• « Martine Aubry va annoncer mardi à 11h30 sa candidature à la primaire du parti socialiste depuis sa ville de Lille. »

     

    Si on annonce que l’on va l’annoncer, c’est déjà l’annoncer. Est-il besoin d’annoncer une annonce déjà annoncée ? Si encore on ne connaissait pas le contenu de l’annonce, annoncer l’annonce pourrait se justifier afin que les gens soient attentifs à l’annonce lorsqu’elle sera annoncée. Pour ma part, j’annonce que je renonce à comprendre ces politiciens qui annoncent qu’ils vont annoncer ce que chacun sait, sachant que l’annonce qu’ils ont annoncée si pompeusement n’apprendra rien à personne.


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    Hier, par un ciel d’un bleu chaleureux, nous sommes allés sur l’île Saint-Louis.

    Le pont de l’archevêché ployait sous le poids des amours cadenassés.

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    Sur le pont Saint-Louis un musicien jouait gravement du trombone.

    Le monde entier s’était donné rendez-vous dans la rue Saint-Louis en l’île. C’est probablement l’endroit où l’on voit le plus de gens déambuler en dégustant glaces et sorbets.

    Nous avons fait comme eux en contemplant le derrière de Notre-Dame. Sa croupe de pierre majestueusement posée dans un lit de verdure est sans doute l’une des croupes les plus photographiées au monde. Elle en vaut la peine.

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    Mais lorsque l’on vient lui rendre visite, Notre-Dame se couvre pudiquement d’une parure de plumes végétales.

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    Dans le square, un guitariste jouait du Vinicius de Moraes,  nous nous sommes assis à l’ombre sur un banc où à nos pieds le soleil laissait  tomber ses feuilles de lumière. 

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    Certains auraient pu s’étonner de mon absence depuis quelques jours (on peut toujours se faire des illusions). Le tableau du Caravage, « L’arracheur de dents » en donne la raison (et ce n’est pas fini).

    Ce tableau montre que l’arrachage de dents sans anesthésie était à l’époque un spectacle prisé. La famille, les amis et peut-être les voisins y assistaient et même les enfants.

    La souffrance a été longtemps un spectacle de choix. Les jeux du cirque romains  étaient une grande distraction et les foules se déplaçaient pour voir crucifier un homme, le pendre, le rouer de coups, l’écarteler, le brûler, le guillotiner ou le lapider (dans ce cas, nous pouvons parler au présent et c’est plus volontiers une femme).

    « Et la souffrance des autres on peut très bien y demeurer insensible. » (Mishima, Le Pavillon d’or,). Pour ma part, je ne l’ai jamais supportée, et par ma profession j’ai longtemps été placé aux premières loges. Mon dentiste aussi.


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  • On assiste, comme on pouvait s’y attendre, à un mouvement de balancier. Depuis que les agences qui contrôlent les médicaments en évaluant le bénéfice/risque de chacun d’eux ont été récemment défaillantes dans cette évaluation, en particulier pour le Médiator, elles deviennent excessives dans l’autre sens. La commission d’AMM recommande le retrait des spécialités à base de l’anxiolytique méprobamate (Mépronizine, Equanil…). Et pour quelle raison ?  « L’analyse des dernières données de pharmacovigilance a mis en évidence la persistance d’intoxication volontaire et de mésusage » ! (même raison pour le retrait récent du Di-Antalvic).

    TOUS les médicaments efficaces peuvent être utilisés pour se tuer ou provoquer un accident lorsqu’ils sont détournés du bon usage, le principe de précaution imposerait de les retirer TOUS du commerce. Il ne resterait plus dans la pharmacopée que les médicaments homéopathiques avec lesquels il est très difficile de se tuer.

    Mais ce principe de précaution imposerait d’aller plus loin et de retirer du commerce la corde qui peut servir à se pendre ou les trains pour que les gens ne se jettent pas dessous.

    Mais il existe une tendance qui va à l’inverse du principe de précaution : l’intervention de la justice. Il devient de plus en plus fréquent qu’une interdiction formulée par les agences sanitaires soit remise en cause par la justice. Ceux qui sont visés par une interdiction font maintenant appel au Conseil d’Etat pour juger de la validité de la décision. Ce fut le cas pour le Ketum et c’est à présent le cas pour les méthodes de destruction non chirurgicales du tissu graisseux à visée esthétique, interdites en avril dernier et dont le décret d’interdiction vient d’être suspendu par le Conseil d’Etat. Ce qui permet aux piqueurs de continuer (peut-être provisoirement) leur activité anti-graisseuse.

