• 90. Balance

    On assiste, comme on pouvait s’y attendre, à un mouvement de balancier. Depuis que les agences qui contrôlent les médicaments en évaluant le bénéfice/risque de chacun d’eux ont été récemment défaillantes dans cette évaluation, en particulier pour le Médiator, elles deviennent excessives dans l’autre sens. La commission d’AMM recommande le retrait des spécialités à base de l’anxiolytique méprobamate (Mépronizine, Equanil…). Et pour quelle raison ?  « L’analyse des dernières données de pharmacovigilance a mis en évidence la persistance d’intoxication volontaire et de mésusage » ! (même raison pour le retrait récent du Di-Antalvic).

    TOUS les médicaments efficaces peuvent être utilisés pour se tuer ou provoquer un accident lorsqu’ils sont détournés du bon usage, le principe de précaution imposerait de les retirer TOUS du commerce. Il ne resterait plus dans la pharmacopée que les médicaments homéopathiques avec lesquels il est très difficile de se tuer.

    Mais ce principe de précaution imposerait d’aller plus loin et de retirer du commerce la corde qui peut servir à se pendre ou les trains pour que les gens ne se jettent pas dessous.

    Mais il existe une tendance qui va à l’inverse du principe de précaution : l’intervention de la justice. Il devient de plus en plus fréquent qu’une interdiction formulée par les agences sanitaires soit remise en cause par la justice. Ceux qui sont visés par une interdiction font maintenant appel au Conseil d’Etat pour juger de la validité de la décision. Ce fut le cas pour le Ketum et c’est à présent le cas pour les méthodes de destruction non chirurgicales du tissu graisseux à visée esthétique, interdites en avril dernier et dont le décret d’interdiction vient d’être suspendu par le Conseil d’Etat. Ce qui permet aux piqueurs de continuer (peut-être provisoirement) leur activité anti-graisseuse.

    Si les agences sanitaires font parfois n’importe quoi, c’est tout de même à elles de se prononcer sur le risque d’une méthode thérapeutique en exigeant de ces agences plus de sérieux et de rigueur[1]et on voit mal la justice intervenir dans un domaine qu’elle ne connait pas, ce qui risque d’être dangereux.



    [1] Remarque du nouveau président de l’AFSSAPS, Dominique Maraninchi : « C’est vrai, après l’affaire du Médiator, pas un membre des deux commissions ne m’a proposé de démissionner, ce qui est un peu surprenant. On verra pour la suite, mais de mon point de vue, il y a trop de membres dans ces commissions, qui plus est ils restent en poste trop longtemps: la durée de six ans me parait un maximum ».

    « Homo-pathieLa souffrance des autres »

  • Commentaires

    1
    Mardi 21 Juin 2011 à 20:19
    Demander à des juristes de se prononcer sur ce genre de problème est idiot et dangereux. Pourquoi ne pas demander à des pharmaciens de rendre la justice?
    2
    Mardi 21 Juin 2011 à 21:40
    Et ne croyez vous pas cher docteur, que nous réagissons différemment aux effets d'un médicament, parce que chimiquement nous avons des variantes d'un homme à l'autre ? (oui je sais c'est maladroitement exprimé).
    Il y a à peu près un an, j'ai ressenti une violente douleur dans le côté dorsal droit en passant de la station assise à la station verticale. Quelque part un quasi supplice, mais en ayant vu d'autres, j'ai résisté et serré les dents. La douleur persistant j'ai commandité mon cher et tendre chez le pharmacien qui m'a "prescrit" un médicament dit anti douleur (le nom ? Houps !) que m'avait déjà prescrit un médecin de l'hôpital dans lequel je travaillais à la suite d'une chute, un empressement à courir après mon bus, un soir de pluie. J'en connaissais donc un peu les contre indications. J'ai cependant relu la notice.... O mais c'est qu'il y en avait des contre indications (le foie, l'estomac, et j'en passe, en mauvais état). Ne sachant pas l'origine de ma douleur que je soupçonnais venir du mou... j'ai préféré m'abstenir de prendre ce médicament. Suis restée stoïque, ne suis pas allée voir un médecin envers lesquels disons j'ai un certain à priori (mais j'ai de bonnes raisons, peut être de mauvaises rencontres) pourtant source de mon gagne pain pendant quelque dix ans. J'ai préféré un bon cataplasme d'argile qui a remis les choses en ordre.
    Durant mon enfance et jusqu'à la date de mon mariage (ah que j'étais encore très jeune !) nous avions un médecin de famille qui se promenait toujours avec son Vidal qu'il consultait avant de prescrire. J'avais à l'époque totalement confiance en lui, et bien m'en a pris, puisqu'il m'a évité de passer ad patres. Quand ma mère fut vieille et très très médicamentée, je lisais toujours les notices ce qui m'a permis de comprendre certains effets nocifs de ces médicaments et d'en discuter positivement avec le pharmacien. Ensuite, placée en institution... plus de regard, mais des catastrophes.
    Bon, bon, je vous sens agacé, vous me trouvez hors sujet... quoi que... Alors je m'éclipse.
    3
    Mardi 21 Juin 2011 à 21:48
    Cela aussi pour dire que la vente libre de médicaments présente un risque pour qui ne fait pas preuve de discernement.
    4
    Mardi 21 Juin 2011 à 22:49

