file les glandes »).

    En dehors de l’atteinte thyroïdienne, le journal ne mentionne aucunement la possibilité de pathologies graves associées mais signale tout de même que l’une des femmes décédées avait 87 ans et l’autre 85 et admet que le traitement pouvait comporter d’autres médicaments. L’article laisse par ailleurs soupçonner que des morts fœtales seraient également à mettre sur le compte de la nouvelle formule sans la moindre référence statistique comparative.

    Ainsi parmi les centaines de personnes (sur 3 millions) qui ont signalé des effets secondaires, même si elles sont âgées, même si elles ont d’autres maladies éventuellement graves, même si elles prennent d’autres médicaments, c’est le Lévothyrox qui serait a priori responsable de la survenue de leur décès.

    La science journalistique a ses propres théorèmes, le premier étant celui d’attirer l’acheteur et plus ça fait peur, plus ça attire.

    Reste l’accusation de cacher la « vérité » à la population (ce qui est très vendeur). Bien sûr, les morts sont enregistrées dans la banque nationale de données recensant les effets secondaires des médicaments : c'est un de ses buts. Mais cela ne veut pas dire que le médicament surveillé est à l’origine du décès. Si cette banque nationale des données de pharmacovigilance devait avertir le public de tous les décès survenus dans la population traitée par des médicaments dont les effets secondaires sont relevés, les journaux auraient de quoi publier.

    * Si ce nouveau journal a cherché à se faire connaître de cette façon, c'est réussi : on évitera à l'avenir de le consulter.


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  •  253. Malades et associés

    "Le mois de novembre est placé sous le signe de la moustache et de la santé masculine avec l’opération Movember.

    La Movember Foundation, première ONG mondiale pour la santé masculine, à l’origine de cette manifestation, vise à faire de la prévention auprès des hommes de tous âges et de faire progresser la recherche, en particulier sur le cancer de la prostate, le cancer des testicules et la prévention du suicide. Les objectifs sont ambitieux : réduire d’ici 2030 la mortalité prématurée des hommes de 25%, leur taux de suicide de 25%, et le nombre de décès dus au cancer prostatique et testiculaire de moitié.

    Au programme de ce Movember 2017 : bouger, manger mieux, et récolter des dons pour la recherche." (Egora avec la Fondation Movember).

    Le programme de cette fondation laisse rêveur. On est frappé par l'originalité de la recommandation : "bouger et manger mieux" qui nous est affligée de façon itérative, notamment au bas des écrans des téléviseurs, et on voit difficilement la rapport de cette recommandation avec le cancer de la prostate ou celui des testicules et la prévention du suicide. Par contre, la recherche de dons ne nous surprend pas.

    Les hommes vont-ils laissé pousser leur moustache pendant tout le mois de novembre ? Ceci pour suivre la proposition de la Fondation Movember (contraction de Mo pour moustache et de november). Cette manifestation pileuse existe en Australie depuis 2003 et seulement depuis trois ans en France.

    L'épidémie associative, dont la prévalence augmente de façon inquiétante, touche tous les domaines et dans celui de la santé elle atteint, non seulement les malades, mais également les futurs malades comme c'est le cas pour ce mouvement moustachu.

    La moindre particularité pousse ses porteurs à se regrouper pour la promouvoir ou la défendre ou simplement pour ne pas se sentir seul. L'épidémie associative peut revêtir schématiquement deux formes cliniques :

    - La forme pour : se répandre pour la reconnaissance d'une situation ou d'une maladie (c'est le cas aujourd'hui pour les formes chroniques de la maladie de Lyme, dont l'existence est discutée). Oeuvrer pour que la particularité, qu'elle soit présente ou future, se manifeste dans l'espace public afin d'être soutenue, respectée, et dans l'idéal, subventionnée.

    - La forme contre : revendiquer un changement ou un traitement et accuser toutes les instances de ne pas en faire assez pour l'obtenir, c'est une forme politique, et dans ce cas, il est sous-entendu que les autres - le gouvernement, le corps médical, voire l'ensemble de la société - sont plus ou moins responsables de ce que l'on est ou de la maladie dont on est atteint. Ce fut en particulier le cas pour le SIDA quand aucun traitement n'existait encore, et lorsqu'un traitement fut trouvé, les gens qui avaient manifesté pensèrent par la suite que c'était grâce à eux que les recherches avaient abouti .

