• « La France est en Europe au premier rang des consommateurs de cannabis (1 700 000 usagers réguliers); 300 000 de nos collégiens l’ont déjà expérimenté ». Le tétrahydrocannabinol (THC), principe actif du chanvre indien, a vu sa consommation augmenter et son taux s’accroître dans les produits en circulation, par sélection, manipulations génétiques, et « culture en chambre ». Il se trouve que la maturation du cerveau de l'adolescent mobilise des récepteurs endocannabinoïdes cérébraux dont le THC caricature la fonction. En outre, le THC a une grande rémanence dans l’organisme et on peut considérer « qu’un joint  [résine - haschich ou shit -  égrenée dans du tabac, la plante elle-même – marijuana – étant moins consommée] c’est du THC pour une semaine dans la tête et de nombreux joints ce sont des mois de THC dans le cerveau et dans les panicules adipeux » (cette longue rémanence explique la moindre dépendance à cette drogue).

    Si vous faites un tour sur les sites, vous en verrez de nombreux qui affirment que le cannabis n’a aucun inconvénient et ne présente aucun risque. Ce n’est pas l’avis de la plupart des pharmacologues et des médecins qui s’occupent de la question.

     

    - Il provoque une ivresse  qui peut être à l’origine d’accidents sur la route et au travail comme l’alcool (l’association étant fréquente, ce qui n’arrange pas les choses).

    - Il est psycholeptique, presque hypnogène et analgésique, antiémétique d’où l’utilisation médicale éventuelle.

     - Il perturbe gravement la mémoire opérationnelle et son effet désinhibiteur peut inciter à des prises de risque, et à des actes délictueux.

    - S’il se comporte d’abord comme un anxiolytique, cette anxiolyse se mue par la suite en une anxiété vive ; tout comme ses effets antidépresseurs font place à une dépression sévère, avec ses risques suicidaires.

    - Il serait sept fois plus cancérigène que le tabac pour la sphère ORL et broncho-pulmonaire et comme lui il a une toxicité cardiovasculaire (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux…). S’y ajoute un effet défavorable sur les défenses immunitaires.

     

    Comme on le voit dans l’encadré, le cannabis joint (si j’ose dire) les effets délétères immédiats de l’alcool aux méfaits retardés du tabac. Permettre la consommation de cannabis, c’est faire d’une pierre deux coups tout en augmentant le nombre de drogués en circulation. Bien sûr, ceux qui veulent dépénaliser la consommation minimisent les risques et avancent le possible intérêt médical (utilisé dans d’autres pays, mais il me semble que jusqu’à présent des études sérieuses n’ont pas été faites sur son intérêt médical [posologie, rapport risque/bénéfice])  et  ceux qui s’y opposent ont peut-être tendance à les amplifier car ils considèrent que c’est « une vraie drogue, un faux médicament et un danger public ». Reste que si le cannabis est incontestablement nocif, la prohibition n’a pas empêché l’augmentation du nombre de ses adeptes (mais c’est aussi le cas des drogues dites dures)

    La dépénalisation de la consommation du cannabis (et non l’autorisation de sa production et du trafic dont il n’est pas question) ne diminuera en rien le marché illégale, et pourrait au contraire l’accroitre en lui amenant de nouveaux clients, jusque-là retenus par le risque pénal. Il faudrait, en bonne logique, si l’on veut faire cesser le trafic et ses conséquences, que l’Etat fournisse lui-même le poison à la place des trafiquants comme il l’a longtemps fait pour le tabac et comme cela se fait aux Pays-Bas pour le cannabis.

    La législation contre le consommateur varie avec les pays entre la sanction administrative (une amende) et l’infraction pénale. La question est débattue en France où la législation est sévère comme en Suède et en Finlande. Dans l’UE, le pays le plus libéral est le Portugal qui depuis 2000 a dépénalisé la consommation et l’acquisition de stupéfiants pour usage personnel et en 10 ans cet usage aurait diminué, le drogué étant considéré comme un malade et non comme un délinquant. Avez-vous une opinion ?

     

    Source pour les méfaits du cannabis : Editorial dans le Journal International de Médecine du Professeur de pharmacologie Jean Costentin.


