• Les religions et le coronavirusL'Église évangéliste Shincheonji en Corée du Sud en rassemblant ses fidèles au début de la pandémie, et par son comportement a facilité la propagation du virus. Même chose pour le rassemblement évangélique de Mulhouse. En ce moment, en Afrique, les fidèles se précipitent dans les églises, malgré les autorités : "Soyons responsables. Nous allons tous mourir et ensuite aller en enfer !", a lancé le porte-parole du gouvernement zimbabwéen, Nick Mangwana. En cause, l'affluence dans les églises de Harare, dimanche, malgré l'interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes. Mégaphone à la main, la police de Lagos, ville tentaculaire de 20 millions d'habitants, tentait, elle aussi d'empêcher les fidèles de se rendre dans les églises, d'habitude bondées au Nigeria. » (AFP).

    Des prédicateurs islamiques affirment que des phrases magiques adressées à Allah sont capables de protéger les musulmans de toute contamination. L’un d’entre eux (vidéo signalée par Carlus dans les commentaires de l’article précédent) devant une belle bibliothèque pour faire sérieux révèle une phrase magique à répéter trois fois dans la journée en affirmant qu’avec cette incantation, le fidèle n’aura plus rien à craindre et sera totalement protégé " SAUF SI DIEU EN A DECIDE AUTREMENT" (réserve dite très vite et à peine audible). Imparable. Mais dangereux, ne pas prendre de précautions risque de pousser Allah à en décider autrement pour le crédule et ses proches.

    Des Marocains sortent dans la rue malgré le confinement pour prier : "Allah Akbar, Dieu est grand et seul à pouvoir nous aider", ont scandé les fidèles réunis à Tanger, Fès ou encore Tétouan (nord), certains parlant du nouveau coronavirus comme d'une "épreuve divine",

    Ces attitudes nous ramènent au temps des pestes dévastatrices du Moyen Âge où tous les moyens étaient recherchés pour amadouer le Ciel : prières, processions, pénitences et flagellations. Lors de la peste du XIVème, des centaines d'hommes et de femmes venant d'Aix-la-Chapelle exécutaient jusqu'à épuisement une danse de Saint Guy sur la place publique, et allaient de ville en ville : Cologne, Metz et Erfurt, entraînant les spectateurs dans leurs convulsions frénétiques. La Confrérie de la Croix arrivant de Hongrie, traversait l'Europe, les frères tête couverte et yeux baissés, portaient des costumes sombres avec une grande croix rouge sur la poitrine. Ils exécutaient en public, deux fois par jour, des flagellations avec des fouets à triples lanières terminées par des pointes de fer. Leur venue était annoncée par des sonneries de cloches. La compagnie continuait sa tournée de ville en ville à moins que la peste de la décime.  Ces démonstrations impressionnantes, comme on pouvait s’y attendre, étaient toutes inefficaces. Les hommes d'Eglise s'efforçaient de déterminer le péché responsable. Il variait selon les pays. On incriminait l'impiété, l'opéra ou le théâtre ou les habits trop voyants ou les longs souliers pointus, attribuant à Dieu des préoccupations pour le moins frivoles.

    Sommes-nous si loin du XIVe siècle ? Aujourd’hui les gens se précipitent en Afrique et sans doute ailleurs, dans les églises et dans les rues pour prier Dieu de les épargner ou adressent à Allah une phrase magique censée assurer une protection totale sauf  si Dieu en décide autrement.

    Reste tout de même que les autorités religieuses, aujourd'hui, ne perdent pas leur bon sens, ne recherchent pas le péché à l'origine de la punition divine (bien que certains pourraient bien avoir leur idée là dessus*) et demandent aux fidèles de rester chez eux, de ne pas se rassembler dans les églises ou les mosquées et l'esplanade de La Mecque est déserte. Ce qui montre le peu de confiance qu'elles ont dans l’intervention divine considerée sans doute comme moins efficace que le masque FFP2.

    Les religions et le coronavirus

    Le coronavirus n'oserait pas s'attaquer au dieu de la Corée du Nord, le seul sans masque et dont les postillons sont sacrés

    Illustration : Chaim Soutine : "L'homme en prière"

    * Hani Ramadan, le frère de Tarik Ramadan (dont on connait les agissements) déclare que la pandémie actuelle « est le fait que les hommes se livrent ouvertement à la turpitude, comme la fornication et l'adultère, ce qui déclenche des maladies et des épidémies nouvelles ».


