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    L’obsession « genrée »

     

    Sur Slate.fr figure un article du 5/01/14 intitulé « La ville, espace trop masculin » de Philippe Gargov dont je retranscris ci-dessous un extrait intitulé : « 1. Vers un urbanisme genré ? » :

    « L’hypersexualisation du bâti ne date pas d’hier, qu’il s’agisse de gratte-ciels comparables à des phallus géants […], ou de stades qataris aux allures vulvaires[1]. L’urbanisme se révèle toutefois un peu plus mature. Bien que récente, l’intégration des questions de genre se fait avec une intensité non-négligeable. «La planification urbaine genrée est devenue un nouveau champ d’action», estime ainsi la chercheuse Sandra Huning dans la revue Métropolitiques (notons au passage que l’article original est titré: «Ambivalences of Gender Planning»): «Les mobilisations et productions intellectuelles féministes et queer doivent continuer non seulement à nourrir la pratique urbanistique et à contester les normes et les représentations de genre collectives telles qu’elles ont été naturalisées, mais aussi à développer des modèles d’urbanisme capables d’intégrer des perspectives déconstructionnistes plus complexes dans le travail des institutions de planification urbaine.»

    On ne peut que constater de la part de ces féministes une véritable obsession « genrée ». Voir dans les immeubles, les monuments ou les colonnes la figuration de phallus et l’expression de la domination masculine frise le ridicule et que l’on puisse évoquer à contrario une vulve devant la forme ovalaire des stades laisse pensif sur les idées qui trottent dans la tête de certains ou de certaines.

    On ne voit pas comment il serait possible d’ériger de grands immeubles autrement que comme des colonnes dressées ou un stade autre que circulaire. Voir des sexes partout tient de l’obsession sexuelle.

    [1] Une journaliste du Guardian à écrit à propos de la forme de ce stade : "La ressemblance du stade avec un vagin a beau être non intentionnelle, je ne peux que l'applaudir. Dans un monde où sport et femmes sont rarement assimilés, ce stade est une bénédiction. Et après tout, pourquoi on n'aurait pas 45 000 personnes entassées dans un appareil de reproduction féminin ? Ce n'est pas comme si on n'avait jamais connu ça."





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    La fragilité de la flamme

     

    Cette « Madeleine à la veilleuse » de Georges De La Tour est bien jeune, pourtant elle est fascinée par la bougie qui se consume, symbole du temps qui passe, et par sa petite flamme vacillante comme la vie, la main sur le symbole de la mort posé sur ses jolies jambes.

    Des jeunes n’attendent pas la fuite du temps : ils l’interrompent en se suicidant. Rien n’est plus dramatique que le suicide d’un jeune. J’ai récemment été à l’enterrement d’un garçon de 19 ans qui avait tout pour lui et qui s’est jeté par la fenêtre. Il avait laissé une lettre qu’il avait écrite six mois auparavant où il disait que « ce monde ne lui convenait pas ». Désespoir métaphysique.





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    Le sabre de François

     

    Pour Noël, François a reçu un sabre, un vrai, pas en bois, et tout neuf n’ayant jamais servi à amputer des membres. Un cadeau de la part de la famille Séoud, une famille à l’aise après avoir piqué les lieux saints aux Hachémites, qui étaient pourtant leurs gardiens depuis huit siècles. De son vaste domaine acquis de droit divin, mais aussi par les armes, c’est plus sûr, elle fait couler le pétrole sur lequel elle était par hasard assise. Les oppositions mécréantes à cette famille méritante étant prestement éradiquées pour la plus grande paix du royaume et celle des ménages.

    François déjà parti en guerre à deux reprises semblait content de son cadeau. Venu pour vendre quelques grosses babioles et notamment des armes, avant que les Saoudiens n’achètent en France les usines qui les fabriquent, il se trouva à son tour armé d’un sabre et déclara, en le regardant, qu’il en aura besoin. Certains ministres ont sans doute ressenti quelques picotements au niveau du cou.

