• Une eau vivante

    Je suppose que « La source » peint par Gustave Courbet n’était pas sainte, car il n’aurait pas été permis à cette dame de s’en approcher en tenue d’Eve (qui, rappelons-le,  n’est autorisée qu’au Paradis). Mais pour sa santé, il vaut mieux qu’elle ne le soit pas.

    En effet, des chercheurs autrichiens de  « l’Institut für Hygiene und Angewandte Immunologie" ont analysé l’eau de 21 sources "saintes" et de 18 bénitiers à Vienne. « 86% des échantillons d’eau analysés contenaient des matières fécales. Ils étaient également infestés de colibacilles, de campylobacters et d’autres entérocoques. Certains échantillons contenaient jusqu’à 62 millions de bactéries cultivables »

    Le professeur Kirschner plaide donc en faveur d’écriteaux de mise en garde postés à côté des sources (« Cette source est sainte, mais polluée » ?) et de bénir les fonds baptismaux en y ajoutant une poignée de sel. La pureté sainte n’est plus ce qu’elle était, et l’eau de ville, bien que profane, est nettement plus pure.


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  • Art naque. Démonstration

    Le 12 octobre dernier, les New-yorkais déambulant dans Central Park on pu apercevoir un vieil homme assis sur une chaise de camping devant un étal sur lequel était exposés des pochoirs au prix de 60 dollars pièce. Peut-être s’agissait-il de l’auteur de ces œuvres, mais il n’eut guère de succès car une seule passante s’arrêta, précisément à 15h30, et après marchandage obtint deux pochoirs pour le prix d’un.

    Or il s’agissait d’œuvres authentiques de Bansky, artiste de rue britannique, proposées aux promeneurs en marge de son exposition "Better Out Than In". Les œuvres sur l’étal de Central Park auraient été estimées à environ 160 000 euros l'unité et il faut savoir que la toile de Bansky intitulée « Keep it Spotles » a été vendue en 2008 par Sotheby’s pour la somme de 1230834 € !

    Sur son site, l’artiste a par la suite précisé que l’opération de la vente au rabais de ses œuvres [sans succès] serait unique et que « l’étal ne sera plus là demain ». Comme on le comprend.


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  • L’indignité de l’orgasme

    Les affiches prévues pour la promotion du film « Nymphomaniac » réalisé par Lars von Trier portant sur les aventures d’une nymphomane, montrent les personnages du film simulant un orgasme. Si la version de ces affiches figure sur internet, la version papier destinée à l’espace public n’est pas encore sortie, et il est possible que « l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité » soit sollicitée pour s’y opposer comme contraire à « l’image de la personne humaine ».

    D’après « Slate.fr », l’interdiction pourrait s’appuyer sur l’article suivant en cas de saisine du jury de déontologie publicitaire : «D’une façon générale, toute représentation dégradante ou humiliante de la personne humaine, explicite ou implicite, est exclue, notamment au travers de qualificatifs, d’attitudes, de postures, de gestes, de sons, etc., attentatoires à la dignité humaine.».

    Il n’est pas dans mon propos de juger de l’opportunité ou non de coller dans l’espace public des affiches montrant des acteurs simulant une manifestation aussi intime que l’orgasme, tout en remarquant que les visages montrés pourraient tout aussi bien simuler la douleur que le plaisir si l’on n’était pas averti au préalable du phénomène causal. Ce qui prouve simplement que l’incongruité se trouve dans l’imaginaire de la personne qui regarde et non dans l’objet regardé.

    Ce qui me frappe est que l’on puisse considérer la représentation de l’orgasme comme une « représentation dégradante ou humiliante de la personne humaine » et « attentatoire à la dignité humaine », alors que depuis la nuit des temps les couples sexués recherchent avec une certaine avidité ce plaisir des corps (qui prédispose à la procréation et au maintien de l’espèce), qu’ils se sentent frustrés lorsqu’ils ne l’obtiennent pas, et que cet orgasme éclate des millions de fois chaque jour à la grande satisfaction des partenaires qui ne se sentent ni humiliés, ni dégradés, ni indignes de l’avoir ressenti. Le contraire serait plus exact.

    Le Bernin : « l'extase de la bienheureuse Ludovica Albertoni »


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  • Et bien voilà, le nouveau « guide Michelin » des médecins est paru dans le magazine Capital de ce mois d’octobre où figurent les « 150 meilleurs médecins de France », c'est-à-dire ceux qui ont décroché cette année leur troisième bavette. Les  "experts" ont-ils fait une enquête sur tous les médecins de France ? Bien sûr que non. Il s’agit en fait des services auxquels ces médecins appartiennent et dont ils endossent la réputation, même s’il est probable qu’ils contribuent à l’établir. La manie des classements est un bon filon pour les médias, et Capital en personnalisant ce palmarès a ainsi obtenu un bon titre accrocheur.