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  • Confiné chez moi comme tout le pays, loin de la horde de mes semblables, je pense que Blaise Pascal avait bien raison de dire : "Tout le malheur des hommes est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre". Devant la fenêtre ouverte où entre le soleil, je lis « Les papiers de Jeffrey Aspern » d’Henry James, un récit désuet d’une élégante futilité. La rue vide est d’un silence suspect. Ce matin j’ai entendu les croassements inquiétants d’un corbeau, attendait-il un cadavre ? Et cet après-midi j’ai eu la surprise d’entendre le cri déchirant d’une mouette perdue bien loin de la Seine ! Et plus tard, dans la cour, les trilles superbes d’un oiseau dont j’aurais aimé connaître le nom. Curieuse impression du retour des animaux joyeux dans la ville désertée, attirés par le silence.

    L’immeuble en face semble désert, ses habitants sont-ils partis apporter leurs germes en province sous le regard hostile des campagnards et la réprobation furibarde des médecins de campagne ?

    La vue de l’immeuble en face sans vie est plutôt monotone. Un peu de verdure ne m’aurait pas déplu. Pour la mer, il faut attendre un réchauffement climatique plus conséquent.

    Demain, nous serons vendredi. « Une vidéo circule sur les réseaux sociaux montrant un étrange appel à la prière, lancé par un muezzin qui, à la fois, signale l’heure du rite et invite les auditeurs à prier chez eux. Une première depuis des siècles de convocations ». (Kamel Daoud). L’esplanade de La Mecque serait entièrement déserte. Ce virus est un mécréant. C’est la fin des prières de rue, mais sur les marchés de Barbès dans la foule bêtement compacte, ce mécréant s’est converti.


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  • L’altération de l’altérité 2


    Le mois dernier j’ai commenté le rejet de l’autre en tant que différent : différence sexuelle, de couleur de peau, d’origine, de statut, de comportement, d’opinion, de religion. Un rejet qui exclue toute communication, tout débat, l’autre étant condamné pour ce qu’il est et ce qu’il pense. Sa parole devient inaudible, sa présence, son existence même n’est plus tolérée, on finit par s’en protéger comme c’est le cas dans les universités américaines, et comme nous en avons vu quelques exemples chez nous où l’on a interdit violemment à d’autres de parler, leur parole étant devenue intolérable pour des esprits sans tolérance, et pour tout dire : idiots

    Avec l’épidémie actuelle, l’autre est devenu officiellement dangereux, sa présence n’est tolérée qu’à un mètre de distance, sa parole à possibles émissions virales est dangereuse, et il faut s’en méfier Cette situation liée à l’épidémie ressemble bigrement à l’intolérance identitaire décrit dans le paragraphe précédent et que l’on pourrait donc qualifier de pathologique par analogie.

    La première fois que l’on m’a cédé une place assise dans le métro, j’ai appris brutalement que j’étais devenu vieux aux yeux des autres. Aujourd’hui on me le rappelle avec insistance, on stigmatise ma fragilité et cela finit par m’exaspérer. J’ai l’impression que les gens me regardent avec commisération, comme un condamné à mort à brève échéance.

    Je vais aller me promener.

    Illustration : Joseph Ducreux : "Peur"


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  • Ascenseur pour l’échafaudL’ascenseur est un lieu où je me sens toujours un peu mal à l’aise. Je ne suis aucunement claustrophobe, je n’ai pas la hantise de voir la cabine chuter, mais on ne peut jamais exclure son arrêt intempestif avec la perspective d’une attente longue, confiné dans un espace étroit sans la possibilité de faire quoi que ce soit, y compris le nécessaire. On n’est pas toujours dans des quartiers où les parois nous offrent des gravures graveleuses pour nous distraire, bien que les motifs soient toujours les mêmes et l’imagination des artistes un peu limitée.

    La gêne s’accroit dans les petites cabines qui ne contiennent que deux ou trois personnes. Une promiscuité imposée, des odeurs testées, avec la nécessité de contrôler son regard afin que celui-ci soit suffisamment vide pour ne donner lieu à aucune interprétation équivoque, surtout lorsque son vis-à-vis ou son côte-à-côte est une femme lorsque l'on est un hétérosexuel des plus classiques.

