• Binaire ! binaire ! Est-ce que j’ai une tête de binaire ?La compagnie North Eastern Railway du RayaumeUni s’est platement excusée car un malotru de son personnel avait osé accueillir les voyageurs par un extravagant : « bonjour mesdames et messieurs ». Un impair invraisemblable qui a heurté une personne prénommée Laurence, celle-ci ayant déclaré sur Twitter : « En tant que personne non binaire, cette annonce ne s'adresse pas à moi ».

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  • Les jeunes et les vieuxFin avril « Julien Bayou, candidat à la présidence de la région Ile-de-France et également chef d'EELV, a dévoilé dans un tweet une série de visuels déclinant les exemples de supposés adversaires de l'écologie pour inciter ses propres sympathisants à aller voter. Sur l'une des images, retirée depuis, figuraient des personnes âgées souriant et le slogan : "Les boomers, eux, ont prévu d'aller voter". L'intéressé s'est depuis excusé ». Ce visuel élégant, qui a sans doute été apprécié par les ascendants du chef vert et qui aurait intérêt à mûrir, illustre ce que la pandémie a mis en évidence : une lutte des classes d’âge. La lutte contre la pandémie a d’abord conduit à sectionner la population en tranches basées sur l’âge. Les vieux les plus menacés (mais ils le sont par définition) ont bénéficié des premiers vaccins, puis des vaccins ont été distribués par catégories d’âge avec le gag de l’Astra-Zeneca d’abord interdit au-dessus de 65 ans, puis interdit au moins de 55 ans. Les vieux se méfiant des jeunes, porteurs asymptomatiques du virus, et les jeunes accusant les vieux de leur pourrir la vie en s’accrochant à elle. Des vieux, se sentant coupables, accusant les autres vieux d’avoir pillé sans frein le pays lorsqu’ils étaient jeunes laissant ainsi les jeunes d’aujourd’hui dépourvus et endettés. Les jeunes accusant les vieux de ne pas assez se préoccuper de l’écologie en les soupçonnant de ne pas le faire car mis en terre avant que celle-ci ne se réchauffe. Les vieux ne comprenant pas trop comment on peut choisir son sexe et interloqués par la multiplication des genres au même titre que les espèces. Des jeunes qui réclament le respect des races face à des vieux qui avaient eu tant de mal à les faire disparaître. Des très vieux qui ont été directement ou indirectement victimes du fascisme et qui ne comprennent pas que des jeunes puissent les traiter de fascistes et dont la seule excuse est d’être ignorants. Mais c’est avec les jeunes idiots que l’on fait les vieux cons.


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  • Chaque période adopte un vocabulaire. Il peut s’agir de manies de langage à la mode et sans importance sinon celle d’irriter par leur répétition. On a connu par ex. le « tout à fait » qui avait remplacé le « « oui » il y a quelques années. Aujourd’hui on a « je confirme » à la place du « oui », le « ça marche » et « pas de souci » très utilisés par les serveurs au moment de la commande, et nous avons donc le regret de moins les entendre. La disparition de ces tics de langage est aussi mystérieuse que leur apparition. 

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  • « Wokisme », « décolonialisme » et théorie de GobineauRéduire les individus à la couleur de leur peau, les assigner à résidence par la pigmentation mélanique de leur enveloppe cutanée, condamner comme traîtres ceux qui en sortent parce qu’ils se considèrent avant tout comme des êtres humains, indépendamment de leur phénotype et à égalité avec les autres, sont des attitudes qui conduisent à un multiculturarisme extrême, cloisonné et imperméable. Le « racisé » affirme, en outre, comme postulat, que le racisme ne peut être le fait que des Blancs, et considère que la souffrance de ses ancêtres excuse d’avance celle qu’il pourrait infliger.

