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    « Songez qu’il y a cinq ou six semaines encore on discutait gravement de l’opportunité d’habiller les petits garçons en rose et les petites filles en bleu ; d’offrir des tenues d’infirmière aux premiers et de shérif aux secondes ; ou encore de privilégier les chiffres, les lettres ou les couleurs dans l’évaluation des élèves. Aujourd’hui, on n’ose plus. La tragédie nous a délivrés de la sottise. Pour combien de temps ? »

    Ce paragraphe est tiré d’un article de Jacques Julliard paru dans Marianne le 2/02/15. Quand on a vu ce qui s’est passé dans un grand nombre d’écoles où des élèves d’origine arabe ont plus ou moins soutenu les tueurs se revendiquant de l’islam, et plus ou moins exprimé leur adhésion à l’obscurantisme, qu’il s’agisse, selon leur âge, de leur opinion personnelle ou de celle de leur milieu familial, il faut en effet prendre conscience des préoccupations quasi puériles et des débats complètement déconnectés de la réalité qui dominaient l’enseignement. Il y avait manifestement plus urgent à faire.

    Comme le dit également Julliard, l’école n’est pas « une clinique de câlinothérapie » et il se réjouit que l’on parle à nouveau d’autorité. Ce n’est pas non plus un forum de discussion où tout est mis sur le même plan à égalité avec le savoir élaboré selon les règles de l’esprit scientifique. Toutes les pensées ne se valent pas, à commencer par le « fait religieux » que l’on veut introduire dans l’enseignement et qui n’a rien à voir avec la raison. La religion est une croyance et aucunement un savoir démontré, et elle ne devrait entrer dans les connaissances à enseigner dans les écoles laïques que sous son aspect historique.

    Je crains cependant que passé le choc des attentats islamistes, on en revienne à des débats sur les horaires, les notes, les stéréotypes, les genres etc…Que l’on fasse entrer en classe « sous prétexte de libre discussion, les préjugés des parents, les racontars de la récré » ou des opinions sans fondement, en oubliant la vocation première de l’école qui est la transmission des savoirs établis par la raison, en apprenant dans le même temps aux esprits à raisonner en toute indépendance.

    Car il ne faut pas se leurrer, venant du fond des siècles l’obscurantisme est de retour. Il est tellement plus facile à apprendre que les sciences.


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    C’est bizarre. Presque tout le monde en France semble se réjouir de la victoire de Syriza lors des dernières élections grecques. Un parti de gauche dite « radicale » dont le programme politique pourrait se résumer à : on efface tout et on recommence, aux autres de continuer à payer pour nos erreurs anciennes et à venir.

    Et je me pose la question qu’est-ce que ça veut vraiment dire une gauche « radicale » en dehors de vouloir dépenser (mais pour la bonne cause) un argent que l’on n’a pas ? Mais comme Syriza s’est allié pour gouverner avec un parti de droite souverainiste : les « Grecs indépendants », on pourrait penser que ce radicalisme d’une gauche se mêlant sans ostracisme à la droite s’inspire peut-être des partis radicaux français qui, pour gouverner ou obtenir quelque avantage, se mettent volontiers à toutes les sauces. Un radicalisme alimentaire en quelque sorte, mais il est vrai que les pauvres de Grèce ont bien besoin d’être nourris entre leurs armateurs qui les mènent en bateau et leur Eglise, grand propriétaire, qui ne leur offre que la charité de la soupe populaire, mais pas le moindre sou.

    Mais je me trompe sûrement car à voir la joie pétaradante de notre révolutionnaire maison Mélenchon qui, depuis la victoire de Syriza, a été projeté sur un petit nuage, estimant que cette victoire est la sienne, et en se comportant comme si le programme qu’il préconise est déjà une réussite avant d’avoir été appliqué, en déclarant le 25 janvier sur « BFM politique » : « Le PS, son sort est réglé, c’est une question de temps…car son logiciel est totalement périmé », en voyant dans les élections en Grèce un « moment historique ». « C’est un pur moment de bonheur » a-t-il ajouté, quasiment en extase sous son auréole. Il est certain que le logiciel d’un admirateur d’Hugo Chavez (comme l'est également Alexis Tsipras, le nouveau chef du gouvernement grec) qui a ruiné le Venezuela, doit être à jour…pour la première moitié du XXème siècle.