    A présent avec l’épidémie de covid-19, la promiscuité dans l’ascenseur devient un danger bien que le lieu ne se prête pas aux postillons, le silence étant habituellement respecté. Cependant, la présence du virus ne peut être exclue sur les parois mêmes de la cabine où il peut résister plusieurs heures dans l’attente d’un hôte bienveillant car il n’est pas impossible qu’un voyageur solitaire précédent se soit permis d’éternuer ou de tousser sans précaution étant seul dans la cabine.

    Ce matin devant un ascenseur ne contenant que deux personnes nous étions deux à l’attendre. La dame m’a interrogé du regard puis m’a demandé : « que fait-on ? ». Je lui ai répondu : « dos à dos ». C’est la position qui me semble la moins dangereuse. La dame n’a présenté aucune réticence pour adopter cette position. Il n’y a plus qu’à attendre 14 jours pour savoir si elle était satisfaisante.  


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  • Retour futur vers le passé

    Dessin publié dans Slate

    Comme beaucoup d’éditorialistes l’ont remarqué, cette infection par le nouveau coronavirus qui se déploie comme une pandémie à travers le monde nous donne le spectacle d’une société en train de rétropédaler vers le passé, et peut-être d’une ébauche de ce que pourrait être la société future si le programme prôné par certains écologiques est appliqué.

    Les frontières se ferment, mais leur fermeture n’a sûrement pas l’efficacité du masque FFP2 pour faire obstacle au passage du virus. Ce retour vers le passé donne un frisson de satisfaction aux partisans du protectionnisme, mais si l’on peut arrêter une grosse marchandise, il est plus difficile d’arrêter un germe minuscule partisan du libre-échange.

    Par contre cette fermeture et ses conséquences ont bien mis en évidence l’interdépendance des Etats et pointé du doigt la dépendance de la plupart des sociétés occidentales pour la fabrication des objets et des produits chimiques, pourtant de première nécessité, confiée imprudemment à des puissances étrangères, après avoir abandonné elles-mêmes les entreprises qui les produisaient, et en livrant, de surcroît, aux pays du bout du monde la technologie qui permet de les produire.

    Quant aux écologistes, ils n’en demandaient pas tant : décroissance, chute des déplacements sur terre, sur mer et dans les airs, spéculation en berne, baisse de la consommation, même si certains, pris d’une peur archaïque, constituent des stocks, notamment de papier Q dont l'abondance est l’indice d’une société qui tient à ses fondements.


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  • Saluts périlleux 2J’ai récemment lu un article où l’auteur mettait l’accent sur l’infantilisation de la population orchestrée par l’Etat : n’embrassez pas qui vous voulez, lavez-vous les mains toutes les heures, gardez vos postillons pour vous en épargnant votre vis-à-vis, ne toussez pas dans l’atmosphère ni dans vos mains, ne vous touchez pas le visage (Trump a avoué que ça lui manquait. Il est vrai que l’on se palpe le visage plusieurs centaines de fois par jour !)), méfiez-vous des poignées de porte, des touches de clavier, ayez peur de la souris etc… Effectivement ce sont des recommandations répétées un peu agaçantes. L’auteur de l’article s’élève donc contre tous ces conseils omniprésents (ils incitent également à la panique) qui suggèrent que les gens sont un peu demeurés et irresponsables. L’ennui, c’est qu’ils le sont et qu’ils ne pensent pas à tout, les médecins eux-mêmes commettent des erreurs. Je vois autour de moi des gens qui en se rencontrant se font la bise double ou triple. Certes, j’ai aussi remarqué qu’il s’agissait le plus souvent de personnes plutôt jeunes estimant sans doute que le covid-19 ne tue que les vieux, ce qui n’est pas entièrement faux.

    Depuis Semmelweiss (voir 295) on sait que les mains sont les meilleurs vecteurs des germes partagés, et la poignée de mains est le symbole de la confiance aveugle que l’on accorde à la personne à qui on serre la main, notamment quant à son hygiène.

