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    L’interdiction est un des plaisirs pervers des médecins, « Tout ce que j’aime, ou c’est immoral, ou c’est illégale, ou ça fait grossir » (Guy Marchand). N’ayant plus l’occasion de joindre ceux chez lesquels j’ai été amené à déconseiller ce qu’ils aimaient, j’ai le plaisir de donner avec cet article des conseils qui pourraient être agréables à ceux qui me lisent.

     

    D’abord, il serait bon de vivre à la campagne. On y serait moins malade, et cela tombe bien puisqu’on y trouve moins de médecins. Les agriculteurs seraient en meilleure forme que le reste de la population française selon  une enquête[1] dont les premiers résultats montrent qu’ils vivent plus longtemps et qu’ils ont moins de risques de décéder d'une maladie Alzheimer ou de Parkinson, d'un infarctus du myocarde, d'un accident vasculaire cérébral  ou d'une maladie respiratoire. De même, le risque de cancer, selon l’étude, serait moins élevé dans cette population, en particulier, pour les cancers liés au tabagisme. Par contre, il serait bon de se protéger des pesticides et du soleil car il existe une légère surmortalité pour les mélanomes malins de la peau. Vivez à la campagne, mettez un chapeau et restez de préférence à l’ombre.

     

    Ensuite, mangez du chocolat. Selon une méta-analyse[2] une consommation importante de chocolat (mais pas au point de devenir obèse[3] ou diabétique, ce qui détruirait ses avantages) serait bénéfique pour le cœur et le cerveau, allant jusqu’à réduire d'un tiers le risque de développer une maladie cardiovasculaire. Les effets bénéfiques du chocolat, quelle que soit sa forme, sont liés à ses propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires, associées à une réduction de la pression artérielle et à une amélioration de la sensibilité à l'insuline.

     

    Enfin, écoutez de la musique. Mais attention ! Pas n’importe quoi, car on sait qu’en fonction du tempo, le rythme cardiaque et la pression artérielle peuvent augmenter ou à l'inverse diminuer. Selon les auteurs d’un article médical[4] certaines séquences d'arias comportant des cycles de six phrases par minute sont en harmonie avec la régulation de la circulation cérébrale.

    Des airs d'opéra, notamment ceux de Guiseppe Verdi, contiennent des phrases proches de 6 cycles par minute, ce qui est le cas, par exemple, pour le chœur des esclaves Va pensiero dans Nabucco, et aussi pour le chant Libiam nei lieti calici dans la Traviata. Si vous écoutez un aria de Verdi qui comporte ce rythme de 10 secondes, sa coïncidence avec la fluctuation normale de la pression artérielle induit la stimulation vagale, avec pour résultat un ralentissement cardiaque.

    Les auteurs notent aussi que ce rythme de six phrases par minute se trouve dans des chants liturgiques formulés en latin, mais en cas de traduction le rythme est différent, le chant perd alors son effet.

     

    Manger un carré de chocolat, à l’ombre, sous un arbre avec vue sur les champs, la récolte engrangée, en écoutant du Verdi ! « Elle est pas belle la vie ? »



    [1] Enquête « Agrican » réalisée à l’initiative de la Mutualité sociale agricole sur 180000 assurés agricoles.

    [2] Réalisée par une équipe de Cambridge sur 7 études portant sur plus de 100000 participants

    [3] Les produits chocolatés commercialisés sont très caloriques (environ 500 cal/100 g)

    [4] Prs Peter Sleight (Oxford) et Luciano Bernardini(Pavie)  (l'European Heart Journal)


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  • Pour aller à l’école et en revenir on offre aux enfants des petites classes des sacs à dos bien remplis et bien lourds, histoire de redresser leur colonne vertébrale dans le mauvais sens, à moins que ce soit pour les empêcher de courir dans la rue ou leur faire prendre conscience que le savoir est une chose lourde à porter.

    Lorsqu’ils deviennent adolescents, c’est le sommeil qui est attaqué. C’est ce que révèlent les premiers résultats sur le sommeil de l’enquête HBSC[1]réalisée auprès de 9 251 collégiens âgés de 11 à 15 ans.

    Alors qu’ils ont besoin d’un temps de sommeil plus long que les adultes, entre 11 et 15 ans, les adolescents perdent chaque année 20 à 30 minutes de sommeil quotidien en moyenne, les veilles de journées de classe. Les jeunes de 15 ans dorment donc 1 h30 de moins que ceux de 11 ans. Un quart des jeunes de 15 ans dépasserait le seuil de privation chronique de sommeil qui est considéré comme sévère à partir de 7 heures de manque de sommeil, ce qui est susceptible de favoriser les troubles de l’humeur ou du comportement, l’hypertension artérielle ou encore l’obésité. Il entraîne un risque accru de morbidité.