    Si les agences sanitaires font parfois n’importe quoi, c’est tout de même à elles de se prononcer sur le risque d’une méthode thérapeutique en exigeant de ces agences plus de sérieux et de rigueur[1]et on voit mal la justice intervenir dans un domaine qu’elle ne connait pas, ce qui risque d’être dangereux.



    [1] Remarque du nouveau président de l’AFSSAPS, Dominique Maraninchi : « C’est vrai, après l’affaire du Médiator, pas un membre des deux commissions ne m’a proposé de démissionner, ce qui est un peu surprenant. On verra pour la suite, mais de mon point de vue, il y a trop de membres dans ces commissions, qui plus est ils restent en poste trop longtemps: la durée de six ans me parait un maximum ».


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    En Allemagne, l’Union des généralistes catholiques (BKÄ) cherche à remettre les homosexuels sur « le droit chemin » et propose aux brebis égarées « des outils homéopathiques pour juguler leurs penchants homosexuels » en préconisant notamment des micro-doses de granules de platine accompagnées d’une psychothérapie et d’une assistance spirituelle. L’homéopathie ayant surtout un effet placebo, je suppose que ces généralistes catholiques ont sans doute plus foi dans « l’assistance spirituelle ».

    Les homosexuels allemands ne semblent pas prêts à avaler la pilule, mais proposer une thérapeutique, même s’il s’agit d’homéopathie, implique que ces catholiques considèrent toujours que l’homosexualité est une maladie. Il est vrai qu’elle a été retirée de la liste des maladies mentales il y a seulement une quarantaine d’années.

    Depuis des siècles l’homosexualité a été férocement réprimée et continue à l’être dans nombre de pays (88 semble-t-il), notamment musulmans. Les religions sont à l’avant-garde de cette répression pourchassant la chair tout en prônant la procréation.

    Alors tout compte fait, je préfère les « soins » proposés par les généralistes catholiques que ceux infligés par ces pays dont les ordonnances sont plutôt drastiques : incarcérations, tortures ou mises à mort.

     

    Mais je dois avouer que  je trouve la parade « Gay Pride » déplacée. D’abord, parce qu’il s’agit d’une manifestation communautaire qui n’est motivée que par une orientation sexuelle, alors que celle-ci appartient au domaine privé et même intime et qu’elle n’a rien à faire dans la rue ; ensuite, parce que la dénomination « Gay Pride » n’a pas de sens, car on ne voit pas pourquoi une préférence amoureuse et une façon d’aboutir à l’orgasme constitueraient des motifs de fierté, comme il n’y a pas lieu d’en être honteux.

     


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  • dromadaire-3.jpgDans le vaste désert australien des dromadaires sauvages errent. Ce sont les descendants des troupeaux introduits au XIXe siècle pour participer à la conquête de l’intérieur du pays. Ils seraient plus d’un million.  Il arrive que le dromadaire, lorsqu’il a épuisé l’énergie fournie par sa bosse graisseuse, pénètre dans les villages pour venir étancher sa soif dans les cuvettes des WC. S’il est assez désagréable de voir ses toilettes occupées par un dromadaire, ce n’est pas le seul désagrément car, comme tout un chacun, le dromadaire pète et plus d’un million de dromadaires vagabondent et émettent ainsi du méthane en plein désert (ils n’ont pas toujours des WC à leur portée). Certains (je parle des hommes) ont même pu se livrer à un calcul : chaque dromadaire enrichirait la serre de 45 kg de méthane par an, soit l’équivalent de 1 tonne de dioxyde de carbone.

    Il est donc prévu d’abattre de façon humaine et « maîtrisée » les  camélidés par des tireurs d’élite à partir d’hélicoptères ou de 4x4. La société de Tim Moore envisage d’engranger des « crédits carbone » (obtenus non pas par le recueil des vents, mais par leur suppression, démarche à l’opposé de celle des éoliennes) qui pourraient être revendus aux entreprises émettant plus de gaz à effet de serre que le quota qui leur est alloué annuellement, leur donnant ainsi un droit à polluer. Le tout pour ces entreprises étant de savoir s’il est plus rentable de continuer à polluer en payant l’amende ou en achetant des « crédits » que de faire le nécessaire – quand c’est possible - pour respecter le quota.

