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    Une des préoccupations de ceux qui nous gouvernent est de recaser les copains lorsqu’ils quittent leur poste ou lorsqu’ils acceptent de le libérer pour laisser la place à un autre. Les comités Théodule sont là pour ça, mais les « ambassadeurs thématiques » sont une option plus souple car individuelle. La sénatrice centriste Nathalie Goulet en a signalé (France Inter, le 8/11/11) une vingtaine dont le peuple pourrait aisément se passer sans éprouver de malaise. Le Canard Enchaîné du 9/11/11 rapporte les ambassades de quelques personnalités dont l’activité débordante nécessite bureau, chauffeur, frais de réception et de déplacement.

    Les « thèmes » de ces ambassades laissent parfois rêveur quant à leurs retombées pratiques :

    - « Chargé de la cohésion sociale » (Gilles de Robien) [thème fumeux qui doit lui laisser du temps libre car il existe déjà une Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé) dont il n'est pas le président].

    - « Chargé des négociations sur le changement climatique » (Serge Lepeltier) [avec le CO2 dans l’intervalle des réunions consacrées à ce sujet].

    - « Ambassadeur itinérant en Asie » (Jacques Valade) [il me semblait qu’il y avait déjà un ambassadeur fixe dans chaque pays d’Asie].

    - Ambassadeur à « la prévention des conflits en Afrique » [dur labeur],

    - Ambassadeur à « la lutte contre la piraterie maritime » [chargé de sommer les Somaliens d’arrêter, la marine étant déjà sur place].

    - Ambassadrice chargée d’une « réflexion sur la rénovation des sommets France-Afrique » [pour changer d’intermédiaires et de marchands d’armes, les précédents étant grillés].

     

    Mais l’imagination de nos gouvernants risque de tomber en panne (il y a beaucoup de gens à caser), donc en tant que citoyen responsable, je me permets de suggérer des thèmes nouveaux :

    - Réflexion sur la cohésion du couple.

    - Réflexion sur la communication avec les communicants.

    - Réflexion sur la façon de ranger les tiroirs dans les administrations.

    - Réflexion sur la forme la moins traumatisante à adopter pour la confection des sucettes (réflexion à étendre aux suppositoires).

    - Réflexion sur l’utilisation des baguettes sans se rendre ridicule en Chine (ce n’est pas le moment).

    - Ambassadeur de la réflexion itinérante (frais de déplacement en rapport).

    Ce ne sont que quelques idées, mais on voit que les ambassades thématiques constituent un domaine dont l’exploitation est riche en promesses. Si la gauche vient au pouvoir, elle ne manquera sans doute pas de s’en saisir, car un pouvoir nouveau consiste à adopter tôt ou tard  les défauts du pouvoir ancien.

     

     

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    Dessin de Geluck


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    picabia-Deux-femmes-aux-pavots.jpgC’est vraiment la crise. Le « Her Majesty’s Revenue and Customs » propose de regonfler les finances de la Grande-Bretagne et de contribuer à leur redressement en soumettant à la TVA le gonflage-redressement des seins pour des raisons non médicales. Cette mesure rapporterait environ 500 millions de livres par an. Les starlettes du cinéma érotico-pornographique et les chirurgiens esthétiques, unis au sein d’une même alliance, protestent contre cette mesure qui toucherait un de leurs instruments de travail pour les unes et leur pain quotidien pour les autres.

    Jusqu’à présent ces mammoplasties non reconstructives n’étaient pas assujetties à la TVA, contre toute logique, car le sigle TVA ne veut-il pas dire : taxe sur la valeur ajoutée ?


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    Dieu-mechant.jpgLa grande question que se posent (parfois) les croyants en un seul Dieu, surtout les chrétiens pour qui Dieu est bonté, mais peut-être aussi les musulmans pour qui Dieu est miséricordieux : comment peut-il permettre la mort des enfants, la torture, les attentats contre des innocents, les massacres, les guerres, les génocides, bref, le quotidien du monde, d’autant plus que beaucoup de ces crimes sont commis en son nom ? Car Dieu est parfait, omniscient, omniprésent, il à l’ œil sur chacun d’entre nous, surveille et jauge chacune de nos actions, et écoute les prières de chaque individu. Bref, il est partout et se mêle de tout, alors pourquoi le crime ?

    Les croyants font des acrobaties mentales pour le justifier ou l’expliquer : le péché originel (preuve que le Mal existait au Paradis), Satan, la punition des infidèles, la liberté de l’Homme…etc…

     

    A l’époque du polythéisme, Epicure avait déjà une explication séduisante : il ne fallait pas craindre les dieux, car ils s’en foutaient, ne se préoccupaient aucunement de notre misérable condition et n’avaient aucune relation avec les humains. Bienheureux, immortels et autosuffisants, ils vivaient hors du monde dans une suprême indifférence : « L’être bienheureux et immortel est libre de soucis et n’en cause pas à autrui, de sorte qu’il manifeste ni  colère, ni bienveillance », toutes les intentions et les sentiments que la foule prêtait aux dieux n’étaient que des fictions, « tout cela est le propre de la faiblesse ».

     

    Pour le monothéisme, une explication semblable  peut être tirée de la Kabbale : Dieu n’est pas là. Il existe, mais il est ailleurs.

    C’est surtout au XVIe siècle que les kabbalistes ont systématisé l’idée que Dieu s’est retiré du monde pour le  créer. « Là où est le monde, Dieu n’est pas. Et là où est Dieu, le monde n’est pas ». Ainsi les kabbalistes fournissent-ils à Dieu son meilleur alibi : il lui est impossible d’être sur le lieu des crimes.

    La conclusion logique est qu’il faut être reconnaissant à Dieu pour la création dont il est responsable, sinon nous ne serions pas là, mais puisqu’il ne fait plus partie du monde, il ne peut être coupable de ce qui s’y déroule. Et pour paraphraser Woody Allen : si Dieu existe, il a une bonne excuse, il n’est plus là.


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    J’ignore si ce sont les quelques plaisanteries scatologiques retrouvées dans le courrier de Mozart qui ont conduit Mme le Dr O’Shea, dans son service à Houston, à tester l’effet de sa musique diffusée dans une salle de coloscopie, mais cette expérience lui a permis de constater qu’avec Mozart les gastro-entérologues détectaient plus de polypes coliques que lorsque la salle était silencieuse !

    Les opérateurs sont-ils plus détendus ? Ou font-ils un examen plus approfondi en prenant leur temps afin d’écouter l’intégralité du morceau diffusé ? Mais n’oublions pas que Mozart est un enchanteur, et il n’est pas impossible  que les polypes séduits par sa musique  sortent des plis muqueux du tube intestinal pour mieux l’écouter, devenant ainsi plus visibles à l’opérateur qui, sans pitié, leur coupe la tête.

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    Dessin de Matyo


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  • «  Afin de garantir une visibilité maximale de vos effectifs, vous veillerez à orienter, en concertation avec les services territoriaux bénéficiaires, l’emploi des unités ou fractions d’unités CRS engagées dans cette mission vers les zones géographiques les plus denses en terme de fréquentation de la population. Ainsi, seront privilégiés les zones  commerciales et les centres-villes dans les créneaux horaires les plus sensibles. »

     

    Ce sont les instructions données par le ministère de l’Intérieur, relayées par le directeur général de la police nationale (courrier du 5 octobre 2011, publié par Le Point du 3/11/11).

     

    On ne peut qu’admirer la finesse de ces instructions de la part de gouvernants dont le  cheval de bataille, depuis de nombreuses années, est la sécurité, car :

     

    1° Ce qui compte, ce n’est pas la sécurité, mais le sentiment de sécurité ressenti par la population. Ce sentiment sera renforcé par la présence bien visible des forces de l’ordre.

     

    2° Pour des raisons évidentes il faut que ce sentiment soit ressenti par le maximum de gens, d’où le choix des lieux.

     

    3° On est certain que les forces de l’ordre, elles, seront en sécurité, protégées par une population dense dans des lieux où l’insécurité ne règne habituellement pas.

     

     

    Par prudence, je me permets de conseiller aux gens de ne pas quitter les zones commerciales et les centres-villes. Dans le cas contraire, s’il leur arrive quelque chose, les forces de l’ordre étant pratiquement absentes ailleurs, ils en prendraient la responsabilité.

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    La liberté de procréer

    En 2008, le Sénat, avec une majorité de droite, avait proposé de légaliser l’utilisation des mères porteuses. En avril 2011, le Sénat a rejeté cette légalisation dans le projet de loi de révision bioéthique en mettant en avant le principe de « l’indisponibilité du corps humain ». Le Sénat ayant acquis une majorité de gauche (le débat avait cependant transcendé le clivage droite/gauche),  il n’est pas exclu que dans l’avenir les couples pourront utiliser des mères porteuses en France. Pour l’auteur (PS) d'un amendement en avril dernier, la gestation pour autrui « permet d'accroitre la liberté de procréer ». On pourrait lui répondre :

    1° Qu’il ne tient pas compte de la liberté de la mère porteuse qui, le plus souvent, loue l’utilisation de son ventre par nécessité, ce qui est une servitude.