    Le compte-rendu des premiers résultats de cette enquête n’aborde pas les causes éventuelles de ce déficit de sommeil chez les adolescents. Pour ma part, j’en vois deux possibles :

    La première tiendrait aux adolescents eux-mêmes irrésistiblement attirés par cette machine à jouer et à communiquer qui trône dans la plupart des chaumières (et dont nous sommes également victimes) et assez souvent proche de leur lit.

    La deuxième, me semble-t-il, est la pression scolaire. Les programmes deviennent pléthoriques et les horaires aberrants (un de mes petit-fils doit se lever à 6h1/2 pour des cours qui commencent à 8H et qui peuvent se terminer à 18h) et je ne suis pas certain que l’on apprenne à ces adolescents des connaissances toujours indispensables.

     

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    [1]Health Behaviour in School-aged Children, enquête réalisée par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), le Service médical du rectorat de Toulouse et l’Institut national du sommeil et de la vigilance (Insv).


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    Etat actuel de la prise en charge par l’Assurance Maladie.

     

    La France serait, après les Pays-Bas, le pays de l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) qui met le moins à contribution les ménages sur la question de la santé, avec une dépense moyenne de 2 700 euros par an et par habitant.

    La prise en charge financée par la Sécurité sociale entre 2005 et 2010, est passée de 76,8% à 75,8%. La part des mutuelles est passée de 13% en 2005 à 13,4% en 2010. La charge pour les ménages est elle aussi en légère augmentation, +0,4% en cinq ans.

    Cette relative stabilité malgré les mesures d’économie prises pour limiter le déficit de la branche maladie est liée à la progression des dépenses des assurés atteints d’une affection de longue durée. Pour un patient qui ne bénéficie pas du régime des ALD, les soins de ville ne sont plus remboursés par l’assurance maladie qu’à hauteur de 55 % (86% pour les malades en ALD). Les mutuelles prennent alors en charge 33 % supplémentaires, ce qui laisse 12 % à la charge des ménages.

     

    Eléments du « manifeste des 123 ».

     

    Un manifeste vient de paraître ("Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire",Ed. Odile Jacob) rédigé par des médecins hospitaliers et des spécialistes de la santé publique et signé par 123 noms, manifeste dont des extraits ont été publiés par le Nouvel Observateur du 14/09/11. Il affirme que le modèle français est condamné si on ne lui applique pas un traitement de choc.

    Il constate la dégradation des conditions d’exercice de la médecine générale avec de ce fait une crise des vocations, ainsi qu’une réduction globale prévisible du nombre de médecins dans toutes les spécialités, alors que la population française augmente et vieillit.

    Les difficultés économiques entraîneraient « insidieusement une logique de déconstruction des services publics » et l’introduction d’une « idéologie gestionnaire » laissant le champ libre aux opérateurs privés.

    Les rédacteurs constatent d’autres indices d’une diminution de la solidarité et préconisent une politique visant à renforcer les services publics de santé pour répondre aux besoins de la population contre la logique actuelle de privatisation et de marchandisation.

    Le refus de toute augmentation des prélèvements obligatoires, quel qu’en soit le motif, serait la clé de cette entreprise de privatisation de la santé et les signataires se prononcent pour un financement de l’augmentation des dépenses de santé médicalement justifiées et une amélioration du remboursement par l’accroissement des recettes de « l’assurance-maladie solidaire ».

    A noter que les signataires envisagent de reconstruire le système conventionnel pour la médecine libérale selon un programme qui ressemble fort à celui du parti socialiste.

     

    Ce manifeste amène quelques remarques :

     

    1° On ne peut être que d’accord avec l’essentiel du constat, notamment pour ce qui concerne la crise de la médecine générale, le malaise des médecins de ville, leur diminution prévisible dans l’avenir, les déserts médicaux et la gestion du service public. L’hôpital public n’est pas une entreprise, il est par essence déficitaire puisqu’il ne produit rien et ne vend rien et on ne voit pas où pourrait se placer la rentabilité dans la mesure où il fait partie de la collectivité, ce qui n’exclut pas une bonne gestion des deniers publics. Les opérateurs privés, eux, attendent l’occasion d’investir dans le domaine de la santé (celle qui n’est pas onéreuse) pour en tirer des bénéfices aux frais de la collectivité.