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  • Bis repetita placentJ’ai un défaut majeur et que l’on pourrait considérer comme stupide : je ne relis pas les livres que j’ai déjà lus. Comme si je considérais chaque livre comme un roman policier où la connaissance de la fin gâche le plaisir de la lecture. Peut-on concevoir de ne pas écouter un morceau de musique parce qu’on l’a déjà écouté ? Ne retrouve-t-on pas à chaque écoute la même émotion qu’à la première ? La surprise en moins tout de même, et le plaisir de la découverte d’un nouveau plaisir ultérieur puisque l’on sait que ce morceau de musique que l’on a aimé sera à nouveau écouté. Par contre, à chaque fois que je termine un livre, je sais que je ne relirai pas. Faut-il admettre que l’art qui s’adresse aux sens, comme la musique ou la peinture, s’use moins que celui qui s’adresse à l’intelligence ? Peut-être relit-on davantage de la poésie, qui est une forme musicale de la littérature, que de la prose où le récit risque de s’user à la répétition. Mais le style du récit a de l’importance et ne pas vouloir le goûter à nouveau est sûrement un défaut. A moins de considérer que la vie est trop courte et qu’il faut réserver le plus de temps possible à la découverte afin de retrouver le plaisir de la nouveauté. Illustration : Van Gogh : "livres jaunes"

     


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  • L’invasion des « en »Les « en » envahissent le langage officiel. On ne dit plus qu’une personne ou un organisme est capable d’une action, on dit que l’une ou l’autre est « en capacité » de la faire. Les gens ne sont plus responsables, ils sont en responsabilité. On n’est plus handicapé, on est « en situation d’handicap ». Le « en » est une manœuvre d’évitement qui tente de ne pas impliquer pleinement l’individu ou l’organisme, une sorte de faux-fuyant. Pour la personne handicapée, le « en » la ménage, ce n’est pas elle qui est handicapée, c’est la situation. Comme : on n'est pas trop gros, mais "en situation de surpoids". On pourrait me rétorquer que cette interprétation est discutable ou n’a pas d’importance. Cependant, je pense que l’invasion des « en » participe à un mouvement général de fragilité mentale, la volonté de ne pas heurter l’autre, et finalement de manque de courage. Le « en » est un petit équivalent linguistique du « save space » des universités américaines où l’on se réfugie pour ne pas entendre ce qui risque de vous blesser ou de vous offenser. Ainsi être « en capacité » ou être « en responsabilité » évite le jugement « capable » ou « responsable » ce qui mettrait en cause directement la personne impliquée et qui aimerait ne pas l’être. Cette petite troupe des « en » fait partie de la grande armée des « leurres sémantiques » de la novlangue qui ménage la susceptibilité des personnes, notamment celles qui se considèrent d’abord comme des victimes.


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  • L’odeur des livresComme beaucoup de gens j’aime les librairies. J’y entre comme dans un temple. Un temple de la civilisation. J’aime la virginité et l’odeur des livres neufs comme j’aimais jadis l’odeur des cahiers vierges. Ces centaines de livres sur tous les sujets m’impressionnent toujours. Polyèdres rectangulaires à feuilleter, boîtes à surprises sagement rangées dans les rayonnages ou étalées sur les tables pour  séduire le passant à l'affût. Que de connaissances accumulées ! Que de réflexions couchées sur le papier ! Que d’imagination dans les récits ! Certes, la toile d’internet est une immense bibliothèque disponible, mais elle est invisible, on ne peut pas la toucher de ses mains, elle n’a pas d’odeur, encore que, parfois, elle ne sent pas très bon.