    2° Que c’est elle qui procrée, puisqu’elle assure la formation de l’enfant et sa naissance et non pas le couple demandeur, la rencontre de deux gamètes dans un tube n’irait pas loin sans elle.

     

    Don ou utilisation

    "Utilisation" est un mot dur, mais c’est le terme exact pour ceux qui pensent qu’il s’agit d’une nouvelle marchandisation du corps humain. « Don » serait  le mot choisi par ceux qui ont une vision un peu angélique de la chose. Un sénateur UMP avait parlé de « transcender le corps humain ». Les prostituées seraient heureuses de savoir qu’elles permettent à leurs clients de transcender leur corps. On pourrait me dire que le parallèle est un peu osé, mais les unes prêtent leur corps pour satisfaire le désir d’enfant d’autrui et les autres le prêtent pour satisfaire le désir sexuel de son prochain. Dans un cas la gestation est dévalorisée, dans l’autre, c’est l’union sexuelle.

    L’utilisation du corps humain comme marchandise ou objet ne date pas d’aujourd’hui : prostitution, esclavage, mariage forcé, harem, viol, trafic d’organes…les exemples ne manquent pas. Les mères porteuses, elles, pourraient être considérées comme des machines vivantes (en attendant de fabriquer  une machine à gestation). Dire qu’il s’agit d’un don de soi pour le bonheur d’autrui est une façon christique de voir les choses (en dehors des cas où c’est une personne amie ou de la même famille qui offre son ventre) mais qui ne correspond pas à la réalité observable à l’étranger où les mères porteuses sont rémunérées et si l’on envisage en France une « indemnité », les dessous de table ne manqueront pas.

     

    Le possible n’est pas toujours souhaitable

    On ne sait pas très bien jusqu’où va aller la satisfaction du désir d’enfant. Là il ne s’agit plus d’une grossesse « assistée » qui conduit à porter son propre enfant, même si la conception initiale a pris des chemins détournés, mais de faire fabriquer un enfant à l’extérieur pour son bonheur personnel, l’enfant, à la limite, devient une poupée vivante, même s’il possède dans le meilleur des  cas la marque génétique du couple demandeur. L’adoption, certes difficile, est une démarche bien différente car elle aboutit au bonheur espéré d’un enfant abandonné : c’est un échange entre un couple désirant un enfant et un enfant désirant des parents.

    Ce n’est pas parce que des pays légalisent les mères porteuses que c’est une bonne chose et que la France est obligée de les suivre, ce n’est pas parce que des couples sont obligés de franchir les frontières pour satisfaire leurs désirs qu’il faut se lamenter sur leur sort. Mais il est difficile d’arrêter l’évolution des mœurs et de renoncer à faire ce qu’il est possible de faire, même si cela aboutit à l’individualisation forcenée et à l’éclatement des repères humains. La tendance est de confondre progrès et nouveauté, progrès et possibilité.

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    Attente expo 1Avant d’aller à l’exposition « L’aventure des Stein, Matisse, Cézanne, Picasso » aux Galeries Nationales du Grand Palais, nous sommes allés dans le square roux du Théâtre Marigny où le soleil rasant de la dernière journée d’octobre nous en a mis plein la vue.

     

     

    La fratrie des Stein, Américains venus en France, dont Gertrude la poétesse, avait réuni au début du XXe siècle, avec une intuition exceptionnelle, plusieurs centaines de tableaux de peintres qui à l’époque étaient d’avant- garde.  Beaucoup de Matisse et de Picasso et beaucoup de monde pour les voir. La vision de nombre de tableaux devait se faire  à travers une rangée de têtes, ce qui n’était pas la meilleure façon de les apprécier.

     

    Un de mes tableaux préférés de Pierre Bonnard, « Sieste », semblait un peu négligé. Il m’avait inspiré un petit texte (paru dans PORTRAITS XIV)

     

     

    La collection des Stein

     

     

    CHALEUR

     

    Il fait chaud

    La femme nue assoupie

    Etreint le lit

    La tête dans ses bras en berceau

     

    Il fait chaud

    Le corps découvert alangui

    Dans la beauté de son impudeur

    Dans le charme de sa candeur

    Une heure de sommeil

    Volée sur la nuit

    A l’ombre de la chambre fleurie

    Dehors le soleil

    Frappe sur les volets fermés

    Au pied du lit

    Les vêtements éparpillés

    De trop

    Et un chien endormi

     

    Il fait chaud

    La femme s’est s’abandonnée

    Nue

    Sans retenue

    Dans la chaleur de l’été

     

     

     

    Dans chaque exposition on s’arrête davantage devant certains tableaux

     

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    Ce tableau de Manet « Scène de bal à l’opéra » est en fait tout petit.