     

    2° Je suis toujours surpris que des gens qui n’ont jamais exercé la médecine de ville (c’est le cas des signataires) prétendent décider pour elle (et ce qui est préconisé – je ne l’ai pas détaillé -  ne me semble pas devoir encourager les vocations)

     

    3° En dehors des aménagements proposés (qui ne concourent pas, pour la plupart, à une réduction des dépenses), le vrai traitement de choc avancé est d’une grande simplicité : l’augmentation des impôts ou « contributions » destinés à la santé si l’on veut maintenir le système de santé français en l’état. Payer plus pour être soigné de la même façon. Mais  cela ressemble bien à une fuite en avant car les dépenses pour la santé ne peuvent que  croître avec les progrès de la médecine.

     

    4° Comme le prouve la création de la CSG par Michel Rocard en 1990 qui rapporte plus que l’impôt sur le revenu (près de 85 milliards d’euros en 2008), complétée par la création, en principe provisoire, de la CRDS par Juppé, 6 ans après, et il est manifeste que malgré ces impôts (ou contributions sociales) plutôt conséquents, le « trou » de la Sécurité sociale est resté toujours aussi béant.


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  • 10134 mesures du taux plasmatique de testostérone ont été effectuées à Paris de 2000 à 2010 et contrairement à ce que l’on pouvait attendre, ce taux a nettement augmenté pendant les onze années d’étude, alors que ces mesures ont été faites dans le cadre de consultations pour infertilité.

     

    L’hormone mâle a donc tendance à augmenter. Le corps des hommes résisterait-il secrètement à la poussée féministe comme à celle des toxiques ? Mais qu’importent les hormones mâle et femelle puisque « l’identité sexuelle » dépendrait très accessoirement d’elles, et davantage de la détermination imposée par la société en fonction du sexe mis en place par la nature. « On ne naît pas femme, on le devient » disait Simone de Beauvoir et l’on apprend maintenant aux enfants que « l’identité sexuelle » se construit tout au long de la vie et dépend de son choix.

     

    C’est vrai que pour ma part, étant né avec un appareil sexuel masculin, on m’a mis d’emblée, et sans me demander mon avis, dans une école de garçons, qui, à l’époque, était séparée de celle des filles. On m’a offert (rarement) des soldats de plomb plutôt qu’une poupée et j’ai joué à la guerre plutôt qu’a la cuisine. La société, égarée par mon pénis,  m’aurait-elle imposé mon genre?

     

    Alors, après toutes ces années,  je suis pris d’un doute : mon « identité sexuelle » était-elle la bonne ? Et si, en fait, j’étais une femme ? Mais si c’était le cas, je suis pris d’un deuxième doute : il est incontestable que j’aime les femmes (et là je n’ai aucun doute), alors serais-je en outre lesbienne ?

     

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  • Je ne connais pas l’œuvre de Lacan et l’importance de son apport à la psychanalyse. Je n’ai lu que des extraits, sans bien les comprendre et j’ai été découragé à persévérer lorsque je suis tombé sur cette démonstration citée par Sokal et Bricmont (Impostures intellectuelles, éd. Odile Jacob) : « C’est ainsi que l’organe érectile vient à symboliser la place de la jouissance, non pas en tant que lui- même, ni même en tant qu’image, mais en tant que partie manquante à l’image désirée : c’est pourquoi il est égalable à la racine de -1 de la signification plus haute produite, de la jouissance qu’il restitue par le coefficient de son énoncé à la fonction de manque de signifiant : (-1). ».

    Je suis évidemment incapable de dire si le linguiste et philosophe américain Noam Chomski, qui a connu Lacan dans les années 1970, a raison ou non de l’avoir considéré (dans une interview) comme un « charlatan conscient de l'être qui se jouait du milieu intellectuel parisien pour voir jusqu'à quel point il pouvait produire de l'absurdité tout en continuant à être pris au sérieux ».

     

    Reste que l’école de Lacan continue d’exister trente ans après sa mort, et elle connait même un schisme et une tentative récente de réconciliation des fidèles de son église, ce qui prouve le succès persistant de son héritage intellectuel. Quant à sa fille, Judith Miller, elle déclare « Lacan, comme penseur, c’est pour moi quelqu’un de comparable à Descartes ou à Nietzsche » (Le Point du 8/09/11). Pas moins.

