• The Lancet va à Canossa

    Pietro Aldi : En 1077, au château de Canossa en Italie, l'Empereur germanique Henri IV s'incline devant le pape Grégoire VII afin que celui-ci lève l'excommunication dont il était frappé.

    Le groupe britannique de revues médicales (18) The Lancet vient de faire paraître un éditorial* où les rédacteurs se mettent publiquement des cendres sur la tête, et se traînent à genoux pour se faire pardonner d’avoir été des mâles blancs dominants. La faute étant avouée, la culpabilité prononcée, ils s’engagent devant le monde entier à « accroître la représentation des femmes et des collaborateurs provenant de pays à revenus faible et intermédiaire parmi ses conseillers de la rédaction, ses pairs évaluateurs et ses auteurs ».

    La présence féminine devra être obligatoire dans les comités, ce qui est sensé, et l’objectif étant que les comités comprennent au minimum 50 % de femmes. Cette parité obligatoire qui semble s’imposer partout en Occident est évidemment sexiste puisqu’elle conduit à choisir quelqu’un-e en fonction de son sexe, ce qui peut aboutir, quelle que soit la compétence de l’individu rejeté, à une discrimination de l’autre sexe.

    J’avoue que définir des collaborateurs par leur provenance « de pays à revenus faible et intermédiaire », c'est utiliser une circonlocution géopolitique d’une belle hypocrisie pour ne pas introduire la couleur de la peau dans la sélection, et en préférant plutôt mentionner le sous-développement (on dit en voie de développement depuis des décennies) de leurs pays d’origine, ce qui est finalement moins flatteur que d’avoir la peau bronzée.

    J’espère que cette poussée féministe et extra-blanc du Lancet, sûrement justifiée car elle vise à réparer des injustices du propre aveu des rédacteurs, n’ira pas jusqu’à adopter dans ses articles le langage châtré qui envahit les universités américaines où les étudiants atteints d’un féminisme aigu proposent de remplacer « femme enceinte » par « humain enceint » et même homme par « individu sans utérus ».

    Que le groupe du Lancet décide de ne recruter ses collaborateurs que sur leur compétence serait une bonne chose, qu'il ne l'ait pas fait jusqu'à présent en est une mauvaise, mais qu'il introduise d'autres critères que leur valeur personnelle est discutable et qu'il l'annonce en fanfare l'est encore plus.

    Pourrait-on rêver d’un monde où l’on ne choisira, ni ne rejettera une personne en raison de la couleur de sa peau, de son origine ethnique, de son vagin, de son pénis ou de son trou du cul ?

    *The Editors of the Lancet Group. The Lancet Group’s commitments to gender equity and diversity. Lancet. 10 August 2019. DOI:10.1016/S0140-6736(19)31797-0


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  • Lamentations

    Nombre de blogs (et souvent le mien) sont des blogs pessimistes. Les auteurs y déversent leurs récriminations plus que leurs critiques, et leur ironie ou leurs insultes plus que leur argumentation. L’avenir est évidemment noir, ce qui est exact pour chacun d’entre nous, et l’on a tendance à étendre notre propre mortalité à court terme à celle de la planète et de l’humanité dont on prévoit la fin prochaine, ce qui, d’une certaine façon, pourrait passer pour une consolation de notre propre disparition.

    Chacun de ces blogs « noirs » pourrait être assimilé à un mur dit des « lamentations » où l’auteur glisse son billet entre les pierres. Un billet plein de reproches plus que de prières.

    Le Point a publié le 3/08/19 un article intitulé : « L'Occident est-il condamné au pessimisme ? » à partir d’une analyse du philosophe des sciences Maarten Boudry parue dans Quillette, (journal australien en ligne, article traduit par Peggy Sastre).

