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    Maurice Utrillo
    Rue St Rustique à Montmartre
    en 1926
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    C'est curieux comme l'oeil du peintre a allongé et élargi la rue,  la basilique du Sacré-Coeur paraissant plus lointaine.
    Depuis 1926, pour élargir la rue (circulation automobile oblige), les trottoirs ont été retirés et le double caniveau a été remplacé par un antique caniveau central. Et finalement la rue actuelle parait plus rustique qu'en 1926, donnant aux touristes un aspect plus ancien qu'à l'époque d'Utrillo, une allure quasi moyenâgeuse.


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  • « Envoyer un signal » ; c’est le pendant du message. Le peuple envoie un message qu’il faut déchiffrer et les gouvernants envoient un signal, de préférence fort. Il est curieux que le peuple et les gouvernants soient obligés de communiquer de façon aussi sibylline, du type sémaphorique. C’est sans doute pour permettre à chacun d’avoir une interprétation qui lui soit favorable.

     

    « Nous le ferons dans la transparence ». C’est un copeau très prisé par les politiques, sans doute en raison de sa connotation de limpidité et de pureté. Mais il veut dire aussi qu’auparavant ce n’était pas le cas. Dans une démocratie tout devrait être clair et vérifiable (sic) et cette affirmation n’est donc pas une avancée mais un aveu d’opacité habituelle.

    Bien sûr il y a le « secret-défense » dont on comprend l’utilité, ne serait-ce que pour enterrer des affaires glauques.

     

    « Nous avons créé une commission ».  Chacun sait que c’est la façon la plus élégante d'enterrer un problème. Un copeau voisin est « nous avons demandé un rapport » avec des variantes plus gaies comme livre blanc ou livre vert. Les résultats d’une commission ou d’un rapport ont une utilité bien connue : ils servent à caler les meubles des ministères. Personne n’en tient compte ou on en prend un petit bout pour faire plaisir. Mais en attendant les résultats de la démarche, les gens sont obligés de se taire.

    Les « Hautes Autorités », les « Conseils de… » qui poussent comme des champignons sont de la même veine, en doublant des structures déjà existantes (ne seraient-ce que les ministères). Les unes n’ont le plus souvent qu’une autorité limitée et les conseils des autres ne sont en général pas suivis, Quant aux observatoires, si l’on tient compte des retombées pratiques et en général filantes de leurs observations, leur coût pourrait être considéré comme astronomique.

    Les gouvernants et les administrations font en outre une grande consommation de médiateurs dont on ne sait pas à quel genre ils appartiennent. Le médiateur est une chimère mi-politique, mi-civile qui s’interpose entre les élus du peuple et le peuple ou entre les services publics et le public, ce qui prouve leur éloignement. Le médiateur est chargé d’accélérer les démarches en créant une étape supplémentaire à franchir.

    Mais tous ces bidules ne sont-ils pas la meilleure façon de caser des copains désœuvrés ou de récompenser des fidèles ?


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  • J’ai appris en lisant l’éditorial de Dorothée Werner dans le magazine Elle (et oui !) du 31 janvier 2009 qu’à côté des Tickets Restaurant, des entreprises viennent de lancer le Ticket Psy fourni par la médecine du travail sous forme d’un carnet donnant droit à dix séances gratuites chez un psychiatre ou un psychothérapeute agréé. C’est bien gentil de la part des entreprises. Non ? Vous avez raison : c’est révoltant. Dans l’entreprise les salariés soumis à de multiples pressions sont souvent dans une situation de stress et c’est pour  cette raison qu'elle leur offre généreusement ce Ticket Psy afin d’obtenir d’eux une meilleure productivité. Car voyez-vous, ce n’est pas l’entreprise qui est responsable de leur état, c’est le salarié qui est coupable, c’est lui qui n’est pas normal, c’est lui qui est malade, à lui de rentrer dans le moule avec l’aide bienveillante des psychothérapeutes serviles.


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  • Gustav Klimt « Schubert au piano »

     

     SCHUBERT AU PIANO

     

    Les belles inaccessibles si proches de lui,

    Perdues dans leurs pensées,

    Suivent la partition à la lueur des bougies.

    Une autre regarde la danse des mains nues

    Sur les touches dociles du clavier

    Où les chants de l’impromptu

    Mêlent leurs cadences.

    Elles frémissent en écoutant les graves gronder,

    Alors que les notes hautes s’élèvent pudiques,

    Retenues par le poids des silences.

    Et la mélodie un instant suspendue

    Reprend mélancolique,

    Comme un amour perdu,

    Pour s’éteindre en douce nostalgie,

    Dans le regret des passions disparues,

    Quand le grondement au loin s’évanouit.

