• Perplexités d’un ignorant

    Perplexités d’un ignorant

    Il y a neuf ans, je me posais la question : faut-il avoir peur de l’écologie ? Je pense que l’on peut répondre par l’affirmative. En particulier depuis l’apparition des activistes anarcho-gauchistes d’Extinction Rébellion dont les actions, qui deviendront sans doute de plus en plus violentes, sous le couvert de l’écologie, expriment surtout une rébellion visant davantage la société capitaliste dont ils aimeraient l’extinction que la sauvegarde de la planète.

    L’échec ou l‘épuisement des idéologies du XXème siècle fait de l’écologie la seule perspective sociale envisageant l’avenir sur des bases scientifiques (bien supérieures aux analyses socio-économiques du type marxiste). Il n’est donc pas étonnant que le monde politique verdisse à vue d’œil avec en Occident une résistance, sans doute provisoire, Outre-Atlantique.

    L’écologie prend même l’allure d’une religion où l’on distingue les bons et les méchants, les fidèles et les mécréants, les indulgences et les condamnations, où sont recueillies et diffusées les paroles des prophètes, et notamment de sa prophétesse qu’est devenue la jeune Greta Thunberg qui lance des anathèmes, le visage crispé par la méchanceté : « Je veux que vous paniquiez. Que chaque jour vous ayez peur comme moi. Je veux que vous agissiez comme si votre maison était en feu. Parce qu’elle l’est ». Si nous ne filons pas doux nous serons responsables de la fin du monde. En fait, nous sommes déjà coupables, et même pour certains des apôtres, il est déjà trop tard, alors je ne vois pas dans ce cas pourquoi ces apôtres désespérés continuent à nous emmerder en nous demandant parfois de voter inutilement pour eux.

    Comme dans toutes les religions, l’écologie a ses dogmes contradictoires. On ne peut pas à la fois condamner les énergies fossiles dégageant du CO2 et les centrales nucléaires qui en dégagent peu. Ce qui aboutit au paradoxe allemand où la fermeture des centrales nucléaires a conduit à les remplacer par des centrales à charbon particulièrement polluantes. On ne peut pas à la fois prôner (à juste titre) les économies d’énergie et constater que « là où une centrale nucléaire permet de créer 75 fois plus d’énergie qu’elle ne coûte à construire (35 fois plus dans le cas d’un barrage hydroélectrique), un parc photovoltaïque rapporte un rendement de seulement 1,6 fois plus d’énergie que celle investie et un parc éolien 4 fois plus » (Michael Shellenberger). Bien sûr si les centrales nucléaires ont une grande efficacité et un bon rapport, elles laissent des déchets dangereux pour de longues périodes. Leur enfouissement les rend, en principe, inopérants et occupe peu d’espace comparé à celui nécessaire à un parc d’éoliennes. L’existence de ces déchets nucléaires jointe au risque de catastrophes expliquent la condamnation des écologistes. Mais ne faut-il pas considérer que pour éviter une catastrophe planétaire, il est peut-être préférable de courir un risque régional en tentant d’améliorer encore la sécurité des centrales.

    Si j’ai bien compris (mais je peux me tromper car les perspectives envisagées par les écologistes ne sont pas explicitées clairement : beaucoup de formules péremptoires mais peu de précisions pratiques), la « transition écologique » consisterait à remplacer progressivement, mais totalement, les énergies fossiles et le nucléaire par des énergies renouvelables : hydraulique (déjà opérationnel, sauf les marées), vent et soleil, ces deux dernières sources d’énergie étant aléatoires et intermittentes alors que la consommation d’énergie est constante. Sans être compétent pour l’affirmer, il me semble peu probable que ces énergies renouvelables pourraient subvenir, seules, à la consommation actuelle d’énergie, à moins de modifier l’environnement de façon très radicale : « aux Etats-Unis, le système de production électrique ne requiert que 0,5% de la surface du territoire national. Mais passer à du 100% renouvelable demanderait d’utiliser entre 25 et 50% de tout le territoire des Etats-Unis, selon l’analyste Vaclav Smil ». (Michael Shellenberger). De beaux paysages en perspective.

    Reste à faire disparaître plus ou moins la civilisation actuelle telle que nous la connaissons, très gourmande en énergie, en débutant par l’informatique et les voitures électriques, et en demandant aux pays « en voie de développement » d’arrêter leur développement, même s’il s’avère plutôt lent, et en commençant par contrôler la procréation, ce qui est très faisable si Dieu nous le permet.