    Boudry y fait l'inventaire de quatre sortes de pessimisme répandues dans les sociétés occidentales, de la nostalgie au pessimisme cyclique. Les extraits de l’article du Point sont en italique. Ce pessimisme existe alors qu’à bien des égards, le monde n'a jamais été en meilleure forme qu'aujourd'hui. Les gens vivent plus longtemps, en meilleure santé, plus paisiblement et en sécurité qu'à n'importe quel autre moment de l'histoire et ces améliorations ont été obtenues grâce à l’application des idées occidentales et paradoxalement ce sont les Occidentaux qui auraient la vision la plus sombre de l’avenir.

    Les causes de pessimisme invoquées ne manquent pas et Boudry classe les comportements à leur égard en quatre catégories :

    Le pessimisme nostalgique

    Au bon vieux temps, tout était mieux. Le monde était intact et beau, mais aujourd'hui, tout part à vau-l'eau. En fonction des pessimistes nostalgiques, l'âge d'or se situera dans un temps historique différent. Pour certains, il s'agit tout simplement du passé qu'ils ont eu la chance de connaître dans leur jeunesse. Pour d'autres, l'utopie est un peu plus lointaine. C'était la Belle Époque précédant les deux guerres mondiales, la vie simple des communautés paysannes médiévales, ou encore « l'harmonie avec la nature » de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs...

    Les déclinistes de droite romantisent une époque où les gens (surtout les jeunes) obéissaient encore à l'autorité et à la tradition, tandis que leurs homologues de gauche soupirent pour une époque où la solidarité et la confiance mutuelles étaient encore des valeurs largement estimées. Bien sûr, les uns comme les autres cherchent les responsables et le tournant idéologique qui ont conduit à la détérioration de la situation et à la spoliation du paradis et bien entendu les coupables sont à l’opposé selon le bord où l’on se trouve. Le complot n’est pas loin.

    Le pessimisme « vous allez voir ce que vous allez voir »

    Contrairement aux nostalgiques, certains sont disposés à admettre que le monde s'est considérablement amélioré au cours des deux derniers siècles. Mais, affirment-ils, cela ne peut pas durer. L'orgueil de l'homme moderne, croyant naïvement au progrès, doit être puni tôt ou tard

    Aujourd'hui, en Europe, les principales prophéties à tourmenter les catastrophistes sont la peur du changement climatique et celle d'une Europe transformée en « Eurabie » à la faveur d'une immigration islamique massive. Et curieusement : plus vous aurez peur de l'un, moins vous aurez de chances de craindre l'autre. Autrement dit, la crainte écologique est souvent inversement proportionnelle à la xénophobie. A mon avis, les pessimistes profonds craignent les deux.

    Si vous êtes persuadé que le monde court à sa perte à moins de prendre des mesures aussi immédiates que drastiques, vous avez la justification parfaite pour des actions extrêmes, voire inhumaines, que vous n'auriez jamais envisagées en temps normalD'un autre côté, la mise infinie du catastrophisme « vous allez voir ce que vous allez voir » peut facilement avoir l'effet inverse de celui recherché : la paralysie. Si la société s'achemine vers un désastre total si nous ne prenons pas immédiatement des mesures drastiques et que ces mesures sont soit impossibles, soit éthiquement inacceptables, alors autant nous résigner à l'inévitable. Ce n’est plus du pessimisme, c’est du désespoir.

    Le pessimisme cyclique

    Ce type de pessimiste admettra que les choses vont plutôt bien en ce moment, sans penser pour autant que notre chance actuelle soit historiquement exceptionnelle. L'humanité a déjà connu des périodes de prospérité et de paix relatives, mais toutes ont pris fin tôt ou tard. Le cours de l'histoire, pour le pessimiste cyclique, va et vient comme les marées ou les saisons… Quoi qu'il en soit, même s'il est vrai que rien ne garantit une poursuite indéfinie du progrès, le principal danger de la pensée cyclique est qu'elle peut rapidement se muer en pensée cynique. Si toutes ces courbes ascendantes doivent tôt ou tard retomber, rien ne sert d'essayer d'éviter l'inévitable.

