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    Timothy Hunt a reçu le prix Nobel de médecine en 2001, aux côtés du Britannique Paul Nurse et de l’Américain Leland Hartwell pour leurs découvertes en matière de recherche cellulaire.

    «Trois choses se passent quand elles [les femmes] sont dans les labos : vous tombez amoureux d’elles, elles tombent amoureuses de vous, et quand vous les critiquez, elles pleurent», a-t-il déclaré ce mardi 9 juin lors d’une conférence en Corée du Sud.

    Ces déclarations, ont provoqué l'indignation générale, ainsi que sa démission de l'Université College London. "Sir Tim Hunt a démissionné de son poste de professeur honoraire à la faculté des sciences de la vie d’UCL après ses commentaires sur les femmes", a indiqué l'Université londonienne dans un communiqué de presse.

    A 72 ans,Timothy Hunt a également été renié par la Royal Society, une institution britannique de sciences, dont il faisait partie. L’institution déclare vouloir "se distancier" des propos tenus par ce dernier.

    [ Euronews.com]


    La honte. Ce scientifique de renom n'a pas appris la diplomatie et semble rebelle au politiquement correct. Ne pas reconnaître d'abord le talent des femmes travaillant dans un laboratoire était maladroit et injuste.

    Mais qu'a-t-il dit ? Que la mixité et la proximité dans le travail pouvaient susciter des passions amoureuses aussi bien du côté masculin que féminin. Constatation des plus banales, mais en faire une règle générale manquait d'esprit scientifique.

    Dire que les femmes pleurent quand on les critique est une généralisation stupide, Mais il n'est guère contestable que les femmes pleurent plus souvent lors des émotions désagréables que les hommes.

    Hunt a un jugement sur les femmes un peu sommaire et cavalier, mais il a parfaitement le droit de juger les femmes de cette façon, comme on a le droit de critiquer ce jugement, aussi le déchaînement contre lui qui a suivi sa sortie me semble excessif.

    Si de la part d'un homme une tentative de séduction risque  d'être considérée comme un harcèlement sexuel et une tentative de plaisanterie ou d'ironie comme du sexisme, c'est que nous sommes passés de la galanterie au conflit et de la parole libre à l'autocensure. Du moins dans les pays où la femme n'est pas infantilisée et soumise ou considérée comme du bétail.

    Si l'homme en nos contrées peut être aisément considéré comme sexiste de la part des féministes, celles-ci ne mâchent pas leurs mots à l'encontre des hommes sans qu'elles soient le moins du monde considérées comme sexistes. A ma connaissance, aucune femme n'a été sanctionnée pour avoir exprimé du mépris à l'égard des hommes. La tare sexiste est reconnue comme spécifiquement masculine.

     

     


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    Au mois de janvier 2015 avait lieu le procès du rappeur Saïdou à la suite d’une plainte d’une association d’extrême droite contre son œuvre « Nique la France » dont le refrain immortel est :

    « Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes / Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes ».

    Un peu maladroit mais pas particulièrement méchant, toutefois je n’ai connaissance que du refrain.

    A l’occasion de ce procès, une pétition de soutien à Saïdou a circulé, bizarrement intitulée : « pétition pour le droit à l’insolence antiraciste » et dont voici un extrait en retirant les noms des rappeurs cités :

    « Lorsque des Noirs ou des arabes font le choix de sortir de l’invisibilité et du mutisme afin de décrire la réalité telle qu’elle est – violente, inégale et destructrice – la droite extrême, l’extrême droite ou encore l’État s’emploient à tenter de convaincre l’opinion publique de l’illégitimité de ces discours. […] sont autant de rappeurs et militants attaqués ces dernières années pour des paroles jugées trop irrévérencieuses. Pourtant tous n’ont fait que porter publiquement l’expression populaire du rejet des discriminations et de la stigmatisation des quartiers populaires, des Noirs, arabes et musulmans. »

    Voici quelques très courts exemples de militantisme :

    - Salif : « Poitiers brûle et cette fois pas de Charles Martel. La France pète, j’espère que t’as capté le concept », passons sur la richesse de la rime.