    ADDENDUM Article paru dans Marianne du 28/02/20 et dont j'ai pris connaissance après avoir mis en ligne mon billet

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    « Sans ordonnance du 26.02.20Un exemple du racisme ordinaire des "racisés" »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 28 Février 2020 à 18:21

    (point de vue personnel d'un autre non-sachant, presque tout autant perplexe)

    Si j’ai bien compris (mais je peux me tromper car les perspectives envisagées par les écologistes ne sont pas explicitées clairement : beaucoup de formules péremptoires mais peu de précisions pratiques), la « transition écologique » consisterait à...

    ...taxer tout ce qui peut être taxé et interdire ou supprimer le reste pour le remplacer par quelque-chose qui, à terme, pourra être taxé avant d'être remplacé par quelque-chose qui devra être taxé...

    Des projets et des objectifs qui ne manquent manque pas de sel de $€£

     

      • Vendredi 28 Février 2020 à 18:35

        Taxidermie : "art qui permet de donner l'apparence de la vie".

    2
    Vendredi 28 Février 2020 à 18:47
    Pangloss

    Pour éviter la peste écolo, vous nous proposez le choléra nucléaire qui -les faits le prouvent- n'arrive qu'à Fukushima ou a Tchernobyl. 

      • Vendredi 28 Février 2020 à 19:10

        Qui a parlé de peste écolo ? Je souligne une contradiction et même un aveuglément (comme pour les OGM). Les énergies renouvelables paraissent incapables de remplacer les centrales nucléaires qui contribuent peu au réchauffement climatique. Toute notre civilisation est basée sur l'électricité, il faudra choisir entre un changement radicale de civilisation ou le maintien d'une source d'énergie décarbonée, à moins que la science - et ce n'est pas exclu - trouve d'autres sources d'énergie ne provoquant pas de réchauffement climatique. Oui, en un demi-siècle il y a eu quelques catastrophes régionales, limitées, provoquées par le nucléaire, mais nous avons eu aussi des catastrophes provoquées par des ruptures de barrages hydrauliques. N'oublions pas que le réchauffement climatique sera une catastrophe planétaire entraînant migrations et guerres. Il faut choisir le moindre mal si on ne peut pas supprimer le mal.

    3
    Samedi 29 Février 2020 à 13:45

    Comme vous, je suis agacé par tous ces gens qui nous expliquent doctement qu'il y aurait UN moyen très simple de régler tous les problèmes du monde. On est dans dans une ambiance de croyances médiévales (fin du monde proche, remède miracle, des méchants qui empoisonnent le monde et des gentils qui possèdent un antidote universel et/ou un élixir magique qui rendrait le monde heureux...)

     

    PS : ceci dit, il parait que l'énergie nucléaire est moins chère si on ne considère que son seul coût de production sans y ajouter les coûts d'arrêt, de démontage et de remplacement des réacteurs ( tous les 20 ou 30 ans) et l'enfouissement des déchets à la charge de l'Etat.

      • Samedi 29 Février 2020 à 15:42

        Il n'est même pas question de rentabilité mais d'écologie, le nucléaire est l'une des sources d'énergie les moins polluantes pour l'atmosphère et la plus décarbonée pour le climat sans sous estimer ses risques (n'oublions pas le nombre de centrales en fonction depuis un demi-siècle). L'opposition des écologiques est plus idéologique (la nature !!!) que pratique (comme pour les OGM). Après avoir mis en ligne mon billet, je suis tombé sur un article d'Etienne Campion paru dans Marianne à propos de la fermeture de Fessenheimm intitulé " Une centrale écolo mais sacrifié" où il note que les émissions de cette centrale n'étaient que de 6 gr de CO2par kWh produit, c'est à dire moins que les émissions des moyens de production dits renouvelables et verts. La fermeture de cette centrale nucléaire entraînera des émissions additionnelles de 10 millions de tonnes de CO2 par an ! Et ceci pour respecter la part de 50% (pourquoi 50% ?) réservé au nucléaire. Une décision politicienne et électoraliste à courte de vue.

    4
    Samedi 29 Février 2020 à 21:39

    "Fermer Fessenheim, c'est une façon d'assurer la crédibilité de la parole publique" (j'avais presque lu "biblique" bad )

    "Abandonner le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est quand la parole du président Macron décrédibilise la parole du candidat Macron..." C'est ça, madame ?

     

    A noter que dans ces deux situations, la parole "écologiste" se voit crédibilisée comme une folle (ou alors, c'est moi... aww )

     

      • Samedi 29 Février 2020 à 22:54

        Faire  plaisir aux écologistes se fait parfois aux dépens de l'écologie.

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