     253. La maladie comme manifestation sociale

    La recherche de fonds, elle, ne manque jamais, ne serait-ce que pour nourrir les cadres de l'association.

    L'épidémie associative dont le but est de réunir aboutit, en fait, à de multiples divisions du corps social. Il est fréquent que les associations, organisations, ligues, mouvements, collectifs, fondations…finissent par s’opposer puisque chaque groupement suscite souvent son contraire ou son concurrent (on se souvient de la confrontation à propos de la récolte de fonds entre le Téléthon et les associations de lutte contre le SIDA ). Voir : "Le caritatif s'épanouit dans la souffrance"

     

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  • Les maladies liées au tabac ne seront plus à la portée de toutes les boursesLe paquet de cigarettes coûtera 10 € fin 2020. Un article du Monde insiste sur le fait que cette mesure sera inégalitaire tout en notant son intérêt probable en matière de santé publique[1].

    Inégalitaire, car les fumeurs sont plus nombreux dans les foyers à faibles revenus et que cette hausse va frapper davantage le pouvoir d’achat des plus pauvres.

    Ainsi ce gouvernement accusé de favoriser les plus riches au détriment des plus pauvres, continue sa dérive en permettant aux riches d’acquérir sans difficulté un cancer ou une maladie cardiovasculaire et en défavorisant les pauvres à cet égard.

    Il y a là une rupture d’égalité devant les maladies induites par le tabac et nous attendons des pétitions et des manifestations réclamant la maladie pour tous.

    Van Gogh : "Crâne fumant une cigarette"

     

    [1] « Pour rappel, le tabac est responsable d’environ 78 000 décès chaque année en France ce qui en fait la première cause de mortalité évitable dans le pays. Le « coût social » du tabagisme est estimé par l’économiste Pierre Kopp à hauteur de 120 milliards d’euros par an, un chiffre bien supérieur aux 14 milliards d’euros que les taxes sur le tabac rapportent à l’Etat. » (Le Monde)


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  • Je reporte ci-dessous un article de Frédéric Haroche paru dans le Journal International de Médecine. (JIM.fr)

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  • 252. Le prix de l’inquiétudeNous avons beaucoup de raisons d’être inquiets et même d’avoir peur. Rafales d’armes de guerre, corps explosifs, couteaux, marteaux, bonbonnes de gaz, voitures tamponneuses. Il se passe toujours quelque chose sur la voie publique.

    Si les corps des autres peuvent être inquiétants, c’est parfois notre propre corps qui est source d’angoisse, même sans raison.

    Une étude en 2014[1] a montré que 13% des Français craignent d'être atteints d’une maladie, alors qu’ils n’ont aucun symptôme. Pour se rassurer (ou s’inquiéter) la plupart se précipitent sur toutes les sources d’information dont ils disposent, et notamment sur les sites, blogs, et forums qui foisonnent sur internet. La santé est en outre un des sujets favoris des médias dont les articles et les interviews inquiètent plus qu’ils ne rassurent. Quant au gouvernement, il diffuse des messages d’avertissement et de prévention dont la répétition, comme des rappels vaccinaux, entretient la tension mais pas l’immunité contre l’inquiétude.

    Deux hypocondriaques sur trois environ vont finalement consulter un médecin et souvent plusieurs pour dissiper leurs doutes. Il n’est pas rare qu’ils arrivent au cabinet médical avec une liasse de documentation sur les maladies hypothétiques suggérées par leurs multiples recherches, demandant, en quelque sorte, au praticien de faire son choix diagnostique : épreuve redoutable.

    Une étude sur le coût de l’hypocondrie pour le système de santé britannique vient d'être publiée dans le National Institute for Health Research Journal : il s’élèverait chaque année à 60 millions d'euros.

    Peut-être qu’en France une source d’économie possible serait d’éviter d’alarmer inutilement les gens sur leur santé.