    La famille Séoud n’a cependant pas été jusqu’à offrir à François un kit à lapidation pour ne pas jeter une pierre dans l’eau limpide des droits de l’homme et de la femme, sachant à quel point leur hôte leur était attaché, allant jusqu’à bouder Poutine qu’il ne trouve pas assez orthodoxe dans ce domaine, bien qu’élu régulièrement. Il est vrai que l’on ne peut pas vendre des armes au Président russe, car il a déjà les siennes.





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  • En cette fin d’année nous sommes allés voir l’exposition Georges Braque (200 tableaux) au Grand Palais sans avoir à faire une queue interminable. Ce peintre mort à 81 ans, en 1963, a eu le temps d’évoluer au cours du XXème siècle fertile en innovations picturales. Ses premiers tableaux appartiennent au « fauvisme », caractérisés par un aspect multicolore. Dans les premières salles consacrées à ces toiles on a une impression d’uniformité et en voyant une, on a le sentiment (sans doute erroné) de les voir toutes. Voici un bel exemple représentatif : « Le port d’Estaque ».

    L'exposition Braque

    Rapidement, Braque devient un des inventeurs du « cubisme » où le réel est découpé en figures géométriques tranchantes et imbriquées mais sans atteindre l’abstraction, car si les sujets sont déstructurés puis restructurés, ils restent reconnaissables, parfois même un fragment d’objet échappe à la transformation de l’espace comme un bout d’instrument de musique. Par opposition à sa période fauve, sa peinture devient quasi monochrome, les couleurs disparaissent remplacées par des dégradés de brun ou de gris. Là encore les toiles se ressemblent au point que chacune apporte peu par rapport à la précédente. Mais je suppose qu’un connaisseur serait outré par ce genre de remarque digne d’un béotien.

    L'exposition Braque

    Par la suite le réel réapparait dans son intégrité sous forme d’éléments comme des cartes à jouer, des lettres ou des chiffres, s’incorporant à la peinture, imprimés au pochoir. Enfin les couleurs finissent par envahir les espaces géométriques qui n’attendaient qu’elles.

    L'exposition Braque
    L'exposition Braque
    L'exposition Braque

    Dans sa dernière période, le figuratif réapparait comme surgi du passé, débarrassé des cadres géométriques, dans l’arrondi de cette femme couchée ou dans l’aspect sombre (IIème guerre mondiale) de « L’homme au chevalet » ou des « Poissons sur une assiette ».

    L'exposition Braque
    L'exposition Braque
    L'exposition Braque

    La dernière salle est consacrée à la série des oiseaux. C’est avec ce motif aviaire que Braque a peint le plafond de la salle Henry II du musée du Louvre en 1953.

    L'exposition Braque
     

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    Harcelé par la bêtise

     

    La direction de l’école de Canon City n’a pas hésité à suspendre l’élève Hunter Yelton pendant quelques jours au motif que son attitude s’apparentait à du harcèlement sexuel. C’est que l’on ne plaisante avec ce genre de choses au Colorado. Hunter et sa mère ont été convoqués dans le bureau du directeur afin que les deux prennent bien conscience de la gravité de la faute commise. Jugez vous-même : Hunter s’était permis, alors qu’il n’a que six ans, d’embrasser la main d’une camarade de classe, la fillette étant cependant consentante. Le plus grave est qu’il s’agit d’une récidive car il avait auparavant embrassé la même fillette sur la joue, ce qui dénotait une constance amoureuse du plus mauvais aloi. Hunter a demandé par la suite à sa mère : « qu’est-ce que le sexe ? »

    Velázquez Diego : « L’Infante Margarita d’Espagne »


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  • "Tout va très bien madame la marquise"

    Le Président de la République Française est ravi d'être aujourd'hui à Monaco (Photo parue dans Le Point.fr © Éric Gaillard/AFP)


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    L'exposition Chu Teh-Chun

    La pinacothèque de Paris expose en ce moment des oeuvres du peintre d'origine chinoise Chu Teh-Chun. Pour moi ce fut une découverte. Je ne connaissais pas ce peintre (à ma grande honte) alors qu'il s'agit d'un vieux monsieur (il est né en 1920) et en France depuis 1955 ! Parti de la calligraphie et du figuratif, impressionné par les oeuvres de Nicolas de Staël, sa peinture est devenue abstraite et pour ma part j'ai trouvé ses tableaux très beaux. On peut ne pas aimer l'art abstrait et pour ma part je ne suis pas un grand connaisseur, mais j'ai trouvé cette exposition remarquable.

