• 114. Le cannabis doit-il rejoindre l’alcool et le tabac ?

    « La France est en Europe au premier rang des consommateurs de cannabis (1 700 000 usagers réguliers); 300 000 de nos collégiens l’ont déjà expérimenté ». Le tétrahydrocannabinol (THC), principe actif du chanvre indien, a vu sa consommation augmenter et son taux s’accroître dans les produits en circulation, par sélection, manipulations génétiques, et « culture en chambre ». Il se trouve que la maturation du cerveau de l'adolescent mobilise des récepteurs endocannabinoïdes cérébraux dont le THC caricature la fonction. En outre, le THC a une grande rémanence dans l’organisme et on peut considérer « qu’un joint  [résine - haschich ou shit -  égrenée dans du tabac, la plante elle-même – marijuana – étant moins consommée] c’est du THC pour une semaine dans la tête et de nombreux joints ce sont des mois de THC dans le cerveau et dans les panicules adipeux » (cette longue rémanence explique la moindre dépendance à cette drogue).

    Si vous faites un tour sur les sites, vous en verrez de nombreux qui affirment que le cannabis n’a aucun inconvénient et ne présente aucun risque. Ce n’est pas l’avis de la plupart des pharmacologues et des médecins qui s’occupent de la question.

     

    - Il provoque une ivresse  qui peut être à l’origine d’accidents sur la route et au travail comme l’alcool (l’association étant fréquente, ce qui n’arrange pas les choses).

    - Il est psycholeptique, presque hypnogène et analgésique, antiémétique d’où l’utilisation médicale éventuelle.

     - Il perturbe gravement la mémoire opérationnelle et son effet désinhibiteur peut inciter à des prises de risque, et à des actes délictueux.

    - S’il se comporte d’abord comme un anxiolytique, cette anxiolyse se mue par la suite en une anxiété vive ; tout comme ses effets antidépresseurs font place à une dépression sévère, avec ses risques suicidaires.

    - Il serait sept fois plus cancérigène que le tabac pour la sphère ORL et broncho-pulmonaire et comme lui il a une toxicité cardiovasculaire (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux…). S’y ajoute un effet défavorable sur les défenses immunitaires.

     

    Comme on le voit dans l’encadré, le cannabis joint (si j’ose dire) les effets délétères immédiats de l’alcool aux méfaits retardés du tabac. Permettre la consommation de cannabis, c’est faire d’une pierre deux coups tout en augmentant le nombre de drogués en circulation. Bien sûr, ceux qui veulent dépénaliser la consommation minimisent les risques et avancent le possible intérêt médical (utilisé dans d’autres pays, mais il me semble que jusqu’à présent des études sérieuses n’ont pas été faites sur son intérêt médical [posologie, rapport risque/bénéfice])  et  ceux qui s’y opposent ont peut-être tendance à les amplifier car ils considèrent que c’est « une vraie drogue, un faux médicament et un danger public ». Reste que si le cannabis est incontestablement nocif, la prohibition n’a pas empêché l’augmentation du nombre de ses adeptes (mais c’est aussi le cas des drogues dites dures)

    La dépénalisation de la consommation du cannabis (et non l’autorisation de sa production et du trafic dont il n’est pas question) ne diminuera en rien le marché illégale, et pourrait au contraire l’accroitre en lui amenant de nouveaux clients, jusque-là retenus par le risque pénal. Il faudrait, en bonne logique, si l’on veut faire cesser le trafic et ses conséquences, que l’Etat fournisse lui-même le poison à la place des trafiquants comme il l’a longtemps fait pour le tabac et comme cela se fait aux Pays-Bas pour le cannabis.

    La législation contre le consommateur varie avec les pays entre la sanction administrative (une amende) et l’infraction pénale. La question est débattue en France où la législation est sévère comme en Suède et en Finlande. Dans l’UE, le pays le plus libéral est le Portugal qui depuis 2000 a dépénalisé la consommation et l’acquisition de stupéfiants pour usage personnel et en 10 ans cet usage aurait diminué, le drogué étant considéré comme un malade et non comme un délinquant. Avez-vous une opinion ?

     

    Source pour les méfaits du cannabis : Editorial dans le Journal International de Médecine du Professeur de pharmacologie Jean Costentin.

