• J’aimerais me convertir. On nous affirme que l’homme est un animal religieux jusqu’à être à l’extrême un religieux animal. J’ai lu que les croyants ont le cortex cérébral plus épais, en tout cas par rapport aux dépressifs, et qu’ils seraient mieux protégés contre la dépression. Est-ce que l’épaisseur du cortex protège comme un bouclier contre les idées noires qui finissent par apparaître quand on raisonne avec lucidité ? Cette histoire de cortex me laisse un peu dubitatif, et ce qui pousserait à me convertir est la promesse, malheureusement invérifiable, d’une forme d’immortalité, et d’ailleurs cela explique que nombre de vieillards ont tendance à se tourner vers la religion avant de se retourner dans leur tombe sans doute par déception.

    Se convertir, d’accord, mais à quoi ? Je veux bien me réincarner mais à condition qu’on me dise en quoi, sinon je préfère m’abstenir. Les religions qui interdisent de manger du porc ne me conviennent pas, j’aime trop le cochon sous toutes ses formes. Je trouve les histoires de vierge un peu malsaines : une vierge qui accouche (ce qui assez délicat même pour un dieu), des vierges au paradis qui attendent sagement que des martyrs viennent les déflorer telles des filles dans un lupanar (virginité exceptée). Et j’avoue qu’aimer un dieu à mon image avec des intestins et une prostate me gêne.

    Aussi suis-je assez séduit par le pastafarisme (religion créée en 2005 par un physicien athée pour dénoncer le créationnisme) dont la divinité est un être en spaghettis, créateur de l’Univers. Je suis d’autant plus séduit que l’Eglise du Monstre en spaghettis volants n’a qu’un dogme : rejeter tous les dogmes. Donc je pourrais manger du porc, mais j’ignore si les spaghettis sont permis, encore qu’un spaghetti sans sauce pourrait être l’équivalent d’une hostie.

    Le couvre-chef de cette religion est une passoire. Plusieurs pastafariens en Europe ont obtenu, parfois après une longue lutte, de figurer sur des papiers officiels avec un égouttoir sur la tête, emblème de leur religion. Récemment aux USA, M. Christopher Schaeffer, a prêté serment lors de son entrée solennelle dans ses fonctions de conseiller municipal à Pomfret, dans l’Etat de New York, avec une passoire sur la tête pour afficher ses convictions.

    En fait, ce qui me retient de me convertir au pastafarisme est la crainte d’avoir une tête pas possible coiffée d’une passoire, et je n’aimerais pas passer ainsi de la conversion à la version con.

     

    Conversion

     


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  • Selon l’agence de presse médicale, le Docteur Cahuzac été condamné le 15/01/14 par la chambre disciplinaire du conseil régional de l'ordre des médecins d'Ile-de-France à six mois d'interdiction d'exercice (dont trois avec sursis).

    "Il a été sanctionné pour avoir menti devant l'Assemblée nationale. Nous estimons que c'est amoral et qu'il a déconsidéré la profession de chirurgien" a expliqué la présidente du conseil départemental de l'Ordre des médecins.

    Le conseil de l’ordre des médecins tire sur une ambulance

    Je n’ai aucune sympathie pour Mr Cahuzac qui, comme ancien ministre délégué au budget et ex-député socialiste du Lot-et-Garonne, a été fraudeur et menteur. Mais ses entorses graves à la morale (le terme d’amoral utilisé par la présidente me paraissant excessif) ont été commises en tant qu’homme politique et non dans l’exercice de sa profession de médecin et seul cet exercice devrait être soumis au jugement du conseil de l’ordre.

    Il y a des gens qui jubilent de piétiner ceux qui sont déjà à terre, surtout lorsqu’ils ne risquent rien. Ce genre de décision qui me semble inappropriée de la part du conseil de l’ordre s’apparente à une queue de lynchage : un coup de pied bien placé lorsque les autres ont déjà tourné le dos.

    De nombreux médecins siègent sur les bancs de l’Assemblée nationale et nombreux sont des élus locaux. Le conseil de l’ordre se comportant en tribunal tous azimuts de la moralité devrait également se pencher sur leur cas et les sanctionner pour tous les mensonges (qui n’atteignent cependant pas le niveau stratosphérique de ceux de messire Cahuzac) et promesses non tenues que certains d’entre eux sont amenés à commettre pour accéder ou se maintenir dans leur position. Je pense que le conseil de l’ordre évitera de se pencher sur le cas de notables aux pouvoirs intacts.