     

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    J’ai aimé ces « Pierreuses au bar » de Picasso

     

     

    Picasso-femme-assise-au-fichu.jpgMais je suis resté plus longtemps devant cette « Femme assise au fichu » de Picasso dont le visage exprime remarquablement la pensée intérieure.  

     


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    Combien de fois ai-je entendu des commentateurs ou des membres d’associations diverses considérer que les expulsions d'immigrés en situation irrégulière étaient des actes racistes. Voilà un bel amalgame qui leur donne sans doute bonne conscience et qui devrait logiquement les conduire  à plaider pour l'ouverture totale des frontières et l'accueil de tous les malheureux de la terre.

    Comment peut-on assimiler l'expulsion d'une personne entrée illégalement dans un pays (même si on peut la discuter) avec les actes des conquistadors espagnols qui se posaient la question de savoir si les indiens qu'ils massacraient avaient une âme ou non, c'est à dire s'ils étaient des hommes ou des bêtes, avec les négriers qui considéraient les esclaves à mi-chemin entre l'homme et la bête, avec les Allemands qui considéraient les Juifs comme des sous-hommes, en programmant et en organisant leur extermination, du petit enfant au vieillard,  de façon quasi industrielle ?  
    Le racisme prétend qu'il y a des groupes humains génétiquement inférieurs à d'autres (ce qui n'a pas de sens). Parler de racisme pour n'importe quoi finit par vider ce terme de son sens. L'hostilité envers des étrangers est condamnable mais n'est pas un racisme. Rejeter les mœurs d'un autre groupe humain peut très bien se justifier et n'est pas un racisme. Dans la discrimination, une personne est rejetée en raison de ses origines, de la couleur de sa peau ou de ses différences avant même de la connaître, ce qui est condamnable. Mais considère-t-on alors sa nature comme inférieure ? Si c’est le cas pour certains, pour la plupart elle est rejetée par crainte de la différence ou par conformisme, ce qui distingue cette discrimination du racisme. Si une partie de la population subit une discrimination, elle peut se sentir stigmatisée et la subir comme un racisme, assimilant cette situation au port de l’étoile jaune par les juifs, ce qui est encore un amalgame, car le plus souvent la population visée arbore elle-même les stigmates de ses particularités auxquelles elle tient, les signes religieux « ostentatoires » en sont un exemple, les manifestations caricaturales de la Gay Pride, un autre.

     


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  • Certains craignent que la future constitution libyenne ne respecte pas les droits de l’homme, qu’ils se rassurent : elle ne respectera QUE les droits de l’homme.

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    Dessin de Philippe Geluck paru en 2007


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  • « En arrivant dimanche à l’émission BFMTV 2012-Le Point-RMC, Xavier Bertrand avait à la main…deux cravates. Une rouge, une bleue. Histoire de ne pas risquer d’arborer les mêmes couleurs qu’un adversaire lors d’un débat. » (Le Point du 27110/11)

     

    Buffet clownJe suppose que ce principe de précaution lui a été conseillé par un communicant payé à prix d’or (sur les deniers publics). C’est à ce genre de détail que l’on voit la profondeur de la réflexion d’un homme d’Etat. Car imaginez que son adversaire dans un débat arbore la même cravate que notre ministre, ce qui, il faut bien le dire, est assez horrifiant, qu’adviendrait-il ? D’abord, n’ayant aucun signe de reconnaissance, les spectateurs, un peu distraits, pourraient confondre physiquement les deux débatteurs. Ensuite les spectateurs, un peu débiles, pourrait confondre leurs idées (lorsqu’elles existent) ne sachant pas de quel bord elles viennent. Enfin, les spectateurs, un peu endormis, pourraient croire que les deux adversaires sont du même bord.

    On ne peut qu’admirer le sang-froid de nos dirigeants qui, au milieu d’une tempête qui menace de les faire sombrer, n’oublient pas de songer à leur tenue vestimentaire pour aider le dur travail cérébral des demeurés que nous sommes.

    Le diable se niche dans les détails, la bêtise aussi.


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