    - Lunatic : « Vote pour emmener les porcs à la morgue ». L’abattoir étant pour les porcs et la morgue pour les humains, devinez qui sont les porcs que l’on veut tuer ?

    L’appel à la haine raciste autorisé- Booba : « Les colons nous l’ont mise profond. A l’envers, on va leur faire. Quand je vois la France les jambes écartées, je l’encule sans huile »

    Ci-contre la photo du poète Booba qui n’a jamais été colonisé et dont l’allure est manifestement celle d’une victime.

    En fait ces rappeurs sont des irresponsables qui manient une haine que l’on peut qualifier de raciste (contre les « faces de craie ») mais qui leur rapporte de gros sous, devant un public avide de l’entendre, et qui d’une façon ou d’une autre risque fort un jour de l’exprimer à leur tour, mais dans les actes.

    C’est la raison pour laquelle j’ai trouvé un peu bizarre l’intitulé de la pétition de soutien au rappeur Saïdou car la plupart de rappeurs "militants" sont racistes et expriment ouvertement leur racisme anti-blanc.

    Mais tout est bien qui finit bien, l’auteur de « Nique la France » a été – comme vous le savez sans doute - relaxé par la 17e chambre correctionnelle, le tribunal ayant estimé que : « La notion de Français dits de souche ne constitue pas un groupe de personnes et ne couvre aucune réalité légale, historique, biologique, ou sociologique »

    On a donc le droit d’insulter la majorité des habitants de la France, puisqu’ils n’existent pas. Seules les minorités existent.


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    Oui, la droite, elle erre. LR, sigle explicite pour un parti qui reprend comme président un ancien président usé jusqu’à la corde, et dont la majorité des Français ne veut plus, un politicien dont les tics exaspèrent, et qui imite à la perfection et caricature même ses propres caricaturistes, dont les discours n’apportent rien d’autre que lui-même, dont le seul projet est de mépriser ceux qui lui ont pris le pouvoir, dont le seul but est de prendre sa revanche.

    Oui, la droite, LR, en s’imaginant qu’un changement de sigle effacerait le passé, laverait plus blanc, qu’il effacerait les divisions, et ferait surgir un programme nouveau dont on ne voit pas l’ombre d’un embryon.

    Droite errante, incertaine, dépourvue d’idées nouvelles, et comment pourrait-elle en avoir, il y a trois ans, les mêmes avaient déjà été au pouvoir pendant une décennie.

    Mais la droite bien qu’LR reviendra au pouvoir. Ce sera sans doute pour continuer ce que la gauche a mal entrepris.

    Dans la plupart des pays démocratiques les hommes et les femmes politiques se retirent lorsqu’ils ont échoué, laissant la place à de nouvelles têtes et donc à de nouvelles idées. Pas en France où les politiques sont inamovibles, increvables jusqu’à la mort. Aurait-on envie de voir et de revoir sans cesse la même pièce de théâtre avec les mêmes acteurs rabâchant jusqu’à la nausée le même texte ?

    Et les acteurs s’étonnent et déplorent que les spectateurs, lassés, finissent par déserter la salle en dehors des groupies irréductibles au cerveau formaté. 

    On s'accroche. Cliquez


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    L’Eurovision est avant tout une affaire commerciale : en 2013, la compétition avait attiré près de 32 000 touristes à Malmö et dans sa région et rapporté 185 millions de couronnes (20 millions d'euros) pour un coût de 25 millions pour la ville.

    Ce que j’ai pu en voir (par inadvertance) ne me semble guère avoir une valeur artistique. Beaucoup de médiocrité et même de mauvais goût. D’ailleurs, en dehors de quelques exceptions, ni les chanteurs, ni les chansons promues n’ont fait carrière par la suite.

    Aussi, ce qui me parait étonnant est le sentiment de fierté nationale exprimée par le pays lorsque son ressortissant et son tube percé sortent vainqueurs de cette compétition bidon.

