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Dimanche dernier nous sommes allés voir au Centre Pompidou l'exposition sur le surréalisme pour son centenaire. J'aime certains tableaux de cette tendance en raison de l'imagination et parfois de l'humour dont font preuve ses peintres. Mais manipuler la réalité tout en restant figuratif provoque des visions qui vont de l'onirisme à la monstruosité et le rêve dérive souvent vers le cauchemar.
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Toutes les critiques sont unanimes : le meilleur spectacle tragi-comique qui se joue actuellement est celui de la campagne présidentielle mise en scène aux USA par un réalisateur fou qui se permet toutes les audaces. Les protagonistes sont contrastés et forment un couple qui se déchire avec entrain sur la scène mondiale sous le regard attendri des dictateurs de la planète et celui incrédule des dirigeants des dernières démocraties. L’actrice a beau rire à la moindre occasion, son partenaire masculin a une démesure jusqu’à se faire tirer dessus qui attire les suffrages. Certes, il est servi par un texte époustouflant où les excès, les grossièretés, les mensonges, la misogynie comme le racisme atteignent un tel degré que sa partenaire ne peut qu’en rire, mais les spectateurs, eux, attendent avec impatience sa prochaine sortie qui ne manque jamais d’être plus osée que la précédente. En outre, l’acteur masculin met son texte en valeur par une gestuelle bien à lui et par une voix monocorde insidieuse qui se prête bien au déversement continu de ses chapelets d’insultes. Mais il faut le savoir, nous assistons encore à la partie comique du spectacle, la tragédie est à venir.
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Tiré du Canard enchaîné du 30 octobre 2024
On dit qu'Emmanuel Macron aurait une tendance à la transgression et il apparait que la fréquentation des voyous ne lui déplait pas. Serait-ce la raison pour laquelle il fait tailler long ses favoris (il s'agit des cheveux) ce qui lui donne un peu l'air d'un mauvais garçon.
Une passe de java ?
(le 14 octobre 2024 à l’Élysée © Jacques Witt/Sipa)
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Fumeur d'opium
Le cas du député mélenchonien Andy Kerbrat, pris en flagrant délit d’achat d’une drogue de synthèse à un vendeur mineur le 17 octobre, divise les parlementaires sur l’attitude à adopter à son égard. Si la loi n’exige pas la démission d’un député lorsqu’il se drogue, il a un devoir d’exemplarité : celui de ne pas se faire prendre. Bien sûr, à gauche on minimise l’illégalité de la chose en considérant cet élu drogué essentiellement comme un malade (qui vote tout de même des lois). Sandrine Rousseau, comme d’habitude, a fait dans la nuance : "Ces gens sont malades de leur addiction. C’est une maladie, l’addiction. Il aurait un cancer, on n’aurait pas du tout le même regard". Ce qui a soulevé quelques volutes d’indignation.
Et pourtant chacun sait que les drogues provoquent une addiction qui peut rendre malade jusqu’à la mort. Cette intoxication que l'on s'inflige soi-même sans y être obligé est provoquée par une autre maladie : celle qui pousse à s'intoxiquer mais qui ne déresponsabilise en rien celui qui s'intoxique, car il a le choix. Les gens savent très bien avant de commencer à se droguer que la drogue qu’ils vont prendre est dangereuse, même si certains ont l’illusion trop souvent déçue de pouvoir la dominer selon leur volonté. Ils entrent eux-mêmes dans un couloir dont ils ne trouveront peut-être pas d’issue pour en sortir, et ils y entrent malgré les avertissements et les exemples désastreux qu’ils ont pu constater chez les autres. Alors pourquoi s’y engagent-ils ?
Chaque cas est différent et les motivations diverses. Dans le cas de ce pauvre Andy on peut comprendre son insatisfaction, voire sa souffrance de siéger à l'Assemblée parmi des collègues vociférants, d'être obligé de suivre les instructions parfois tordues d'un gourou absent omniprésent. Alors on peut comprendre qu'Andy veut être différent de la personne qu'il est devenu, effacer une angoisse existentielle, s’étourdir dans un bien-être artificiel et fugace qu'il est obligé de renouveler. L'insoumis s'est soumis à la recherche du rêve toxique lui donnant l'impression d'être un autre, en sachant pourtant que cet autre sera pire au réveil que le précédent, et que Sandrine Rousseau sera toujours à ses côtés.