    Le pessimisme du tapis roulant

    Le pessimiste du tapis roulant accepte que certaines mesures objectives du progrès (davantage de richesse, moins de violence, une vie plus longue et en meilleure santé) sont réelles, mais maintient que, malgré tout, nous n'avons pas vraiment avancé là où cela compte vraiment. À l'instar d'Alice et de la reine rouge dans Alice de l'autre côté du miroir, nous avons couru et couru pour nous apercevoir, lorsque nous avons repris notre souffle et regardé autour de nous, que nous n'avions pas bougé d'un iota depuis le départ. Dans ce type de pessimisme la notion de bonheur, bien difficile à appréhender est un critère pris en compte.

    Le pessimisme du tapis roulant est omniprésent dans le domaine de la justice sociale. Dans les milieux militants, les constats de progrès moral sont souvent rejetés comme un triomphalisme facile visant à enraciner les privilèges et l'oppression, et maintenir le statu quo. Un problème étant remplacé par un autre ou sous une autre forme…« théorie de la substitution » du mal selon « la loi de conservation de l'indignation »

    Là aussi le risque est de ne rien faire, le progressisme serait une perte de temps : Si nous sommes convaincus qu'un mal (racisme, oppression, violence) va toujours être remplacé par un autre ou qu'il va refaire surface sous une autre forme, autant renoncer à essayer de le combattre.

    Ainsi on pourrait conclure que si l’optimisme peut être béat, en permettant cependant d’éviter des souffrances lors de notre passage dans la bulle spatio-temporelle qui nous est dévolue, le pessimisme peut s’avérer dangereux en jugeant toute intervention sur l’environnement comme inutile ou à l’inverse en imposant des souffrances supplémentaires ou même des destructions sans avoir la moindre certitude de changer l’avenir ou de l’avoir prévu correctement.


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  • Comme les visiteurs de mon blog ont pu le constater, j’ai tendance à ajouter une illustration à mes billets en me servant sans vergogne de chefs-d'oeuvre picturaux. Un texte seul devrait suffire, s’il est attractif. Mais nous avons de plus en plus le goût des images : elles sont plus faciles d’accès, elles ne nécessitent aucun effort de compréhension, et elles sont parfois plus « parlantes » jusqu’à remplacer le texte. En outre, on sait que le texte peut mentir et on se méfie d’emblée d’un article si l’on n’est pas d’accord avec les prises de position antérieures d’un auteur.

    L’image, elle, est censée être vraie, elle prétend être la reproduction du réel. Or si l’on peut discuter un texte, il est plus difficile de discuter une image sans avoir une certaine compétence pour en affirmer la véracité car une image peut être remaniée ou anachronique. On connaît l’image des faux charniers en Roumanie dont la diffusion contribua à abattre le régime communiste. Mais on connait aussi l'impact considérable de la photo d'Aylan Kurdi, petit syrien de 3 ans, noyé, échoué sur une plage turque telle qu'elle fut diffusée.

    La télévision a comme obligation de transmettre des images, et elles ont un impact même si elles déforment le réel. Lors des manifestations des « gilets jaunes », pour illustrer les débats à leur propos, on voyait défiler en arrière-plan la répétition des mêmes images de manifestants marchant dans les rues donnant ainsi l’impression d’un défilé sans fin.

    Une illustration adéquate donne évidemment du poids à une déclaration, surtout si celle-ci est courte, c’est que fit ce pauvre Griveaux qui voulant bien faire en rappelant dans un tweet - la politique étant devenue un concert de gazouillis - la rafle du Vél d’Hiv’ de juillet1942 où la police française avait arrêté plus de 13000 parisiens et parisiennes, enfants compris, parce que d’origine juive, et dont quelques dizaines seulement ont survécu à leur déportation vers les camps d’extermination. Malheureusement, cet hommage aux victimes de l’Etat français d’alors est illustré par une photo de 1944 montrant dans ce même Vél d’Hiv’ des collaborateurs de l’occupant arrêtés après la libération de Paris. Ce besoin d’image a conduit le postulant à la mairie de Paris à illustrer l'hommage aux victimes disparues en montrant à leur place, les complices des bourreaux qui les firent disparaître.