     

    [1] Ifop-capital Image


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  • Quand on déclenche un scandale en voulant bien faire

    L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament avait demandé au laboratoire Merck d’accroître la stabilité dans le temps de la lévothyroxine sodique, hormone de synthèse vendue sous le nom de Lévothyrox pour pallier le déficit ou l’absence de sécrétion de la glande thyroïde. Soulignons que l’absence de stabilité du produit était inconnue des patients et des médecins et aurait dû logiquement provoquer à un moment donné un déficit hormonal et par conséquent des signes d’hypothyroïdie chez les patients.

    Il n’en fut rien. Personne ne s’était plaint de quoi que ce soit : le Lévothyrox considéré à présent comme instable, prescrit depuis une éternité satisfaisait tout le monde.

    Par contre, le changement de formule (associé à un changement de conditionnement) en passant de < L-thyroxine + lactose > à < L-thyroxine + mannitol + acide citrique anhydre > (les autres excipients étant inchangés) vient de provoquer ce que l’on a appelé de suite un scandale sanitaire en raison des effets secondaires signalés qui se sont accumulés comme une petite avalanche (9000 sur 3 millions de patients, soit 0,3 % !) mais en faisant grand bruit car amplifiée par la caisse de résonnance des réseaux sociaux, les pétitions et les médias. Nous en sommes au stade juridique et à quelques dizaines de plaintes quasiment pour crime, mettant sur le même plan le scandale authentique du médiator et l’introduction de la nouvelle formule du Lévothyrox.

    Pourquoi ces effets secondaires ?

    Le laboratoire affirme que l’hormone elle-même est identique et les excipients ont été peu modifiés, mais les patients se plaignent et il faut les écouter.

    - L’équivalence entre l’ancienne et la nouvelle formule est-elle identique ? En moyenne, elle semble l’être d’après ceux qui se sont penchés sur la question. Par contre il est plus difficile de savoir si elle l’est pour une personne donnée. C’est la raison pour laquelle il a été demandé de faire un contrôle des taux sanguins au bout d’un mois environ. Si la dose donnée n’est pas parfaitement adaptée à la personne, ce déséquilibre du traitement peut expliquer certains troubles liés soit à un excès d’hormone soit à un déficit et il est simple d’y remédier en adaptant la dose. Par contre nombre d’effets secondaires signalés ne correspondent pas à un dysfonctionnement thyroïdien et il y a toutes les chances qu’ils persistent après réadaptation si les patients ont consulté leur médecin pour la faire.

    - Le changement d’excipient peut-il jouer un rôle ? Ce serait étonnant car le mannitol est largement utilisé dans l’industrie alimentaire (E 421) comme édulcorant et il n’a un effet laxatif (comme le sorbitol) qu’à forte dose, en outre la quantité utilisée dans chaque comprimé de Lévothyrox est minime.

    - S’agit-il pour beaucoup d’un effet nocebo ? Le signalement d’effets secondaires possibles largement amplifiés par les réseaux sociaux a probablement entrainé leur perception chez les patients qui craignaient leur survenue. Effet de panique. Sans compter que les gens n'hésitent pas à attribuer des troubles anciens à un phénomène nouveau.

    - Reste le soupçon complotiste vis à vis du laboratoire, mais on ne voit vraiment pas son intérêt. L’ancienne formule du Lévothyrox lui convenait très bien si l’ANSM ne s’en était pas mêlée.

    La démocratie sanitaire en action

    La ministre de la Santé a finalement cédé aux pressions et a demandé au laboratoire Merck de mettre en circulation ce qui lui reste de l’ancienne formule du Lévothyrox pour calmer les esprits. Mais pour un période transitoire, aussi la ministre compte demander à d’autres laboratoires de mettre à disposition des patientes (85% de femmes) de la thyroxine afin que celles-ci puissent choisir la formule qui leur convient comme sur l’étal d’un marché.

    Il reste pour améliorer cette démocratie sanitaire à élire les médecins parmi les patients. D’ailleurs cela commence à se faire avec les « malades experts ».


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  • 250. Est-il utile de s’astreindre à manger 5 fruits et légumes par jour et à bouger ?

