•  

    La première fois que j'ai vu cette photo d'une oeuvre exposée à Hong Kong, j'ai cru qu'il s'agissait d'une "performance" au même titre que celles effectuées par Déborah de Robertis qui font l'objet de l'article précédent.

    Impression renforcée par la curiosité de l'enfant pour l'arrière-train de la dame ainsi accroupie.

    Erreur bien compréhensible de la part d'un néophyte comme moi, mais je ne suis probablement pas le seul à avoir été bluffé par le réalisme de cette sculpture.

    Car il s'agit d'une sculpture de Sam Jinkins, sculpteur australien qui vit à Melbourne. Il utilise de la silicone, de la résine, du carbonate de calcium, de la fibre de verre et des cheveux pour créer des figures réalistes de personnages  à des âges différents et dont l'aspect et la posture expriment surtout la fragilité et la vulnérabilité de l'être humain.

    En voici quelques exemples :

     

     

     

     

    Impressionnant. On parle ici d'hyper-réalisme. pour définir cet art, mais je trouve que "hyper" est de trop, c'est tout simplement d'un terrifiant réalisme. 

    L'artiste nous tend un miroir, sans fard, sans concession, sans la moindre poésie pour nous montrer tel que nous sommes ou tel que nous avons été ou tel que nous deviendrons. 

    Si je regarde les deux images de la femme encore jeune, je ne lui trouve aucun défaut physique évident. Elle est plutôt belle. Et pourtant elle me dérange : ce n'est qu'un corps. Un corps humain sans vie, aussi parfait soit-il, perd sa beauté, alors que, même sans vie, une sculpture de pierre peut être belle, justement parce qu'elle n'évoque pas la réalité; elle n'en est que sa transposition.

    Rien n'est parfois plus cruel que l'image fidèle de la réalité.


    13 commentaires
  •  

    On se souvient de la prestation de l'artiste luxembourgeoise Déborah de Robertis au printemps 2014, au sein du musée d'Orsay, devant le tableau "L'origine du monde" peint par Courbet :

    Homoréalisme

    En exposant son sexe, elle exposait le modèle du tableau à la vue de tous, comme l'était le tableau lui-même.

    Sa prestation n'a guère duré contrairement à l'exposition du tableau qui  peut être vu chaque jour.

    Cette dame charmante a récidivé, en janvier dernier, dans le cadre de l'exposition du musée d'Orsay : " Splendeurs et misères de la prostitution"  devant le tableau " Olympia" de Manet, de façon plus pudique, mais son avocat a précisé qu'elle « portait une caméra portative pour pouvoir filmer la réaction du public. Il s’agit d’une performance artistique ».

     

    Homoréalisme

     

    Cette nouvelle prestation ayant été rapidement interrompue, Deborah de Robertis a écrit au directeur du musée d'Orsay. Je rapporte ici des extraits de cette lettre : 

    "Cette exposition ne peut pas être clôturée sans donner la parole à son modèle. Je ne peux pas vous laisser déplacer le tableau sans déplacer les modèles. Mon geste n’est pas de me mettre nue mais il consiste à renverser le point de vue du modèle nu..."

    « Qui a peur de l’objectif de l’Olympia ? ». Olympia ce sont toutes les putains accrochées aux cimaises de cette exposition. Je suis Olympia. En portant plainte pour exhibition sexuelle, vous avez nié publiquement le point de vue des modèles nus que vous exposez aujourd’hui en objets, en interdisant de filmer, vous empêchez ce point de vue d’exister."

    " Moi l’Olympia, je suis venue vous demander de me prêter vos gardes pour qu’ils protègent ce point de vue encore invisible. Au lieu de m’en empêcher et d’appeler les autorités, je voudrais qu’ils gardent mon corps nu comme ils gardent la peinture de Manet. Moi l’Olympia, je porte aujourd’hui le bouquet. Acceptez-le comme la preuve de votre volonté d’accueillir ce regard que j’adresse. »

    Deborah De Robertis, 16 janvier 2016.