     

    Paul Obraska

     



    Gustave Klimt "Musique"


    LE CLUB DES CHANTS INACHEVES
     
    Il y a un club qui rassemble dans les cieux
    les musiciens morts avant de devenir vieux
    ceux qui disparaissent avant quarante ans
    et qui ont du génie ou beaucoup de talent
     
    Pergolese en est le benjamin
    Marie par son instinct de mère
    a un petit faible pour l'Italien
    Quand on joue son Stabat Mater
    elle l'écoute debout sous le charme
    sans pouvoir retenir ses larmes
     
    Quand Pergolese vint Purcell était déjà là
    en habit de cour après avoir quitté ses rois
    Entre composteurs lyriques ils se sont vite compris
    et les deux s'inclinèrent quand Mozart arriva
    Le grand Mozart déjà grand lorsqu'il était petit
    tiré d'une fosse commune après qu'on l'eùt trouvé
    là où les croquemorts sous la neige l'avaient égaré
     
    Schubert bohème et fidèle en amitié
    hésita à quitter le cimetière de Vienne
    où il était enterré près de son cher Beethoven
    Lui qui n'avait pu partager de grand amour
    lorsque le délicat Chopin arriva à son tour
    il lui fit raconter sa passion pour Maria
    dont la maternelle George Sand le consola
    Mendelssohn accepté au club peu avant
    en homme raffiné les écoutait poliment
     
    Le dernier arrivé parmi eux fut Bizet
    trois mois après la création de Carmen
    le temps que les critiques se déchaînent
    sur l'opéra qui allait triompher peu après
     
    Sur les portées des étoiles filantes
    les musiciens aux chants inachevés
    composent les musiques enivrantes
    qu'ils n'ont pas eu le temps de créer
     
    C'est pour ça que devant un ciel étoilé
    devant l'orange d'un coucher de soleil
    devant l'amour des amants
    dans le rire des enfants
    en tendant bien l'oreille
    on entend venues des nues
    des musiques inconnues

    Paul Obraska

     
         


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  • Des trous mystérieux dans la tête

    La trépanation est probablement la première «  vraie » opération pratiquée par Homo sapiens, Cro-Magnon, Neandertal ou leurs cousins, avec des outils en pierre, dont témoignent de nombreux crânes retrouvés partout, notamment en Alsace et sur les Causses. Le chirurgien français Just Lucas-Championnière a montré, au début du XXe siècle, que cela pouvait se faire en moins d’une heure soit en approfondissant tangentiellement le trou  soit en faisant des trous rapprochés avec un poinçon, le futur trépan, et en juxtaposant les perforations. Ces trépanations préhistoriques ne sont généralement pas en rapport avec un traumatisme. Alors pourquoi faire un trou dans la tête ? On évoque des rituels, des traitements magiques de la folie, mais évidemment on n’en sait rien.

     

    Un trou pour voir

    Au milieu du XVIIIe siècle, un ermite d’Aiguilles  consulte un oculiste marseillais réputé, Jacques Daviel. Il  est aveugle après avoir perdu  un œil à la suite d’une intervention par l’antique technique de l’abaissement du cristallin, l’autre étant toujours atteint par la cataracte. L’intervention est difficile : non seulement Daviel n’arrive pas à « abattre » le cristallin mais  celui-ci se fragmente en plusieurs morceaux. En désespoir de cause Daviel incise la cornée et enlève les débris. L’opéré voit «  Une intuition, une réminiscence, un geste audacieux ont sauvé la situation » (Y. Pouliquen, Un oculiste au siècle des lumières, éd Odile Jacob). Pas pour longtemps, car à la suite de complications, le patient  redevient définitivement aveugle. Mais l’expérience de l’ermite avait montré la voie. Daviel eût la vision de la vraie technique pour guérir la cataracte et mit patiemment au point l’opération, toujours pratiquée, qui allait permettre de préserver ou de rendre la vue à des millions d’êtres humains.



    Documentation réunie avec la collaboration de Jean Waligora

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  •   

    Pétrifié


    Homme faisant le mort pour gagner sa vie


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  • « …un président hyperactif mais impuissant, pédalant vigoureusement sur une version politique du vélo d’appartement ». (Emmanuel Todd « Après la démocratie »)

    Mais à qui pense-t-il ? On se perd en conjectures.


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  • Un jour, un travailleur social déroba le Sens de la Vie. Il le cherchait depuis longtemps car les gens lui demandaient souvent de le montrer. Or il le trouva par hasard, caché entre les pages d’un livre de philosophie (les philosophes s’intéressent beaucoup au Sens de la Vie), qu’un très vieux monsieur, en descendant à la station Père-Lachaise, avait oublié sur une banquette lacérée de la rame de métro.

    Possédant enfin le Sens de la Vie, pour gagner du temps, il mourût.

    En tant que travailleur social il avait acquis le droit syndical d’aller au Paradis. Mais là, le Patron fit des difficultés : n’avait-il pas commis un larcin ? Alors on le fit attendre dans le Purgatoire, qui n’est qu’un long couloir avec des chaises pliantes, pendant que l’On se penchait sur son cas, comme dans toute administration.