    On a assisté, dit-on, à la sixième victoire de la Suède, son champion ayant remporté le concours. Ce n’est pas le chanteur et sa chansonnette qui ont été distingués mais le pays tout entier qu’ils représentaient.

    Des scènes de liesse suivies de feux d'artifice ont eu lieu à Stockholm. Voici un extrait de presse :

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    "C'est super pour la Suède. On a du succès en musique et, en plus, c'est plutôt une bonne chanson", déclare Kalle, 25 ans. [ mais peu importe, elle aurait pu être mauvaise]

    "Voilà ce qui se passe quand on est les meilleurs. On gagne souvent !" dit en souriant Josefine, une jeune Stockholmoise de 23 ans.

    "Une victoire Månstre" (prononcez : monstre) : "Måns a résisté à la pression et a vaincu", se réjouit Aftonbladet.

    "Félicitations, Måns ! Une performance fantastique. Désormais, tu es le héros de toute la Suède ! L'an prochain, nous accueillons toute l’Europe chez nous. Fête bien et je t'appelle lundi pour te féliciter", a écrit sur Facebook le Premier ministre, Stefan Löfven.

    "La Suède en tant que pays de chansons de variété est en plein dans une série épique et tapageuse de succès avec deux bronzes et une victoire depuis 2011", avait écrit le quotidien de référence Dagens Nyheter samedi, avant la compétition.

    "Je quitte Vienne heureuse et émue aux larmes, mais avec le sentiment nostalgique qu'il va falloir attendre pas mal de temps avant que nous gagnions à nouveau", a déclaré la chroniqueuse du journal, Hanna Fahl, après la compétition.

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    Des gens apparemment cultivés comme le premier ministre de la Suède ou les chroniqueurs suédois n’échappent pas à ce délire mégalo-nationaliste. Ils exultent de joie et de fierté pour une chansonnette comme si leur pays en sortait grandi. Misère, cela fait aussi partie des « valeurs » de l’Occident.

    Måns Zelmerlöw en pleine action

    Nationalisme de pacotille


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    D’un jetD’après « The Guardian », Cameron aurait parfois recours à la “technique de la vessie pleine” pour parvenir au maximum de ses capacités intellectuelles suivant ainsi les conseils du politicien Enoch Powell qui ne se soulageait jamais avant d’effectuer un discours important afin de maintenir sa tension.

    Des chercheurs australiens et américains ne sont pas de cet avis. Ils se sont livrés à une étude, d’ailleurs couronnée par un prix Ig Nobel qui récompense les recherches « improbables » en examinant “l’effet d’une forte envie d’uriner sur la fonction cognitive des adultes en bonne santé” et ont conclu qu’“une envie très pressante entraîne une dégradation de la cognition.”

    Mon expérience personnelle et une enquête succincte auprès de mon entourage iraient plutôt dans le sens des chercheurs australo-américains. Qui n’a pas vécu l’expérience angoissante de l’envie impérieuse d’uriner ? Qui n’a pas éprouvé l’intense soulagement qui suit la vidange d’une vessie pléthorique ?

    L’exemple historique le plus connu est celui de l’astronome danois Tycho Brahe qui, ne pouvant décemment prendre abruptement congé de l’empereur Rodolphe II à Prague, a du subir une longue torture. Mais le malheureux, une fois libéré, n’a pu éprouver le soulagement auquel il était en droit de s’attendre après avoir si longuement patienté. Et ceci pendant les onze jours qui suivirent durant lesquels il délira jusqu’à sa mort le 24 octobre 1601. Tycho Brahe est enterré à Prague avec cette épitaphe qu'il aurait lui-même rédigée : "Il a vécu comme un sage et est mort comme un fou." Aujourd'hui encore, les Tchèques pris d'une envie pressante disent : "Je ne veux pas mourir comme Tycho Brahe."[1]