    8 commentaires
  •  

    A l'occasion de la visite en Italie du président iranien Hassan Rohani en ce début de semaine, le musée du Capitole de Rome a caché toutes ses statues représentant des sculptures de nus.

    Cachez ce nu que je ne saurais voir 

    Je ne pense pas qu’à son âge ce vieux monsieur soit frustré au point d’avoir un rhumatisme de désir devant une statue sans voile. Mais il aurait pu être accompagné de quelques jeunes gens frustrés par une société à la fois pudibonde et obsédée par le sexe et qui ne seraient peut- être pas restés de marbre devant ces femmes au cœur de pierre.

    Les Italiens ont préféré jouer la prudence, car imaginons un instant que ces jeunes gens frustrés aient confondu ces femmes parfaites avec des poupées gonflables ? Un accident est si vite arrivé.

    Dans une société où les sexes sont séparés, où l’on ne touche pas une femme si elle n’est pas la vôtre, où la femme est impure, méprisée, recouverte de noir de la tête aux pieds dans l’espace public, inaccessible à moins de la violer, on pourrait aisément conclure que si la femme est utilisée pour la procréation, les hommes n’aiment vraiment que les hommes et ne se retrouvent qu’avec des hommes qui, s’ils ne sont pas mariés, sont aussi frustrés les uns que les autres.

    On peut donc s’étonner que l’homosexualité entre hommes soient condamnée, alors qu’elle devrait aller de soi.*

    Encore que…

    Cachez ce nu que je ne saurais voir 

     

    * Les attributs du mâle ne manquent cependant pas d'émouvoir les Iraniens si l'on en croit cet extrait d'un article du Monde de Philippe Ridet : "Mais l'emballage, lit-on sur le site de La Repubblica, aurait pu être plus drastique encore. Les autorités iraniennes auraient également tiqué à la vue de la statue équestre en bronze de Marc-Aurèle devant laquelle devait se tenir la conférence de presse conjointe Renzi-Rohani. Ce ne sont pas tant les cuisses nues de l'empereur-philosophe qui posaient problème que les attributs du cheval. Manquait-il de planches pour recouvrir ce chef-d'œuvre de quatre mètres de haut ? Finalement la conférence de presse a été déplacée de quelques mètres."


    12 commentaires
  •  

    La lutte contre les stéréotypes

     

    La lutte contre les stéréotypes

    Il faut féliciter le journal Libération d'avoir fait figurer dans ce graphique les hommes en rose et les femmes en bleu.

    Quelle audace ! Quel progrès ! Il est cependant à regretter que les transgenres n'y figurent pas en bleu-blanc-rouge.

    Gavage

    La lutte contre les stéréotypes

    Pamela Anderson est venue à l'Assemblée nationale protester contre le gavage des oies. C'est bien. Mais pourrait-elle cesser de gaver...ses lèvres ?

    Encore libre ?

    La lutte contre les stéréotypes

    Que l'on ne touche pas à mes poches

    Les musulmans ont malgré tout perdu le match

    La lutte contre les stéréotypes

    Caseneuve a annoncé triomphalement que les actes anti-musulmans ont triplé en 2015, passant de 133 en 2014 à environ 400 en 2015, mais même s'il s'agit d'un score honorable, il reste bien inférieur à celui des  actes antisémites qui atteint le double (806) et peut-on comparer quelques graffitis sur les murs et même quelques Coran brûlés à des meurtres ou à des tentatives de meurtre ? 

    L'idiot utile

    Pêche dans l'actualitéNon seulement il est con, mais il est dangereux car une telle ânerie semble justifier les actes antisémites violents de la part des Arabes qui veulent ainsi marquer leur haine à l'égard d'Israël en tuant des Français de confession juive. 

    Rony Brauman se comporte comme l'idiot utile aux extrémistes.