    Voici quelques tableaux photographiés à la va-vite, le déclic de mon téléphone portable attirant à chaque fois un surveillant soupçonneux.

    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
    L'exposition Chu Teh-Chun
     

     COMMENTAIRES SUR OVER-BLOG 

    Pangloss Il y a 1 an

    Je partage votre admiration. Ces tableaux abstraits sont déconcertants en obligeant l'oeil à y rechercher de la figuration.

      Dr WO Il y a 1 an

    C'est tout à fait exact. Un tableau que je n'ai pu photographier avait comme titre "Hong-Kong", on ne voyait pas une ville mais l'impression d'une ville, son essence. Ma femme, elle, voyait des têtes partout et moi je voyais autre chose, mais rien de précis, plutôt de la poésie diffuse. Une peinture qui fait rêver est une grande peinture.

    Joachim Il y a 1 an

    C`est de l`abstrait figuratif... comme vous dites Dr Wo, de "l`essence" de paysage, de la vraie poésie visuelle. Un peu dans la continuation des estampes classiques chinoises dans lesquelles les formes et couleurs des paysages sont souvent enveloppées de brouillard et d`effets de lumiere ou carrément dans la pluie. Cette forme de peinture abstraite est -a l`encontre de la plupart des abstraits occidentaux- est bien moins cérébral que sensuel et finalement c`est d`abord aux sens que s`adresse la peinture ainsi que l`avaient bien compris les grands modernes tels van Gogh, Renoir, Gaugoin, Cézanne, Toulouse, Rousseau, etc...

     Dr WO Il y a 1 an

    Je suis d'accord avec votre perception de cette peinture : elle est sensuelle. Elle n'entraîne aucune réflexion. Les couleurs et le mouvement des formes donnent un plaisir visuel. C'est une peinture qui se rapproche de la musique.

     NOURATIN Il y a 1 an

    Ma foi...des goûts et des couleurs...
    Amitiés.

      Dr WO Il y a 1 an

    Ne se discutent pas...

      Michel Palle Il y a 1 an

    Au musée Guimet : De neige d’or et d’azur. CHU TEH-CHUN et la manufacture de Sèvres....
    regardez aussi le travail de Zao Wou-Ki ...
    Je pleure de bonheur devant l'oeuvre du maître Chu Teh-Chun, immense !

      Dr WO Il y a 1 an

    J'ai raté l'exposition de Zao à la galerie du Jeu de Paume, mais en regardant les reproductions du fascicule de celle-ci (avec les réserves qui s'imposent), j'ai une préférence pour Chu.

     marie Il y a 9 mois

    Je reviens de cette exposition, j'avoue que je suis encore sous l'émotion la magie de ces tableaux de Chu Teh Chun que , comme vous, je ne connaissais pas du tout!
    merci d'avoir pris des risques pour faire partager ces beautés indéniables….

      Dr WO Il y a 9 mois

    Vous avez raison ce sont des tableaux magiques. J'ai rarement eu un tel ressenti pour des tableaux abstraits. Une émotion semblable (un peu moins forte) pour Richter (dont un aperçu de l'exposition figure également sur ce blog : http://obraska.over-blog.fr/article-l-exposition-gerhard-richter-109807440.html)

     Peter Il y a 14 jours

    Thank you for posting these beautiful paintings.

    Maybe somebody can help me clear up the connection between Chu Teh-Chun and Hubert Roestenburg. In the "lot notes" of a Chu Teh-Chun painting that was auctioned off on november 23 2014 there is a mention of the German Expressionist painter Hubert Roestenburg.

    (http://www.christies.com/lotfinder/paintings/chu-teh-chun-2121978-5853207-details.aspx#top.)