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  • munch-La-puberte.jpg-2.jpg

       

    Ce sont les adolescents français qui, en Europe, sont les plus déprimés. La prévalence (nombre de cas dans une population déterminée) de la dépression chez les adolescents a été évaluée[1] (selon un score précis) dans 10 pays européens et Israël, et chez 12395 jeunes (45% de garçons et 55% de filles, moyenne d’âge : 15  ans). Pour la dépression juvénile, la France tient la tête (15,4%) devant l’Allemagne (12,9%), la Slovénie (11,4%), l’Italie (9,2%), l’Espagne (8,6%), l’Irlande (8,5%), l’Estonie (7,9%), la Roumanie (7,6%), l’Autriche (7,6%) et la Hongrie (7,1%). Les adolescents français n’ont trouvé comme plus déprimés qu’eux que les Israéliens où la prévalence de la dépression est de 19,4%.

    Peut-être que les jeunes israéliens ont quelques raisons d’être déprimés, habitant une terre entourée de pays hostiles et soumis pour la plupart à un long service militaire avec le risque permanent d’une guerre déclarée. Mais il est aussi possible que les raisons sont ailleurs. Pour les pays européens, la prévalence de la dépression semble  n’avoir aucune relation avec l’état économique et politique du pays. Pourquoi les jeunes Français sont-ils les plus déprimés de tous les adolescents européens ?

       

    Edvard Munch : « Puberté »



    [1] Balazs J et coll. Prevalence of adolescent depression in Europe. 20th European Congress of Psychiatry, Prague, 3-6 mars 2012


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  • 001-copie-3.JPGLes chercheurs de l’université de Tokyo ont inventé le système « Meta Cookie » : de curieuses lunettes équipées  d’une caméra qui renvoie l’image sur un ordinateur et c’est l’image traitée par ce dernier qui est vue par la personne sur un écran intégré dans les lunettes. L’objectif est de faire croire au gourmand qu’il mange un aliment différent de l’aliment consommé et pour parfaire l’illusion, on y ajoute l’odeur ou le parfum de l’aliment virtuel. Vous voyez et vous sentez, par exemple, un délicieux gâteau de bonne taille et vous dégustez un petit biscuit sec. En leurrant la vue et l’odorat du gourmand, on espère ainsi plus vite le rassasier en trompant son sens du goût.

    La photo ci-dessus (tiré du Point) montre que ce système est un peu encombrant, mais une fois miniaturisé, je pense qu’il aurait un avenir autre que culinaire en alimentant les fantasmes érotiques d’un couple où chacun pourra choisir, lors de leurs ébats, la ou le partenaire dont il ou elle rêve, probablement pioché dans les stars du cinéma dont il existe une large panoplie. Une bonne façon de réveiller les désirs assoupis, d’éviter la monotonie et de tromper l’autre tout en lui restant fidèle. Cet adultère fictif, garant de la fidélité, pourrait s’appeler « Meta Sexe » et devrait avoir l’aval des autorités religieuses si soucieuses de favoriser la procréation.


    NB. Vu aujourd'hui le film de Wes Anderson : "Moonrise kingdom". Délicieux, poétique, drôle.

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    Nécrologie

    Roger Garaudy  serait mort. Communiste converti à l’Islam et négationniste par maladie. Carlus sur son blog (que je recommande) nie cette mort, demande des preuves qu’il contestera de toute façon. Il a raison : la haine et la bêtise sont immortelles.

    Thierry Roland est mort. Personnage du petit écran, chacun connaissait son rire hoquetant et ses sorties intempestives. Ses copains de la télévision en font beaucoup. Il est vrai qu’amateur de football, il  avait réussi pendant des décennies à voir les grands matchs à l’œil et même à être payé pour les voir. Un grand homme.

     

    Georges Mathieu est mort le 10 juin dernier. Ce n’était qu’un artiste, mais l’un des plus importants du XXe siècle.