    Les « crédits carbone », issus de la vente de sa vertu ou de l’élimination de ces chameaux de pollueurs, sont à la base d’un marché ne laissant pas les financiers indifférents, l’envie de spéculer dans le cadre de la « bourse du carbone » étant une sale manie dont ils ont du mal à se débarrasser. La bosse du commerce ne se dégonfle pas comme celle du dromadaire.

     

    (l'article original)


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    Lorsque j’étais au PCB (physique-chimie-biologie), l’année qui précédait jadis l’entrée à la faculté de médecine, un couple de professeurs nous enseignait la chimie. Mari et femme, ils enseignaient de la même façon et se ressemblaient même physiquement (sur le mode simiesque). Existe-t-il un mimétisme des conjoints lorsqu’ils restent longtemps ensemble ?

    Mon épouse qui n’a fait aucune étude médicale (rassurez-vous, elle est plus jolie que moi) est souvent sollicitée par ses amies pour des conseils médicaux, persuadées que la fréquentation de son mari médecin lui assure ipso facto la transmission de sa pratique (ce qui n’est pas entièrement faux).

    Un médecin belge a été plus loin. De garde à Mouscron et fatigué, il a préféré rester dans sa voiture et a envoyé sa petite amie (sans formation médicale) comme remplaçante au domiciled’une femme enceinte de 26 ans, se plaignant de douleurs dans le ventre et le dos. Ingrid (c’est le prénom de la petite amie) n’a pas manqué d’initiative : deux injections d’anti douleur, la seconde ayant été réalisée avec la première seringue préalablement jetée à la poubelle ! A cette hardiesse, Ingrid a ajouté de l’innovation : proposer une cigarette à la femme enceinte pour qu’elle se détende. Le Dr Mullier (son petit ami un peu fatigué) a assuré qu’il n’aurait pas fait mieux qu’elle[1]. Cette histoire belge est authentique.

     

    Illustration : Bernard Buffet



    [1]D’après Wikipédia, « le symbole de la ville [Mouscron] est le Hurlu, personnage qui écumait les campagnes de la région lors des guerres de religion et vivait de vols et exactions en tous genres ».


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  • vangogh la nuit

     

     

    LA MAUVAISE EDUCATION

     

    C’est un spectacle muet où les étoiles crépitent

    Et le Cosmos explose dans un silence abyssal.

    Les éclats incandescents roulent comme des pépites

    Dans la noirceur du vide glacial.

    Des confins de l’Univers sans frontières,

    Dans la sidérante immensité sidérale,

    Voyagent leurs éternelles lumières.

     

    Et Dieu dans tout ça ?

    Et le royaume des cieux ?

    Ils sont quelque part. La place ne manque pas.

     

    L’Homme est à l’image de Dieu,

    Dieu est blanc

    Dieu est jaune

    Dieu est noir

    Mais Il n’est pas Femme

    Et Il est barbu.

     

    Aux Cieux, les anges et les vierges sont séparés.

    Le sexe des anges est incertain et la prudence s’impose.

    La volière des vierges s’épuise et doit être préservée,

    Aux suicidés assassins de les consommer.

    Dans l’ennui éternel, le sexe rend moins morose.

     

    Dans l’infini de l’Univers,

    Parmi les myriades de galaxies,

    Dieu ne s’intéresse qu’à la Terre.

    Il écoute chacune des innombrables prières

    Et les appels gratuits qui montent vers lui,

    Il envoie des livres, Il envoie des anges,

    Il a même envoyé Son Fils sur la Terre.

    Les Hommes moins gâtés que pourris,

    L’ont renvoyé, mal en point, en échange.

    Mauvaise éducation.

    Bien que le sacrifice du Fils fût dans Ses intentions,

    Pour les punir, le Père laisse faire le Malin,

    Et S’en lave les mains.

     

    Paul Obraska

     

    Illustration. Van Gogh : « La nuit étoilée, Saint-Rémy »


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  • poussin-le-deluge.jpg

     

    Je hais les joints. Non pas ceux que certains fument pour changer leur regard et se ramollir le cerveau, que des herboristes clandestins vendent dans la rue, ou que des jardiniers cultivent dans leur appartement pour embellir leurs fins de mois.

     

    Non, je hais le joint minable, cette rondelle ridicule que l’on est obligé de mettre pour qu’un robinet reste étanche. Il faut se rendre à l’évidence : c’est sur cette mince rondelle primitive que repose la prévention des inondations privées lorsqu’il s’agit d’un robinet dit d’arrêt qui, paradoxalement, est la source d’une fuite.