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  • Le syndrome De RougyenHier soir nous sommes allés dîner dans un restaurant proche de chez nous dont nous avons l’habitude. Coïncidence : du homard breton figurait sur la carte pour la première fois depuis des années. Je me suis cependant demandé si son apparition n’était pas volontaire, le patron du lieu ne portant pas le gouvernement actuel dans son cœur, faisait-il donc ainsi allusion au ministre de la République, qui s’était fait pincé par ce crustacé lors de la période où il était président de l’Assemblée nationale au point de prendre à présent du repos pour une durée indéterminée hors des ors de la République ?

    Bien que le homard ne soit pas un de mes plats préférés, sans y être cependant intolérant, sinon à son prix que sa chair un peu caoutchouteuse rend discutable, nous l’avons choisi pour le repas, sans doute influencés par les évènements récents, en espérant inconsciemment nous élever ainsi à un niveau présidentiel, mais sans le décor princier qui va régulièrement avec. Peut-être que choisir de manger du homard par les temps qui courent (et ils courent de plus en plus vite), devait-il être également interprété comme une transgression, puisque ce crustacé est devenu l’objet des colères du peuple, et un motif aux violences verbales et même de menaces visant le consommateur présidentiel pour avoir payé le sacrifice de cet animal innocent avec des deniers publics.

    Nous avons dîné sur une table installée sur le trottoir à la vue de tous les passants et j’ai effectivement eu l’impression de commettre une transgression, un acte répréhensible en ressentant une pointe de culpabilité, et même une crainte de heurter le passant dont on ne sait jamais la réaction devant une telle provocation. Bref, un syndrome De Rougyen favorisé par une photosensibilisation. La consommation du homard est mal tolérée en pleine lumière, à la vue de tous, ou lorsque sa photographie est largement diffusée.

    Je suis sûr que j’aurais dégusté mon caoutchouc en paix si je l’avais mangé à l’intérieur du restaurant à l’abri des regards ou uniquement de ceux qui commettaient le même acte transgressif que le mien.

    NB. Je signale que c'était un demi homard et qu'il était petit.


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  • Les scènes de liesse et de violence de la part des Français d'origine algérienne pour célébrer, drapeaux algériens déployés, les victoires de l'Algérie en football montrent, s'il en était encore besoin, qu'ils se sentent bien plus Algériens que Français. Non seulement l'Algérie est leur patrie (même s'ils n'y ont jamais mis les pieds), mais nombre d'entre eux sont hostiles à la France, tout en préférant y vivre, et ne perdent pas une occasion d'exprimer cette hostilité, le contentieux à l'égard du pays où ils sont nés ne semble jamais vouloir s'éteindre. Les « indigènes » sont là pour entretenir l'hostilité et les récriminations.

    Et puisque que le football est un bon marqueur, rappelons les sifflets accueillant la Marseillaise ou le match amical France-Algérie, il y a quelques années, interrompu par des jeunes d'origine algérienne qui envahirent le terrain en brandissant des drapeaux algériens, ne tolérant pas que la France mène 4/0 et préférant tricher plutôt que de voir l'Algérie prendre une défaite cuisante.

    L'intégration (et l'assimilation) à la française a échoué pour une partie de cette population d'origine maghrébine, puisque nous en sommes à la troisième ou quatrième génération, sans doute parce qu'ils est difficile d'intégrer des descendants de colonisés qui en veulent aux descendants des colonisateurs que leurs ancêtres aient colonisé les leurs. Beaucoup font en outre partie de l'islam dont les préceptes deviennent pour nombre d'entre eux prioritaires par rapport aux lois de la République.

    Cette partie de la population finit par se comporter comme une corps étranger hostile que rien ne rattache véritablement au pays, sinon les avantages sociaux et les subventions qu'elle peut en tirer.