    Curieusement en accord avec Mélenchon, les socialistes se réjouissent en choeur, « le capitaine de pédalo » y compris, alors que leurs homologues grecs ont pris une déculottée mémorable. Mme Duflot est également de la partie, quelques représentants de la droite et même le FN n’est pas en reste. Tout ce petit monde donnant le sentiment qu’avec ces élections helléniques tous les problèmes vont se résoudre comme par magie.

    Vous avez dit bizarre ?


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    Petit dessin, grands remousCe dessin (photo AFP de Joël Saget) qui fait la une de Charlie Hebdo est interprété (car le nom du personnage dessiné n’est pas précisé) comme Mahomet versant quelques larmes pour regretter les assassinats commis en son nom et en se rangeant du côté de la libre expression. Cette caricature n’est aucunement insultante, elle est même plutôt bienveillante à l’égard du prophète de l’islam car elle lui donne une démarche christique en évoquant le pardon et l’on sait que Mahomet admirait Jésus de Nazareth.

    Pourtant ce dessin, aucunement outrancier, a soulevé une vague de protestations et de manifestations (plus ou moins suscitées et orchestrées) dans le monde musulman. Des réactions d’une brutalité coutumière allant jusqu’au meurtre et à l’incendie d’églises.

    Un musulman tchétchène interrogé s’est déclaré bouleversé et souffrir horriblement de la parution de ce dessin, qu’il n’avait peut-être même pas vu. Là on entre quasiment dans la pathologie devant une telle disproportion entre la cause et l’effet. Ces musulmans auraient-ils une constitution paranoïaque associant vanité, méfiance, et fausseté de jugement ? Et c’est verser dans sa forme psychotique lorsqu’elle va jusqu’à la conduite meurtrière.

    Certains pourraient arguer que la représentation humaine et notamment celle du prophète est interdite en islam. En fait, il existe de nombreuses représentations du prophète notamment chez les Chiites comme le montre cette miniature persane[1].

    Petit dessin, grands remous

    Quand on voit les réactions mondiales violentes suscitées par la une de Charlie Hebdo qui n’est pourtant guère méchante, fallait-il la publier ?

    Mille fois oui ! Sinon il n’y a plus qu’à se soumettre.

    Toutes les religions, bien qu’elles se soient entretuées et qu’elles continuent à le faire (avec, actuellement, un avantage certain pour les intégristes musulmans), sont d’accord pour que l’on ne touche pas à leur job en affirmant qu’il est sacré, mais refusent d’admettre qu’ il n’est sacré que pour les croyants et aucunement pour les autres. Si le christianisme a largement évolué, l’islam a une armée de fanatiques qui exercent un chantage par la violence.

    Ne va-t-on pas se soumettre par l’autocensure, ce que les Anglo-saxons ont déjà tendance à faire ?

    Mais cette autocensure jusqu’où ira-t-elle ? Qui délimitera la frontière entre l’humour ou la moquerie et l’insulte ? Surtout pour ceux qui n’ont guère le sens de l’humour et qui n’accepteront pas la moindre plaisanterie sur leurs croyances en la considérant à chaque fois comme une insulte.

    Il est devenu de moins en moins possible de critiquer l’islam ou d’en plaisanter. Ceux qui le font de l’intérieur sont traités d’apostats et souvent châtiés, ceux qui le font de l’extérieur sont traités d’islamophobes[2] ou de racistes en confondant l’être et la religion. Les multiples associations sont là pour veiller au grain.

    Si bien que l’islam est figé dans le temps, quasiment momifié depuis sa naissance.

    L’astuce a été trouvée par la dichotomie introduite par les « amalgamophobes » : d’un côté les gentils sont dans le vrai islam dont on ne sait pas trop ce qu’il recouvre mais qualifié, sans discussion, de paisible et de tolérant, et dont on voit des exemples dans les théocraties musulmanes, et de l’autre côté, les méchants dans le faux islam dont on voit bien ce qu’il est. Mais il faut bien constater que les textes fondateurs auxquels les uns et les autres se réfèrent sont les mêmes.