    Il se trouve qu’Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse, et qui fait partie des frondeurs s’opposant aux « légitimistes », vient de sortir un livre où elle affirme que Jacques Lacan, enterré sans  cérémonie dans un cimetière de campagne, aurait souhaité des « funérailles catholiques » et que de ce fait ses héritiers (bien sûr « légitimistes ») n’auraient pas respecté ses dernières volontés. Scandale. Judith considère cette affirmation sans fondement, et la traite d’ignominie. Bien sûr, elle envisage une action en justice contre Elisabeth Roudinesco car « Cette dame salit tout ce qu’elle touche ».

    Ce sera donc aux juges (les pauvres) de déterminer si Lacan, notre nouveau Descartes, souhaitait ou non avoir des funérailles catholiques.

    Ô Lacan ! Si tu les entends de là-haut tu dois bien te marrer.  


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  • Pierre Dac avait inventé le porte-monnaie étanche pour argent liquide, que l’on peut étendre à la valise étanche pour argent liquide. La valise reste étanche, mais son porteur, avec les années, a tendance à fuir, surtout lorsqu’on le perfore en lui épinglant une décoration.

     

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    Dessin de Cabu paru dans le Canard enchaîné du 14/09/11


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    GYROPHARES

     

    Gyrophares, gyrophares

    Leurs lumières valsent dans le soir

    Un homme au teint blafard

    Est étendu sur le trottoir

     

    Sur le bitume il y a peu de sang

    Quand on est battu à mort

    On saigne plutôt en dedans

    La foule regarde de loin le corps

    Se presse pour mieux voir

    Tente de s’approcher encore

     

    L’homme passait là par hasard

    Il rentrait chez lui par un détour

    Il s’était mis un peu en retard

    En prenant du pain au carrefour

     

    C’est un noir battu par des blancs

    Ou un blanc battu par des noirs

    Blanc ou noir peu importe la couleur

    L’essentiel est de taper à plusieurs

     

    Les gyrophares éclairent en tournant

    Les badauds massés sur le trottoir

    Les flashes de lumière en dansant

    Révèlent les visages avides de voir

     

    Un peu déçus par l’absence de sang

    Ce n’est finalement qu’un corps

    Et sans les gyrophares bleus et blancs

    On pourrait penser que l’homme dort

     

    L’homme n’avait à offrir aux assassins

    Qu’une misérable miche de pain

    Alors pourquoi l’a-t-on battu à mort ?

    Parce qu’il était noir, parce qu’il était blanc ?

    Personne ne sait quel fut son tort

    Les assassins pas plus que les passants

     

     

    Paul Obraska

     

    Edward Munch « Soir sur Karl Johan »


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  • Aristochien--Thierry-Poncelet-.jpgAvez-vous remarqué que nombre de ministres du gouvernement, surtout parmi les plus jeunes, imitent les intonations et la façon de parler de leur maître ? Mais sans les mouvements scapulaires qui nécessitent un bon entraînement et une bonne forme physique. C’est particulièrement vrai pour Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, que j’ai entendu ce matin sur les ondes (si bien que je n’ai pas pu juger pour les épaules).

    Une des articulations rhétoriques les plus utilisées est : « la question, c’est quoi ? » interrogation suivie d’un silence angoissant rompu par la formulation de la question une fois que l’intéressé a pris le temps de la trouver. Puis vient enfin le deuxième membre de l’articulation : « la réponse, c’est quoi ? », petit silence, le temps de suspendre l’auditoire à ses lèvres d’où va sortir la solution qui se veut pédagogique et définitive.

    Bien sûr, ce n’est pas d’une grande élégance, mais le phrasé s’efforce d’être populaire, accessible aux débiles que nous sommes. L’articulation rhétorique suivante : « quelle est la question ? » - « quelle est la réponse ? », plus correcte, est moins utilisée car pas assez peuple.

    A noter que les ministres et leur maître ne se posent que les questions auxquelles ils peuvent répondre pour éviter de répondre à celles qu’on leur pose.

     

    Illustration : un aristochien de Thierry Poncelet


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  • On se moque parfois des chercheurs qui cherchent en vain, mais il y a des chercheurs dont on aurait aimé qu’ils ne trouvent rien. Thomas Midgley est de ceux-là, ingénieur et chimiste américain, c’est probablement l’homme qui a le plus contribué à polluer l’atmosphère.

