• Dans le texte récent : « Evangelli Gaudium », le pape François "implore humblement" les pays musulmans d'assurer la liberté religieuse aux chrétiens, "prenant en compte la liberté dont les croyants de l'islam jouissent dans les pays occidentaux". Il essaye, en somme, de demander « humblement » pardon aux musulmans pour les propos tenus il y a sept ans par Benoît XVI à Ratisbonne semblant lier islam et violence. Néanmoins, le pape François s'inquiète d « épisodes de fondamentalisme violent » mais invite aussi à éviter « d'odieuses généralisations », « parce que le véritable islam (...) s'oppose à toute violence ».

    Le président Bush junior après l’effondrement des deux tours de New-York, le 11 septembre 2001, avait éprouvé le besoin – sans doute pour éviter des troubles – de déclarer que « l’Islam ce n’était pas ça » mais une « religion d’amour », alors que dans le même temps les foules palestiniennes étaient descendues dans la rue pour se réjouir du massacre des 3000 américains, liesse judicieusement interrompue par Arafat.

    Le Christianisme est dans son essence une religion d’amour, il suffit de lire les Evangiles pour en être convaincu, même si ses fidèles se sont largement éloignés du message initial dans le passé. Mais d’où vient cette affirmation sans cesse répétée pour l’Islam ? La vie du prophète Mahomet est un modèle pour tout musulman, mais contrairement à Jésus, chaste et non violent, Mahomet avait un double visage, priant beaucoup, mais faisant tuer ses opposants pour asseoir sa religion, en commençant par le massacre des tribus juives qui l’avaient accueilli à Médine mais sans reconnaître son statut de prophète.

    Le Christianisme repose essentiellement sur les Evangiles. L’Islam repose essentiellement sur trois textes fondamentaux : le Coran, la Tradition prophétique (Sunna) et le droit musulman. Si un chrétien applique intégralement le message des Evangiles, il peut devenir un saint. Si un musulman applique intégralement les textes fondateurs de sa religion, il peut devenir un islamiste violent.

    Dans le passé, l’Islam s’était révélé plus tolérant que le Christianisme. C’est l’inverse aujourd’hui, et on se demande sur quoi se fonde cette affirmation que l’Islam est de nos jours une religion de paix, de tolérance et d’amour. Ce qui n’empêche pas en étant musulman de vouloir vivre en paix, d’être tolérant et fraternel, mais ceci malgré les textes fondateurs de sa religion ou en les adaptant au monde moderne. Il n’y a pas deux Islam : l’un paisible et l’autre violent, mais un seul Islam qui, comme son prophète, montre deux visages.


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  • Le 21 novembre 2013, j’ai eu l’occasion de voir les images télévisuelles prises dans la salle de l’auditorium du musée du Quai Branly. Elles montraient l’arrivée de Jacques Chirac d’une démarche dite « sénile », à petits pas précautionneux, appuyé sur l’épaule de Bernadette. L’ancien président fut longuement applaudi, non pour sa prouesse déambulatoire, mais pour son passé, bien que discutable. Le nouveau président ne manqua pas de l’honorer dans une complicité corrézienne de bon aloi.

    Par contre je n’ai pas repéré sur ces images, plutôt déprimantes, celle du véritable héros du jour pour lequel Chirac s’était si péniblement déplacé pour lui remettre le prix à son nom : le gynécologue congolais Dr Denis Mukwege qui méritait pourtant que les caméras s’attardent plus sur lui que sur les Corréziens.

    Ce médecin, menacé de mort (il a subi plusieurs attaques et échappé de peu à un attentat), vit habituellement cloîtré dans son hôpital de Panzi où il tente de réparer  les mutilations provoquées par les violences sexuelles et les tortures visant avec prédilection le sexe des femmes commises par la soldatesque dans le Congo en guerre. « Au total, au cours des quatorze dernières années son établissement a pris en charge, souvent chirurgicalement, 40 000 femmes, adolescentes, fillettes et même quelques nourrissons atrocement blessées par leurs bourreaux » Les viols, dit-il « n’ont rien à voir avec des agissements individuels ou un fait culture congolais. Les viols sont planifiés, organisés, mis en scène. Ils correspondent à une stratégie visant à traumatiser les familles et détruire les communautés, provoquer l’exode des populations vers les villes et permettre à d’autres de s’approprier les ressources naturelles du pays. C’est une arme de guerre. Formidablement efficace ». En ajoutant : « le monde devrait proclamer que le viol de guerre est aussi grave que l’arme chimique et décréter qu’il s’agit là d’une ligne rouge fatale ». Et dès qu’il le peut, il utilise les tribunes officielles pour avertir le monde des atrocités commises dans son pays. Un cri que l’on écoute poliment et avec commisération, mais qui risque fort de ne pas avoir d’écho en retour.