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  • Le 11 janvier 2014, dans l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier qui passe sur France 2, Nicolas Bedos s’est livré à un sketch plutôt drôle, bien que parfois à la limite du mauvais goût, dont la cible était Dieudonné M’ba M’ba. Il mettait en particulier en scène un monsieur fort poli et parlant raisonnablement, opposé à un soutien de Dieudonné dont le langage fleuri et l’accent magrébin avaient toutes les chances de venir d’une cité de banlieue. La drôlerie venait de la caricature aussi bien de l’un comme de l’autre des protagonistes.

    Parlant de ce sketch avec mon petit-fils, celui-ci me répliqua que cette prestation l’avait gêné car en voulant s’attaquer à un raciste, Nicolas Bedos s’était lui-même comporté en raciste. Je me suis alors demandé dans quelle mesure il pouvait avoir raison.

    Le concept de racisme, dont le contenu initial était l’inégalité des groupes humains et l’affirmation que certains étaient supérieurs à d’autres, a été largement étendu et l'antiracisme va jusqu’à nier les différences. Caricaturer les traits distinctifs d’un groupe peut ainsi être interprété comme du racisme.

    Dans cette perspective les humoristes ont du souci à se faire car l’imitation ironique d’une catégorie de la population est souvent à la base de leur humour. Va-t-on leur reprocher de caricaturer un Belge, un Italien, un Allemand, un juif sépharade ? Va-t-on interdire à Popeck de caricaturer un juif ashkénaze ? Va-t-on traiter d’homophobe un acteur qui joue « une grande folle » ?

    Il y a une différence de nature entre un Dieudonné qui regrette que les juifs n’aient pas été tous massacrés, et Nicolas Bedos qui caricature un jeune magrébin de banlieue censé le soutenir. La seule chose que l’on peut reprocher à Nicolas Bedos est d’avoir fait passer le soutien de Dieudonné comme un tantinet idiot et largement inculte. La question est de savoir si c’est faux.

    Je viens de lire sur le Monde.fr ceci : " La pression des consommateurs a fait céder Haribo. Le fabricant de bonbons a annoncé, vendredi 17 janvier, qu'il arrêtait la vente en Suède et au Danemark de bonbons à la réglisse que certains clients de la marque trouvaient racistes". Car ces bonbons étaient... noirs et en forme de masques. Je pense que l'on ne peut pas trouver mieux pour illustrer les dérives du concept de racisme et comme exemple d'humour noir.

     

    Le « racisme » des humoristes

     


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    Avertissement aux futures concubines

     

    Des concubines de François Hollande je n’en connais que trois dont le sort ne m’a pas paru enviable.

    La première fut la Royale. Après avoir postulé en vain, mais avec « bravitude », pour la présidence de République française, elle n’a même pas pu obtenir La Rochelle alors que son ancien concubin était devenu chef de l’Etat.

    La Trierweiler, sortie de l’ombre, avait cru triompher en accompagnant son concubin vers les sommets et en s’installant enfin à l’Elysée avec armes et bagages. Patatras, la voilà à l’hôpital après avoir été humiliée devant le monde entier.

    La Gayet, la nouvelle concubine présumée, est déjà punie d’avoir cédé aux charmes du Président normal (à condition, toutefois, de trouver normal de tromper régulièrement la femme avec laquelle on vit). Cette charmante comédienne et productrice fut proposée fin 2013 pour faire partie du jury de la Villa Médicis en raison de ses actions louables dans le monde du cinéma. La ministre de la Culture, après la révélation des rapports présumés de la dite comédienne avec un individu casqué et motorisé que l’on soupçonne d’être le Président naviguant entre ses deux concubines, et sans doute pour ne pas faire jaser (ce qui est raté), a préféré en nommer une autre.

    Je crois de mon devoir d’avertir les dames séduisantes fréquentant les élites, que si elles rencontrent dans une sauterie à tendance socialiste un petit homme rondouillard, à la calvitie avancée et portant lunettes, d’éviter toute séduction à son égard. Un accident est si vite arrivé.





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  • Il est de coutume dans notre beau royaume de France que le Roi prenne favorite. Or, notre bon Roi après avoir répudié sa précédente compagne avant de monter sur le trône semblait se contenter de celle qui fut sa maîtresse, et qui devint par la grâce du couronnement la Première Dame du Royaume. Celle-ci, comme il est de règle, installa son cabinet et sa petite cour au Palais de l’Elysée. Le bon peuple n’avait guère bonne opinion de cette Première Dame et plaignait un peu son Roi de l’avoir choisie. Il serait vain de dire que les libelles allaient bon train.

