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Par Dr WO le 26 Août 2009 à 16:04
Salvador Dali : « Le sacrement du dernier repas »LA CENE
Je sais de quoi je cause
J’ai assisté à la Cène
Tout le monde était morose
L’ambiance était malsaine
Sans Passion
D’ailleurs je n’ai rien mangé
J’aurai préféré mourir d’inanition
Ce fut un sacré dîner
Pour commencer Il a dit :
« Voici ce que sera l’Eucharistie :
Mon corps est dans ce pain
Mon sang est dans ce vin »
Le silence est tombé sur la salle
J’ai eu l’appétit coupé
On n’est pas des cannibales !
Alors j’ai préféré jeûner
Personne n’avait envie de se mettre à table
Sauf Judas
Judas semblait le plus aimable
Et Lui souriait pendant le repas
On a rompu le pain, regretté le vin
Rouge comme du sang dans un carafon
Sans toucher à rien
Pourtant le pain paraissait bon
Nous le savions
Qu’Il était bon comme du bon pain
Il a même voulu nous laver les pieds
Pourtant nos vilains pieds salis
N’étaient pas en odeur de sainteté
Pas de quoi ouvrir l’appétit
Il y avait sur le napperon une tache de vin
Comme celles qu’on voit sur les peaux de lait
Le vin gouttait du carafon trop plein
Car personne n’en buvait
Nous, on ne voulait pas verser du sang
Nous, on tendait l’autre joue aux mécréants
Je n’ai su qu’après, bien après
Que du sang serait versé en notre nom
Oh ! Pas quelques gouttes sur un napperon
Oh ! Pas des carafons
Des tonneaux pleins
Pleins de sang à la place du vin
Paul Obraska
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Par Dr WO le 25 Juillet 2009 à 17:16
Gustav Klimt : "Bouleaux"
LA HACHE ET LE FEU
Et les arbres se mirent à marcher
Avec leurs grosses pattes d’éléphant
Leurs bras noueux emmêlés
Leur chevelure verte au vent
Muraille de troncs mouvants
Vêtus d’une écorce craquelée
Pachydermes au cuir ligneux
Ne craignant ni la hache ni le feu
Ils cherchaient leurs racines perdues
Dans les prés et les champs
Autrefois forêts à perte de vue
Les hommes sur leurs pattes d’oiseau
Les avaient chassés de chez eux
Par la hache et le feu
Ils sautaient haies et ruisseaux
Avec leurs grosses pattes d’éléphant
Rien n’arrêtait leur marche folle
Hêtres, chênes et bouleaux
Faisaient trembler le sol
Avec d’horribles craquements
Dans les prés et les champs
Et les hommes aux abois
Sur leurs pattes d’oiseau
S’enfuirent devant la horde de bois
Emportant avec eux
La hache et le feu
Mais en retournant la terre
Pour rechercher leurs racines
Les arbres déçus ne trouvèrent
Dans les plaines et les collines
Dans les entrailles de la terre
Que des racines d’homme
Des morceaux de soldats
Abattus au combat
Sur les champs de bataille
Par la hache et le feu
Paul Obraska
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Par Dr WO le 23 Décembre 2008 à 10:04
Kandinsky "Bleu ciel"
PETIT CONTEPar la cheminée il entendait des rires
Un rire de gorge d'enfant aux éclats cristallins
La cascade claire du rire de la mère
Le rire retenu du père attendri
Et par la cheminée de la chaumière
Une fumée de joie montait jusqu'à lui
La hotte vide à ses pieds
Il écoutait en souriant assis sur le toit
Pendant que les rennes éparpillés
Broutaient la neige des nuages froids
Paul Obraska
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Par Dr WO le 18 Novembre 2008 à 17:31
William Turner "Pêcheurs à la mer"
LES FORMES DE L’EAUTu n’es pas incolore : tu reflètes le ciel
Tu n’es pas inodore : tu sens les algues marines
Tu n’es pas insipide : tu es le sel
Je ne t’ai jamais quittée : tu es en moi
Mer intérieure, mer clandestine
Je suis fait de toi
En sortant des ondes, je t’ai emportée
Eau codée jetée sur la terre
Poussé par le hasard et la nécessité
Vers une aventure fabuleuse
Je suis resté longtemps près de ton univers
Près du sein de la mer accoucheuse
Puis l’eau a marché sur la terre
Elle a pris les formes les plus belles
Ou les plus grotesques
Le sculpteur délirant et cruel
M’a attribué une forme simiesque
Regarde ce que je suis devenu
Je jette mes ordures dans tes flots
Regarde cet inconnu
Pirate gorgé de sang et d’eau
Mais toujours assoiffé
De la naissance au tombeau
Jamais apaisé
Paul Obraska
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Par Dr WO le 20 Octobre 2008 à 16:24
Egon Schiele "Arbres en automne"
MEFIANCE
Ne vous fiez pas à leurs troncs noircissantLes arbres font semblant de mourir
Ne vous fiez pas à leurs feuilles de sang
Si elles tombent dans la terre pour pourrir
Elles remonteront dans la sève gluante
Qui les fera renaître, lisses et luisantes
Ne vous fiez pas à l’incendie de l’automne
Les arbres reprennent ce qu’ils abandonnent
Ne vous fiez pas à la beauté des ramures
C’est le requiem d’une mort spectaculaire
Avant résurrection et guérison des blessures
Mais jouissez de la flamme du chant funéraire
Ne vous fiez pas aux arbres pour toujours revenir
Il arrivera dans un lointain avenir
Où les feuilles tomberont pour la dernière fois
Ne vous fiez pas à l’hypocrisie du printemps
On n’échappe pas à la mort à chaque fois
Si revivre c’est pour mourir, restons méfiants
Paul Obraska
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Par Dr WO le 4 Octobre 2008 à 15:34
Marc Chagall "Songe d'une nuit d'été"
REINCARNATIONJe ne suis que moi
Je n’ai aucun souvenir de mes vies passées
Et de mes innombrables trépas
Baume bienfaisant de la mémoire effacée
Avoir été l’arbre que le bûcheron abat
La promesse avortée de l’œuf gobé
L’insecte que l’enfant écrase sous ses pas
L’animal traqué qui renonce, épuisé
Dans ce monde de terreur incarnée
Mieux vaut disparaître qu’une fois
Et ne pas renaître en n’importe quoi
Mais n’importe quoi ne sait pas qu’il va mourir
Je n’en sais rien. Je n’en ai pas le souvenir
Dommage
Paul Obraska
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