    Les membres des services de sécurité, les gardes du corps de personnalités qu’ils ne peuvent laisser longtemps à la merci d’un illuminé quelconque doivent parfois connaître les affres de l’astronome danois mais sans en connaître le triste épilogue étant donné leur jeune âge habituel. Il n’est cependant pas impossible que l’urine puisse parfois leur monter à la tête si l‘on en croit les nouvelles qui nous parviennent du Capitole[2]

    Les policiers qui assurent la sécurité au Congrès sont censés défendre les hommes et les femmes les plus importants des Etats-Unis. Or depuis le début de l'année 2015, trois responsables de la sécurité ont oublié leurs révolvers aux toilettes, a rapporté CNN. « En janvier, un employé du centre d'accueil des visiteurs a ramassé dans les toilettes publiques un revolver appartenant à un policier chargé de protéger Mitch McConnell, le leader de l'opposition républicaine au Sénat. En mars, un enfant venu visiter le Capitole avait trouvé un Glock chargé dans les WC, une arme oubliée là par un agent qui assure la protection de John Boehner, le président de la Chambre des représentants. Et en avril, un autre employé qui faisait le ménage a aussi trouvé une arme qui traînait. »

    Kim Dine, le chef de la police du Capitole a été obligé d'annoncer qu'il allait apprendre à ses agents à aller faire pipi sans mettre en danger la vie des autres en déclarant au Congrès «Nous dispensons maintenant une formation supplémentaire sur la marche à suivre quand on va aux toilettes»,

    Nous voilà soulagés.

    D’un jet

    [1] L’hypothèse d’un empoisonnement au mercure a longtemps été soutenue mais semble aujourd’hui moins probable.

    [2] REUTERS/Kevin Lamarque. Slate.fr


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    Dans le roman « 1984 » de George Orwell, le héros, Winston Smith, est employé au Ministère de la Vérité (Miniver en novlangue) où son travail consiste à remanier les archives nationales afin que les écrits du passé soient en harmonie avec les évènements et la politique du présent.

    Toutes proportions gardées, on peut retrouver aujourd’hui un peu de ce Ministère de la Vérité au ministère de l’Education nationale pour ce qui concerne l’enseignement de l’histoire.

    Le choix des sujets étudiés et l’importance qu’on leur a donnée semblent vouloir obéir à trois impératifs :

    D’abord, tenir compte de la composition des classes, car comment expliquer que l’étude de l’islam soit un sujet obligatoire dans l’enseignement de l’histoire de France ? Contrairement à l’Espagne, l’islam n’a aucunement modifié son cours ou de façon marginale par les croisades. Dans l’histoire du monde, l’islam a évidemment sa place, mais dans ce cas pourquoi ne pas étudier le Bouddhisme ou l’Hindouisme ?

    Ensuite, introduire dans l’étude du passé des préoccupations du présent dans une perspective de formatage.*

    Enfin, satisfaire, dès que l’occasion se présente, au goût de la « repentance » dans laquelle la France se plonge ces dernières années avec une délectation masochiste, alors que « le mal n’est pas une maladie héréditaire ». Je vois le moment, si les choses continuent ainsi, où les élèves de France finiront par avoir honte de leur histoire.

    Il est vrai que nombre d’écoliers ne considèrent pas cette histoire comme la leur, et ne sont pas mécontents qu’on leur parle des excès de la colonisation, les renforçant ainsi dans leur position revendicatrice « d’indigènes de la République ». Il est vrai que dans le passé, il eut été plus sage de la part des Français de laisser les pays africains dans l’état où ils les avaient trouvés sans les infecter par la civilisation occidentale, et en ne laissant sur place, dans un but scientifique, que quelques ethnologues.