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Jacob Lawrance : "Livres"
En Inde et au Japon la couleur du deuil est le blanc, en Chine le rouge, en Iran le bleu et en Occident c'est le noir. Si les Blancs n’accusent pas les Indiens et les Japonais d’utiliser la couleur de leur peau pour symboliser la mort, je crains que certains Noirs pourraient être heurtés que l’Occident se permette d’utiliser la couleur de leur peau pour pleurer leurs défunts. Ils pourraient considérer que ce choix, qui vient cependant des temps reculés, est désobligeant à leur égard.
C’est ce que l’on peut craindre depuis que le député Frédéric Maillot s’est offusqué que notre langue utilise des expressions où le noir qualifie des activités peu reluisantes comme le « travail au noir » qui serait une expression raciste sortie de notre patois colonial (bien que l’expression soit ancienne et vienne du travail de nuit). On voit que la discussion du budget débouche sur des perspectives nouvelles permettant d’épurer notre langue afin qu’elle devienne politiquement correcte et inclusive sans heurter des susceptibilités à fleur de peau. De quoi broyer du noir. (Veuillez m’excuser, je n’ai pas pu m’en empêcher, mais loin de moi l’idée de passer à l’acte).
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Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, serrant la main du dictateur Vladimir Poutine recherché pour crimes de guerre (lorsque la sienne n'est pas occupée à piquer une gourmandise dans les assiettes qu'on lui présente) lors du 16e sommet des BRICS à Kazan, en Russie, le 24 octobre 2024. © Ekaterina Chesnokova/SPUT/SIPA
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Quelle est la différence entre un asile d’aliénés et l’Assemblée Nationale ? Dans le premier, les patients sont soignés avec un espoir de guérison, dans la seconde beaucoup sont incurables quand on observe leurs manifestations de plus en plus incohérentes lors de la discussion du budget. Les plus atteints sont enfermés dans la salle LFI/NFP des agités où deux malades : Aymeric Caron et Rodrigo Arenas, ont défendu dans un délire « un amendement destiné à accorder un crédit d'impôt de 30 euros par mois et par animal à leurs propriétaires, soit 360 euros par an. Selon les calculs du rapporteur général du budget Charles de Courson, à raison de 25 millions de chiens et de chats dans le pays, la mesure pourrait coûter jusqu'à 6 milliards d'euros. ». Incurables et dangereux.
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Ce n’est pas la première fois que la France est incapable de conserver ses trésors sur le sol national qu’il s’agisse d’œuvres artistiques ou de fleurons de ce qui reste de notre industrie. La cession de la marque Doliprane, tant aimée des Français, à de voraces Américains en est un des derniers exemples. Mais la nouvelle affaire est la goutte qui fait déborder la coupe déjà pleine d’eau plus ou moins polluée de la Seine. Je viens d’apprendre cette nouvelle aussi scandaleuse qu’incroyable : notre maire de Paris, Anne Hidalgo, fait don au musée olympique de Lausanne de la combinaison de plongée qu’elle avait portée lors de sa baignade téméraire dans la Seine le 17 juillet 2024 et sans que le musée l’ait réellement demandée, ce qui laisse pantois. Comment peut-on laisser partir à l’étranger un symbole d’une telle beauté : une combinaison noire et orange fluo à manches courtes. Les Français devront-ils se déplacer à Lausanne pour admirer cet objet mythique qui avait enveloppé de si près notre édile aquatique ? Je m’étonne qu’il n’y ait pas eu dès l’annonce de ce transfert une pétition réclamant le retour de ce trésor dans l’hexagone, au besoin en ouvrant une souscription s’il s’avèrait nécessaire de le racheter, les Suisses y seraient peut-être sensibles.
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Marc Chagall : "Naissance"
Je l’ai échappé belle, j’aurais pu être un tueur à gages. Seules les circonstances m’ont permis de ne pas le devenir. Et l’accusation vient de haut, du pape, un des représentants de Dieu sur Terre et le seul certifié pour les catholiques, dont l’expérience est plutôt sommaire en matière de procréation. Du moins, je le suppose car dans le domaine de la libido, l’Eglise nous a réservé quelques surprises. Cette déclaration pontificale faite en Belgique sur les médecins pratiquant des interruptions de grossesses n’a pas plu au Conseil de l’Ordre des médecins du pays qui a vivement protesté hier et 500 catholiques belges veulent se faire débaptisés.