    Car si l’on peut – à la rigueur – classer les services sur leur activité et leurs résultats, comment déterminer qu’un médecin est meilleur qu’un autre ? Ces médecins ayant obtenu leur troisième bavette sont des spécialistes et ne connaissent en fait qu’un domaine très restreint de la médecine, ils sont peut-être bons dans ce domaine, mais probablement médiocres dans tous les autres. Remarquons également que les mêmes protocoles et les mêmes recommandations sont appliqués par la plupart des médecins dans une spécialité donnée, ce qui rend leur classement artificiel. Cependant, certaines techniques invasives (comme les traitements appliqués à l’aide de sondes introduites à l’intérieur des vaisseaux) exigent une habileté et une expérience qui peuvent permettre de distinguer des médecins entre eux. Par ailleurs, certains disposent d’équipements particuliers, ce qui leur permet d’appliquer un traitement spécifique sans être pour autant les meilleurs.

    Si l’on veut classer les médecins internistes qui se confrontent à l’ensemble des maladies, les critères de choix seraient bien difficiles à déterminer. Sur les diagnostics établis ? Il faudrait alors apprécier leur difficulté et comptabiliser les erreurs, en notant que les moyens (notamment ceux de l’imagerie médicale) pour aboutir à un diagnostic sont tels que la difficulté est plutôt de juger de l’opportunité  ou non de déclencher leur avalanche. Sur les traitements proposés ? Ils obéissent en général à des protocoles communs. Sur les guérisons obtenues ? Mais ces dernières dépendent évidemment de la gravité des  maladies traitées. Sur les connaissances ? Mais ce qui fait un bon médecin, ce n’est pas l’étendue des connaissances (qu’il est préférable d’avoir, bien que difficile à évaluer hors de la faculté) mais la façon de les appliquer. Sur leur contact avec les patients ? Elément qui semble négligé dans les palmarès de la médecine, mais là encore un médecin peut être apprécié par un patient et pas par un autre. Quant à la notoriété, c’est un critère bien fragile. Être connu n’est pas un gage de qualité, si c’est parfois le cas, elle ressort souvent d’une exposition médiatique ou même d’un phénomène de mode comme on l’a vu pour les médecins consultés préférentiellement par les gens du spectacle.

    L’essentiel est de vendre du papier. Même si l’information n’a qu’une valeur limitée.

    Les « 150 meilleurs médecins de France » ? Ce qui laisse penser que les autres ne sont peut-être pas bons. Jusqu’à présent le Conseil de l’ordre n’a fait aucun commentaire sur cette publication (la publicité individuelle étant en principe interdite sur le plan déontologique), probablement parce qu’elle n’en mérite aucun.


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  • Le bateau-lavoir

     

    Sur la place Emile Goudeau, les arbres entrelacés

    Veinent par l’ombre de leurs bras nus et noirs

    Le quadrillage bossu des pavés penchés

    Que le soleil peint sous leur pochoir.

     

    Les réverbères efflanqués et solitaires,

    Eteints le jour, tels des noctambules endormis,

    Attendent patiemment que vienne la nuit

    Pour nous faire partager leurs lumières.

     

    La place Emile Goudeau, de son perchoir,

    S’incline vers les Abbesses par la rue Ravignan.

    Sortis des cendres du bateau-lavoir,

    Des fantômes qui furent dissidents

    Viennent se reposer de leur gloire,

    A l’ombre des arbres, sur les bancs.

     

    Peintres et poètes surgissent comme des mirages

    Dans le viseur des chasseurs d’images,

    Le déclencheur avide de ces lieux légendaires,

    Où sont passés Picasso, Gris, Apollinaire,

    Braque, Max Jacob, Vlaminck, Modigliani,

    Marie Laurencin, Van Dongen ou Dufy…

     

    Ils ont quitté depuis longtemps la place inclinée,

    Mais derrière eux un parfum de poésie persiste

    Et le promeneur en ces lieux se met à rêver

    A l’éclosion magique de ce bouquet d’artistes

     

    Paul Obraska


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  • DélireLe Pr Jean-François Mattéi, lorsqu’il était ministre de la Santé sous Chirac, a marqué les esprits par son apparition décontractée sur les écrans TV, vêtu d’un simple polo, sans avoir quitté son lieu de vacances  pendant la canicule mortelle de 2003. Il vient encore de se singulariser sur Europe 1 en déclarant à propos du Belge ayant réclamé et obtenu d’être euthanasié car insatisfait du résultat obtenu après sa transformation de femme en homme :