    Or, depuis quelques jours les gazettes bruissent d’une rumeur qui semble se confirmer : notre bon Roi aurait enfin pris favorite en jetant son dévolu sur une comédienne fort agréable de sa personne. Craignant les foudres de la Première Dame que l’on sait irascible, on le vit rejoindre sa favorite dans le plus grand secret sur son cheval à roulettes, casqué et accompagné d’un fidèle serviteur en qui il avait toute confiance. Le secret fut cependant éventé, et la favorite devint l’objet de tous les regards qui, jusqu’à présent, lui avaient un peu manqué.

    Lorsque la Première Dame apprit la nouvelle, elle fut prise de vapeurs, si bien que l’on dut appeler le médecin du Roi qui ordonna l’isolement et le repos, sans recourir cependant à la saignée qu’il se réservait comme ultime recours.

    La Cour et le pays attendent les déclarations royales. Le Roi dans sa bonté devrait ce jour gloser sur les affaires du royaume. Les courtisans, qui n’écouteront guère le discours dont ils connaissent déjà la teneur, n’auront d’oreilles que pour ce qui sera dit sur cette favorite sortie de l’ombre et qui risque peut-être d’y retourner.


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  • Dieudonné M’bala M’bala n’existe pas. Certes, on en parle beaucoup, on a des preuves matérielles de son existence (ne serait-ce que les poursuites du fisc) mais cela n’empêche pas de revendiquer la liberté de la nier.

    Antijuif virulent, il a fait équipe pendant plusieurs années avec Elie Semoun son ami d’enfance d’origine juive. Il copine avec les négationnistes alors qu’il regrette la disparition des chambres à gaz. Il s’est dit contre toutes les religions alors qu’il est pour l’islam radical. Il s’est dit anti-communautariste alors qu’il a organisé la « marche des noirs » et qu’il ne se déplace qu’entouré de noirs. Il s’est dit à gauche, opposé au FN, et sympathise avec lui et avec l’extrême droite, en se présentant entretemps comme écologiste.

    M’bala M’bala n’existe pas car quand on peut être partout, c’est qu’on est nulle part. Son nom illustre curieusement une dissociation de la personnalité et son parcours chaotique et désorienté, un moi instable et incohérent.


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    L’obsession « genrée »

     

    Sur Slate.fr figure un article du 5/01/14 intitulé « La ville, espace trop masculin » de Philippe Gargov dont je retranscris ci-dessous un extrait intitulé : « 1. Vers un urbanisme genré ? » :

    « L’hypersexualisation du bâti ne date pas d’hier, qu’il s’agisse de gratte-ciels comparables à des phallus géants […], ou de stades qataris aux allures vulvaires[1]. L’urbanisme se révèle toutefois un peu plus mature. Bien que récente, l’intégration des questions de genre se fait avec une intensité non-négligeable. «La planification urbaine genrée est devenue un nouveau champ d’action», estime ainsi la chercheuse Sandra Huning dans la revue Métropolitiques (notons au passage que l’article original est titré: «Ambivalences of Gender Planning»): «Les mobilisations et productions intellectuelles féministes et queer doivent continuer non seulement à nourrir la pratique urbanistique et à contester les normes et les représentations de genre collectives telles qu’elles ont été naturalisées, mais aussi à développer des modèles d’urbanisme capables d’intégrer des perspectives déconstructionnistes plus complexes dans le travail des institutions de planification urbaine.»

    On ne peut que constater de la part de ces féministes une véritable obsession « genrée ». Voir dans les immeubles, les monuments ou les colonnes la figuration de phallus et l’expression de la domination masculine frise le ridicule et que l’on puisse évoquer à contrario une vulve devant la forme ovalaire des stades laisse pensif sur les idées qui trottent dans la tête de certains ou de certaines.

    On ne voit pas comment il serait possible d’ériger de grands immeubles autrement que comme des colonnes dressées ou un stade autre que circulaire. Voir des sexes partout tient de l’obsession sexuelle.

    [1] Une journaliste du Guardian à écrit à propos de la forme de ce stade : "La ressemblance du stade avec un vagin a beau être non intentionnelle, je ne peux que l'applaudir. Dans un monde où sport et femmes sont rarement assimilés, ce stade est une bénédiction. Et après tout, pourquoi on n'aurait pas 45 000 personnes entassées dans un appareil de reproduction féminin ? Ce n'est pas comme si on n'avait jamais connu ça."