    Saluts périlleux 2

    Il y a plus de 10 ans j’avais publié un petit article que je réédite ci-dessous :  

    Lorsqu’on se rencontre, on se salue. Poignée de main et plus si affinité. Mais nous sommes avertis que le virus guette, prêt à sauter véhiculé par une gouttelette des orifices d’autrui à vos propres orifices ou à être convoyé par la main amicale. Alors que faire ? Parler de profil ? Se laver les mains dès que possible après en avoir serré une étrangère ? En cachette, bien sûr, si on ne veut pas vexer autrui.

    Se saluer n’est donc pas aussi simple qu’il parait. Et que dire de la poignée de main elle-même qui peut déjà vous éclairer sur l’autre. Je ne parle pas de la main moite qui est un handicap et sur laquelle il ne faut porter aucun jugement. Je veux parler de deux opposées. La main énergique qui vous broie les phalanges et provoque une douleur (surtout si l'on porte une bague, ce qui est souvent le cas des femmes qui peuvent en porter plusieurs). Cet excès d’énergie me parait toujours suspect, cette main broyeuse peut cacher une faiblesse : donner l’apparence de la force qui n’existe pas. A l’opposé, rien n'est plus désagréable que la main molle qui se dépose dans la vôtre comme un steak décongelée, il est à craindre que son propriétaire soit à l’image de sa main.

    Mais en ligne, je peux vous saluer sans appréhension

    Illustration : Klimt « Hygie »


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  • Aux armes, citoyennes !

    "Allons n’écoutez pas ces rumeurs. Cette histoire épidémie est très exagérée"

    Dans le fond, ce médecin n’a pas entièrement tort, le taux de mortalité provoqué par le covid-90 est heureusement faible (surtout si l’on pouvait comptabiliser les formes inapparentes) même s’il reste supérieur à celui de la grippe saisonnière, cependant, celle-ci laisse chaque année quelques milliers de morts sur le carreau en raison du nombre de personnes atteintes. Mais en regardant ce dessin on peut se poser la question : le médecin veut-il, ainsi accoutré, se protéger du virus ou...de la femme assise devant lui ?

    Le taux de bêtise tend, lui, à augmenter inexorablement. Son expression militante a même atteint la plus grande partie de la salle Pleyel lors de la remise des César où l’on a hésité à prononcer le nom de Roman Polanski comme si le prononcer était contagieux. Le grand vainqueur de la soirée étant devenu un pestiféré innommable comme le dit Sébastien Le Fol, qui ajoute que le nommer aurait été cautionner le viol qu’il a commis en 1977. Par « principe de précaution », il est donc déconseillé d'aller voir ses films qui sont manifestement des vecteurs de sa perversité, un signe de complicité avec leur réalisateur et d'appartenance avec lui au camp du Mal. Saluons le courage des innombrables spectateurs qui ont pris le risque de le faire

    « La cérémonie des César 2020, c’était la fête des voisins vigilants… Les nouveaux justiciers comptaient bien transformer la salle Pleyel en prétoire avec, d’un côté, les dominants, et de l’autre, les dominés et les offensés. Chacun était sommé de choisir son camp. Quelle était donc l’alternative à Polanski ? Le narcissisme indécent de Florence Foresti ? L’indigénisme et le racialisme militants d’Aïssa Maïga ? ».

    Pour s’élever contre l’attribution à Roman Polanski du César de la meilleure réalisation que l’académie a osé lui décerner, les féministes outragées, emportées par une soif de vengeance contre la gent masculine, n’ont pas trouvé mieux que d’ouvrir un réseau de multiples officines de délation où chacune aura l’opportunité de déposer ses plaintes réelles ou vengeresses en dévoilant aux yeux de tous le nom des auteurs masculins réels ou supposés des méfaits subis et ainsi exhibés.

    Dans le passé les femmes avaient une arme : le charme et la séduction qui leur permettaient de pallier leur situation sociale de dominées. C’est ainsi, pour citer un exemple, que les Gauloises ont amené par le mariage de nombreux Francs à se convertir au christianisme. Aujourd’hui, bien heureusement, la situation des femmes a changé. Elles n’ont pas déposé l’arme de la séduction, elle peut toujours servir, et les hommes ne s’en plaignent pas, mais certaines d’entre elles veulent à présent se servir d’une arme de dissuasion redoutable : la délation, capable de paralyser les hommes ou de ruiner leur vie.