    I know that Chu Teh-Chun was influeced by German Expressionism. I also read somewhere that he visited an exhibition of Hubert Roestenburg in 2006. Does anybody know if Hubert Roestenburg and Chu Teh-Chun knew each other?

       Peter Il y a 14 jours

    Addendum - This was an auction by Christie's in Hong Kong (ASIAN 20TH CENTURY & CONTEMPORARY ART, art auction held in
    Hong Kong Nov 23 2014)

     
     

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  • Une eau vivante

    Je suppose que « La source » peint par Gustave Courbet n’était pas sainte, car il n’aurait pas été permis à cette dame de s’en approcher en tenue d’Eve (qui, rappelons-le,  n’est autorisée qu’au Paradis). Mais pour sa santé, il vaut mieux qu’elle ne le soit pas.

    En effet, des chercheurs autrichiens de  « l’Institut für Hygiene und Angewandte Immunologie" ont analysé l’eau de 21 sources "saintes" et de 18 bénitiers à Vienne. « 86% des échantillons d’eau analysés contenaient des matières fécales. Ils étaient également infestés de colibacilles, de campylobacters et d’autres entérocoques. Certains échantillons contenaient jusqu’à 62 millions de bactéries cultivables »

    Le professeur Kirschner plaide donc en faveur d’écriteaux de mise en garde postés à côté des sources (« Cette source est sainte, mais polluée » ?) et de bénir les fonds baptismaux en y ajoutant une poignée de sel. La pureté sainte n’est plus ce qu’elle était, et l’eau de ville, bien que profane, est nettement plus pure.


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  • Art naque. Démonstration

    Le 12 octobre dernier, les New-yorkais déambulant dans Central Park on pu apercevoir un vieil homme assis sur une chaise de camping devant un étal sur lequel était exposés des pochoirs au prix de 60 dollars pièce. Peut-être s’agissait-il de l’auteur de ces œuvres, mais il n’eut guère de succès car une seule passante s’arrêta, précisément à 15h30, et après marchandage obtint deux pochoirs pour le prix d’un.

    Or il s’agissait d’œuvres authentiques de Bansky, artiste de rue britannique, proposées aux promeneurs en marge de son exposition "Better Out Than In". Les œuvres sur l’étal de Central Park auraient été estimées à environ 160 000 euros l'unité et il faut savoir que la toile de Bansky intitulée « Keep it Spotles » a été vendue en 2008 par Sotheby’s pour la somme de 1230834 € !

    Sur son site, l’artiste a par la suite précisé que l’opération de la vente au rabais de ses œuvres [sans succès] serait unique et que « l’étal ne sera plus là demain ». Comme on le comprend.


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  • J’ai vu les cicatrices blafardes des autoroutes parcourues de files de fourmis mécaniques, balafres rectilignes sur la face des champs où paissent paisibles les troupeaux en attendant l’abattoir.

    J’ai traversé des villages aux noms surprenants, aux belles églises en quête de fidèles mais attirant les curieux, j’ai parcouru les petites rues tortueuses sous le regard des villageois.

    J’ai suivi des chemins de terre bordés de buissons grouillant de vie  et semblant mener nulle part.

    J’ai pénétré avec respect dans des forêts, dans le silence habité du murmure continu des insectes dansant dans les raies de lumière.

    J’ai regardé de petites rivières couler des jours heureux au clapotis si paisible quand elles restent dans leur lit.

    VOYAGE

      

    J’ai vu des châteaux fièrement perchés sur les collines, rêves pétrifiés du passé, leurs tours jadis inexpugnables devenues défenses dérisoires devant l’invasion des visiteurs armés de caméras.

     VOYAGE

    J’ai vu des montagnes tranchées comme des falaises exilées de la mer.

     VOYAGE

      

    J’ai vu la mer lunatique léchant un jour les rives en ronronnant, et le lendemain se fracassant sur les rochers dans un grondement de colère.

    La mer est la fin de tout voyage et l’invitation à découvrir d’autres rivages derrière l’horizon épousant la rondeur de la Terre.

    VOYAGE

     

     

     


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