    Si la France n’a pas à être fière d’avoir largement participé à la traite négrière, elle l’a fait comme beaucoup de pays. Affreuse normalité dans le contexte de l’époque. Il ne faut pas confondre histoire et morale. Les arabes ne s’excusent aucunement d’avoir fait commerce d’esclaves sur une grande échelle depuis longtemps, et continuent encore sans remords à goûter à l’esclavagisme d’une façon ou d’une autre. Quant aux africains, ils étaient eux-mêmes partie prenante (un africain sur quatre était l’esclave d’un autre africain)[1]. « Au lieu de faire sans cesse acte de repentance, soyons fiers d'avoir été une des premières nations avec l'Angleterre à avoir aboli l'esclavage et occupons nous des 22 millions esclaves (selon l'ONU) qui souffrent aujourd'hui à travers le monde. » (Dimitri Casali).

    Est-ce le rétablissement en 1802 par Napoléon Bonaparte de l’esclavage qui vaut à ce monument de l’histoire mondiale de sombrer dans la Géhenne entre le CM1 et le CM2 emporté avec le siècle qui suit la Révolution française, et que l’on ne trouve dans le programme qu’à l’état embryonnaire ? (voir ci-dessous)

    Un peu de 1984 en 2015

     

    *« Ce domaine est consacré à la compréhension du monde que les êtres humains tout à la fois habitent et façonnent. Il s’agit de développer une conscience de l’espace géographique et du temps historique. Ce domaine conduit aussi à étudier les caractéristiques des organisations et des fonctionnements des sociétés (…) Il implique enfin une réflexion sur soi et sur les autres, une ouverture à l’altérité, et contribue à la construction de la citoyenneté, en permettant à l’élève d’aborder de façon éclairée de grands débats du monde contemporain. » (Domaine 5 du socle commun de la loi d’orientation pour l’enseignement de l’histoire)

     

    [1] Selon Catherine Coquery-Vidrowitch, cité par Dimitri Casali (Le Huffington Post)


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    Giovanna Valls Galfetti, la sœur du premier ministre de la France, raconte dans un livre (« Accrochée à la vie ») la partie de sa vie où elle fut dépendante des drogues dures, dépendance compliquée d’une overdose et d’une infection au virus de l’hépatite C et au virus du sida.

    Son frère aîné étant le chef du gouvernement, Giovanna est donc logiquement à la une des médias où elle s’épanche sur cette partie douloureuse de sa vie.

    On ne peut s’empêcher de trouver cette démarche suspecte.

    Pourquoi publier ce récit intime ? Certes, il s’agit d’un témoignage, mais il vient s’ajouter à tous ceux qui encombrent les librairies. Sa seule particularité vient du fait que l’héroïne de ces malheurs est la sœur de Manuel Valls, et que ce lien familial va assurer le succès de ce livre-confession, surtout s’il dévoile un coin de la vie privée de l’homme au pouvoir. Peut-être même n’aurait-il pas été publié si cela n’avait pas été le cas. Je dis : peut-être, car n’ayant pas lu le livre, je ne peux évidemment pas juger de sa qualité littéraire.

    Et il fallait le publier maintenant car un changement de premier ministre – toujours possible – lui aurait fait perdre de sa valeur marchande.

    Si notre société est celle du spectacle, c’est aussi celle des voyeurs. L'une ne va pas sans l'autre.

    Opportunité


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  • Ce qui se conçoit mal s’énonce bêtementAu début, je me suis dit : ce n’est pas possible, c’est un canular ou une médisance, voire un complot. Puis j’ai compris – une illumination – digne de celle d’Archimède dans son bain, alors que je n’étais ni nu, ni mouillé et à jeun.

    J’ai brusquement compris que c’était un jeu.

    Tout bêtement un jeu qui se joue à plusieurs dans l’enceinte du ministère de l’Education nationale. Ce lieu où l’imagination et l’esprit ludique sont proportionnels au nombre de diplômes supérieurs détenus par les participants. A moins que la proportionnalité s’établisse entre ce nombre et la grosseur du grain de folie qui pour les plus doués doit occuper l’intégralité de la boîte crânienne.