    Et cette tendance va augmenter. Les interdictions touchent toujours soit l'industrie, soit une corporation.

    Dr WO

    5
    Mardi 21 Juin 2011 à 22:52

    Chacun a son expérience personnelle, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Les médicaments permettent de guérir de nombreuses maladies. Ils sont nécessaires mais pas pour tous les maux.

    Dr WO

    6
    Mardi 21 Juin 2011 à 22:54

    Sans aucun doute.

    Dr WO

    7
    Mardi 21 Juin 2011 à 22:58

    Les notices sont terrorisantes. Elles sont là pour des raisons médico-légales (la protection juridique du laboratoire). Même les effets secondaires exceptionnels doivent être mentionnés.

    Dr WO

    8
    Mercredi 22 Juin 2011 à 08:03
    Je partage votre analyse sur le principe de précaution et la "judiciarisation" de nos sociétés poussés à l'extrême.
    Je me demande d'ailleurs parfois si les notices servent aujourd'hui principalement à informer le patient des risques qu'il prend ou à donner à son avocat les premiers éléments de la plainte qu'il déposera ! :-)
    9
    Mercredi 22 Juin 2011 à 09:37

    Les notices sont à double tranchant, mais servent surtout à protéger le laboratoire. Elles sont l'équivalent du "consentement éclairé" médical. On annonce la couleur, à vous de prendre le risque.

    Dr WO

    10
    Mercredi 22 Juin 2011 à 09:38
    Tous à l'abri avec les notices explicatives, mais peu de gens en référe ,sinon on ne se soigne plus!!!! je suis pour les médicaments bien sûr il en faut mais les remédes de grand-mère sont souvent suffisant , maintenant dés la naissance on va chez le pédiatre pour un malheureux rhume , et voila anti bio de suite, les labos se frottent les mains !!!! en FRANCE nous sommes champion des médocs .ALORS puni par ou l'on péche toujours!!!!!
    11
    Mercredi 22 Juin 2011 à 10:07

    Si l'on sollicite aussi fréquemment médecins et médicaments, c'est en raison de la diffusion des connaissances médicales, de la peur (médias) et de la crainte de la négligence (qui sera reprochée, même sur le plan judiciaire).

    Dr WO

    12
    Mercredi 22 Juin 2011 à 14:45
    Faut supprimer les emballages aussi, j'essaye toujours de me suicider en les avalant. Les tubes, c'est plutôt pas mal pour ça. :)
    13
    Mercredi 22 Juin 2011 à 15:15
    Et je l'espère Doc que cette tendance va augmenter, car laisser faire tout et n'importe quoi.... cela devient pénible, entre les médicaments retirés de la vente pour le principe de précaution, ceux qui sont dé-remboursés, on ne sait plus très bien où l'on va. Si on devait appliquer le principe de précaution il faudrait interdire les 400 médicaments qui contiennent du paraben dont le gaviscon que j'absorbe 3 fois par jour. Bonne journée DOC
    14
    Mercredi 22 Juin 2011 à 15:49

    Vous devriez en faire un tube, ça emballerait le public.