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  • L’addition de l’addictionLorsqu’un événement survient heurtant l’opinion publique, le plus souvent le gouvernement se doit de réagir, et sa réaction la plus habituelle est de créer un comité Théodule, ainsi baptisé par De Gaulle, et parfois une commission parlementaire, les travaux de l’un comme l’autre aboutissant plus ou moins à enterrer l’affaire en attendant que l’opinion se calme et oublie. Une autre alternative, dont le gouvernement actuel a sans doute abusé, est le « collectif citoyen » qui a cependant l’inconvénient de raviver un problème plutôt que de l’enterrer puisqu’il est rare que l’on suive intégralement les propositions de ce collectif constitué, par définition, d’incompétents. Le drame récent où une adolescente de 14 ans prénommée Alisha a été tuée par un couple de ses « amis », sur fond de harcèlement, a conduit la ministre Marlène Schiappa a annoncé la création – comme on pouvait s’y attendre - d’un “comité de parents” contre le harcèlement scolaire dont l’objectif serait de “mieux outiller” les parents contre ce fléau. Je ne sais pas ce qu’il en sera des parents, mais y figureront des associations et des personnalités « qualifiées ». Le harcèlement des mineurs augmente, et en 2020, 3119 faits ont été enregistrés, notamment de cyber-harcèlement, visant des mineurs en France. On peut douter de l’efficacité que pourrait avoir ce « comité de parents » sur la prévention des violences entre adolescents, mais Marlène Schiappa se sentait obligée de faire quelque chose et un comité Théodule, ça ne mange pas de pain. Si le harcèlement scolaire où des enfants sont pris pour cibles par la majorité des autres est vieux comme l’école, car les meneurs ont toujours apprécié les victimes comme preuves de leur puissance, la nouveauté est l’amplification du phénomène que permettent aujourd’hui les réseaux sociaux où le sadisme peut s’exprimer lâchement sous anonymat. Pour un vieux singe comme moi qui n’a connu dans sa jeunesse ni internet, ni les réseaux sociaux, en survivant néanmoins à leur absence, je me pose bêtement la question : pourquoi la personne harcelée continue-t-elle à rester sur les réseaux sociaux pour recevoir quotidiennement des injures et parfois des menaces de viol ou de mort ? J’ose croire que ce n’est pas du masochisme, il faut donc admettre que la présence sur ces réseaux est devenue indispensable à la vie de la jeunesse : c’est une addiction quitte à en payer l’addition. Un exemple est donné par la jeune Mila qui continue à être menacée des pires sévices par une meute depuis qu’elle a dit vertement ce qu’elle pensait de la religion islamique après avoir été attaquée elle-même par des musulmans sur ses préférences. Non seulement elle continue à figurer sur les réseaux, mais elle a été récemment bouleversée par l’interruption de son compte Twitter (qui n’a pas tant de vigilance pour les comptes des violeurs et assassins potentiels) et elle a déclaré, soulagée, lors de son rétablissement : « J’ai retrouvé mon compte Twitter, je suis hypercontente ! ». Illustration : Egon Schiele "Jeune fille assise"


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  • Quand l’être se veut néantJ’ai vécu le temps où le quart de la France était communiste ou sympathisant de ce parti. Le temps de la guerre froide entre les USA et l’URSS dont on ne voyait pas la fin, et dont on craignait qu’elle devienne brûlante. La religion marxiste faisait partie des grandes religions et sous son impact les vieilles croyances avaient nettement reculé aussi bien en Europe qu’en terres d’islam jusqu’à voir Nasser l’Egyptien se moquer du voile porté par les femmes musulmanes. Les religions reléguées dans la sphère privée avaient cessé d’être une préoccupation et perdu de leur influence politique. Ce temps où la barbe de Marx remplaçait celle des prophètes a reculé, et ce sont les religions qui sont revenues au premier plan et avec elles son éventuel cortège de massacres, ici ou là, au nom des Dieux, celui de l’islam ayant de ce point de vue une quasi exclusivité aujourd’hui. La France fière de sa laïcité et de son universalisme semble s’accrocher à un superbe vestige, volontiers moqué par les Anglais et les Américains, mais ce qui est nouveau, ce vestige est plus ou moins rejeté par les générations montantes sur le sol même de l’hexagone.

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  • L’extension du domaine de la culpabilitéLa culpabilité est en pleine expansion. Le monde est désormais divisé en deux : d’un côté les victimes, de l’autre les coupables, mais on peut parfois passer d’un camp à l’autre selon le domaine en cherchant surtout à acquérir le statut de victime qui offre une position sociale, voire professionnelle, comme gardien de la moralité présente et historique. L’extension du domaine de la culpabilité est due à une nouvelle définition ; le coupable n’est pas seulement celui qui accomplit un acte nuisible volontairement, la culpabilité peut être aussi acquise par héritage, sans le moindre effort, et la moindre action répréhensible, comme un patrimoine, ou même simplement comme le fait d'être.

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