    Pas d’amalgame ? Ce n‘est pas la même religion ? Bien sûr que oui, même si ce ne sont pas les mêmes croyants.

    Quand les chrétiens, dans le passé, torturaient, brûlaient et massacraient, disait-on qu’ils n’appartenaient pas au christianisme ? Le christianisme a fait son autocritique, il serait bon que l’islam fasse de même. Mais cela n’en prend pas du tout le chemin, et les gentils risquent fort d’être mangés par les méchants.

     

    [1] A noter que cette œuvre tardive, datant du XVIIIe siècle, est plutôt maladroite sur le plan pictural, sans la moindre notion de la perspective appliquée depuis longtemps en Europe.

    [2] Néologisme forgé par l’ayatollah Khomeyni et qui veux dire en fait : « ceux qui ont peur de l’islam », ce qui fait du monde.

     


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    Comment fabriquer des « héros »Les chaînes de TV nous gratifient en boucle de l'histoire des tueurs de Charlie Hebdo et de Vincennes. Leurs visages se succèdent sur les écrans et à la une des journaux. Leurs noms sont inscrits sur le papier et prononcés des dizaines de fois au cours de la journée. Non seulement nous avons droit à leurs biographies édifiantes mais également à des photos souriantes et des vidéos complaisantes. Notamment pour celui qui ne perdait pas une occasion de montrer sa musculature, ses exercices de gymnastique, ses pompes, sa prestation en prison où il se plaignait – pauvre chou – de ses conditions d'incarcération.

    Une véritable promotion pour ces ratés fêlés qui vont passer à la postérité de la plus mauvaise manière, et dans le présent servir de modèles pour d'autres ratés fêlés qui tenteront peut-être de dépasser leurs misérables exploits afin de laisser une trace de leur misérable vie souvent marquée par la délinquance.

    Je sais que le droit à l'information fait partie des libertés, mais je serais partisan de ne pas jouer le jeu des assassins en déroulant dans les médias leur vie de décérébré et l'histoire de leur folie avec la perversion gourmande dont font preuve habituellement les journalistes.

    Je suis pour l'anonymat des assassins islamistes et le silence sur leur parcours. Que leur destin reste anonyme, oublié. Des noms et des renseignements qui ne devraient être réservés qu'aux services de police en se dispensant de les livrer à la curiosité parfois malsaine du public. Ce qui éviterait également d'alimenter les fantasmes meurtriers et le désir de notoriété des assassins en herbe en leur révélant des modèles à admirer et à imiter.

    Seules leurs victimes ont droit à notre mémoire.

    Dessin de Pétillon paru dans le Canard enchaîné du 14/01/2015


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  • J'ai marché

    J'ai marché. D'abord pour rejoindre la place de la République. Les transports en commun (gratuits) ne déposaient les futurs marcheurs qu'à distance et débordaient de voyageurs. Les quais du métro et les arrêts de bus étaient combles. Pas la moindre bousculade.

    Les gens convergeaient tranquillement par les rivières des rues, les fleuves des boulevards pour rejoindre la mer humaine dont les têtes oscillaient comme des vaguelettes. La mer était calme.

    J'ai marché au milieu de mes congénères de toutes les couleurs et de tous les âges. Dès le soir de l'attentat beaucoup étaient déjà descendus dans la rue sans que personne le leur demande, avec dans les mains ce slogan tout bête et pourtant unificateur : « Je suis Charlie ».

    J'ai marché comme des millions de Français l'ont fait spontanément. Nous n'étions ni de gauche, ni de droite. Nous étions là, réunis par un même impératif : la révolte contre le fanatisme et la bêtise meurtrière et pour la défense de la liberté. Cette liberté qui permet à des journalistes et des dessinateurs de s'exprimer, pas toujours avec le meilleur goût, mais en ne maniant que la dérision, pas la haine.