    Quand on regarde cette misérable rondelle, on ne comprend pas l’immense responsabilité qui lui est confiée. Car la rondelle est fragile, on se rend bien compte que sa vie est limitée et que son destin est de pourrir.

     

    Alors que se passe-t-il lorsque cette piteuse rondelle est morte ? L’eau s’écoule d’abord sournoisement en goutte à goutte puis à flot, déclenchant la fureur du voisin sous-jacent.

    Et il faut bien savoir que cette rondelle perverse n’expire que le week-end et comme le dit Woody Allen : « Non seulement Dieu n’existe pas, mais allez trouver un plombier le dimanche ».

     

    Alors, je lance ici un appel à tous les inventeurs qui ont permis aux hommes d’aller sur la Lune, de jeter entre eux des liens invisibles à la vitesse de la lumière, de remplacer le mouchoir en tissu par le mouchoir en papier : faites quelque chose pour rendre les robinets étanches sans devoir faire appel à cette petite rondelle ridicule et infidèle mais dont nous sommes tous si dépendants !

    Que dites-vous ? Que ce serait retirer le pain de la bouche des plombiers ? Ah ! Si la rondelle a un rôle social, je n’ai plus rien à dire.

     

    NB Je n’ai aucun don pour le bricolage.

     

    Illustration Nicolas Poussin : « Le déluge »


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  • 12. S’il existe des causes à l’hypertension artérielle, pourquoi ne pas les rechercher dans chaque  cas ?

    13. L’hypertension artérielle peut donc se compliquer même lorsqu’elle est bien traitée ?

    14. Mais si l’on commence un traitement, c’est à vie ?

    15. Le traitement lui-même ne peut-il pas en créer une autre maladie ?

     

    12. S’il existe des causes à l’hypertension artérielle, pourquoi ne pas les rechercher dans chaque cas ?

    Dans au moins neuf cas sur dix l’HTA est dite essentielle, c’est à dire sans cause décelable, le terme « essentielle » venant masquer notre ignorance. Elle peut être familiale, mais sans transmission héréditaire obligatoire. La recherche d’une cause est entreprise - en partie pour des raisons économiques - que dans des cas sélectionnés, soit lorsque des symptômes ou des signes évoquent une cause précise, surtout si celle-ci est curable,  soit parce que l’HTA paraît grave, source de complications rapides ou rebelle au traitement médical, la découverte éventuelle d’une cause permettant d’espérer un traitement plus efficace

    13. L’hypertension artérielle peut donc se compliquer même lorsqu’elle est bien traitée ?

    En théorie non. Imaginons un cas où l’HTA est découverte dès son apparition et que l’on obtienne une normalisation rapide permanente et définitive des chiffres tensionnels par le traitement, les atteintes cérébrales [accidents vasculaires cérébraux], cardiaques [angine de poitrine, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque] ou rénales [insuffisance rénale], ne seront pas plus fréquentes que chez une personne ayant une TA normale, notamment les complications cérébrales. Mais en pratique on ne peut que tenter de se rapprocher de ce cas idéal avec la collaboration du patient.

    14. Mais si l’on commence un traitement, c’est à vie.

    D'abord, les traitements « à vie » ne concernent le plus souvent que les maladies où un médicament permet de pallier un déficit définitif comme l’absence de sécrétion d’une hormone par une glande endocrine. Ensuite, ce n’est pas le traitement qui entretient la maladie, mais l’inverse. C’est vrai que lorsque l’on commence un traitement on admet la maladie, mais ne pas l’admettre et ne pas se traiter ou cesser de le faire parce que l’on en ressent aucun symptôme - ce qui est le plus souvent le cas pour l’HTA au début – ne fait pas disparaître la maladie, celle-ci continuera à évoluer et lorsque les complications apparaîtront il sera trop tard. Si l’on obtient une TA normale avec le traitement, on ne doit pas considérer ce succès comme une guérison et abandonner les médicaments, car l’HTA réapparaîtra. Par contre les organismes se modifient, il peut apparaître d’autres maladies et la TA s’abaisser au point de rendre nécessaire l’abandon parfois définitif du traitement hypotenseur.

    16. Le traitement lui-même ne peut-il pas créer une autre maladie ?

    Comme tous les médicaments efficaces, ceux traitant l’HTA peuvent avoir des effets secondaires, parfois gênants ou sérieux, ils régressent à l’arrêt du médicament responsable, et ne provoquent pas de maladie véritable. Les bénéfices qu’ils apportent doivent toujours rester  très supérieurs aux risques qu’ils entraînent, c’est un principe général en thérapeutique.


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