     

    Paru dans le Canard enchaîné du 20/01/16


    4 commentaires
  •  

    Ras le bolJe m’aperçois que mon dernier billet a encore porté sur l’islam. J’ai la nette impression de radoter. Est-ce consécutif à l’irréparable outrage de l’âge ? Ou est-ce que je participe à un radotage général ? Tout finit par tourner autour de cette religion…y compris ce petit billet.

    Ras le bol. Ras le bol

     

     

     

    Dessin de Philippe Geluck


    8 commentaires
  •  

    Autodérision

    Affiche exposée au Centre national d'art et culture Georges-Pompidou


    8 commentaires
  •  

    Le 21/12/15 nous avons été au Centre Pompidou de Paris, et c’est un peu par hasard – je dois l’avouer – que nous sommes allés visiter l’exposition de l’artiste allemand  Anselm Kiefer qui vit en France.

    J’ai été impressionné par ses peintures grand format faites de matériaux des plus divers,, presque toujours sombres. Tableaux nocturnes et tragiques.

    Anselm Kiefer est né en 1945 au milieu des décombres de la Deuxième Guerre Mondiale. Il n’a donc pas vécu la guerre elle-même mais son récit et son empreinte sur son entourage lors de sa jeunesse. Il a vécu par procuration cette guerre et les atrocités perpétrées par son propre peuple. Il ne s’en est jamais libéré et son œuvre est l’illustration de la culpabilité du peuple allemand, se voulant apparemment comme un rappel permanent de cette culpabilité.

    L’exposition est d’une telle richesse qu’il m’a été difficile de choisir les tableaux à photographier et parmi ceux-ci les images à reproduire ici. Cliquez sur les images si vous voulez les agrandir.

    L’Exposition Anselm Kiefer

    Sous le titre anodin de « Hanneton, vole ! » Un paysage de désolation.

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « La Lande de la Marche de Brandebourg »

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Chemin : Sable de la Marche de Brandebourg ». « Il n’y a pas de paysage qui soit totalement innocent. Cela n’existe pas » (Anselm Kiefer).

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Pour Céline, voyage au bout de la nuit ». L’antisémitisme maladif de l’écrivain lui a fait occulter d’autres voyages au bout de la nuit.

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Sulamith ». J’ignore s’il s’agit d’une référence à la bien-aimée du Cantique des cantiques

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Au peintre inconnu ». Beaucoup de tableaux montrent des colonnes et architectures de type romain plus ou moins en ruines. Référence à l’architecture prisée par les nazis.

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Quaternité » L’antre du peintre, le feu destructeur et régénérateur. Le serpent symbole de Satan

    L’Exposition Anselm Kiefer

    Margarethe

    Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit

    te buvons à midi la mort est un maître d’Allemagne

    nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons

    la mort est maître d’Allemagne son œil est bleu

    il t’atteint d’une balle de plomb il ne te manque pas

    un homme habite la maison Margarete tes cheveux d’or

    il lance ses grands chiens sur nous

    il nous offre une tombe dans le ciel

    Ii joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne

    tes cheveux d’or Margarete

    tes cheveux cendre Sulamith

    (Extrait d’un poème de Paul Celan auquel Kiefer se réfère fréquemment).

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Les ordres de la nuit ». « Pour moi, le tournesol, quand il est mûr et lourd, penché vers le sol, avec les grains devenus très noirs au milieu de sa couronne, eh bien j’y vois le firmament avec les étoiles… » (Anselm Kiefer)

    L’Exposition Anselm Kiefer

    "Pour Paul Celan Fleur de cendre" (livres brûlés sur toile)

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Fleurs de cendre »

    L’Exposition Anselm Kiefer

    « Mme de Staël : de l’Allemagne ». Des champignons en forme de tombes de la culture allemande ("Fichte" est le nom au pied de la première tombe) avec au fond la Forêt omniprésente dans les mythes germaniques.