    « Mais, de là à l’euthanasie, qui irait vers les malades mentaux, puisque c’est une maladie mentale en l’occurrence, ce changement de sexe raté, le fait qu’on n’est pas à l’aise dans un corps, ni dans l’un ni dans l’autre ... bon, attendez. L’euthanasie pour les malades mentaux, ensuite pour les accidentés de la route »

    Le malheureux, que va-t-il chercher là ? La transsexualité : un trouble de la personnalité ? Lever de boucliers, notamment sur les réseaux sociaux. Ne sait-il pas que la HAS par un décret publié en 2010 a décidé, officiellement, que la transsexualité n’était plus une maladie mentale, et qu’il était tout à fait normal que l’on puisse considérer que son corps n’est pas le sien. Croire le contraire serait du délire. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle les traitements médicaux et chirurgicaux nécessaires pour transformer son corps en adéquation avec son esprit sont intégralement pris en charge par l’Assurance maladie (Affection de longue durée, hors liste).

    Julie Andrews dans le film « Victor, Victoria »


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  •  

    Le cheikh Saleh Al-Luhaydan est un personnage important en Arabie saoudite. Ce dignitaire est membre du comité des ulémas et ancien président du conseil supérieur de la magistrature. C’est dire qu’il faut prendre au sérieux ses propos, même s’ils concernent la médecine car celle-ci fait évidemment partie de la religion. Or ce cheikh a fait une découverte en démontrant que les femmes qui conduisaient risquaient d'avoir des enfants anormaux en raison de la pression que cette activité entraîne sur leurs ovaires : "La médecine a étudié cette question (...) la conduite affecte les ovaires et pousse le bassin vers le haut, c'est pourquoi nous trouvons que la plupart des femmes qui conduisent des voiture de façon continue ont des enfants qui souffrent de troubles cliniques". En ajoutant que "dans le Coran et la sunna (tradition du prophète Mahomet) des preuves que la conduite des femmes est interdite pour des raisons morales et sociales".

    Bien sûr, loin de nous l’idée de discuter les versets du Coran concernant la conduite automobile au Moyen Âge, mais nous trouvons –sur le plan strictement scientifique- que cette étude, malgré sa rigueur d’analyse, est peut-être incomplète. En effet, une étude de l’influence de la conduite automobile sur la fonction des couilles et donc sur leurs facultés procréatives auraient été utile à titre comparatif.

    Il est bien connu que contrairement aux ovaires, bien protégés à l’intérieur du corps et bien suspendus par les annexes, les malheureuses couilles ballottent à l’extérieur du corps, soumises à toutes les sollicitations, pressions ou vibrations, et sont de surcroît très sensibles au réchauffement climatique.

    Nous pensons que pour ne pas avoir de petits Saoudiens anormaux, il est urgent d’interdire aux hommes de conduire une automobile. Il est vrai que si personne ne peux plus conduire une voiture tirée par un moteur à explosions, à qui l’Arabie saoudite vendra-t-elle son pétrole ? Quant à l’utilisation du chameau, je crains que le problème pour les ovaires et les testicules se pose de la même façon. On peut d’ailleurs se demander si les ascendants du cheikh n’ont pas abusé du chameau.

    (Source pour l’information : l’AFP)


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  • La drogue pour tous

    Selon une étude de chercheurs américains et canadiens, parue cette semaine dans le British Medical Journal, les prix des drogues illicites ont fortement baissé ces dernières années. La baisse constatée aux USA entre 1990 et 2007 est de 81% pour l’héroïne, de 80% pour la cocaïne et de 86% pour le cannabis, alors que ces drogues sont de plus en plus pures. Il faut donc rendre hommage aux producteurs pour leur conscience professionnelle et leur souci de ne pas berner le consommateur.

    Les auteurs semblent se désoler de la baisse des prix qui met ces poisons à la portée de toutes les bourses. Je ferai cependant remarquer que le risque de manque pour le drogué sera moins fréquent et que la violence susceptible d’être employée par le drogué pour se procurer sa dose peut de ce fait diminuer.

    Aussi dans cette perspective, si l’on veut que les prix baissent davantage, il semble contre-productif de s’acharner à intercepter le trafic par des saisies intempestives (En Europe les saisies d’héroïne auraient augmenté de 380% entre 1990 et 2009). On est obligé, par ailleurs, de constater que malgré la lutte contre le commerce des drogues, celui-ci reste florissant et atteindrait selon l’ONU la bagatelle de 350 milliards de dollars par an à l’échelle internationale, sans compter que dans les quartiers favorisés par cette économie souterraine, le chômage recule.