    Aux USA, la population est constituée de nombreuses ethnies, mais elles sont réunies par au moins un point commun : le « rêve américain » qui consiste, pour simplifier, à entreprendre et gagner de l'argent. En France, si chacun rêve de gagner de l'argent, tous rêvent de dépouiller ceux qui en ont. Aux USA, on admire ceux qui réussissent, en France, on les jalouse et on les hait. L'argent des autres est forcément sale et mal acquis.

    Alors, quel est le « rêve français » ? Le « rêve français » était d'être français. Les Polonais, les Italiens, les Espagnols, les Portugais et les autres, surtout de culture européenne, qui venaient en France rêvaient de devenir Français. Les Juifs malmenés en Europe de l'Est disaient en substance : « heureux comme un Juif en France » jusqu'à la Deuxième guerre mondiale où l'Etat français s'est déshonoré.

    Une partie des Français d'origine algérienne (ou marocaine ou tunisienne ou turque), Français parce que né dans l'hexagone, rejette la communauté française. Et si certains ne se foutent pas de la France, c'est qu'ils aimeraient l'islamiser : « la France est à nous » criait l'énergumène habillé d'un gilet jaune en insultant l'académicien Finkielkraut, Juif parfaitement intégré (et même assimilé) dans la société française, et qui n'hésite pas à défendre sa spécificité et sa culture malgré les attaques qu'il subit en la défendant.


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  • Le Monde délireDe plus en plus, la compétence et le talent ne sont pas les principaux critères de choix pour une fonction. Le choix doit être avant tout idéologique en accord avec les débats qui agitent la société, et notamment avec la volonté de promouvoir telle ou telle catégorie de la population avec comme critères de prédilection : la couleur de la peau, le sexe ou la façon de s’en servir.

    On vient de confier à deux femmes (blanches !) des postes de premier plan de l’Union européenne, or les médias ont rapidement glissé sur leurs qualités et leur parcours pour s’appesantir sur leur sexe et de s’extasier sur le fait – qualifié d’historique par certains - que des femmes aient été proposées à de tels postes. Je ne trouve pas ça admirable, je trouve ça normal. Je préfère penser que leur choix est fondé sur leur compétence, et que des hommes plus compétents qu’elles n’ont pas été écartés en raison de leur pénis.

    Récemment, une journaliste du Monde trouva regrettable que l’équipe américaine féminine ayant remporté le Mondial de football soit composée en majorité de femmes blanches, bien que, jusqu’à présent, la société américaine est encore à majorité blanche. Le talent pour cette journaliste n'entre pas en ligne de compte, et il semble nécessaire pour elle que la « diversité » soit représentée dans toutes les manifestations publiques. Cette journaliste a-t-elle protesté en voyant qu’il n’y avait aucun blanc parmi les huit sprinters finalistes sur 100m aux Jeux Olympiques ? S’est-elle offusquée de la prédominance des noirs dans l’équipe de France de football ? Le Monde délire, mais c’est chronique.


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  • Con-nexionsIl est certain que les objets connectés ne sont aucunement indispensables, mais il est aussi certain qu’ils peuvent nous ouvrir des horizons, sans nous rendre pour autant plus heureux. On peut difficilement contester qu’internet nous permet d’accéder instantanément à un vaste champ de connaissances, que le smartphone est utile, bien qu’hypnotique pour beaucoup, que l’ordinateur et la télévision nous donnent des images et des sons du monde entier, des spectacles à domicile et un flux d’informations et de connaissances.

    Mais comme chaque chose à son revers, si nous sommes ainsi connectés au savoir et au divertissement, nous sommes aussi Con-nexionsconnectés à la merde circulante et diminués par l’esclavage entraîné par la multiplicité des connexions et le temps que l’on y consacre. Les gens finissent ainsi par voir le monde davantage à travers leurs écrans, que dans sa réalité, la plupart marchent désormais dans la rue l’œil fixé sur leur smartphone. Ils en deviennent entièrement dépendants et le superflu s’est transformé en besoin.