    J'ai marché fraternellement avec les autres pour une idée, un principe qui paraissait à chacun important de défendre et qui nous réunissait par delà tous les clivages qui pouvaient nous séparer

    J'ai marché, étonné de voir ce peuple que l'on disait apathique et désabusé, lancer des salves d'applaudissements, brandir des drapeaux français et entonner timidement la Marseillaise comme s’il avait perdu l’habitude de la chanter. Etonné de voir ce peuple remercier les policiers dont certains avaient donné leur vie pour nous défendre.

    J'ai marché, heureux d'être là, d'appartenir à cette nation, à ce peuple descendu en masse dans la rue au nom des principes qui ont forgé la République et en montrant à quel point il y tenait.

    J'ignore ce qu’il en sortira, probablement rien. Car je ne crois pas aux phrases toute faites comme « un avant et un après » ou « plus jamais ça », mais je suis content d'avoir marché, lié à d'autres par un sentiment commun. Une marche calme, puissante, d’une ampleur que je n'avais encore jamais vue et que je n'aurai sans doute plus jamais l'occasion de vivre.


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    Ils sont morts parce qu’ils pensaient et s’exprimaient en hommes libres, parce qu’ils montraient par un petit dessin toute l’absurdité du monde, parce qu’ils pointaient de leur crayon le ridicule des fanatismes.

    Les fanatiques supportent davantage la vue du sang que d’entendre rire.

    Ils ont fait un carnage.

    Nous serons privés des sourires que savaient faire naître l’admirable Cabu, Wolinski, Charb ou Tignous. Sans doute que leurs assassins à l’esprit demeuré sont-ils fiers d’avoir décapité Charlie Hebdo et « vengé » leur prophète, et certains se réjouissent de l’assassinat de ces hommes qui n’avaient comme armes que leurs plumes, en vomissant sur les réseaux sociaux un « bien fait pour Charlie Hebdo ».

    Une noire promotion d’enfer pour le livre de Houellebecq « Soumission » qui parait justement aujourd’hui et qui n’en avait guère besoin.

    Surtout pas d’amalgame nous dit-on. Certes, on entend beaucoup de musulmans plus ou moins pratiquants déclarer être horrifiés par cet attentat et c’est tant mieux qu'ils s'expriment.

    Reste que l’islam, partout où il est religion d’Etat, étale aux yeux du monde son intolérance vis-à-vis des autres et vis-à-vis de ses propres fidèles lorsqu’ils ébauchent une vague tentative de discussion sur leur religion. Ils sont alors accusés de blasphèmes, traités d’apostats, se retrouvent en prison, menacés de fouet ou de mort par une fatwa décrétée par un quelconque imbécile sans que cela gène le moins du monde les autorités, comme on l’a vu récemment en Algérie pour l’écrivain Kamel Daoud.

    L’islam d’aujourd’hui se montre bien plus intolérant qu’il ne le fut dans le passé. Pour que cette intolérance s’installe, il suffit qu’il soit majoritaire. Quand il ne l’est pas, elle s’exprime, comme aujourd’hui, par quelques individus violents qui veulent faire taire par la peur les esprits libres, surtout lorsqu’ils ont du talent.


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  • Résolutions (2)

    La semaine molle qui s’écoule d’une festivité à l’autre s’achève ce soir. En ce dernier jour de l’année 2014, le ciel de Paris est d’un bleu pétrifié par le froid avec une lumière rasante qui semble donner aux reliefs une dimension supplémentaire.

    Demain, l’année aura un nouveau numéro, et il faut bien constater que c’est le christianisme qui a imposé sa numérotation au monde entier à partir de l’évènement que fut l’apparition en Palestine d’un rabbin aux idées neuves. Si ces idées n’avaient pas déplu à l’occupant au point de le crucifier, auraient-elles eu autant de retentissement ? Mais allez savoir ! Les choses sont-elles écrites ou non ? Dieu seul le sait.

    Quoi qu’il en soit, c’est autour du jour de l’an que nous prenons des résolutions dont le respect s’épuise rapidement avec le temps.