    Dr WO

    15
    Mercredi 22 Juin 2011 à 16:00

    De quelle tendance parlez-vous ? Du principe de précaution ou de l'intervention de la justice dans la sécurité sanitaire ?

    Dr WO 

    16
    Mercredi 22 Juin 2011 à 17:08
    Et bien alors, docteur ? La justice empêcherait-elle le milieu médical de tourner rond ? Nous savons nous entourer d'experts et de sapiteurs. Et il nous arrive de comprendre ce qu'on tente de nous expliquer fort savamment. La France a probablement le meilleur système judiciaire au monde. Mais à force de lui cogner dessus, les Français arriveront bien à le perdre !
    17
    Mercredi 22 Juin 2011 à 17:09
    "réussiront" et non "arriveront". Pardon !
    18
    Mercredi 22 Juin 2011 à 18:21

    Vous vous trompez de cible. En l'occurence la justice a favorisé le milieu médical en suspendant le decret qui interdisait à des médecins d'exercer certaines pratiques à visée esthétique, mais elle a été à l'encontre des agences sanitaires qui - en principe - sont mieux informés que les juristes puisque c'est leur raison d'exister.

    Dr WO

    19
    Mercredi 22 Juin 2011 à 18:38
    De cette tendance, dans votre réponse à Pangloss.
    20
    Mercredi 22 Juin 2011 à 18:54

    Donc, vous pensez que c'est à la justice de trancher quant à la nocivité d'une thérapeutique ? Alors, à la limite, il ne serait pas illogique de remplacer les agences sanitaires par des juristes. Economie et après tout, comme le dit Pascale, les juristes s'entourent d'experts (qui viendront des agences).

    Dr WO

    21
    Mercredi 22 Juin 2011 à 19:34
    Je crois que nous nous sommes mal compris. Reprenons à la base:
    "Demander à des juristes de se prononcer sur ce genre de problème est idiot et dangereux. Pourquoi ne pas demander à des pharmaciens de rendre la justice?"
    Commentaire n°1 posté par Pangloss hier à 20h19

    "Et cette tendance va augmenter. Les interdictions touchent toujours soit l'industrie, soit une corporation."

    Dr WO
    Réponse de Obraska hier à 22h49

    Il me semble au contraire que pangloss trouvait idiot que des juristes se prononcent sur ce genre de problème et qu'il préconisait le rôle des pharmaciens dans cette commission et pour rendre la justice.
    Votre réponse abondait bien dans sons sens.... ou me serais-je trompée....!!!
    Ce qui est certain c'est que pour ce genre de registre, je reste convaincue que des gens du métier et non des juristes sont habilités à prendre ce genre de décision.
    J'espère cette fois que je me suis faite comprendre. Merci et bonne soirée
    22
    Mercredi 22 Juin 2011 à 19:35
    Une seule solution : la tisane ! Bio de préférence !
    23
    Mercredi 22 Juin 2011 à 19:35
    Ah non ! Rire... Nos experts ont un parcours différent. Je ne vois pas en quoi la Justice ne pourrait intervenir. Nous tranchons bien d'autres conflits relevant du domaine médical. Pourquoi pas celui-ci ?
    24
    Mercredi 22 Juin 2011 à 22:47

    Oui. Mais il me semblait que dans votre réponse vous aviez l'espoir que la tendance d'intervention de la justice allait continuer. Merci pour la mise au point.

    Dr WO 

    25
    Mercredi 22 Juin 2011 à 22:49

    Nous allons demander au Conseil d'Etat de choisir les feuilles.

    Dr WO

    26
    Mercredi 22 Juin 2011 à 23:04

    Il ne s'agit pas de trancher dans un conflit entre personnes ou entre deux thèses au départ aussi défendables l'une que l'autre, mais d'une évaluation scientifique. C'est un peu comme si on demandait aux tribunaux de trancher entre la Terre tournant autour du Soleil ou l'inverse.