    Mais le travailleur social avait emporté dans son sac à dos ce qu’il avait dérobé dans le métro et qu’on lui avait laissé par mégarde (comme quoi, quoi qu’on dise, personne n’est parfait) et pendant qu’il attendait, sur terre, la Vie n’avait plus de Sens. Si certains continuaient dans le bon Sens, à naître avant de mourir, d’autres mourraient avant de naître. Lorsque le Patron s’aperçut que des nouveau-nés sortaient des tombeaux (ce qui, avouons-le, n’est pas très sensé), Il déboula dans le couloir, prit le sac à dos (orné de la tête barbue de Che Guevara) et le vida sur terre.

    Depuis les Hommes continuent à chercher en vain le Sens de la Vie, en se faisant beaucoup d’illusions,  car il y a de fortes chances qu’il soit tombé dans les profondeurs des mers.  


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  • Gustav Klimt « Les trois âges de la femme »

     

    LE COMPAGNON INFIDELE

     

    Le corps n’en fait qu’à sa caboche

    Il suit son bonhomme de chemin

    Il fut un compagnon proche

    En bonne forme chaque matin

    Et plutôt agréable à fréquenter

     

    Mais il se met peu à peu à s’éloigner

    En faisant trop parler de lui

    On traîne un compagnon étranger

    Qui vient nous gâcher la vie

     

    On le voit chaque jour changer

    Il perd des petits bouts avec les ans

    Des cheveux gris et des dents cariés

    Son habit de peau devient trop grand

    Il fait des plis, tout fripé et taché

     

    Il s’incline un peu pour marcher

    Il craque comme un sarment desséché

    Et il s’en va un jour ou une nuit

    Au moment où on a besoin de lui

     

     


    Paul Obraska



    Gustav Klimt « Dame avec chapeau et fourrure »

     

     


    LA GARCE

     

    Plus je vieillis, plus j’aime la vie.

    Mais la vie est une amante

    Qui vous quitte quand on vieillit.

    Son départ fatal me hante.

     

    Je l’ai prise au berceau.

    Au début la différence d’âge

    Ne se voyait pas trop,

    Je la préservais des orages.

     

    Mais voilà, la vie ne change pas,

    Et moi j’ai peu à peu changé.

    La vie ne connait pas le trépas,

    Le mien est programmé.

     

    Alors la garce va me quitter.

    J’espère qu’elle le fera en douceur,

    Nous avons été ensemble tant d’années.

    Je ne sais pas, elle a tant de froideur.

     

    Volage, elle ira vers d’autres amants,

    Elle les prendra au berceau comme moi,

    Mais ses amants n’auront qu’un temps,

    J’espère que la garce me regrettera.


    Paul Obraska


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  • « La balle est dans leur camp ». Ce copeau de la langue de bois d’allure sportive a un côté ludique. Voilà des gens, en principe sérieux, qui jouent à la baballe. Le jeu consiste pour un camp politique ou syndical à se débarrasser de la balle, comme une patate chaude, en l’envoyant chez l’adversaire pour regarder avec intérêt ce qu’il va en faire. On pourrait comparer ce jeu politique à du tennis ou du volley-ball où les joueurs envoient la balle de l’autre côté du filet  avec violence, en montrant les dents et en levant le poing lorsque la patate reste de l’autre côté. Ce qui ne les empêche pas de rigoler ensemble dans les vestiaires, comme les politiques le font dans les palais de la République où seuls persistent les filets à provisions.

     

    « Que le gouvernement (ou toute autre direction) prenne ses responsabilités ». On se demande ce que cela veut bien dire. Les responsabilités, il les a déjà. Ou alors d’habitude il les met de côté, bien rangées dans une armoire et quand on le sollicite, il les sort, les époussette et les prend. Ce copeau n’a aucun sens, même une direction qui ne fait rien reste tout aussi responsable de ce qu’elle est censée diriger.

     

    « Il faut déchiffrer le message » Le message émane en général du peuple et est destiné aux gouvernants. Il parait difficile à lire sans doute en raison d’une certaine incurie du peuple à s’exprimer clairement, surtout lorsqu’il le fait en marchant. Les politiques, voire les journalistes se penchent donc avec perplexité sur le message abscons pour le déchiffrer. On comprend l’embarras de ces diplômés des grandes écoles devant des messages cryptés comme : « Je crains d’être licencié » ou « Je suis chômeur et je ne retrouve pas de travail » ou « Mon salaire ne me permet pas de vivre correctement ». Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? En général les gouvernants devant les difficultés du déchiffrage se contentent d’une solution approximative comme « Ce message traduit un inquiétude ». Ah ! Bon,  c’est rassurant, il ne se passe rien, c’est seulement la crainte qu’il se passe éventuellement quelque chose, on peut donc continuer comme avant.

     

    « Il faut se retrousser les manches » copeau prolétaire toujours prononcé par ceux qui ne le sont pas en réponse aux prolétaires qui réclament une augmentation de leur salaire et de façon indécente aux chômeurs qui ne demandent qu’à les retrousser.


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