    C’est donc en toute sérénité que j’envisage de prendre les résolutions suivantes :

    1. Regarder l’étiquette intérieure d’un pull ou d’un t-shirt afin de l’enfiler dans le bon sens. Surtout lorsque je suis pressé car c’est toujours dans ces moments-là que je commets l’erreur d’enfiler l’arrière devant et vice versa.
    2. Ne plus acheter des chaussures à lacets afin d’évier de trébucher en marchant sur un lacet défait.
    3. Ne plus accepter le Kir offert de bon cœur dans un restaurant, puisque je n’aime pas ça, mais que je bois tout de même pour ne pas vexer le donateur.
    4. Ne pas lire un magazine ou un journal de bout en bout comme s’il s’agissait d’un devoir de classe. Une fois pour toutes, sache que tu as réussi tes examens.
    5. Quant à fumer (ce que je déconseille fermement), ne fumer que ma pipe électronique. Avant-hier en démontant ma pipe à tabac, j’ai eu la révélation, bien tardive, (« Ils ont des yeux et ils ne voient pas ») de l’affreux goudron brun noir, semi solide, et nauséabond qui encrassait le tuyau, et à travers lequel j’aspirais goulûment la fumée depuis des décennies.
    6. Ne pas changer sans arrêt le « design » de mon blog et même parfois son nom au point de devenir méconnaissable et de passer inaperçu comme le caméléon.
    7. Relire mes commentaires avant de les publier afin de ne pas étaler aux yeux d’autrui mes fautes d’orthographe. Et dans le même ordre d’idée, ne pas oublier systématiquement le « pas » dans les négations.
    8. Dans le métro ne pas compter inconsciemment le nombre de Caucasiens, d’Africains et d’Asiatiques ou le nombre de personnes fascinées par leur téléphone portable. Ma formation scientifique, sans doute.
    9. Ne plus parler de Hollande. On ne tire pas sur une ambulance, même tombée dans un ravin où le risque de la rater devient très faible.

     10. Ne pas parler de Sarkozy sans prévoir du citrate de bétaïne pour lutter contre la gueule de bois provoquée par les excès.

     


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    « Si vous êtes américain athée et que vous voulez devenir conseiller municipal ou juré dans un tribunal au Maryland, il vaut mieux renoncer. Cet Etat de l’est des Etats-Unis à quelques dizaines de kilomètres de la capitale fédérale Washington et à moins de 200 kilomètres de la ville de New York est l’un des sept Etats des Etats-Unis à interdire l’accès à des fonctions publiques à ceux qui ne croient pas en Dieu... et qui le disent. C’est aussi le cas dans plusieurs Etats du sud et non des moindres: l’Arkansas, le Mississippi, la Caroline du nord, la Caroline du sud, le Tennessee et le Texas. » (Slate.fr).

    Bien sûr, cette discrimination est scandaleuse et n’aurait aucune chance d’être imposée à des communautés religieuses, quelle que soit l’absurdité de leurs croyances. Elle est, de plus, en contradiction avec la constitution américaine. Pourtant, les politiciens étatsuniens se gardent bien d’intervenir car d’après une étude réalisée en juin dernier la moitié des Américains désapprouveraient le mariage de quelqu’un de leur famille avec une personne athée, et hésiteraient à voter pour un candidat à l’élection présidentielle qui ne serait pas croyant.

    Une croyance rejetéeOn pourrait rétorquer à ces esprits étroits que l’athéisme est également une croyance. En cosmologie, les physiciens et mathématiciens considèrent aujourd’hui que l’univers est infini et peut-être multiples. Dans un univers peuplé de milliards de galaxies (dont la nôtre) et chaque galaxie peuplée de milliards de soleils, il est impossible de démontrer qu’une entité transcendantale appelée Dieu existe, mais il est également impossible de démontrer qu’elle n’existe pas. (Dessin de Geluck) L’athéisme est donc une croyance au même titre que les croyances religieuses et devrait être respecté comme elles. La croyance exige toujours plus de respect que toute autre idéologie car elle ne peut se prévaloir de celui naturellement acquis par la raison.