    10 commentaires
  •  

    Comment tirer plus vite que son ombre

    Des neurologues néerlandais, portugais et italiens se sont penchés sur le cas de Poutine, de son Premier ministre Dmitri Medvedev et de trois autres hauts responsables (l’ancien ministre de la défense, Anatoly Serdioukov, le chef du protocole, Sergei Ivanov et le commandant du district militaire ouest, Anatoly Sidorov), dont la démarche (surtout celle de Poutine) intrigue les médecins car accompagnée d’un balancement d’amplitude normale du bras gauche alors que bras droit est quasiment immobile, collé au corps. La marche normale s’accompagne, en effet, d’un balancement symétrique des deux bras.

    L’inertie du bras droit lors de la marche a déjà fait l’objet de nombreuses spéculations. Ont ainsi été évoquées tour à tour : une souffrance fœtale, les séquelles d’une poliomyélite ou d'un accident vasculaire cérébral … Récemment, la possibilité qu’il soit atteint d'un syndrome d'Asperger avait même été envisagée par des experts militaires américains

    Les réflexions nouvelles de nos neurologues (spécialistes des anomalies du mouvement) ont fait l’objet d’un article dans le British Medical Journal dont l’habitude, fort prisée, est de nous offrir pour Noël des études médicales insolites.

    Après avoir étudié différentes hypothèses et en particulier une maladie de Parkinson, nos neurologues ont concluent à « une démarche du flingueur », posture modelée au KGB ou par des entraînements militaires intensifs.

    Pour étayer leur propos, ils précisent s'être procuré "un manuel d'entraînement des anciens du KGB". Ils décrivent comment les participants devaient maintenir leur main droite collée à leur poitrine pendant la marche pour pouvoir, face à l'ennemi, dégainer leur arme en une fraction de seconde.

    Et les auteurs de cet article ajoutent : "Nous avons trouvé d'autres exemples d'un balancement minimaliste d'un bras lié au maniement des armes : les cowboys dans les films sur le Far West présentent souvent un mouvement réduit de leur bras droit" : la « démarche de pistolero ».

    Medvedev est le seul des sujets étudiés n’ayant pas reçu d’entraînement militaire, mais il calque probablement le comportement de son chef par un mimétisme un peu lèche-cul.


    10 commentaires
  •  

    J'ai lu un article intéressant paru dans Marianne.net le 9/12/15, et dont l'auteur est Jérémie Monalek, chercheur en sociologie politique, sa thèse porte sur le vote blanc et nul. Il souligne que les résultats du premier tour des élections régionales peuvent être interprétés de façon bien différente selon la présentation que l'on en fait.

    J'ai reproduis deux figures de son article qui montrent à quel point les partis sont peu représentatifs, et que des termes comme "raz de marée" sont toujours exagérés par rapport à la réalité démographique. Le pourcentage par rapport aux suffrages exprimés amenant une amplification des résultats. Quand on dit qu'un Français sur trois vote pour tel ou tel parti, il faudrait plutôt dire qu'un suffrage exprimé sur trois est en faveur de ce parti.

    Un coup dans les partis

    Un coup dans les partis

     


    9 commentaires
  •  

    L'art à moitié mortLe vendredi 4 décembre à la foire d'art contemporain "Art Basel Miami Beach", une femme en a poignardé une autre. La victime a été touchée au cou et aux bras mais ses jours ne sont pas en danger.

    Par les temps qui courent, rien de plus banal que cette agression au couteau dans un lieu public.

    Le plus étonnant est que nombre de visiteurs entourés d’œuvres contemporaines ont pris cette agression sanglante pour une œuvre d'art : « une performance », et le cordon de sécurité mis en place par la police à sa suite, comme une « installation artistique ».

    Ces faits rapportés par le Miami Herald montrent à quel point de déliquescence et d'absurdité est arrivé l'art contemporain.

    Mais aussi à quel point de non-sens sont arrivés les amateurs qui finissent par admettre, à apprécier, et même pour certains à admirer les conneries qu'on leur expose avec le label "artistique"


    12 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique