• On peut visiter à la Pinacothèque de Paris, jusqu'au 16 mars, une triple exposition intitulée "Les peintres témoins de leur temps". Sont exposés des tableaux de Chu Teh Chun, de Goya et des Bruegel (nom francisé en Breughel et l'exposition utilise une synthèse : Brueghel).

    A l'entrée figure un arbre généalogique impressionnant de la famille des Bruegel. Beaucoup de tableaux exposés ont été peints par Bruegel le Jeune (Pieter II dit d'Enfer), quelques-uns de Bruegel l'Ancien (Pieter) et de Jan 1er Bruegel dit de Velours

    L'exposition des Bruegel

     

    L'impression globale est celle d'une merveilleuse bande dessinée aux personnages mutiples et ciselés racontant la vie des Flandres à cheval sur le XVIème et le XVIIème siècle.

    De la rixe (Bruegel l'Ancien) à la "Danse de noces paysannes" (Bruegel le Jeune)

    L'exposition des BruegelL'exposition des Bruegel

     

    Quelques beaux paysages en petit format qui montrent l'habileté et la précison de ces peintres, comme dans le "Paysage d'hiver" (Bruegel le Jeune)

    L'exposition des Bruegel

     

    Il m'a paru souhaitable de placer après "Les flatteurs" ce magnifique bouquet de fleurs (les deux de Bruegel le Jeune)

    L'exposition des Bruegel
    L'exposition des Bruegel

     


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  • 155. L’eugénisme doux

    L’eugénisme (terme introduit par Galton, cousin de Darwin) a pour ambition d'améliorer le patrimoine génétique de l’humanité comme on peut améliorer celui des animaux. Les conditions de cette « amélioration » consistant à écarter des groupes humains en leur interdisant de se perpétuer (étaient visés les classes sociales et races « inférieures », les handicapés, les psychiatriques, les alcooliques, les victimes de certaines infections, les homosexuels…). Le choix des groupes visés étant le plus souvent arbitraire pour ne pas dire scandaleux, et les moyens utilisés ayant été souvent inhumains, cette idéologie a derrière elle un lourd passé quand elle fut appliquée (internement, stérilisation, avortements, élimination) notamment dans des pays protestants ou asiatiques et bien sûr en Allemagne nazie. La sélection des populations est aujourd’hui, en principe, interdite dans la plupart des pays.

    L’eugénisme est né au XIXème siècle alors que la génétique était balbutiante. Aujourd’hui nous pouvons connaître le génome, non seulement de chaque individu né, mais aussi de l’individu à naître, au stade embryonnaire (notamment en cas de PMA). Nous connaissons certains profils génétiques à risque et nous sommes capables de suivre le développement fœtal in utero.

    Tous ces progrès scientifiques auxquels les premiers eugénistes n’auraient pas osé rêver (ils attribuaient souvent à l’hérédité des « tares » qui étaient en fait acquises) entre-ouvrent aujourd’hui la porte à un eugénisme doux.

    Sélection du sexe.

    En Asie et notamment en Inde, les filles sont sacrifiées par millions. Dans certaines régions de Chine ou d'Inde le déséquilibre peut atteindre 125 garçons pour 100 filles. Cette sélection peut continuer en Occident. Une étude de l'université d'Oxford paru en juin 2007 a montré que les mères d'origine indo-pakistanaise qui accouchent en Grande-Bretagne ont à partir du 3ème enfant,  un ratio garçon-fille déséquilibré (113 garçons nés pour 100 filles pour les naissances entre 1990 et 2005 contre 105 garçons pour 100 filles pour la moyenne nationale).

    Sélection des caractères.

    Dans l’objectif d’avoir un « enfant parfait » ou du moins selon ses désirs. Aux USA un établissement voulait, il y a quelques années, recueillir du sperme de « prix Nobel » pour le mettre à la disposition de femmes enfantant par fécondation in vitro ou par insémination. Je ne sais pas ce qu’il est advenu de ce projet mais les détenteurs d’un prix Nobel étant en général assez âgés, je doute que leur sperme soit de bonne qualité, même s’ils avaient voulu se prêter à ce jeu. Un objectif semblable est aujourd’hui poursuivi en Chine qui a lancé début 2013 un grand programme de séquençage de l'ADN des surdoués (QI au moins égal à 160).  « L'objectif des Chinois est de déterminer les variants génétiques favorisant l'intelligence, en comparant le génome des surdoués à celui d'individus à QI moyen afin de sélectionner les embryons disposant du meilleur patrimoine ».

    Une méthode de sélection des gamètes des donneurs proposant aux parents de choisir certains traits spécifiques chez leurs enfants à naître a été récemment brevetée par la société 23andMe aux Etats-Unis. Cette méthode vise à améliorer les chances de produire un bébé ressemblant aux caractéristiques souhaitées par le couple bénéficiaire. Parmi celles-ci, peuvent figurer la taille, le sexe, la couleur des yeux, certains traits de personnalité ou encore les risque de développer une dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) et certains types de cancer.

    Sélection sanitaire.

    Pour les grossesses normales, la surveillance échographique et les tests permettent de dépister in utero des anomalies qui peuvent pleinement justifier un avortement. Le diagnostic préimplantatoire (DPI), dans le cas d’une assistance médicale à la procréation, permet de dépister des maladies héréditaires graves et ce type de sélection est un progrès lorsque le profil génétique correspondant est bien identifié et que la probabilité d’avoir la maladie est forte. Mais cette sélection est susceptible de s’étendre. En Angleterre le strabisme est reconnu comme une raison valable de procéder à un DPI. En Australie dans les familles où il existe des cas d’autisme on trie les embryons mais comme on ne connait pas le gène de l’autisme, les garçons sont éliminés car trois fois plus atteints que les filles.

    A la certitude, on en vient à la probabilité ce qui peut conduire à éliminer des embryons qui aurait un risque, mais aucune certitude, d’avoir telle ou telle maladie. Sauf accidents mortels ou meurtres nous auront tous une ou plusieurs maladies, avec la connaissance de plus en plus approfondie du génome il ne restera plus beaucoup d’embryons à implanter en toute quiétude, mais dans le monde on dispose à présent de milliers d’ovules et des milliards de spermatozoïdes conservés dans des cuves d’azote liquide dont on peut se demander ce qu’il en sera fait.

    Le rôle du médecin est de prévenir ou de traiter des pathologies. Au lieu de tenter de trouver et de traiter les causes de la stérilité, il est intervenu directement dans le processus de la procréation. Le désir d’enfant a été pris en charge par la société dans de nombreux pays, faisant de ce désir quasiment un droit, et ouvrant ainsi la porte à l’eugénisme qui ne consiste plus à écarter des individus et à s’opposer à leur perpétuation comme au XIXème et au XXème siècle, mais à les empêcher de naître s’ils ne correspondent pas aux désirs éventuels d’un couple ou à privilégier la procréation d’individus au génome « performant ». Notons qu’il est probable que le grand physicien britannique Stephen Hawking ne serait pas né si l’on avait pu dépister, lorsqu’il n’était qu’un embryon, sa sclérose latérale amyotrophique future qui, aujourd’hui, le paralyse entièrement.

    Magritte : « Perspicacité »


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  • Le droit à l’indifférence

    Dans l’émission TV « ça balance à Paris » (Sur la chaîne « Paris 1ère »), des chroniqueurs font la critique de films, spectacles, livres, musique ou expositions… Les auteurs ou les acteurs sont parfois présents lors de ces critiques sans que les chroniqueurs le sachent, et ces derniers sont par la suite confrontés à ceux ou celles qu’ils ont critiqués. Confrontations qui, parfois, ne manquent pas de piquant.

    Dans l’émission de samedi dernier, une écrivaine d’origine algérienne dont le livre évoque les attitudes diverses des membres d’une famille magrébine en France, avait reçu des critiques élogieuses. Elle a eu cette réplique lors de son face à face avec les chroniqueurs : « je ne réclame pas le droit à la différence, mais le droit à l’indifférence ».

    « Le droit à l’indifférence ». Cette formule m’a frappé. Car le droit à la différence, tant prôné, a pour conséquence une segmentation de la société si les différences sont mises en exergue ou favorisées. Le droit à la différence a pour but d’éviter « discrimination » et « stigmatisation », mais c’est justement en mettant l’accent sur les différences de certains groupes que l’on attire sur eux l’attention et que d’autres peuvent ne pas tolérer cette différenciation.

    De la même façon, on peut remarquer l’effet contre-productif de l’inénarrable formule « issu de la diversité ». On peut être issu d’une mère, d’une famille, d’une ville, d’un pays mais sûrement pas d’une diversité. Cette formule n’a aucun sens, elle est hypocrite, prononcée la bouche en « cul de poule », pour de pas dire Français d’origine arabe, ou d’Afrique noire, car elle semble moins inclure l’origine asiatique.

    Que dire des « minorités visibles » pour ne pas dire noires (black étant plus prisé) comme si les blancs n’étaient pas visibles. Distinction qui, paradoxalement, a une connotation raciste.

    Alors je trouve que le « droit à l’indifférence » revendiquée par cette écrivaine d’origine algérienne est bien plus juste. Indifférence à la personne, à son physique, à la couleur de sa peau, à ce qu’elle est. Ce qui ne veut pas dire que l’on doit être indifférent à ce qu’elle fait, et admettre des attitudes et des actes qui contreviennent aux mœurs du pays. Il est impossible d’être indifférent à la domination de l’homme sur la femme, à des pratiques comme l’excision ou au rejet, jusqu’à être meurtrier, du pays qui l’accueille.

    Dali : « l’homme invisible »





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  • Les sujets de recherche sont parfois déroutants, et on se demande comment et pourquoi ils naissent dans les esprits sérieux et savants qui se penchent sur notre condition humaine. Un des ressorts de leur éclosion est de rapprocher deux paramètres qui, a priori, n’ont aucun lien et de démontrer que ce lien existe bel et bien.

    C’est ainsi que l’université d’Oxford a fait paraître une étude fort sérieuse (qui mériterait sans doute de recevoir un Ig Nobel qui, chaque année, récompense des travaux improbables) tendant à montrer, en étudiant 16000 femmes, que celles qui ont le postérieur le plus rebondi seraient à la fois en meilleur santé et plus intelligentes, si tant est que l’intelligence peut être mesurée par le QI. Du Q au QI, il fallait y penser. Et cette étude va même plus loin en suggérant que les enfants nés d’une mère aux hanches et aux fesses généreuses seraient plus intelligents que ceux nés d’une femme plus mince.

    Penser que l’intelligence des femmes se trouvent dans leurs fesses serait insultant et politiquement très incorrect. Non, les chercheurs ne sont aucunement misogynes, Pour eux les gros fessiers seraient un indice de meilleure santé et c’est à cette dernière qu’il faudrait attribuer un QI plus élevé.

    Pourquoi des fesses rebondies seraient-elles un indice de bonne santé chez les femmes ? Cela tient à la répartition des graisses. Les graisses contenues dans les fesses, comme dans les hanches auraient tendance à stocker plus d’Oméga-3, acides gras considérés comme bénéfiques, et à relâcher moins de cytokines. A l’opposé l’accumulation principale des graisses dans le ventre (augmentation du tour de taille) est une des caractéristiques du syndrome métabolique qui favorise l’élévation du cholestérol, le diabète et les maladies cardiovasculaires. CQ…FD.

    Si l’on en croit cette étude de l’université d’Oxford, les femmes à la taille fine et aux fesses rebondies seraient les plus intelligentes. C’est probablement le cas de cette charmante jeune femme peinte par Jean Honoré Fragonard.

     

    154. Histoire de fesses

     





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  • Je me permets de reproduire ci-dessous un extrait d’un petit billet : « Cortège-party » que j’avais publié en mai 2009 :

    Les manifestations des villes étant devenues intolérables, les autorités, s’inspirant du penseur Alphonse Allais, décidèrent de les mettre à la campagne. Elles prirent conseil auprès des spécialistes en la matière : les organisateurs de rave parties. Des espaces champêtres furent donc aménagés, des circuits de cars organisés et seules les drogues politiques furent tolérées. Les manifestants pouvaient ainsi défiler dans un air pur, brandir des banderoles, crier des slogans, chanter à pleine voix sans gêner quiconque. Les éventuels sauvageons qui n’avaient plus rien à casser, se cassèrent. Quant aux manifestants, d’abord réticents, ils acceptèrent finalement cette solution qui leur permettait de passer une journée à la campagne et de griller quelques merguez. Bien sûr, leurs slogans et leur colère ne pouvaient pas être entendus des ministères, mais comme ils ne l’étaient pas davantage lorsqu’ils défilaient en ville, cela ne changeait pas grand chose.

    En publiant ce billet je ne pensais pas que cette idée serait plus ou moins reprise par le Président Poutine, tsar de toutes les Russies.

    En effet le Point du 20/02/14 signale qu’à Sotchi une « zone de protestation » est installée à une dizaine de kilomètres des premiers sites olympiques, afin que les jeux d’hiver ne soient pas perturbés par d’éventuelles manifestations hostiles au régime de Poutine et notamment par des opposants aux lois anti-gays.

    Cette délocalisation a été efficace car onze jours après l’ouverture des jeux, un seul défilé s’est déroulé dans ce lieu dédié à la mauvaise humeur, celui organisé par le parti communiste russe.


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  • «  Je n’ai pas l’intention de refuser au hasard ce qui lui est dû : j’estime effectivement que les gens bien soignés bénéficient d’un heureux hasard, et ceux qui sont mal soignés d’un hasard malheureux. » Hippocrate (De l’Art).

    Une patiente de 61 ans est décédée aux urgences de l’hôpital Cochin alors qu’elle avait été amenée par les pompiers pour une plaie du pied provoquée par une chute. Examinée ½ heure après son arrivée, la plaie étant considérée comme sans gravité, la patiente a été "installée en zone de surveillance, à proximité des soignants". Arrivée à 17h15, son décès a été constaté à 23h.

    Le communiqué de l’hôpital indique que "les effectifs médicaux et paramédicaux étaient au complet". "L'activité du service d’accueil des urgences de l'Hôpital Cochin le samedi 15 février 2014 était dans la moyenne de celle observée ces dernières semaines".

    Des médecins de l’Hôtel-Dieu ne sont pas de cet avis, et déclarent dans un communiqué que "le service d'urgences de Cochin était complètement saturé, comme le sont quotidiennement toutes les urgences parisiennes depuis la fermeture de l'Hôtel Dieu le 4 novembre 2013". Il est certain que la fermeture du service des urgences d’un hôpital parisien aussi central que l’Hôtel-Dieu n’a pas du améliorer le fonctionnement des autres services parisiens.

    Examinée peu après son arrivée, la patiente n’a sans doute pas été soignée puisque qu’elle a été mise dans une « zone de surveillance », et qu’une simple plaie ne nécessite pas d’hospitalisation. Cette surveillance a été si attentive que le décès de la patiente a été constatée 5 heures environ après avoir été installée dans cette zone d’attente plus que de surveillance, puisqu’on ne sait pas à quelle heure précise elle est morte, et si une intervention de l’équipe médicale aurait pu éventuellement la sauver. Reste qu’attendre 5 heures pour recevoir des soins c’est long, et les attentes sont souvent plus longues. L’équipe soignante doit toujours faire un choix dans les priorités, et cette plaie du pied ne paraissait guère urgente et n’a sûrement pas été la cause du décès. Pas de chance, mourir alors que tout était à côté pour être éventuellement sauvée.