    Dans les années 1920, il découvrit le tétraéthylplomb qui, ajouté à l’essence, permettait aux moteurs à explosions de faire moins de bruit et aux pots d’échappement des automobiles de dégager du plomb dans l’atmosphère en quantité importante, alors qu’il y en avait très peu avant 1923. Ceci fut démontré par un autre américain, Clair Patterson qui, voulant mesurer l’âge de la Terre[1]à l’aide d’un isotope du plomb, s’aperçut que l’atmosphère était anormalement plombée. Il passa une partie de sa vie, malgré les obstacles nombreux dressés par l’Ethyl Gasoline Corporation, à faire retirer le plomb de l’essence, ce qui fut fait aux USA en 1986. Le plomb a donc « enrichi » l’atmosphère pendant une soixantaine d’années et si le taux de plomb dans le sang des Américains a nettement chuté depuis ce retrait, il resterait 650 fois plus élevé que chez leurs ancêtres. Le plomb est éternel.

     Ethyl-plomb.jpg

    Il a fallu beaucoup de courage et de persévérance à Clair Patterson pour lutter contre les grandes compagnies américaines groupées dans l’Ethyl Gasoline Corporation, car celle-ci ne s’embarrassait guère de scrupules. Les ouvriers qui manipulaient les dérivés du plomb étaient fréquemment atteints de saturnisme, certains en mouraient, d’autres (outre les éventuelles complications sanguines et rénales) frappés par ce neurotoxique avaient une atteinte cérébrale et des paralysies. Le saturnisme, connu de longue date, a été tranquillement nié dans leurs usines pendant des décennies par la Corporation et par Midgrey lui-même (qui ne l’ignorait pas, car il en avait plus ou moins souffert). On alla jusqu’à dire que les ouvriers étaient sans doute devenus fous d'avoir trop travaillé.

     

    Thomas Midgley, après avoir plombé l’atmosphère, s’en prit (sans le savoir) à la couche d’ozone en inventant les chlorofluorocarbures (CFC) qui eurent beaucoup de succès dès les années 1930  dans de nombreux domaines jusqu’aux déodorants en spray. Or 500 grammes de CFC, qui se conservent pendant un siècle environ, peuvent capturer et annihiler plusieurs tonnes d’ozone atmosphérique (dont la couche, très mince, absorbe les rayons UV). Les CFC sont en outre des champions de l’effet de serre, 10000 fois plus efficace que le gaz carbonique !

     

    Thomas Midgley, malhonnête avec le plomb, avait donc fait avec les CFC la pire invention du XXe siècle et il a fallu un demi-siècle pour s’en apercevoir. C’est une autre de ses inventions qui le tua. Ayant été atteint de poliomyélite, il avait inventé un système compliqué de poulies motorisées qui le soulevaient et le retournaient dans son lit. En 1944, pris dans les cordes de sa machine, il s’étrangla.



    [1] Il réussit finalement à le faire en 1953 avec une estimation qui resta valable pendant cinquante ans : 4,55 milliards d’années (à 70 millions près). NB. En vérifiant dans Wikipédia, j’ai constaté qu’il y a un long article sur Thomas Midgley, mais aucun sur Clair Patterson.


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  • La revue de presse est toujours un exercice délicat car on est obligé de faire un choix parmi les nouvelles récentes. Cette revue est objectivement des plus subjectives. Je ne parle pas de DSK car je crains qu’une overdose éclaircisse encore les rangs de mes visiteurs et je tiens beaucoup à leur santé.

     

    Politique

    Primaire.

     

    Education

    Comme les parents et leurs enfants, les gouvernements attendent avec inquiétude les prochaines notes de leur bulletin.

     

    Faits divers

    Le serial killer syrien n’a pas encore été arrêté malgré les nombreux témoins ayant assisté à ses méfaits.

     

    Santé

    - Des anti-nauséeux sont conseillés par les spécialistes pour ceux qui subissent ou regardent les mouvements boursiers.

    - L’Europe a arrêté sa croissance et restera un nain politique.

    - Le laboratoire Servier en digérant le Mediator risque de maigrir.

     

    Sport

    La Turquie et Israël comptent organiser conjointement des régates en Méditerranée.

     

    Loisirs

    Le gouvernement afin de distraire les députés leur a donné un tricot à détricoter.

     

    Vie spirituelle

    « Sorti indemne d’un accident, un routier espagnol en avait fait le serment : il irait à pied rendre grâce à la Vierge des Miracles de l’église de Caión, en Galice. Lors de son pèlerinage sur la côte de la Mort, l’homme et deux de ses parentes ont été fauchés par une voiture. Ils n’ont pas survécu ». (El País, Madrid)

     

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