    Cet homme courageux qui tente de soulager les victimes de la barbarie et au péril de sa vie mérite bien une photo.


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    Le client ne sera-t-il plus roi ?

    Une proposition de loi visant à pénaliser les clients de la prostitution doit être discutée par les députés. Ce qui soulève un nouveau débat dans la société française, une guerre de tranchées entre les intellectuels qui, s’ils sont de sexe masculin, ont peut-être des conflits d’intérêt qu’ils n’ont pas déclarés. Certains diraient que ce nouveau débat touchant les mœurs est encore un écran de fumée de la part du gouvernement pour détourner une nouvelle fois les penseurs patentés des difficultés réelles de la société française. Encore que Hollande devant le texte initial du projet de loi se serait écrié : « C’est quoi encore ces conneries ? » et qu’il en a retiré les peines de prison prévues pour ne conserver que les amendes (Le Point du 21/11/2013).

    De quoi s’agit –il ? Ni plus ni moins que de tenter d’éradiquer la prostitution en décourageant la demande. « Vaste programme » comme dirait Charles.

    Les siècles passent, les empires trépassent, les monarques se succèdent, les républiques changent de numéro, les gouvernements tombent, les lois changent, et la prostitution est toujours là. Interdiction, déportation des prostituées, dépénalisation, ouverture ou fermeture des maisons closes, encadrement légalisé…De nombreuses formules ont été essayées pour contrôler ou « humaniser » la prostitution, aucune n’est évidemment satisfaisante pour lutter contre la marchandisation du sexe.

    Pénaliser le client, c’est aussi constater l’échec de la lutte contre le proxénétisme, le trafic des êtres humains et leur esclavage. Mais les marchands du corps féminin (plus que masculin) sont des entrepreneurs qui hésiteront peut-être à investir dans un pays où les clients risquent de se raréfier.

    Pénaliser le client, mais lequel ? Celui ayant peu de moyens pour assouvir ses pulsions sexuelles et qui s’adresse, faute de mieux, aux prostituées soumises par la violence ou le client plus fortuné ayant recours à des prostituées qui non seulement sont consentantes mais recherchent le client et parfois selon leur choix ? Il y a des personnes qui font commerce de leur corps sans y être obligées par autrui. Le cas est évident pour les acteurs et actrices des films pornographiques, faudra-t-il punir ceux et celles qui les regardent ? Une gestion pour autrui est autrement plus lourde et plus longue qu’un acte sexuel, et la plupart de ces porteuses d’enfants pour les autres ne le font pas pour le plaisir mais pour de l’argent.

    Ces derniers exemples montrent que tout tourne autour du consentement de la femme ou de l’homme et non sur la marchandisation de leur corps. Et pour être juste, il faudrait d’abord établir que la personne dont le corps est utilisé contre de l’argent le fait contre son gré avant de pénaliser le client en légiférant sur sa vie privée et sur celle de l’objet de son désir. Encore une fois : « Vaste programme ».

    Toulouse-Lautrec : « Femme remontant son bas »


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    "Repasser" ce sein que je saurais voir

    En Afrique équatoriale, et notamment au Cameroun, nombre de mères (on parle de 20% dans certaines régions), souvent avec l’aide énergique de membres féminins de la famille, « repassent » les seins naissants de leurs filles en écrasant la chair avec « des pierres chaudes, des pilons, voire des épluchures de bananes plantains passées au préalable sur le feu ». Inutile de dire qu’il s’agit d’une véritable torture.

    Le but recherché de cette tradition ancestrale que l’on hésite à qualifier de « culturelle » est de supprimer les signes extérieurs de la féminité afin de retarder l’âge du premier rapport sexuel. Moyen de contraception sauvage qui peut laisser des séquelles, et inefficace : près d’un tiers des jeunes Camerounaises se retrouvent mères avant l’âge de 16 ans, la plupart étant mariées dès la puberté. Si bien que certaines adolescentes s’infligent elles-mêmes ce supplice afin d’échapper à une union précoce et pouvoir continuer leur scolarité.  

    Moins connue que l’excision, cette mutilation se déroule dans le cadre familial où les mères font subir à leurs filles ce qu’elles ont elles-mêmes subi en essayant de les protéger le plus longtemps possible de l’appétit des mâles.