    Le principe du jeu est de réunir plusieurs hauts fonctionnaires – hauts, car il faut pour y jouer un haut niveau de compétence – le gagnant est celui qui trouve l’expression la plus compliquée pour traduire la notion la plus simple. Faire compliqué quand on peut faire simple est d’ailleurs la devise de ce ministère. Le but du jeu est donc de remplacer un mot scandaleusement banal et compréhensible par une longue périphrase absconse.

    Je parle d’expression, mais lors d’une séance, le vainqueur a remplacé « s’exprimer » par « produire des messages à l’oral et à l’écrit ». Avouez que sa victoire était méritée. Les joueurs du Conseil supérieur des programmes se sont surpassés dans les messages à l’oral et à l’écrit concernant les sports, ainsi un match de tennis ou de badminton est devenu un délicieux « Duel médié par une balle ou un volant » et jouer au ballon ne peut être que « Conduire et maîtriser un affrontement collectif » (à noter que le jeu devient une guerre). Quant à nager en piscine, le vainqueur du jeu l’a emporté avec son remarquable « Se déplacer de façon autonome dans un milieu aquatique profond standardisé ». Mais le vainqueur toutes catégories me parait être celui ou celle qui a produit le message suivant : « Aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs » pour la pratique d’une langue régionale.

    Je ne peux que lever mon chapeau devant les performances remarquables (dont je n’ai cité que quelques exemples) de ces têtes d’œuf un peu mollet en raison de l’élévation progressive pendant le jeu de la température intracrânienne.

    J’avoue que j’aimerais participer à ces joutes oratoires. Je pourrais, par exemple, proposer :

    « Se déplacer en s’élevant contre la pesanteur sur un plan incliné en utilisant une succession d’horizontalités fragmentées » pour monter un escalier.

    Ou « lancer les membres inférieurs vers l’avant l’un après l’autre en s’appuyant sur le sol avec le membre non mobilisé » pour marcher.

    Ou « explorer le forme dans le fond » pour toucher rectal.

    J’envie les membres du Conseil supérieur des programmes qui doivent bien s’amuser tout en étant grassement payés pour le faire.

    Cette « novlangue » n’est pas récente et c’est ça qui est effarant. Cela dure depuis des années, et ces gens n’ont aucun sens du ridicule (Molière se serait régalé), et aucun des ministres successifs à ce ministère n’est intervenu pour faire cesser ce jeu imbécile et risible là où on est censé prendre les dispositions pour apprendre aux jeunes la langue française.


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    Le Pr Didier Raoult[1] rapporte (dans Le Point.fr du 24/04/15) les résultats d’une étude sur la corrélation entre la religiosité et les inégalités économiques[2]. Il s’avèrerait que les pays les plus égalitaires seraient les plus athées. C’est le cas de la Suède et surtout de la France qui est, en Europe, la plus athée et la plus égalitaire des nations car si l’on compare les 10 % des plus riches aux 10 % des plus pauvres, après prélèvements obligatoires et redistribution, aucun pays n'afficherait une différence de revenus aussi faible. A l’inverse, les USA dont la richesse globale est nettement plus élevée que celle de la France mais où les inégalités sont grandes, la population est très croyante. Les athées sont plus nombreux au Canada aussi riche que les USA mais plus égalitaire.

    A l'époque du communisme égalitaire, la Chine et l'URSS considérées comme les pays les plus athées, voient les religions renaître depuis l'abandon de l'étatisme athée et égalitaire. Ainsi, il n'y aurait pas plus de 13 % d'athées en Russie. Pour la Chine, l’évaluation est impossible, car le bouddhisme renaissant est considéré comme une religion athée ! Il me semble cependant que l’athéisme des pays communistes n’était peut-être qu’apparent. La renaissance presque immédiate de la religion orthodoxe en Russie après la disparition du communisme laisse penser que la religion communiste n’avait pas fait disparaître la croyance en Dieu des masses populaires.