    Le summum est atteint par la domotique qui prétend rendre intelligent votre habitat en vous rendant con, si le premier objectif est possible, le second est certain. Ce nouveau domaine consiste en l’art de maîtriser les objets et les systèmes à distance grâce à un appareil mobile. Ce remarquable progrès permet par ex. de cuire un plat sans être à la maison, fermer les volets à distance, chauffer une pièce avant votre arrivée et même avec la « gamelle intelligente » nourrir le chien sans contact ce que la pauvre bête pourrait peut-être regretter.

    La domotique aurait pour objectif de simplifier la vie et de limiter les déplacements physiques. Simplifier la vie ? Sûrement pas, un système complexe a toutes les chances de présenter des dysfonctionnements, et appuyer sur un interrupteur me semble aussi simple et plus sûr que de commander vocalement l’ouverture de l’éclairage. Quant à limiter les déplacements physiques, c’est l’inverse qui est conseillé. La domotique peut en outre réparer vos oublis, c’est à dire affaiblir la fonction mémorielle. La domotique est inutile (sauf peut-être pour la sécurité), onéreuse, source de soucis et…malsaine.

    Les promoteurs de la chose ont en outre le toupet d’affirmer qu’ils s’efforcent de répondre à nos besoins, alors qu’ils en fabriquent d’artificiels pour nous appauvrir car la domotique est un énorme marché se chiffrant en milliards d’euros.

    La manie de vouloir commander à distance confine souvent à l’absurde. Pour entrer dans l’intime, mon sèche-serviettes étant tombé en panne et sa résistance électrique ayant disparu du commerce, il m’a fallu changer l’ensemble. Mon nouveau sèche-serviettes est moderne : aucun bouton, aucun interrupteur, mais Ô miracle, une télécommande dont l’intérêt est évident : pouvoir sortir, même nu, de la salle de bain et pouvoir déclencher le séchage des serviettes que l’on vient d’utiliser une fois parvenu dans la cuisine pour boire une bière. Avantage incontestable par rapport à l’ancien sèche-serviettes où j’étais obligé de me baisser pour appuyer sur l’interrupteur marche/arrêt. Mais attention ! on ne peut pas arrêter l’appareil quand on le veut, il faut attendre que le temps de la programmation soit écoulé. J’ajoute qu’une fois l’installation faite il a fallu qu’un spécialiste revienne le lendemain car la connexion entre la télécommande et l’appareil ne fonctionnait pas.

    Le progrès technologique, même idiot, ne s’arrêtera pas car la consommation ne doit pas faiblir, et à côté de l’obsolescence programmée, il faut inventer sans cesse de nouveaux produits à vendre, même sans intérêt, les publicitaires et les médias se chargeant de leur en donner.


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  • Suicides intéressés

    « Deux kamikazes se sont fait exploser, l'un sur la principale avenue de la capitale de la Tunisie, l'autre devant la porte du complexe de Gorjani, où sont rassemblés des services de la Garde nationale et de la police judiciaire » (Huffpost le 28/06/19).

    Double attentat revendiqué par le fantôme de « l’état islamique ».

    Ces deux islamistes ne sont pas des kamikazes. Ce terme qualifie essentiellement les pilotes japonais jetant volontairement leur avion, avec sa charge explosive, sur des navires américains pendant la IIème guerre mondiale. Tactique désespérée mais d’un bon rapport qualité/prix puisque le sacrifice d’un seul avion, et d’un seul pilote permettait d’endommager sérieusement ou même de détruire des navires surarmés et de tuer nombre d’ennemis.

    Là il ne s’agit pas d’un acte patriotique tentant de protéger son pays et les siens, mais d’un acte fanatique soutenu par une religion. Acte paradoxal, car dans les trois religions monothéistes le suicide est une offense à Dieu, seul maître de notre destinée. Particulièrement paradoxal en islam ou le suicide conduit en Enfer :

    « Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous. Et quiconque commet cela, par excès et par iniquité, Nous le jetterons au Feu, voilà qui est facile pour Allah. » (Coran 4 : 29-30).

