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"The Lancet" va à Canossa
Pietro Aldi : En 1077, au château de Canossa en Italie, l'Empereur germanique Henri IV s'incline devant le pape Grégoire VII afin que celui-ci lève l'excommunication dont il était frappé.
Le groupe britannique de revues médicales (18) The Lancet vient de faire paraître un éditorial* où les rédacteurs se mettent publiquement des cendres sur la tête, et se traînent à genoux pour se faire pardonner d’avoir été des mâles blancs dominants. La faute étant avouée, la culpabilité prononcée, ils s’engagent devant le monde entier à « accroître la représentation des femmes et des collaborateurs provenant de pays à revenus faible et intermédiaire parmi ses conseillers de la rédaction, ses pairs évaluateurs et ses auteurs ».
La présence féminine devra être obligatoire dans les comités, ce qui est sensé, et l’objectif étant que les comités comprennent au minimum 50 % de femmes. Cette parité obligatoire qui semble s’imposer partout en Occident est évidemment sexiste puisqu’elle conduit à choisir quelqu’un-e en fonction de son sexe, ce qui peut aboutir, quelle que soit la compétence de l’individu rejeté, à une discrimination de l’autre sexe.
J’avoue que définir des collaborateurs par leur provenance « de pays à revenus faible et intermédiaire », c'est utiliser une circonlocution géopolitique d’une belle hypocrisie pour ne pas introduire la couleur de la peau dans la sélection, et en préférant plutôt mentionner le sous-développement (on dit en voie de développement depuis des décennies) de leurs pays d’origine, ce qui est finalement moins flatteur que d’avoir la peau bronzée.
J’espère que cette poussée féministe et extra-blanc du Lancet, sûrement justifiée car elle vise à réparer des injustices du propre aveu des rédacteurs, n’ira pas jusqu’à adopter dans ses articles le langage châtré qui envahit les universités américaines où les étudiants atteints d’un féminisme aigu proposent de remplacer « femme enceinte » par « humain enceint » et même homme par « individu sans utérus ».
Que le groupe du Lancet décide de ne recruter ses collaborateurs que sur leur compétence serait une bonne chose, qu'il ne l'ait pas fait jusqu'à présent en est une mauvaise, mais qu'il introduise d'autres critères que leur valeur personnelle est discutable et qu'il l'annonce en fanfare l'est encore plus.
Pourrait-on rêver d’un monde où l’on ne choisira, ni ne rejettera une personne en raison de la couleur de sa peau, de son origine ethnique, de son vagin, de son pénis ou de son trou du cul ?
*The Editors of the Lancet Group. The Lancet Group’s commitments to gender equity and diversity. Lancet. 10 August 2019. DOI:10.1016/S0140-6736(19)31797-0
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Commentaires
2Souris doncJeudi 15 Août 2019 à 17:03Ils fatiguent avec leur repentance perpétuelle. Un peu d'étymologie leur apprendrait la différence en latin entre "vir" et "homo". L'homme, c'est l'humain. C'est aussi l'être humain viril. Selon le contexte, chacun sait de qui l'on parle. Préciser avec des circonlocutions, c'est prendre les lecteurs pour des cons.
Je ne savais pas que le con lisait le Lancet.
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Jeudi 15 Août 2019 à 17:31
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Souris doncVendredi 16 Août 2019 à 08:07
Ce qui est grave, c'est que ça débouche sur des quotas, au détriment de l'intérêt scientifique. Donc suspicion sur tout le monde. Qui a envie d'être un quota ?
(Bon, à Sciences Pipo, passe encore, plus aucun prestige, juste citadelle du politiquement correct).
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Vendredi 16 Août 2019 à 09:03
Le quota est une arme sociologique qui cherche à modifier un rapport entre groupes humains jugé déséquilibré et injuste. La question est celle des raisons du déséquilibre. Le risque est de tomber d'une injustice dans une autre. Le seul critère de la compétence jugée objectivement (là est une autre question : qui juge ?) devrait suffire.
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Le tout est de savoir si les articles de cette revue prestigieuse auront le même sérieux qu'avant cette réforme. Wait and see, comme on dit chez eux.
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Jeudi 15 Août 2019 à 20:00
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"On" aurait dit que cette dérive idéologique: "Evergreen et les dérives du progressisme" allait faire tache d'huile, "on" aurait été qualifié(s) de pessimisme défaitiste voire, dans certains cas, de complotisme naïf, etc...
Documentaire sur l'hégémonie progressiste dans l'université de Evergreen à Olympia dans l'Etat de Washington. Quand l’Amérique gauchiste vomit sa culpabilisation sur le monde occidental. (plus de 50 mn. c'est long, je sais...)
C'est long mais ça valait la peine. Terrible. C'est du nazisme. La fin de la raison. Débile. A remarquer que ce sont les femmes les plus violentes, qu'elles soient blanches ou noires.