    La délation généralisée, surtout lorsqu’elle est anonyme, est le signe d’une société malade. Une maladie, ici, à transmission féminine.


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  • Perplexités d’un ignorant

    Il y a neuf ans, je me posais la question : faut-il avoir peur de l’écologie ? Je pense que l’on peut répondre par l’affirmative. En particulier depuis l’apparition des activistes anarcho-gauchistes d’Extinction Rébellion dont les actions, qui deviendront sans doute de plus en plus violentes, sous le couvert de l’écologie, expriment surtout une rébellion visant davantage la société capitaliste dont ils aimeraient l’extinction que la sauvegarde de la planète.

    L’échec ou l‘épuisement des idéologies du XXème siècle fait de l’écologie la seule perspective sociale envisageant l’avenir sur des bases scientifiques (bien supérieures aux analyses socio-économiques du type marxiste). Il n’est donc pas étonnant que le monde politique verdisse à vue d’œil avec en Occident une résistance, sans doute provisoire, Outre-Atlantique.

    L’écologie prend même l’allure d’une religion où l’on distingue les bons et les méchants, les fidèles et les mécréants, les indulgences et les condamnations, où sont recueillies et diffusées les paroles des prophètes, et notamment de sa prophétesse qu’est devenue la jeune Greta Thunberg qui lance des anathèmes, le visage crispé par la méchanceté : « Je veux que vous paniquiez. Que chaque jour vous ayez peur comme moi. Je veux que vous agissiez comme si votre maison était en feu. Parce qu’elle l’est ». Si nous ne filons pas doux nous serons responsables de la fin du monde. En fait, nous sommes déjà coupables, et même pour certains des apôtres, il est déjà trop tard, alors je ne vois pas dans ce cas pourquoi ces apôtres désespérés continuent à nous emmerder en nous demandant parfois de voter inutilement pour eux.

    Comme dans toutes les religions, l’écologie a ses dogmes contradictoires. On ne peut pas à la fois condamner les énergies fossiles dégageant du CO2 et les centrales nucléaires qui en dégagent peu. Ce qui aboutit au paradoxe allemand où la fermeture des centrales nucléaires a conduit à les remplacer par des centrales à charbon particulièrement polluantes. On ne peut pas à la fois prôner (à juste titre) les économies d’énergie et constater que « là où une centrale nucléaire permet de créer 75 fois plus d’énergie qu’elle ne coûte à construire (35 fois plus dans le cas d’un barrage hydroélectrique), un parc photovoltaïque rapporte un rendement de seulement 1,6 fois plus d’énergie que celle investie et un parc éolien 4 fois plus » (Michael Shellenberger). Bien sûr si les centrales nucléaires ont une grande efficacité et un bon rapport, elles laissent des déchets dangereux pour de longues périodes. Leur enfouissement les rend, en principe, inopérants et occupe peu d’espace comparé à celui nécessaire à un parc d’éoliennes. L’existence de ces déchets nucléaires jointe au risque de catastrophes expliquent la condamnation des écologistes. Mais ne faut-il pas considérer que pour éviter une catastrophe planétaire, il est peut-être préférable de courir un risque régional en tentant d’améliorer encore la sécurité des centrales.

    Si j’ai bien compris (mais je peux me tromper car les perspectives envisagées par les écologistes ne sont pas explicitées clairement : beaucoup de formules péremptoires mais peu de précisions pratiques), la « transition écologique » consisterait à remplacer progressivement, mais totalement, les énergies fossiles et le nucléaire par des énergies renouvelables : hydraulique (déjà opérationnel, sauf les marées), vent et soleil, ces deux dernières sources d’énergie étant aléatoires et intermittentes alors que la consommation d’énergie est constante. Sans être compétent pour l’affirmer, il me semble peu probable que ces énergies renouvelables pourraient subvenir, seules, à la consommation actuelle d’énergie, à moins de modifier l’environnement de façon très radicale : « aux Etats-Unis, le système de production électrique ne requiert que 0,5% de la surface du territoire national. Mais passer à du 100% renouvelable demanderait d’utiliser entre 25 et 50% de tout le territoire des Etats-Unis, selon l’analyste Vaclav Smil ». (Michael Shellenberger). De beaux paysages en perspective.