     

     

     


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  • Alors que l’économie européenne est en train de se déglinguer sous nos yeux dans une crise qui touche une bonne partie du monde, l’industrie du luxe ne s’est jamais aussi bien portée. Le poids du marché du luxe dans l’économie mondiale est d’un peu plus de 1000 milliards d’euros cette année et 1200 milliards sont attendus en 2014. L’Europe en profite largement (près de 2 millions d’emplois) et en particulier la France et l’Italie. Les griffes européennes dominent le marché mondial avec une production de 440 milliards d’euros (3% du PIB), ce qui rapporte aux Etats environ 110 milliards de taxes.

    Les Chinois, Indiens, Russes, Brésiliens et les ressortissants des Etats pétroliers du Moyen-Orient sont très demandeurs des grandes marques européennes comme Louis Vuitton, Hermès, Prada ou Gucci. Elles attirent les touristes qui se pressent dans les grands magasins parisiens dont la clientèle devient plus cosmopolite que parisienne.

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    Aux galeries Lafayette : groupe de Chinois vus de dos faisant sagement la queue devant le stand d’une marque de luxe et homme de la sécurité vu de face, pas content de me voir prendre une photo.

    Pour rendre hommage à une des rares industries françaises qui reste pour l’instant florissante et encore capable d’exporter – en attendant que les pays émergents la concurrencent et que les contrefaçons la submergent – Je me suis rendu pour la première fois dans une boutique Hermès (celle de la rue de Sèvres) où le luxe vous attend dès la porte qu’un portier en costume et cravate vous ouvre aimablement pour vous faire entrer et récidive à votre sortie alors même que vos bras ne sont pas encombrés car vous n’avez rien acheté. La classe.


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  • Je viens de terminer « Journal d’un corps » de Daniel Pennac (paru au début 2012 aux éditions Gallimard). C’est le roman d’une vie mais axé sur les relations de l’esprit et du corps où le héros observe son corps à travers les évènements vécus, mais ceux-ci ne sont qu’ébauchés, tout en observant le corps des autres. Le corps est scruté dans toutes ses manifestations jusqu’aux plus triviales et sans s’appesantir sur les maladies, ce qui serait lassant et désespérant. Le sujet est original et parait a priori difficile à traiter mais Pennac le fait de façon astucieuse, avec humour et parfois émotion.

    L’esprit n’est que l’émanation du corps, mais une fois qu’il nous a offert ce cadeau, qu’il peut nous retirer à tout moment, il reste indépendant en suivant sa propre évolution. Certes, l’esprit peut tenter de le modeler en lui imposant des exercices, en l’alimentant plus ou moins, en lui faisant subir des épreuves ou en les évitant, mais le corps n’accepte cette influence que jusqu’à un certain point et sa révolte peut s’avérer redoutable. Avec l’âge, le corps prend de plus en plus son indépendance et on le voit se modifier à sa guise en suivant une programmation génétique têtue et suicidaire sans pouvoir faire grand-chose. Rien n’est plus irritant pour l’esprit que cette indépendance quasi-totale du corps, et d’observer, impuissant, les surprises désagréables qu’il nous réserve au point de douter qu’il fasse partie de nous et pourtant nous ne sommes que lui.

    Je me permets de publier à nouveau un petit poème que j’avais déjà mis en ligne le 31/01/09 :

     

    LE COMPAGNON INFIDELE

     

    Le corps n’en fait qu’à sa caboche matisse-l-homme.jpg

    Il suit son bonhomme de chemin

    Il fut un compagnon proche

    En bonne forme chaque matin

    Et plutôt agréable à fréquenter

     

    Mais il se met peu à peu à s’éloigner

    En faisant trop parler de lui

    On traîne un compagnon étranger

    Qui vient nous gâcher la vie

     

    On le voit chaque jour changer

    Il perd des petits bouts avec les ans

    Des cheveux gris et des dents cariés

    Son habit de peau devient trop grand

    Il fait des plis, tout fripé et taché

     

    Il s’incline un peu pour marcher

    Il craque comme un sarment desséché

    Et il s’en va un jour ou une nuit

    Au moment où on a besoin de lui  

    Matisse : "Homme"