    Source : « Rue 89 »

    Sebastiano del Piombo : « Le martyre de sainte Agathe »


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  • Je lis en toi comme dans un livre

    Dans le journal américain Science est parue en Octobre 2013 une étude de deux psychologues sur l’influence de la lecture sur la perception sociale, le degré d’empathie et l’intelligence émotionnelle. Les tests ont été effectués immédiatement après la lecture d’extraits d’œuvres littéraires soit de fiction, soit « sérieuses ». Il s’avère, selon cette étude, que seule la fiction (et plus particulièrement celle des auteurs russes du XIXème siècle et des auteurs contemporains les plus prestigieux) renforce temporairement la capacité à imaginer et à comprendre l’état mental d’autrui. L’intelligence émotionnelle étant évaluée par la capacité à deviner les émotions traduites par des yeux photographiés.

    La lecture de la littérature de fiction, qui décrit les relations entre individus et les émotions, constituerait donc une sorte d’entraînement pour augmenter le niveau d’empathie et de compréhension des relations sociales. Il est vrai que la lecture d’un livre de comptabilité ne prépare pas à percevoir les émotions d’autrui, sauf si l’on y constate les preuves d’une faillite ou de malversations.

    Pourtant je me pose la question : le cinéma et la télévision, dont les images sont regardées de façon quotidienne et par l’immense majorité d’entre nous, délivrent des flots de fiction qui, si elle n’a pas toujours la qualité de celle écrite par les grands auteurs, devrait augmenter chez tous le niveau de compréhension de l’autre. Or je me demande si ce n’est pas l’inverse. La profusion des émotions qui se déversent sur les écrans finit peut-être par nous anesthésier et par lever en nous une défense, une protection contre ce déferlement émotionnel. Mauvais entraînement qui pourrait nous rendre moins sensible à autrui, comme le surentraînement d’un athlète finit par diminuer ses performances.

    Mais peut-être que ce que l’on voit est-il différent de ce que l’on imagine. Le roman ne suscite que l’imagination, c'est-à-dire la construction personnelle d’un monde qui nécessite un effort, alors que l’image est reçue de façon passive.

    Magritte : « La lectrice soumise »


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  • Incohérences dubitatives

    Selon une enquête BVA 63% des personnes sondées (rassurez-vous, seulement par un interrogatoire) sont favorables à un changement de premier ministre, mais 64% pensent que la situation n’en serait pas pour autant améliorée. On peut donc se demander les raisons qui amènent à formuler  cette opinion. Je ne peux que risquer quelques hypothèses :

    - En ont-elles assez de voir la tête d’Ayrault comme on en a assez de voir toujours le même comédien sur les planches ?

    - Veulent-elles avoir un autre personnage à critiquer, ce qui permettrait de changer le répertoire de leurs quolibets ?

    - Veulent-elles voir dans les magazines pipoles une autre famille, une autre demeure et un autre passé ?

    Un autre volet de ce sondage révèle que 52% des sondés (avec, bien sûr, une nette majorité votant à droite)  sont favorables à une dissolution de l’Assemblée nationale et à  l'organisation de législatives anticipées. Mais là encore la même proportion (52%) estime que la situation n’en serait pas améliorée.

    En effet, si les nouvelles élections ramènent à l’Assemblée la même majorité, on se retrouve dans la même situation, et si l’exécutif s’en trouverait renforcée ce serait sans doute pour faire la même chose.

    Si l’on tient compte de l’impopularité de l’exécutif, il est probable que la composition de la nouvelle l’Assemblée serait différente, ce qui conduirait à une cohabitation. Dans ce cas, les plus nombreux pensent que la situation n’en changerait pas pour autant, ils ne font donc pas plus confiance à la droite qu’à la gauche. Alors pourquoi sont-ils partisans de la dissolution ? Pour se distraire ? Pour donner un peu de mouvement à la politique ? Pour donner du grain à moudre aux commentateurs dont les commentaires uniformes finissent par lasser ?

    Les plus nombreux veulent  que l’on change de premier ministre ou aimeraient que l’Assemblée nationale soit dissoute, mais ils sont aussi nombreux pour rien en espérer. Ces opinions déboussolées montrent à quel point les Français (sondés) ne se font guère d’illusions dans leur majorité sur l’efficacité de la classe politique. Ce qui n’a rien de surprenant, mais aussi rien de nouveau. On peut donc se poser la question de l’intérêt de ce sondage.