    « Déprime juvénilePsychopathologie politique »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 20 Juin 2012 à 17:32
    Je suis totalement opposée à la dépénalisation du cannabis, Paul ! Je suis sans doute sectaire à ce sujet mais je condamne fortement tout ce qui s'apparente à une béquille de vie ! Pourquoi commencer d'ailleurs, alors que l'on connait les effets désastreux à tous points de vue de ces diverses consommations ! La dépénalisation n'est qu'un argument de campagne d'abrutis qui se veulent compréhensifs. J'espère que François Hollande ne suivra pas les écolos : Quitte à ne pas tenir ses promesse en globalité, au moins que ce soit celle là !
    Nettoue
    2
    Mercredi 20 Juin 2012 à 18:10

    Je ne pense pas que le cannabis soit une "béquille" mais une recherche de sensations agréables (usage "récréatif") mais qui se solde à la fin par beaucoup de désagréments pour soi et pour autrui. Il ne faut sûrement pas commencer "pour voir". La question est de savoir pourquoi commencer l'usage des drogues alors que tout le monde sait que c'est mortel. Il faudrait étudier la situation au Portugal.

    3
    Mercredi 20 Juin 2012 à 21:15
    En amont de la consommation, il y a la production et le trafic, sources de profit pour la grande criminalité avec les conséquences (guerre des gangs, règlements de compte, financement d'activité criminelles ou terroristes etc).
    4
    Mercredi 20 Juin 2012 à 22:47
    Ce produit est tellement entré dans les moeurs (qui n'en a jamais fumé au cours de sa vie?) que la dépénalisation de la consommation (mais pas de la vente) semble inévitable à mes yeux.
    Cela permettrait aux policiers et aux juges de ne pas perdre leur temps avec des petits consommateurs, occasionnels dans leur grande majorité, et de consacrer plus de temps à la lutte contre les fournisseurs mafieux.
    La position du Portugal, telle que vous la décrivez, me semble équilibrée.
    5
    Jeudi 21 Juin 2012 à 10:13

    Ce qui ne sera pas résolu par la dépénalisation de la consommation.

    6
    Jeudi 21 Juin 2012 à 10:24

    C'est légaliser et favoriser la diffusion d'un troisième toxique et pas des moindres. Il n'y a aucune raison de s'arrêter. Il est vrai que la police perd son temps avec les petits consommateurs mais la lutte contre le trafic de la drogue est un échec. Il est difficile de penser que l'Etat devrait se substituer aux trafiquants et de tenter de sevrer les drogués.

    7
    Dimanche 29 Juillet 2012 à 19:16
    Certes, j'ai une opinion, qui s'approche de la vôtre. J'ai bien vu les effets néfastes sur un de mes fils, qui maintient que c'est moins dangereux que l'alcool ou le tabac. Je lui ferai lire votre article, que je trouve fort bien fait et synthétique. Mon ado faisait des crises d'humeur terribles lorsqu'il venait chez moi (où il ne pouvait s'en procurer) et ce n'est pas le seul que je vois réagir à cette sorte de "sevrage". Comme nombre d'autres drogues, dont certaines prescrites à des enfants qui manquent d'attention (méthylphénidate), les effets à l'arrêt sont le pendant négatif de ceux sensés positifs. Que l'on permette son utilisation très ponctuelle pour aténuer des douleurs, notamment en fin de vie, je n'y vois pas d'inconvénient, mais qu'on dépénalise me semble une erreur qui risque de faire tomber dans la marmite le peu de jeunes qui n'y sont pas accros.
    En attendant, je cherche une solution pour m'assurer que mon fils n'y est plus dépendant. Comme il va rester un mois chez moi en août, j'aurai plus de facilité à veiller au grain, sans devenir une harpie pour autant. J'essaie de trouver le bon équilibre entre une écoute ouverte et des conseils pertinents.
    Merci encore et bonne soirée.
    8
    Dimanche 29 Juillet 2012 à 19:50

    Le fait que l'alcool et le tabac sont des poisons ne me parait être un argument pour consommer un troisième poison, introduit plus récemment en Occident, qui réunit les méfaits des deux autres. L'alcool s'est installé dans le paysage depuis des millénaires et le tabac depuis des siècles et il est bien difficile de les faire disparaître. La prohibition aux USA a été un échec retentissant. Le mieux est, évidemment, de ne pas éprouver le besoin d'une béquille pharmacologique. C'est en soi qu'il faut trouver sa liberté.

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