    Cette triste histoire m’en rappelle quelques autres où les malades ont été plus chanceux.

    J’ai vu arriver aux urgences de l’hôpital où je travaillais un monsieur portant sa valise et faire devant nous une mort subite provoquée par un infarctus du myocarde, il fut de suite réanimé et sortit quelque temps après de l’hôpital sa valise à la main.

    Trois cardiologues de l’hôpital Broussais (à l’époque où celui-ci existait encore) se rendaient au bistrot du coin pour prendre un pot lorsqu’un homme s’écroule devant eux sur le trottoir, ils le réaniment dans le rue et il sortira sain et sauf de l’hôpital.

    Je suivais un patient pour une maladie cardiaque, il venait me voir régulièrement, mais j’avais la hantise de sa venue. A chaque fois que j’ouvrais la porte de la salle d’attente, ce patient – qui se rendait à mon cabinet tranquillement à pied - faisait un malaise. Je connaissais l’origine de ce malaise : il s’agissait d’un trouble grave du rythme cardiaque, et la consultation se terminait régulièrement par une hospitalisation en urgence qui le sortait d’affaire. Je me suis toujours demandé si ce patient avait une chance particulière de déclencher sa tachycardie ventriculaire en ma présence ou si c’était ma présence qui la provoquait.


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  • L’exemple suisse

    Tôt le matin, lundi dernier, l’avion d’Ethiopian Air lines détourné par son copilote, a d’abord été escorté par des chasseurs italiens puis par deux mirages de l’armée française. Les avions militaires suisses, eux, sont restés au sol.

    Certes les Suisses – à tort ou à raison - ont la réputation d’être un peu lents, mais leur passivité n’a rien à voir avec une méconnaissance de l’évènement ou à une lenteur de réaction : il se trouve que l’évènement s’est déroulé en dehors des heures de bureau : "En 2014, l'armée de l'air suisse n'intervient que durant les heures de bureau", a expliqué à 20minutes Laurent Savary, porte-parole des forces aériennes suisses. A La Tribune de Genève, il a même expliqué que "les forces aériennes suisses sont disponibles entre 8h et 12h et de 13h30 à 17h". Et ceci, tout simplement, en raison des restrictions budgétaires. C’est bien connu, l’argent manque en Suisse, et ils comptent sur leurs voisins pour assurer la dépense de leur défense, comme ils comptent sur leur argent pour remplir leurs banques. Il faut en outre admettre que cet unique migrant ne pouvait guère être considéré comme une immigration de masse malgré le poids du Boeing utilisé pour migrer.

    Néanmoins, il serait bon de méditer sur cet exemple suisse. Imaginez que les guerres ou les massacres ne puissent se dérouler qu’aux heures ouvrables, autrement dit aux « heures tuables », cela limiterait le nombre de morts et permettrait aux civils de respirer un peu. Je verrais bien les bandes armées, ranger leurs armes comme le feraient de bons ouvriers pour leur matériel ou des fonctionnaires pour leur bureau, à la fin de leur journée. Peut être que les adversaires pourraient même aller prendre un pot ensemble au bistrot du coin à condition qu’ils s’accordent pour ne pas le détruire aux heures ouvrables. Peut-être feront-ils même la paix.

    N’a-t-on pas vu lors de la boucherie de la guerre 14-18 les armes se taire lors d’une trêve de Noël et les soldats Français et Allemands se souhaiter quasiment un « bon » Noël d'une tranchée à l'autre avant de reprendre la tuerie le lendemain ?