    Illustration : dessin de ZAC


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  • "Tout va très bien madame la marquise"

    Le Président de la République Française est ravi d'être aujourd'hui à Monaco (Photo parue dans Le Point.fr © Éric Gaillard/AFP)


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    L'exposition Chu Teh-Chun

    La pinacothèque de Paris expose en ce moment des oeuvres du peintre d'origine chinoise Chu Teh-Chun. Pour moi ce fut une découverte. Je ne connaissais pas ce peintre (à ma grande honte) alors qu'il s'agit d'un vieux monsieur (il est né en 1920) et en France depuis 1955 ! Parti de la calligraphie et du figuratif, impressionné par les oeuvres de Nicolas de Staël, sa peinture est devenue abstraite et pour ma part j'ai trouvé ses tableaux très beaux. On peut ne pas aimer l'art abstrait et pour ma part je ne suis pas un grand connaisseur, mais j'ai trouvé cette exposition remarquable.

    Voici quelques tableaux photographiés à la va-vite, le déclic de mon téléphone portable attirant à chaque fois un surveillant soupçonneux.

    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
     

     COMMENTAIRES SUR OVER-BLOG 

    Pangloss Il y a 1 an

    Je partage votre admiration. Ces tableaux abstraits sont déconcertants en obligeant l'oeil à y rechercher de la figuration.

      Dr WO Il y a 1 an

    C'est tout à fait exact. Un tableau que je n'ai pu photographier avait comme titre "Hong-Kong", on ne voyait pas une ville mais l'impression d'une ville, son essence. Ma femme, elle, voyait des têtes partout et moi je voyais autre chose, mais rien de précis, plutôt de la poésie diffuse. Une peinture qui fait rêver est une grande peinture.

    Joachim Il y a 1 an

    C`est de l`abstrait figuratif... comme vous dites Dr Wo, de "l`essence" de paysage, de la vraie poésie visuelle. Un peu dans la continuation des estampes classiques chinoises dans lesquelles les formes et couleurs des paysages sont souvent enveloppées de brouillard et d`effets de lumiere ou carrément dans la pluie. Cette forme de peinture abstraite est -a l`encontre de la plupart des abstraits occidentaux- est bien moins cérébral que sensuel et finalement c`est d`abord aux sens que s`adresse la peinture ainsi que l`avaient bien compris les grands modernes tels van Gogh, Renoir, Gaugoin, Cézanne, Toulouse, Rousseau, etc...

     Dr WO Il y a 1 an

    Je suis d'accord avec votre perception de cette peinture : elle est sensuelle. Elle n'entraîne aucune réflexion. Les couleurs et le mouvement des formes donnent un plaisir visuel. C'est une peinture qui se rapproche de la musique.

     NOURATIN Il y a 1 an

    Ma foi...des goûts et des couleurs...
    Amitiés.

      Dr WO Il y a 1 an

    Ne se discutent pas...

      Michel Palle Il y a 1 an

    Au musée Guimet : De neige d’or et d’azur. CHU TEH-CHUN et la manufacture de Sèvres....
    regardez aussi le travail de Zao Wou-Ki ...
    Je pleure de bonheur devant l'oeuvre du maître Chu Teh-Chun, immense !

      Dr WO Il y a 1 an

    J'ai raté l'exposition de Zao à la galerie du Jeu de Paume, mais en regardant les reproductions du fascicule de celle-ci (avec les réserves qui s'imposent), j'ai une préférence pour Chu.

     marie Il y a 9 mois

    Je reviens de cette exposition, j'avoue que je suis encore sous l'émotion la magie de ces tableaux de Chu Teh Chun que , comme vous, je ne connaissais pas du tout!
    merci d'avoir pris des risques pour faire partager ces beautés indéniables….

      Dr WO Il y a 9 mois

    Vous avez raison ce sont des tableaux magiques. J'ai rarement eu un tel ressenti pour des tableaux abstraits. Une émotion semblable (un peu moins forte) pour Richter (dont un aperçu de l'exposition figure également sur ce blog : http://obraska.over-blog.fr/article-l-exposition-gerhard-richter-109807440.html)

     Peter Il y a 14 jours

    Thank you for posting these beautiful paintings.

    Maybe somebody can help me clear up the connection between Chu Teh-Chun and Hubert Roestenburg. In the "lot notes" of a Chu Teh-Chun painting that was auctioned off on november 23 2014 there is a mention of the German Expressionist painter Hubert Roestenburg.

    (http://www.christies.com/lotfinder/paintings/chu-teh-chun-2121978-5853207-details.aspx#top.)