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  • Turing.jpgLors de la création d’Apple les deux Steve, Jobs et Wozniak, choisirent initialement un pommier comme logo avec Newton s’appuyant sur l’arbre. Très rapidement ce premier logo fut remplacé par une pomme colorée et croquée pour qu’elle ne soit pas confondue avec une tomate. On a voulu y voir une référence au suicide d’Alan Mathison Turing qui, telle Blanche Neige, avait, en 1954, croqué une pomme imprégnée de cyanure. Cette référence fut, semble-t-il, démentie par le dessinateur. Cette source d’inspiration aurait été pourtant la bienvenue afin que les millions d’utilisateurs des ordinateurs Apple aient constamment sous les yeux ce rappel au mathématicien britannique génial que fut Turing, un des fondateurs de la science informatique, à l’origine des concepts modernes de programmation, d’algorithme et de calculabilité. Il participa pendant la Seconde guerre mondiale au décryptage des codes secrets générés par la machine Enigma conçue par les allemands et à la fin de sa vie, il fit des travaux sur l’aspect mathématique de la croissance des cellules biologiques. Génie précoce, il s’est  suicidé à l’âge de 42 ans poursuivi pour homosexualité, obligé de prendre des hormones féminines pour entraver sa libido et éviter la prison. Remarquons  que ces lois homophobes occidentales sont très proches de nous. Si le premier ministre britannique en 2009 a présenté ses regrets, ce ne fut pas le cas du ministre de la justice en 2012 qui s’est cru obligé d’entériner les lois en vigueur à l’époque. Revanche posthume : il existe un prix Turing depuis plus de quarante ans et l’ensemble du monde scientifique célèbre en ce mois de juin 2012 le centenaire de sa naissance.


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  • Lorsque vous prenez un médicament vous pensez peut-être que celui-ci a été intégralement fabriqué et conditionné par le laboratoire qui le délivre et le vend. C’était en effet le cas autrefois où la fabrication était locale et totale (principes actifs, excipients, produits de conditionnement) et réalisée par un petit nombre d’acteurs connus et bien surveillés par les autorités sanitaires. Ce n’est plus le cas. Le médicament est devenu un produit de consommation comme un autre, soumis aux mêmes règles commerciales, où domine la rentabilité financière. Cette vision ultralibérale a abouti à une mondialisation où chaînes de production et de distribution se sont dissociées. Les principes actifs sont fabriqués là où la fabrication est la moins chère. C’est ainsi que pas un gramme de paracétamol (antalgique courant) n’est produit en Europe ! La Chine produit 40 à 50% des principes actifs des génériques destinés au marché européen. Heureusement, il existe pour l’Europe des inspections des sites mondiaux de production qui peuvent aboutir au retrait ou à la suspension des certificats de conformité à la pharmacopée européenne. Il est à noter que 75% de ces retraits ou suspensions ont concernés des sites chinois ou indiens. Toujours par un souci de rentabilité des médicaments anciens mais efficaces ne sont plus fabriqués car leur prix de vente est peu élevé et les bénéfices jugés insuffisants, surtout s’ils sont destinés à des maladies peu fréquentes.

    Cette mondialisation de la fabrication des médicaments et la concentration des lieux de fabrication ont une autre conséquence : la fréquence de plus en plus grande des « ruptures de stock ». En France, sur les 5 dernières années, ces pénuries de médicaments ont été multipliées par 10 et au premier semestre 2011, 31 bulletins d’alerte ont été lancé par l’Afssaps contre 4 en 2010 et 2 en 2009. Aux USA leur nombre est passé de 60 en 2006 à 220 en 2011. Ces ruptures ou arrêts d’approvisionnement concernent souvent des médicaments anciens et d’un coût faible et peu importe s’ils sont nécessaires ou au moins d’efficacité égale aux médicaments plus récents mais plus chers.