    Sans savoir ce qui pousse ces musulmans à se suicider en tentant de tuer à l’aveugle les autres, dont des musulmans, il est fort à parier que ceux qui « lavent leur cerveau » (« laver » n’étant pas le terme approprié, « salir » serait peut-être plus adéquat), leur font miroiter une récompense, et s’agissant d’une récompense post mortem, il ne peut s’agir que du paradis.

    Il faut vraiment être persuasif, car si l’on se réfère au verset ci-dessus (peut-être ignoré par les intéressés ou occulté par les laveurs de cerveaux), l’explosé, les organes éparpillés (très déconseillés en islam), se croyant en route pour le paradis aura la désagréable surprise de se retrouver en enfer.

    Il est vrai que pour un incroyant, le destin post mortem de ces suicidés sera à ses yeux moins dramatique que prévu par le Coran puisque le supplice éternel ne s’ajoutera pas à la mort.

    Le paradis est toujours décrit comme un merveilleux jardin où l’eau abonde, ce qui est compréhensible car les religions monothéistes sont nées dans des régions chaudes ou même désertiques du Moyen Orient où l’eau est précieuse. En islam s’y ajoutent des femmes, ce qui rend le paradis encore plus séduisant.

    Pour l’incroyant, la promesse du paradis est une merveilleuse arnaque, à l’égal des escroqueries qui vous promettent monts et merveilles en prenant votre argent que vous ne revoyez plus. L’argent, c’est peu de chose comparé à la vie, mais il faut se rendre à l’évidence, il est impossible de démontrer l’escroquerie, et donc de punir les coupables. C’est pour cela que pour un incroyant, le paradis est la plus grandiose et la plus parfaite des escroqueries.

    Illustration : Bosch "Le jardin des délices"


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    Une arme de contrainte massive

    « C'est une première en France. Le tribunal administratif de Montreuil a donné raison à une mère et sa fille qui avaient poursuivi l'État français pour "carence fautive". Selon la justice, les autorités n'ont pas pris de mesures suffisamment efficaces pour réduire la pollution atmosphérique. »

    Habitant Saint-Ouen à l'époque, tout près du périphérique, les deux femmes ont attribué aux particules fines leurs difficultés respiratoires : bronchites chroniques, crises d'asthme à répétition… pathologies accentuées lors des pics de pollution. Ce qui est vraisemblable, d’autant plus que l’état de santé de ces personnes s’est amélioré après avoir déménagé à Orléans sur les conseils de leur pneumologue.

    Le tribunal a estimé que les seuils de concentration de certains gaz polluants avaient été dépassés de manière récurrente entre 2012 et 2016 dans la région Île-de-France, et les mesures mises en œuvre insuffisantes au regard des obligations fixées notamment par les directives européennes et transposées dans le code de l'environnement.

    Mère et fille ont donc réclamé 160 000 euros en réparation du préjudice subi. Mais cette demande d’indemnisation a été rejetée, « le tribunal estimant que le lien de causalité entre leurs maladies respiratoires et l'insuffisance des mesures prises par l'État n'était pas "directement" établi ». Un peu de bon sens, tout de même, l'Etat ne débourse que l'argent du contribuable et cette indemnisation c'est nous qui devrions la payer.

    Cette décision de justice a satisfait nombre d’associations prêtes à s’engouffrer dans la brèche et une cinquantaine de recours ont déjà été déposés par d'autres victimes de la pollution. Logiquement des millions d’autres recours seraient à prévoir.

    J’avoue que cette décision administrative me rend perplexe. Je ne conteste évidemment pas le rôle néfaste de la pollution atmosphérique sur les maladies respiratoires, mais où va s’arrêter ici la responsabilité de l’Etat ? On estime ainsi que l’Etat est maître de tout l’environnement, et qu’il est dans ses possibilités de le modifier à sa guise. Il est certain qu’il existe des « obligations », mais c’est un peu théorique, ce sont plus des objectifs que l’on doit s’efforcer d’atteindre que des règles à appliquer. Les associations écologiques vont se saisir de cette arme juridique pour obliger l’Etat à prendre des mesures plus contraignantes pour l’ensemble de la population. On peut prévoir que ces mesures ne seront pas toujours possibles et pas toujours efficaces. Doit-on fermer le métro parisien où la pollution en particules fines est nettement plus importante que sur le périphérique ?