    Les conclusions s’imposent :

    1. La répression augmente la production.

    2. Plus les prix sont bas, moins il y aura de violence liée à la drogue.

    3. Dans l’esprit libéral de l’Union Européenne, il serait logique faire jouer ouvertement la concurrence.

    4. En ces temps de crise un véritable pactole est à la portée des Etats qui pourraient prélever une taxe sur toutes les transactions, à moins de produire eux-mêmes les drogues comme ce fut le cas pour le tabac.

    5. Les profits tirés par les Etats de ce commerce pourraient servir en partie (car il faut rester humain) à la prévention et aux soins des drogués. N’ont-ils pas favorisé la dépendance aux jeux et n’en ont-ils pas profitée, tout en en faisant semblant de lutter contre elle ?

    6. Je me demande si je n’ai pas fumé la moquette.

    Gustave Courbet :  « Portrait de Charles Baudelaire »


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  • Monsieur le Président,

    Je sais que  vous êtes très occupé. Après votre succès au Mali, vous brûlez de faire la guerre en Syrie bien que les autres ne soient pas très chauds pour y aller, ne sachant pas trop quel serait leur ennemi. En effet, les islamistes que vous avez si brillamment repoussés au Mali se retrouvent peut-être en face du gazeur officiel que vous voulez punir. Tout cela pour vous dire que je sais que vos heures sont précieuses, puisque consacrées à régler les affaires du monde.

    Si je me permets de vous écrire, c’est que nous avons un point commun. N’avez-vous pas dit il y a quelques temps que vous possédiez une boîte à outils ? D’ailleurs on voit bien que vous bricolez : une rustine par-ci, un joint par-là, impôt de colle par-ci, une fermeture de robinet par-là, un coup de peinture de camouflage par-ci, un coup de rabot par-là. Bref, vous bricolez et même le dimanche.

    Alors, entre bricoleurs vous pouvez aisément me comprendre. Si je travaille toute la semaine – j’ai en effet cette chance, en espérant qu'elle ne s'inverse pas - je ne peux compléter ma boîte à outils que le dimanche dans les magasins que l’on veut obliger à fermer ce jour pour obéir à la loi. N’en est-il pas de même pour vous ? Certes, vous avez du petit personnel prêt  à faire vos courses, mais mettez-vous à la place de la France d’en bas. Je sais, c’est difficile, mais un artiste du tournevis et du coup de marteau fiscal devrait comprendre qu’à côté des grands bricoleurs, dont vous êtes, il existe de petits bricoleurs, dont je suis, qui cherchent à suivre modestement l’exemple venu d’en haut.

    En espérant que vous prendrez en considération ma demande venue d’en bas,

    Je vous prie de croire à l’ascension de mes salutations volatiles.

    Un citoyen bricoleur.


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  • Les modalités de formation des couples ont évolué au cours des âges.

    Le premier type est le mariage arrangé à la satisfaction des familles et notamment des pères mais rarement des couples : amitié, dettes, héritages prévus, agrandissement des biens, sont à la base de ces arrangements qui, à présent, se voient moins sous nos climats.

    Le deuxième type est le mariage d’amour, ce qui n’exclut pas la mésentente ultérieure qui conduit au divorce environ une fois sur deux. La rencontre dans ce 2ème type n’est due qu’en partie au hasard car le ou la partenaire choisi(e) appartient souvent au même milieu que soi.

    Le troisième type est la rencontre assistée par des agences matrimoniales qui fleurissent maintenant sur la toile. Il s’agit là de diminuer la part de hasard en calibrant les postulants selon un panel de critères. La surestimation des présentations risque de conduire à des déboires une fois les postulants confrontés sur le terrain.

    Le quatrième type est plus nouveau. Il est représenté par les rencontres organisées selon un  calibrage microbien. Il s’agit là d’échanger sans réticence des colonies microbiennes de même race. En effet, les sites de rencontres pour personnes atteintes d’une infection sexuellement transmissible (IST) se multiplient. Le site PositiveSingles.com ("célibataires positifs") propose environ 710 000 profils de personnes ayant contracté une IST. Le site francophone Positivdate.com est le pendant du site britannique. Plus récent, le britannique site H-Date (H comme herpès), rassemble à ce jour près de 40 000 membres. Ces chiffres viennent au moins confirmer que les IST sont fréquentes Ce sont des initiatives qui tentent de « décomplexer » les porteurs d’IST puisque le ou la partenaire est dans la même situation. Mais le risque est de négliger de se protéger en étant persuadé d’évoluer sur un terrain familier, or les échanges microbiens peuvent être multiculturels.


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