    I know that Chu Teh-Chun was influeced by German Expressionism. I also read somewhere that he visited an exhibition of Hubert Roestenburg in 2006. Does anybody know if Hubert Roestenburg and Chu Teh-Chun knew each other?

       Peter Il y a 14 jours

    Addendum - This was an auction by Christie's in Hong Kong (ASIAN 20TH CENTURY & CONTEMPORARY ART, art auction held in
    Hong Kong Nov 23 2014)

     
     

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  • L’utilisation d’extraits de corps humain comme thérapeutique est devenue d’une grande banalité avec les transfusions sanguines et les transplantations d’organes, et il ne vient à l’idée de personne de parler de cannibalisme.

    Pourtant, on trouve extravagant que par le passé les gens et notamment les monarques aient pu chercher à se soigner ou prévenir les maladies en utilisant des morceaux de corps humain : crâne, cervelle, os, chair, graisse ou peau sous diverses formes : décoctions ou appositions pour lutter contre la maladie ou renforcer leurs capacités. Charles II d’Angleterre distillait du crâne humain dans un laboratoire secret pour obtenir un élixir miraculeux appelé les « gouttes du roi ». Cette « médecine par les corps » aurait été appréciée par François 1er, le chirurgien d’Elisabeth 1er et bien d’autres. Une tradition qui d’après Richard Sugg[1] aurait perduré jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

    Les vampires des Carpates équipés de dents adéquates n’ont pas été les seuls amateurs d’hémoglobine. Dans le passé le sang était prélevé sur les morts encore frais. Il existerait un tableau de l’exécution du roi Charles 1er en 1649 où l’on voit les badauds récolter le sang du roi avec des mouchoirs. Le sang était le traitement de choix de l’épilepsie. « Au Danemark, le jeune Hans Christian Andersen a vu des parents faire boire à leur enfant malade du sang à l’échafaud » [1]. Les bourreaux demandaient à leurs assistants de recueillir le sang dans des coupes alors qu’il jaillissait du cou des criminels mourants. Lors d’une exécution au XVIe siècle en Allemagne, un vagabond aurait saisi le corps décapité avant qu’il retombe pour en boire le sang.

    Recueillir le sang des condamnés exécutés ne faisait de mal à personne, même s’il était illusoire de penser qu’en le buvant on pouvait obtenir une guérison. Aujourd’hui le sang des autres permet de sauver chaque jour d’innombrables malades, mais ces donneurs restent heureusement vivants après leur don. Il est cependant arrivé que le donneur soit sacrifié sans avoir été condamné.

    Au XIIe siècle, les conciles (Clermont, Latran, Tours) interdirent aux membres du clergé la pratique de la médecine et surtout de la chirurgie en vertu du principe : «  Ecclesia abhorret a sanguine ». En 1492, le Pape Innocent VII, gravement malade, aurait dû s'en souvenir quand son médecin lui proposa la première transfusion sanguine humaine connue avec le sang de trois enfants. Les quatre en moururent. Le Pape aurait pu supporter la transfusion si son groupe sanguin avait été celui du « receveur universel », mais le monde est mal fait et ce groupe est le plus rare des quatre principaux découvert par l'autrichien Karl Landsteiner en 1901. La chance que les enfants soient tous trois des « donneurs universels » était également mince.

     


    [1] Mummies, Cannibals and vampires : enquête sur le cannibalisme médicinal chez les monarques britanniques


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  • C'est quasiment ce que promettent aux jeunes les publicités de la boisson énergisante Red Bull. Elle contient de la taurine dont on ne connait pas trop les effets secondaires et une bonne dose de caféine. Elle ne semble pas anodine, C'est ce que pensent les rats qui ont été amenés à se ronger les pattes après en avoir absorbé, et quelques adolescents au moment de mourir mais sans que l'on puisse formellement démontrer une relation de cause à effet. La société dont le chiffre d'affaires s'élève à quelques milliards en vendant cette douce boisson, par ailleurs parfaitement inutile si l'on veut réaliser les fabuleux exploits étalés sur les écrans, a les moyens de démontrer l'innocuité de son dopant.

    Tous les pays européens l'ont adopté, peut-être pour donner un coup de fouet à une Europe sur le déclin. La France a failli l'interdire, mais a reculé devant Red Bull qui lui réclamait une amende de 300 millions d'euros, et les députés se sont contentés de taxer cette boisson avec comme argument la préservation de la santé des jeunes, tout en permettant au passage d'arrondir des fins de mois difficiles.

    "Hercules fights the bull", château de Schwerin, par Brian Suda sur Flickr


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