    Reste à faire disparaître plus ou moins la civilisation actuelle telle que nous la connaissons, très gourmande en énergie, en débutant par l’informatique et les voitures électriques, et en demandant aux pays « en voie de développement » d’arrêter leur développement, même s’il s’avère plutôt lent, et en commençant par contrôler la procréation, ce qui est très faisable si Dieu nous le permet.

    ADDENDUM Article paru dans Marianne du 28/02/20 et dont j'ai pris connaissance après avoir mis en ligne mon billet

    Perplexités d’un ignorant


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  • Le sexe ravageur

    Le retrait de sa candidature à la mairie de Paris de Benjamin Griveaux, le jour de la Saint Valentin, à la suite d‘une vidéo (que je n’ai pas vue) où il se serait montré en posture favorable pour les érections municipales, mise en ligne par un soi-disant artiste russe dont les activités sont plus anarchiques qu’artistiques et que la France a eu la bonté (qui la perdra) d’accueillir comme réfugié, illustre bien la chanson de Souchon : tout se passe « sous les jupes des filles ».

    Le nombre d’individus coincés par leur pénis baladeur ne fait que croître. Une épidémie. Certes, le sexe a toujours joué un grand rôle dans l’histoire et notamment dans les religions, mais les galipettes d’alcôve ne dépassaient guère le baldaquin. Aujourd’hui, la prise facile des images (surtout quand on les prend soi-même !) et leur diffusion en chaîne dans le domaine public font qu’un homme en vue ne peut plus baiser tranquille, surtout en dehors de la couche conjugale.

    L’œil à la serrure était réservé au petit personnel, à présent les ébats risquent de se dérouler sur la scène médiatique devant des spectateurs se réjouissant de les mater à l’œil.

    Il faut se rendre à l’évidence, ces dernières années, le sexe nous a envahi : d’un côté la révélation des agressions sexuelles, de l’autre une flopée d’hommes politiques, de spectacle ou sportifs finissant par avoir leur quart d’heure pénien avec le sexe opposé ou le même sexe, quand ils n’en changent pas pour brouiller les pistes.

    Jadis toutes ces coucheries, consenties ou en échange d’avantages, donnaient lieu à des grivoiseries (bien mal venues quand il s’agissait d’agressions sexuelles), aujourd’hui, elles sont devenues affaires d’Etat ou en tout cas un spectacle permanent au besoin alimenté par le passé quand les écarts de conduite étaient moins sanctionnés.

    Illustration : Watteau : "La nymphe et le satyre"


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  • Aux USA, un livre intitulé « American Dirt », écrit par une malheureuse blanche, Jeanine Cummins, roman qui doit paraître prochainement en France, soulève une polémique dans ce pays de dingues que sont devenus les Etats-Unis : l’auteure est accusée « d’appropriation culturelle ». En effet, « le roman raconte le périple d'une Mexicaine et de son fils pour traverser la frontière vers les Etats-Unis, après que toute leur famille a été massacrée par un cartel. Or, pour certains, Jeanine Cummins ne serait pas légitime pour parler d'un drame qui n'est pas le sien ».

    Une pétition signée par plus de 80 auteurs exige qu'Oprah Winfrey, ayant recommandé ce livre (qui se vend très bien), le retire de sa liste de lecture. L'éditeur a annulé la tournée promotionnelle de Cummins à la suite de menaces. On reproche en outre à Cummins d’être en passe de gagner beaucoup d’argent en racontant une histoire qui n’est pas la sienne. On peut donc en conclure qu’un écrivain ne peut raconter une histoire, surtout si elle est dramatique :

    1° Que s’il a la même couleur de peau que son héros principal pour ne pas être accusé d’usurpation ethnique.

    2° Que si lui ou sa famille a vécu la même histoire que celle qu’il raconte pour ne pas être accusé de gagner de l’argent avec le récit d’un drame qui n’est pas le sien.

    Il est évident que les blancs ne peuvent écrire que des histoires de blancs, les noirs que des histoires de noirs, les latinos que des histoires de latinos (liste ethnique non limitative), et pourquoi ne pas réserver les histoires de femmes aux femmes, des histoires d’homosexuels ou de transsexuels à eux seuls. Pour les histoires d’enfants, c’est plus simple, nous avons tous été enfants. Certains ne sont jamais devenus adultes et d’autres sont retombés en enfance avec des querelles de cour de récréation.


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