    Dr WO

    27
    Vendredi 24 Juin 2011 à 19:19
    entre les 2 le portefeuille balance ?
    28
    Samedi 25 Juin 2011 à 16:17
    Vouloir supprimer des médicaments comme l'Equanil (anxiolitique à base d'acépromézatine) ne me paraît pas si insensé, d'autant que la molécule est surtout utilisée en cas d'insomnies de l'adulte. D'ailleurs Alain Bottéro l'indiquait en 2003 dans un article de "Neuropsychiatrie", ce médicament peut provoquer, entre autres, l'agranulocytose et il existe bien d'autres anxiolytiques aussi efficaces et sans ce risque.
    Vous écrivez que si l'on retire tous les médicaments à risque de mésusage (ce qui implique, soit dit en passant, qu'ils sont fort dangereux et de classe 1), il ne restera que l'homéopatie. Je suis surprise : n'y a-t-il donc rien entre les 2 ? Est-ce donc cela, la médecine : le choix entre une molécule qui peut tuer si mal utilisée et une autre sans risque mais moins efficace ?
    Concernant votre réflexion sur l'action devant le Conseil d'Etat, je pense que vous avez raison, la justice (pas toujours juste au demeurant) ne devrait pas intervenir dans un domaine qu'elle ne connaît pas. Mais hélas, c'est ce qui se passe en général, pas forcément dans le domaine de la médecine; elle s'attache des conseils auprès d'"experts" nommés qui eux aussi ont des intérêts d'un côté ou d'un autre. Comment faire autrement ? Qui pourrait être assez neutre pour chapeauter chaque instance d'experts ? Les patients, peut-être... Une idée en l'air mais qui peut mener quelque part si l'on fouille un peu.
    29
    Samedi 25 Juin 2011 à 17:14

    Pour les interactions, le Vidal est là pour nous éclairer, mais il faut sans cesse s'y référer si on introduit un nouveau médicament.

    Dr WO

    30
    Samedi 25 Juin 2011 à 17:16

    Il ne balance pas longtemps.

    Dr WO

    31
    Samedi 25 Juin 2011 à 17:46

    L'Equanil sert aussi au sevrage alccolique. On peut se suicider avec tous les anxiolytiques. L'atteinte hématologique est possible pour beaucoup de médicaments. Un médicament efficace, justement parce qu'il est efficace, peut être nocif surtout s'il est pris à doses excessives. Je suis étonné que cela puisse vous étonner. Des médicaments aussi courants que l'aspirine ou le paracétamol peuvent tuer. Mais tous ces médicaments ont sauvé des millions de personnes en les utilisant correctement. Certes, on peut revenir aux décoctions du Moyen Âge.

    Les experts des agences sanitaires ne devraient avoir AUCUN INTERÊT. Les patients seraient moins fiables que les juristes.

    Dr WO 

    32
    Samedi 25 Juin 2011 à 22:22
    Cher docteur je suis en TOUT point d'accord avec votre article et avec CHACUNE de vos réponses ...mais je m'aperçois au travers des commentaires que l'image du médicament et trés abimée . Le pharmacien est effectivement le specialiste du médicament et le mieux habilité à donner son avis ..
    @leonie je repondrais que le pharmacien est responsable de l(ordonnance et qu'il peut refuser une délivrance: ce que j'ai fait pas plus tard qu'hier sur une prescription hospitaliére simvastatine zeclar ..
    Le bon usage à la juste dose sachant que le risque zero n'existe pas ...Il n'existe d'ailleurs nulle part vous pouvez vous faire ecraser en sortant de chez vous ...
    Cette evaluation qui doit tenir compte de la pharmacologie ; des interactions ; du rapport benefice rique ne peut etre faite que par des professionnels de santé !
    luange66 : pharmacienne
    33
    Samedi 25 Juin 2011 à 22:50

    Il est évident qu'avec les accidents thérapeutiques mis en exergue, les gens finissent par avoir une prévention contre les médicaments sans se rendre compte des services qu'ils rendent et si l'on rapporte le nombre d'accidents au nombre de médicaments pris, le risque qu'ils font courir est très faible.

    Dr WO

    34
    MARIE-HELEN E
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:05
    Lorsque je ne connais pas un médicament je suis très méfiante
    les notices sont dissuasives ,je préfère le bon sens et les remèdes de grand mère sauf cas de force majeure.
    35
    Leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:05
    Quand je vois certaines ordonnances de médicaments longues comme un jour sans pain, je me dis que le cocktail est vraiment explosif. Côté interaction, le toubib doit y perdre son latin ;)
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