    Cette corrélation entre inégalités et religiosité viendrait renforcer la notion « d’opium du peuple » de Karl Marx : une fumée propagée pour endormir les classes populaires et protéger les nantis. « D'autres expliquent que l'inégalité favorise forcément la religiosité, car elle suscite chez les plus pauvres le désir d'un monde meilleur, et chez les plus riches le sentiment d'avoir une grâce divine qui justifie leur statut. ». Notons que s’agissant du désir d’un monde meilleur, la promesse des religions le situe après la mort, et encore faut-il le mériter. Bien qu’un peu schématique l’article fait remarquer que : « les guerres d'athées sont déclarées par les pays riches, tandis que les guerres des pauvres sont souvent des guerres religieuses ».

    La population mondiale compterait seulement 13 % d'athées, majoritairement situés dans le Sud-Est asiatique (surtout si l’on considère que le bouddhisme est une religion athée). Ce pourcentage serait de 20% en Europe. Outre l’inégalité sociale, bien d’autres facteurs interviennent : les structures de la société (difficile d’échapper à une religion d’Etat), le parcours personnel, l’éducation familiale et l’éducation tout court. Le niveau scientifique semble être un facteur important. Si le pourcentage d’athées dans la population générale a été estimé aux USA à 15%, il serait de 93% pour les membres de l’Académie des sciences. Le nombre d’athées est plus élevé parmi les biologistes et les physiciens, les mathématiciens étant les plus croyants. Il est vrai que les mathématiciens ne manient que des abstractions et que Dieu en est une et non des moindres.

     

    [1] Spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille.

    [2] Economic Inequality Relative Power and Religiosity: Frederick Scolt, Philip Habel, J. Tobin Grant, 2011.


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  • Ciel bleu

    Cette photo est celle du ciel de Paris aujourd’hui. Je suis allé lézarder au soleil sur le banc d’un parc en apportant un livre.

    Des gens font le tour du parc en courant. Ils s’égrainent le long de l’allée en repassant périodiquement devant moi à la manière de la trotteuse d’une montre. Chacun ou chacune court à sa manière. J’ignore si une étude a été faite sur les rapports entre la façon de courir et la personnalité.

    Le plus étonnant que j’ai pu voir dans ce parc est un homme jeune, plutôt obèse, qui court en poussant continuellement des cris que l’on entend de loin. Mais en l’observant tenir une boîte dans la main avec des écouteurs aux oreilles, j’ai vite compris qu’il ne s’agissait pas de cris mais d’un pseudo chant entrecoupé par une reprise de souffle. Depuis le temps, malgré tous ses efforts, il n’a aucunement maigri, il se tient en forme, mais toujours dans la même forme arrondie.

    J’ai une certaine inquiétude lorsque je vois courir des hommes à cheveux gris, le visage cramoisi et le souffle court. Comment leur dire que 5% des morts subites surviennent dans de telles circonstances ? Je serais fort marri d’interrompre ma lecture pour procéder à un massage cardiaque.

    Heureusement la plupart des coureurs sont jeunes, tous ont des écouteurs aux oreilles pour satisfaire leur addiction au bruit musical. Ils sont plutôt agréables à regarder. Je ne parle pas des jeunes hommes dont j’envie plutôt la jeunesse, mais des jeunes filles. Encore que pour certaines l’amplitude des seins provoque des oscillations spiralées susceptibles de les déséquilibrer. Je ne sais plus dans quel film Woody Allen suggérait de fournir un caddy pour alléger certaines coureuses un peu pléthoriques.

    Ces distractions environnementales ne m’ont pas empêché d’entamer largement mon livre : des chroniques de Joan Didion sur l’Amérique des années 60-70. Le chapitre Requiem pour les années 60 parle en particulier des hippies à San Francisco qui ne mangeaient que du pain macrobiotique et des algues mais se droguaient à mort en utilisant une vaste panoplie de substances toxiques à la recherche du « bon trip ». Il se dégage de cette période, plutôt faste sur le plan économique, un rejet de la société de la part d’une jeunesse au comportement suicidaire qui fait paraître la désespérance actuelle comme une vague mélancolie.

    Je n’entends pas siffler le train, mais les beuglements du coureur essoufflé annonçant la fin de mon trip.


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