    Ce message (pas celui du chat) largement diffusé s’adresse à l’ensemble de la population et vise à changer nos comportements : modifier notre alimentation, quels que soient nos goûts, et pratiquer un sport ou une activité physique, quelles que soient nos réticences.

    La question est évidemment de savoir si cette astreinte, qui peut être mal vécue, est efficace en permettant de prévenir ou même simplement de retarder nettement la survenue des maladies cardiovasculaires, ce qui est le but de ce message.

    Cette prévention est sûrement efficace pour ceux qui sont déjà atteints d’une de ces maladies (prévention secondaire) ou qui ont des prédispositions à en être atteint (facteurs de risque comme le diabète, l’hypertension artérielle, une nette élévation de certaines fractions du cholestérol, tabagisme qu’il est préférable d’arrêter plutôt que de suivre le message).

    Mais ces conseils hygiéno-diététiques s’adressent à toute la population, c’est à dire à une majorité de gens en bonne santé ou en tous cas exempts de maladies cardiovasculaires ou de facteurs de risque élevé. C’est ce qu’on appelle la prévention primaire que les politiques mettent en avant en priorité à chaque fois qu’on leur demande le contenu de leur programme de santé publique (cela n’a pas manqué avec Macron, présentant la prévention primaire[1] comme une avancée originale alors qu’il suit en cela tous ses prédécesseurs).

    Pour répondre à la question il a été demandé[2] à une « équipe d’épidémiologistes de Portland (Oregon, Etats-Unis) de faire une revue systématique des données concernant les bénéfices et les risques de conseils donnés par les médecins pour changer les comportements en prévention primaire des maladies cardiovasculaires chez les adultes sans facteur de risque cardiovasculaire. »[3]

    Les données ont été tirées de 88 études randomisées. Les auteurs ont constaté de 6 à 12 mois après le début du changement comportemental une diminution minime de la pression artérielle, du LDL cholestérol (athérogène), du cholestérol total et du poids.

    Mais il n’y a eu aucune différence entre les groupes (avec ou sans changement de comportement) pour ce qui concerne la qualité de vie en relation avec la santé, la mortalité globale, la morbidité et la mortalité cardiovasculaire. Mais le changement comportemental s’il peut être rasoir, ne comporte – et c’est heureux -  aucun risque.

    Bref, à l’échelle d’une population (celle que vise l’Etat), s’astreindre aux « 5 légumes et fruits par jour et à bouger » ne sert pratiquement à rien. Mais nous sommes dans la statistique, et cela ne veut pas dire qu’une personne donnée ne tire pas un bénéfice d’un changement de comportement conseillé par son médecin à titre individuel, mais en faire l’alpha et l’oméga de la politique de santé semble discutable, sinon abusif.

    Autres articles de ce blog concernant la prévention :

    De la persuasion au chantage

    Propos sur la prévention

    La prévention est-elle source d’économies ?

    L’échec de la véritable prévention

    ROSP

    Normalisation

    La révolution culturelle de Macron

     

    [1] Elle n’est pas discutable pour la lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme et les maladies infectieuses, notamment par les vaccinations.

    [2] Par l’US Preventive Services Task Force

    [3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28697259


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  • Notre ministre de l'intérieur vient de découvrir le transfert de responsabilité. Il propose, en effet, que les psychiatres aident la police à dépister les individus susceptibles d'adopter les thèses de l'islam radical au point de vouloir passer aux actes terroristes, en avançant que le recours à la médecine est justifié par la fréquence (1/3) des troubles psychologiques constatés chez les individus qui font l'objet d'une surveillance dans le cadre d'une prévention des méfaits de l'islamisme.

    Ce sont probablement les personnes « bien connues des services de police » et qui deviennent bien connues de tout le monde au lendemain des assassinats qu'elles commettent ou qu’elles tentent de commettre.

    Cette notion de « troubles psychologiques » est d'ailleurs assez ambiguë. Peut-on considérer le fanatisme comme un « trouble psychologique » ? Croire posséder l'unique vérité et vouloir l'imposer à tout le monde, au besoin pas la force, me paraît plus tenir du délire que de l'équilibre mental. Mais, inversement, considérer que ceux qui adoptent une idéologie extrêmiste ressortent tous de la psychiatrie, c'est en quelque sorte nier la force de l'idéologie elle-même, et vouloir ainsi se rassurer : ce sont des « fous », il ne reste plus qu’à les dépister et à les soigner. Ce qui conduirait - le comble - à mettre en cause leur responsabilité !