    « Le vent se lève » de Hayao Miyazaki





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  • Pudibonderie mortelle

    Un membre de la plus haute autorité religieuse en Arabie saoudite a défendu, récemment dans un journal, une fatwa interdisant à une femme de se faire ausculter par un médecin en l'absence d'un tuteur : "Les femmes font désormais preuve de négligence en consultant des médecins sans la présence d'un mahram (gardien légal), et cela est interdit par la religion". Et le médecin, si c’est un homme (en cas d’urgence et de l’absence d’un médecin femme) ne pourra regarder – en présence du tuteur – que la partie du corps concernée (ce qui dénote de la part de ce haut dignitaire une méconnaissance totale de la médecine).

    Cette précision d’une haute intelligence a été faite après la récente mort à Riyad d'une étudiante des suites d'un malaise cardiaque dans sa faculté où un ambulancier s'est vu interdire l'accès en l'absence d'un tuteur de la jeune fille (qui aurait donc du suivre la jeune fille dans toutes ses activités, alors que les hommes sont interdits dans une enceinte féminine).

    Cette mort stupide vient s’ajouter à celle de 15 jeunes filles survenue en 2002 lors d'un incendie dans une école de La Mecque lorsque la police religieuse avait interdit leur évacuation sous prétexte qu'elles n'étaient pas vêtues de façon conforme au code vestimentaire islamique.

    L’argent n’ayant pas d’odeur, sinon celle du gaz ou du pétrole, nos démocraties sourcilleuses sur les droits de l’homme et de la femme, n’hésitent pas à multiplier leurs visites amicales dans ces beaux pays. Mais ne faut-il pas respecter toutes les religions et toutes les cultures ?





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    Je viens de terminer le livre d’Alain Finkielkraut « L’identité malheureuse » où il aborde ses thèmes favoris en développant en particulier sa critique de l’enseignement dispensée, notamment dans les quartiers dits sensibles où les classes comportent un nombre élevé d’enfants d’immigrés. A ses yeux (et aux miens) la meilleure façon d’intégrer ces populations est de leur transmettre le riche patrimoine de la culture française que des générations antérieures d’immigrés (dont lui) ont accueillie avec joie et reconnaissance.

    Il se désole que cela ne soit plus le cas et que la dérive s’accentue. La baisse de l’autorité des professeurs (le plus souvent abandonnés par leur hiérarchie) sur des élèves (pardon des apprenants) qui se veulent de plus en plus indépendants. L’abaissement du niveau du langage et de la culture pour se mettre au niveau de la classe au lieu de la faire accéder à un niveau plus élevé et de la sortir de l’inculture. Le cancre comme modèle et le bon élève comme bouffon. Le refus de cette culture lorsqu’elle ne correspond pas à leurs critères sociaux ou religieux. L’absence d’adhésion au passé culturel du pays est évidemment un obstacle à l’intégration de ces jeunes. Certains restent incultes, et ils se posent alors comme victimes d’une discrimination à laquelle ils ont largement contribuée.

    J’ai eu l’occasion de voir une vidéo où Alain Finkielkraut était confronté à une ministre s’occupant de l’enseignement que je ne connaissais pas et dont je ne me souviens pas du nom (ils sont si nombreux !) où j’ai assisté à un dialogue de sourds. Finkielkraut exposait la situation qu’il avait décrite dans son livre et demandait à la ministre ce qu’elle en pensait. La ministre n’a répondu à aucune des questions mais a déroulé un discours tout fait, très moralisant où le mot « discrimination » est revenu une bonne dizaine de fois. Ce mot finit par perdre tout son sens : en quoi les élèves des quartiers sensibles sont-ils discriminés ? Un enseignement gratuit leur est offert, à eux d’en profiter. On objecte que leur milieu familial est défavorable et expliquerait leur éventuel échec dont ils ne seraient aucunement responsables. Ben voyons ! Les immigrés d’Europe ou d’Asie n’avaient et n’ont sûrement pas des conditions économiques plus favorables et parlaient bien plus mal le Français que les immigrés d’Afrique et donc peu aptes à aider leurs enfants dans leurs études, et pourtant ces derniers réussissent dans une plus grande proportion.