    On pourrait même avancer que l’athéisme est une croyance plus respectable que celles des religions : absence de légendes invérifiables, absence de dogmes contraignants, absence de promesses pour l’au-delà que les morts n’ont jamais pu contredire, et qui n’engagent que ceux qui les écoutent et y croient. Mais surtout, à travers l’Histoire, absence de massacres perpétrés spécifiquement en son nom, ce qui fut également le cas, me semble-t-il, des polythéismes. Certes, de nombreux massacres ont été perpétrés par des athées, mais pas uniquement au nom de leur athéisme mais au nom d’une idéologie plus vaste comme ce fut le cas pour la Révolution Française et les communismes.

    En compléments voir les commentaires 9 et 10


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  • L’escamoteur

    Jérôme Bosch : « L’escamoteur et les pigeons »

    A propos de la sortie prochaine (le 7/01/15) du nouveau livre de Houellebecq, « Soumission », qui serait un récit d’anticipation où l’écrivain imagine la France sous un régime islamique, Le Point (du 18/12/14) a interviewé l’inévitable Tariq Ramadan, islamologue de son état. L’objectivité de cet islamologue pour juger l’Islam pourrait s’apparenter à celle d’un sociologue des partis politiques amené à juger un parti dont il est par ailleurs l’un des secrétaires.

    Bien entendu, son verdict sur le livre à paraitre de Houellebecq est sévère (« Quand on perd son imagination on surfe sur la vague marketing » et « l’Islam fait vendre »). A noter que Ramadan porte ce jugement sur un livre sans l’avoir lu, ce qui dénote déjà une faille dans son objectivité.

    Pour lui la France islamisé « c’est un pur fantasme destiné à faire peur.. ». Le discours de cet islamologue – au demeurant très habile – semble avoir deux caractéristiques : sa faculté anesthésiante (tout va bien, laissez-vous faire, vous n’aurez pas mal), et le caractère évasif et contourné de ses réponses lorsqu’on lui pose des questions précises. Son joyau étant la réponse faite à Sarkozy à propos de la lapidation où il admettait la nécessité…d’un moratoire. Car, souvent, plutôt que de condamner franchement, il propose que l’on étudie la question. Ce qui ne mange pas de pain.

    « Politiciens, sociologues ou médias font de l’Islam un problème ». Pour lui, les problèmes existent sur le temps court alors que le temps long permettra d’apaiser et de réconcilier. Evidemment, il faut « laisser du temps au temps ». Il pense que le communautarisme disparaitra avec l’intégration de nombreux musulmans dans les rouages de la société. Si l’on peut estimer souhaitable que « les populations musulmanes sortent d’un ghetto géographique et intellectuel », la question est de savoir ce qu’elles feront de cette sortie. La multiplication des femmes voilées, la nourriture hallal dans les cantines ou la pression pour que les femmes et les hommes soient séparés dans les piscines sont autant d’exemples qui me laissent dubitatif. On peut sans acrimonie penser que l’intégration des musulmans dans une société laïque, alors qu’ils sont adeptes d’une religion où le temporel et le spirituel n’ont jamais été séparés, laissera à désirer.

    A la question sur l’égalité vestimentaire, Ramadan utilise sa technique de contournement en jugeant que l’important c’est l’égalité de l’accès à l’enseignement et au marché de l’emploi. Ce qui est vrai, mais cela veut dire que, pour lui, les femmes musulmanes, qui bénéficient heureusement de l’enseignement dans notre société, n’ont pas le droit de s’habiller comme elles l’entendent et sans subir de pression de la part de l’entourage. En Occident, contrairement aux sociétés musulmanes, il devrait savoir que les femmes ont les mêmes droits que les hommes et ne pas l’admettre, c’est ne pas s’intégrer. Mais il faut constater que beaucoup de musulmanes (notamment parmi les jeunes) semblent se voiler volontairement et le font encore davantage depuis que l’Islam fait des ravages meurtriers dans le monde. Cette entrave consentie à leur propre liberté augure mal d’une disparition du communautarisme.