    Ajoutons que plus la responsabilité de l’Etat augmente, plus la responsabilité de l’individu diminue, ce qui conduit à une infantilisation du citoyen. La canicule actuelle montre à quel point l’Etat va jusqu’à nous materner en s’adressant à la population comme à des enfants irresponsables en multipliant les conseils les plus élémentaires. Mais s’il ne le faisait pas, on lui reprocherait de ne pas le faire.

    Illustration : Monet "Gare St Lazare"


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  • Des valseuses pour toutesDans le JT de Pernaut, le journaliste Michel Izard a osé commenter des images extraites d’un match de football joué par des femmes de la façon suivante : "Avec des gestes si délicats, au bout de doigts si fins, on peut comprendre que certains rêveraient d'être à la place de la balle. Mais l'essentiel est ailleurs, dans ce jeu léger de jambes. Pour faire comme les garçons, pour faire du tricot sur la pelouse : une maille à l'endroit, une maille à l'envers... Et donner le tournis ou la rage de vaincre, entrer du bout du pied dans la ronde des jongles, numéro d'artiste de la Japonaise Hasegawa, même si la quête de grâce ne fait pas toujours dans la dentelle." 

    Les réactions n’ont pas tardé, et le journaliste, qui voulait sans doute faire dans le compliment voire dans le madrigal, fut accusé de sexisme. Il se répand à présent en excuses et se dit "dévasté" d'avoir commis une telle abomination.

    On se demande vraiment en quoi l’auteur de ce commentaire s’est livré à une discrimination basée sur le sexe. La première phrase un peu coquine n’a rien de dégradant, à moins que la féminité le soit. "Tricoter avec les jambes" n’est pas à la portée de tout le monde et les images montrées permettaient d'utiliser cette image assez courante. Et de quoi un commentateur sera-t-il accusé lorsqu'il dira d’un footballeur mâle qu’il « tricote » avec les jambes en faisant une maille à l'endroit, une maille à l'envers ?

    Ce commentaire se voulait amusant, il n’est pas sûr qu’il le soit, mais de toute façon on ne peut plus sourire. Invoquer la moindre différence, même si elle est plutôt favorable, est interprétée comme une agression. En fait, le processus est unidirectionnel. Une femme peut se moquer d’un homme sans que sa remarque soit considérée comme discriminatoire. En voici un exemple : à la suite du commentaire de Michel Izard, des images de Cristiano Ronaldo en action ont été commentées sur le site féministe Madmoizelle par la journaliste surnommée Queen Camille et relayée près de 10 000 fois sur Twitter : "Le regard lointain, la mâchoire carrée, Avec une jolie boucle d'oreille, pour faire comme les filles. Le jeune homme réalise son rêve de petit garçon. Ses muscles saillants de mâle dominant étourdissent l'adversaire, il est évident que certains rêveraient d'être ce short qui enserre sa taille. L'objectif est simple, marquer un but et pourtant pas si facile. Le puissant athlète exprime une rage virile"... 

    Et alors, on s’en fout…

    Il est certain que toutes les communautés qui ont eu à souffrir des autres ont une hypersensibilité qui les fait réagir au quart de tour. Cette réaction est aussi le fait de ceux qui ne sont pas touchés mais se considèrent comme des gardiens vigilants de l’orthodoxie du langage. La crainte d’être aussitôt montré du doigt virtuel par la meute en réseau aboutit à créer une autocensure de l’expression jusqu’à l’absurde et à rabougrir le sens de l’humour jusqu’à sa disparition. Je ne sais même pas si de l’humour sur les animaux ne soulèverait pas les protestations des antispécistes.


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