    Décidemment malheureux, Alain Finkielkraut se voit accusé par deux membres du Conseil National du Parti Socialiste, M. Mehdi Ouraoui, ancien directeur de cabinet d'Harlem Désir et Mme Naima Charai, présidente de l'Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l'Egalité des Chances (encore une agence particulièrement ronflante) d’avoir prononcé lors d’un débat l’expression «Français de souche », et ont saisi derechef le CSA au motif qu’elle est utilisée par l’extrême droite et marque là encore une discrimination. On peut se demander si ce n’est pas une discrimination à l’envers : « Qui veut effacer la chose commence par en gommer le mot ». A cette accusation Finkielkraut a répondu :

    « Je suis totalement abasourdi. Hier soir, lors de l’émission Des paroles et des actes, j’ai dit que face à une ultra droite nationaliste qui voulait réserver la civilisation française aux Français de sang et de vieille souche, la gauche a traditionnellement défendu l’intégration et l’offrande à l’étranger de cette civilisation. La gauche en se détourant de l’intégration abandonne de fait cette offrande. […]L’idée qu’on ne puisse plus nommer ceux qui sont Français depuis très longtemps me paraît complètement délirante. L’antiracisme devenu fou nous précipite dans une situation où la seule origine qui n’aurait pas de droit de cité en France, c’est l’origine française. […] Aujourd’hui, on peut dire absolument n’importe quoi! Je suis stupéfait et, je dois le dire, désemparé d’être taxé de racisme au moment où j’entonne un hymne à l’intégration, et où je m’inquiète de voir la gauche choisir une autre voie, celle du refus de toute préséance de la culture française sur les cultures étrangères ou minoritaires. L’hospitalité se définit selon moi par le don de l’héritage et non par sa liquidation". 


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  • Idolâtrie

    Idolâtrie

    Je suis toujours stupéfait de l’adoration dont sont entourées les vedettes du chaudbise et notamment les chanteurs. Leur apparition sur scène provoque des scènes d’hystérie dans la foule à majorité féminine. Hurlements, trépignements, bras levés et parfois quelques malaises liés à l’émotion de voir en chair et en os leurs idoles le plus souvent bizarrement accoutrées et amplement tatouées. Les cris redoublent dès que l’objet idolâtré daigne sortir de sa guitare et/ou de sa bouche la première note de musique que l’on hésite parfois a qualifier comme telle.

    La dévotion des fans s’apparente au sentiment religieux, sauf que là, le dieu (ou la déesse) est vivant. Vivant mais mortel, et lorsqu’il disparait, il laisse ses admirateurs dans le désarroi et l’abandon. Les fidèles abandonnés restent parfois groupés pour pleurer la disparition de leur dieu. C’est le cas des 2000 personnes réunis dans l’association « Michael Jackson community » dont le siège est en France.

    Michael Jackson avait du talent, mais il était assez perturbé pour vouloir se transformer de beau noir en vilain blanc au teint blafard et au nez pincé. Quoi qu’il en soit sa vie a été abrégée le 25 juin 2009, par la main thérapeutique lourde du Dr Conrad Murray (condamné pour homicide involontaire). Et depuis ses fans français sont inconsolables. Leur souffrance a été authentifiée par des certificats médicaux (on se demande sur quels critères cette souffrance psychique a été évaluée par les médecins) et ils ont porté plainte contre le Dr Murray pour le préjudice affectif qu’ils subissent en raison de son acte thérapeutique radicale.

    Le Tribunal de Grande Instance d’Orléans vient de leur donner gain de cause en accordant à cinq d’entre eux 1 euro symbolique. Cet euro, dit-on, leur permettra de faire leur deuil. L’argent aussi réduit soit-il permet ce miracle. Le destin, lui, est insolvable.


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