    A cela, il faut ajouter le commerce croissant des faux médicaments qui en 2010 a représenté 10% du marché pharmaceutique mondial, et 75 milliards de bénéfice pour les fraudeurs. Selon l’OMS, " 60% des cas de contrefaçon sont détectés dans des pays pauvres [où elle tue des milliers de personnes chaque année] et 40% dans des pays industrialisés" (50% des médicaments vendus sur internet seraient contrefaits : placebo ou produit toxique). En Europe, près de 3 millions de faux médicaments ont été saisis par les douanes en 2010 », 65000 boîtes ont été saisies en France en 2011 alors qu’auparavant la fraude était marginale. La fabrication de ces contrefaçons se fait de plus en plus à l’échelle industrielle, et un peu partout (Suisse, Inde, Chine…), alors qu’elle ne concernait que les produits dits « de confort », elle porte de plus en plus sur des médicaments destinés à des pathologies lourdes comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires qui, elles, sont bien réelles. Un danger sanitaire en perspective surtout si les faux réussissent à s’infiltrer dans les réseaux officiels de distribution.

     

    Sources : « les cahiers du médicament, la revue du praticien de mai 2012 », Egora et AFP 


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  • Il y a en ce moment à la pinacothèque de Paris, jusqu’au 9 septembre 2012, une exposition de la collection de Jonas Netter à qui l’on doit la découverte de Modigliani, de Soutine, d’Utrillo et de bien d’autres.

    Nombreuses toiles d’Utrillo (mais aucune de sa collection blanche) représentant avec constance des rues et des maisons. Je préfère la peinture de sa mère Suzanne Valadon dont plusieurs toiles sont également exposées.

    J’ai ressenti mon inculture devant des tableaux dont les artistes m’étaient totalement inconnus : Kremegue, Kikoïne, Hayden, Ebiche, Antcher… (j’ai noté les noms car je ne les aurais sûrement pas retenus) et surtout Moïse Kisling dont j’ai aimé « La femme au pull-over rouge ».

    Moise-Kisling-la-femme-au-pull-over-rouge.jpg

    Des tableaux de Soutine (pas les meilleurs), œuvres tourmentées, à l’image de leur créateur.

    Et Modigliani. J’avoue que je suis peu sensible à sa peinture et surtout à ses portraits qui me donnent l’impression (sûrement erronée étant donnée la cote de ce peintre) que quand on en a vu un, on les a tous vus : des têtes légèrement penchées, tantôt à droite, tantôt à gauche, emmanchées d’un long cou, parfois interminable, des visages ovalaires, allongés, semblables, des yeux fendus de la même façon, la même expression inexpressive du visage. En voici un exemplaire : « Mme Zborowska ».

     

    modigliani-mme-Zborowska.jpg


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    Un communiqué de l’Elysée affirme qu’« A la demande du président de la République, un examen médical et biologique lui a été pratiqué au service médical de la présidence de la République » et « l’examen clinique et paraclinique s’est révélé normal ». La présidence a précisé que François Hollande prenait "l'engagement" de publier un bulletin de santé "tous les six mois". Il avait évoqué, durant sa campagne, "la nécessité de transparence sur son état de santé".

    A priori, il n’y a pas de raison d’en douter. Cependant les précédents du silence sur la maladie de Pompidou, des mensonges sur celle de Mitterrand et de la discrétion sur celle de  Chirac ne donnent qu’une valeur relative à ce genre de communiqué. Imaginons, par exemple, que les examens biologiques aient montré une augmentation discrète mais significative de la glycémie ou de la tension artérielle sans conséquence immédiate, croyez-vous que ce communiqué se serait empressé de le révéler chez un homme qui vient d’accéder au pouvoir ? En admettant qu’une maladie chronique plus sérieuse mais n’entraînant pas une incapacité visible soit découverte, croyez-vous que le président de la République démissionnerait pour autant ? Par contre la révéler entamerait sa crédibilité ou la confiance que l’on pourrait avoir en lui. On peut donc se demander quel est l’intérêt de ces communiqués, sinon celui de communiquer.

    Les politiques sont presque toujours victimes de leurs annonces dont ils espèrent un effet favorable et qui se comportent comme autant de pièges se refermant un jour ou l’autre sur eux. Ne se rendent-ils pas compte qu’ils sont jugés sur leurs actes et non sur leurs paroles et leurs annonces ? Hollande est sans doute conscient qu’il lui sera difficile de se conduire toujours comme un citoyen ordinaire, le déclarer c’est s’attirer des critiques à chaque fois qu’il transgressera la normalité annoncée.


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