Pour ma part, je préfère qu’une grossesse soit éventuellement interrompue quand le fœtus n’est pas encore viable, dans le cadre de la loi, et dans des conditions médicales qui ne mettent pas la vie de la femme en danger comme c’est le cas lors des avortements clandestins dont le nombre augmente évidemment lorsqu’une loi interdit ou limite fortement les possibilités d’interrompre une grossesse non désirée, dangereuse pour la femme ou pour l’enfant, ou liée à un inceste ou un viol.*
Aux USA depuis que la Cour Suprême a donné à chaque état la liberté de légiférer sur l’interruption de grossesse (20 d’entre eux ont depuis mis en place des restrictions partielles ou totales à l’IVG), la mortalité infantile a fortement augmenté (+ 7% selon les premières études) en partie en raison des malformations congénitales touchant les nouveaux-nés. Peut-on imaginer le ressenti d’une femme qui doit conduire sa grossesse jusqu’à terme en sachant qu’elle accouchera d’un enfant mort-né ou non viable à court terme ? Aux femmes de choisir, pas au pape. Quant à ce dernier, je suppose que les médecins sont fouillés à l'entrée avant de lui prodiguer leurs soins.
* « Selon l'Organisation mondiale de la santé, une grossesse sur quatre se termine par un avortement provoqué. Pour les 41 % de femmes dans le monde qui vivent dans des pays où la législation sur l’avortement est restrictive, les risques sont importants. Et pourtant, plus de 25 millions d’avortements non sécurisés sont pratiqués chaque année… Dans le monde, en 2023, une femme meurt toutes les neuf minutes des suites d’un avortement clandestin. Selon l’Organisation mondiale de la santé, entre 39 000 et 47 000 femmes décèdent chaque année des suites d’une IVG non médicalisée. »
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Les hexagonaux sont naturellement pessimistes et le seraient davantage que les Afghans ! Un Français sur cinq est atteint d’un trouble psychique. En 2022, 8,5 millions de Français se sont fait soignés pour une maladie psychiatrique chronique. Les symptômes dépressifs ont été relevés chez 16% de la population en septembre 2023 (la prévalence a dépassé 22% en 2021 lors de la pandémie à SARS-Cov-2).
En matière de dépression, ce sont les jeunes adultes qui sont en tête et notamment les jeunes filles : près de 23% des lycéennes présentaient des symptômes dépressifs en 2022 (le taux était de 18% en 2018), avec des hospitalisations pour des gestes auto-infligés qui sont passés pour les femmes de 10 à 24 ans, de 12500 en 2019 à 18000 en 2022, avec une augmentation impressionnante des tentatives de suicide et de la consommation d’antidépresseurs (surtout pour les jeunes filles) pendant la pandémie. Cette dernière a évidemment joué un rôle déclencheur en raison des contraintes imposées à la population, et notamment à la jeunesse.
Mais en dehors de la pandémie, on n’a jamais pu dire que l’état psychique des Français était fameux, ils ont toujours été les plus grands consommateurs de psychotropes. Et ce constat est difficile à comprendre, cette insatisfaction permanente explique peut-être le prurit de la révolte, mais pourquoi ? Les Français ont la chance d’habiter un pays magnifique, de bénéficier d’une riche culture, d’une belle histoire, d’un environnement que le monde entier se déplace pour admirer. Ils ont la chance d’avoir un système social plutôt généreux, peut-être trop si l’on regarde la dette accumulée depuis des décennies. Ils vivent encore sous un régime qui préserve la liberté de chacun, même si certains crient à la dictature sans admettre que pouvoir le crier est la preuve qu’ils sont libres. Les nouvelles générations ont des moyens de communication et d’information fabuleux, peut-être trop. Bien sûr, il y a des gens qui n’y arrivent pas comme en tout lieu et en tout temps. Bien sûr, les dangers existent, les mœurs changent, mais la guerre n’existe pas encore sur notre sol alors qu’elle s’étend ailleurs. Les plus vieux se souviennent du service militaire qui n’existe plus pour les jeunes, de la guerre d’Algérie et de l’envoi du contingent pour y combattre en restant sous les drapeaux pendant 28 mois. C’est long près de deux ans et demi pour des jeunes, surtout soldats dans une guerre…Je ne me souviens pas qu’ils aient été particulièrement déprimés.
Source principale : Antoine Pelissolo, éditorial de la Revue du Praticien, octobre 2024
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