    Quoi qu'il en soit, demander aux psychiatres de prévoir un passage possible à l'acte est illusoire, sauf s'il s'agit d'un débile profond avouant plus ou moins son désir de tuer. On sait qu'après un attentat les voisins et  l'entourage font souvent part avec étonnement de la douceur, de la gentillesse, de la réserve dont faisait preuve l'assassin de masse.

    Par contre, si l'on peut douter de l'efficacité de la démarche médico-policière, on ne doute pas de son intérêt politique puisque si une surveillance est relâchée avec l'aval du psychiatre, la responsabilité d'un passage à l'acte incomberait autant au psychiatre qu'à la police ou à la justice. Ce cas de figure est largement illustré par les récidives criminelles non prévues après examen psychiatrique (voir « Le mal mâle »).

    On ne s'étonne donc pas des réactions négatives des psychiatres qui se sont exprimés, outre le rappel du secret médical par le Conseil de l'Ordre (qui peut cependant être levé en cas de danger). Par ailleurs, on peut se demander comment la chose serait organisée : examen psychiatrique de tous les fichés S ? Assorti peut -être de soins dévoués mais néanmoins attentifs ? Et dans le cas où l'individu parait dangereux : surveillance accrue (dont on connait les aléas) ou internement ? Ce dernier dispositif sécuritaire étant très mal vu dans un Etat de droit pour un présumé innocent.

    Une réaction des psychiatres à laquelle il fallait s'attendre est la dénonciation de l'amalgame*. L’amalgame est de nos jours une valeur sûre. Comment ! Il est scandaleux de rapprocher maladie mentale et terrorisme ! C'est stigmatiser la maladie mentale, la stigmatisation étant le corollaire de l'amalgame. Donc, il ne faut pas dire que certains islamistes sont manifstement déséquilibrés. Curieux, si l'on trouve des troubles psychologiques chez un certain nombre de terroristes, cela ne veut pas dire que les malades mentaux sont  dangereux et prêts à organiser des actes terroristes. La crainte de l'amalgame encourage le déni. Lorsque deux groupes humains ont un point commun cela ne veut pas dire que si l'un des groupes est dangereux, l'autre l'est automatiquement. Cette crainte de l’amalgame conduit à vouloir interdire de signaler le point commun qui, en soi, n’est pas condamnable mais dont il faut tenir compte.

    * Aujourd'hui, "l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques a vivement réagi en regrettant cet « amalgame » entre terroristes et personnes atteintes de troubles mentaux."


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  • En consultant lepoint.fr (18/08/17), je suis tombé sur ce titre et de ma chaise :

    « Cancer : les "médecines alternatives" augmentent le risque de décès

    Selon des chercheurs de l'université Yale, les remèdes alternatifs seuls ne suffisent pas pour soigner un cancer, et font augmenter le risque de mourir. »

    Vous lisez bien : les remèdes alternatifs - il s’agit d’homéopathie, plantes, qi gong, yoga, naturopathie, acupuncture, diètes, méditation, prières... – ne suffisent pas seuls pour soigner un cancer.

    Parce que certains se posent réellement la question, dont apparemment les chercheurs de Yale à l’origine de l’étude.

    Ce qui est intéressant à noter est que « le groupe ayant eu recours aux médecines alternatives était en meilleure santé au départ, plus jeune, jouissait d'un meilleur niveau d'éducation et de revenus plus élevés ». Ce qui veut dire que les plus modestes sont les moins cons.

    Pour les détails, je vous renvoie à l’article, en soulignant que l’étude ne porte que sur la période initiale de la maladie, la différence serait probablement plus catastrophique sur une période plus longue et d'autant plus grande que l'on dispose pour un cancer donné d'un traitement standard efficace. Par ailleurs, il existe des biais, notamment le recours au traitement standard après une phase « alternative ».

    Je suis tombé de ma chaise


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