    En fait, pour Tarik Ramadan, si l’Islam fait peur c’est surtout la faute du discours politique et intellectuel. Le Point fait cependant remarquer : « Mais comprenez-vous les angoisses que peuvent générer par exemple les images d’otages décapitées par l’Etat islamique ». Notre islamologue admet qu’  « Il faut un discours très clair des responsables musulmans pour expliquer que ces exactions sont inacceptables. Mais condamner ne suffit pas. » On en est bien d’accord. Alors que faut-il faire pour détourner cette jeunesse « attirés par les islamistes dogmatiques et violents » ? Et bien c’est simple : « avoir paradoxalement un discours beaucoup plus positif sur l’islam. Une vision négative sur cette religion ne peut qu’alimenter les frustrations »

    CQFD. C’est de notre faute. On n’admire pas assez l’Islam. Alors des jeunes frustrés se rendent par dépit dans des lieux où ils peuvent enfin se défouler en violant, tuant et décapitant religieusement.

    Mais quant est-il, Mr Ramadan, des fraichement convertis à l’Islam ? Sont-ils partis rejoindre l’ « Etat islamique » en raison d’une vision négative de l’Islam dont nous serions responsables ? Ou ne seraient-ils pas plutôt attirés par le côté obscur de cette religion que vous avez tendance à escamoter.


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  • Le Ponce Pilate de la Mosquée

    Lunel dans l’Hérault est un bourg de 26000 habitants dont 6000 seraient musulmans. J’ignore si tous les habitants d’origine maghrébine sont musulmans ou s’ils en existent qui ne le soient pas, puisque l’amalgame entre religion et ethnie est devenu habituel pour les arabes. Une dizaine de jeunes musulmans sont partis en Syrie et cinq ont été tués (dont le fils de l’ancien président de l’Union des musulmans de Lunel). Le maire dans un communiqué a souhaité que les responsables de la mosquée « s’expriment clairement pour condamner fermement ces départs ».

    La mosquée ne se sent aucunement responsable de la radicalisation de cette petite minorité de jeunes musulmans. Le président de l’Union des musulmans de Lunel refuse également d’agir sur le terrain de la prévention, et semble étonné de la demande de la mairie : « Qui réclamerait à une synagogue de rendre des comptes sur des Franco- israéliens partis servir dans l’armée israélienne lors de la dernière guerre à Gaza ? ». (Source : Le Monde.fr du 13/12/14)

    Que le responsable musulman exonère la mosquée de toute responsabilité dans la radicalisation de quelques-unes de ses ouailles, je veux bien le croire, mais qu’il se refuse à envisager sa prévention est plus discutable, voire suspect. Car ces jeunes qui partent pour le djihad le font au nom d’une interprétation de la religion qu’il enseigne, ce qui implique qu’une éventuelle prévention est concevable. Mais on ignore ce qu’il transmet et ce refus peut laisser supposer que cette radicalisation n’est peut-être pas en contradiction avec ses opinions. Quoi qu’il en soit, pour ce responsable religieux que des jeunes aillent se faire tuer en Syrie au nom de sa religion ne le concerne pas. Il s’en lave les mains.

    Dans un débat avec un musulman, le conflit israélo-palestinien vient habituellement sur le tapis comme argument définitif. Il est bien évident qu’une synagogue n’a pas à intervenir dans le départ éventuel de Franco-israéliens. Mais pour ceux-ci ce n’est aucunement une question de religion (d’autant plus que la plupart ne pratiquent pas ou peu le judaïsme), ils partent rejoindre l’Etat dont ils sont également citoyens pour participer à un conflit territorial.

    Si l’on fait le parallèle avec les Franco-israéliens, l’argument du responsable musulman de Lunel impliquerait que ces djihadistes devraient être qualifiés de Franco-islamistes, et le parallèle sous-entendrait que ce responsable attribue le statut d’Etat au « califat » irako-syrien (mais je veux croire qu’il n’en cautionne pas les exactions) et il trouve apparemment normal que ces jeunes de Lunel aillent le rejoindre pour l’établir et le défendre, comme les Franco-israéliens partent pour défendre Israël dans sa réplique aux attaques des islamistes du Hamas qui veulent sa destruction.

    Matthias Stomer (ou Stom) : « Pilate se lave les mains après avoir condamné Jésus »


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