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  • « Et si la diversité était une chance pour l'école ? La classe de CE2 de Julie Noël à Paris s'est lancée dans l'aventure : durant une année, les élèves ont enquêté sur leurs origines, leur histoire familiale, ont débattu sur le racisme, l'immigration et la notion d'être français. Beaucoup d'entre eux ont des parents qui ne sont pas nés en France. Le webdoc Photo de classe, réalisé par Estelle Fenech et Catherine Portaluppi, raconte cette expérience qui regarde l'école autrement ».

    Il fut un temps, déjà bien lointain, où l’école de la République s’efforçait d’être neutre. Un lieu consacré à la transmission du savoir. La classe (mais pas forcément la cour de récréation) constituait un univers clos où les élèves étaient en principe à égalité, où il n’était pas tenu compte de leurs origines, où il leur était seulement demandé de travailler et d’apprendre, et où ils étaient jugés sur leurs résultats. Ceux qui étaient désavantagés par leur milieu familial étaient amenés à travailler davantage pour être au niveau des autres s’ils voulaient réussir, sans que l’on s’apitoie sur leur sort. C’était un sanctuaire qui laissait à sa porte la politique, les opinions, les religions, les origines, bref la société et ses remous.

    Je dis l’école de jadis s’efforçait d’être neutre, car le savoir lui-même n’est jamais neutre, l’Etat peut le manipuler par la façon dont les programmes sont faits et imposés aux enseignants. Mais dans l’ensemble il existait tout de même une neutralité, notamment de la part des enseignants.

    L’information qui figure en tête de cet article montre bien que cette époque est révolue. Les problèmes de la société envahissent la classe et ce dès le plus jeune âge. Ce n’est plus le sanctuaire de la transmission du savoir mais un lieu de débat. Jadis les professeurs transmettaient une culture qui permettait aux élèves de se faire plus tard une opinion. Aujourd’hui, on livre du savoir mais aussi des opinions, quand les opinions ne prennent pas la place du savoir. L’école semble devenu un lieu de façonnage du citoyen selon un modèle politiquement correct, et le savoir lui-même peut être tronqué, car il arrive que des enseignants évitent de parler de certains évènements historiques ou de connaissances en raison de la composition ethnique ou religieuse de leur classe.

    Il faut aussi admettre que les classes n’ont plus la même homogénéité qu’autrefois, mais je me demande s’il est souhaitable d’accentuer cette hétérogénéité en insistant sur les origines de chacun. Ne serait-il pas plus judicieux de considérer que tous sont sur la même ligne de départ et que c’est à chacun de montrer ses capacités. Je ne vois pas en quoi la diversité proclamée – qui introduit déjà une inégalité – est une chance pour l’école (la géographie est faite pour enseigner les pays du globe sans passer par les enfants d’immigrés présents en classe). C’est une façon peut-être nocive de distinguer les uns des autres en-dehors de leur travail scolaire.


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  • "Nous sommes fiers d'annoncer que notre frère Georges Ibrahim Abdallah est désormais citoyen d'honneur de la ville de Bagnolet, à l'issue d'un Conseil municipal où il a fallu batailler !!!... »

    Telle est la déclaration du collectif pour la libération de cet individu qui purge depuis 1984 une peine (à perpétuité) de prison en France pour actes de terrorisme et assassinats (dont un diplomate américain à Paris) alors qu’il était le chef présumé de la « Fraction armée révolutionnaire libanaise ».

    Voilà un citoyen d’honneur dont le maire communiste de Bagnolet, Marc Everbecq, peut être fier, comme les deux autres maires communistes qui l’avaient déjà nommé citoyen d’honneur de leur ville en 2012, André Delcourt (Calonne-Ricouart) et Christian Champiré (Grenay).

    Que l’on soit pour sa libération après toutes ces années est une chose, mais qu’on le mette à l’honneur en est une autre.


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    La fragilité de la flamme

     

    Cette « Madeleine à la veilleuse » de Georges De La Tour est bien jeune, pourtant elle est fascinée par la bougie qui se consume, symbole du temps qui passe, et par sa petite flamme vacillante comme la vie, la main sur le symbole de la mort posé sur ses jolies jambes.

    Des jeunes n’attendent pas la fuite du temps : ils l’interrompent en se suicidant. Rien n’est plus dramatique que le suicide d’un jeune. J’ai récemment été à l’enterrement d’un garçon de 19 ans qui avait tout pour lui et qui s’est jeté par la fenêtre. Il avait laissé une lettre qu’il avait écrite six mois auparavant où il disait que « ce monde ne lui convenait pas ». Désespoir métaphysique.





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