• Décomposition

    Depuis le surgissement inattendu du parti centriste de Macron accomplissant en une saison le rêve trentenaire de Bayrou, les analystes compétents parlent de recomposition du monde politique français.

    En ma qualité d’analyste totalement incompétent mais néanmoins bavard, je parlerais plutôt de décomposition.

    Le parti centriste, selon les estimations, va représenter 16% de la population et occuper 70% des sièges de l’Assemblée. La seule représentation conséquente sera probablement celle des LR, mais pour ma part, je ne trouve pas de différence fondamentale entre le programme de LRM (selon les quelques bribes lâchées deci delà) et celui de LR (selon le résidu du projet Fillon). A noter que ce qui différencie « La République en marche » : LRM, et « Les Républicains » : LR, c’est le M, c’est à dire, en fait, Macron.

    Après la tempête de nombreuses épaves écolo-socialistes ont été emportées par les flots quand elles n’ont pas été repêchées par le paquebot « En marche », n’ayant pas revêtu à temps une tenue social-démocrate insubmersible. Autant dire que pour les survivants restés dans le potage, la tête est un peu perdue et la réanimation risque d’être longue.

    Dans la décomposition actuelle du bipartisme convenable, la seule alternance possible, si LRM échoue, serait celle proposée par les partis extrémistes de droite et de gauche qui ne se distinguent vraiment que par leur attitude envers l’immigration. Pour être efficaces, ces partis devraient se regrouper en un vaste parti populiste (le LIFN) qui représenterait environ la moitié de la population française, le FN apportant son « petit peuple » et ses « fachos » et Mélenchon, ses « gens » et ses « bobos ». L’idée paraît heureusement farfelue, mais l’on ne compte plus les extrémistes de gauche ayant viré à l’extrême droite et ne vient-on pas de voir un candidat FN éliminé au premier tour des législatives demander à ses électeurs de voter pour un mélenchoniste ?

    Théodore Géricault : « Le radeau de la Méduse »


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  • 244. Le retour de Dracula

    Au XIIe siècle, les conciles (Clermont, Latran, Tours) interdirent aux membres du clergé la pratique de la médecine et surtout de la chirurgie en vertu du principe : « Ecclesia abhorret a sanguine ». En 1492, le Pape Innocent VII, gravement malade, aurait dû s'en souvenir quand son médecin lui proposa la première transfusion sanguine humaine connue avec le sang de trois enfants. Les quatre en moururent. Le Pape aurait pu supporter la transfusion si son groupe sanguin avait été celui du « receveur universel », mais le monde est mal fait et ce groupe est le plus rare des quatre principaux découverts par l'autrichien Karl Landsteiner en 1901. La chance que les enfants soient tous trois des « donneurs universels » était également mince.

    Les histoires de vampires alimentent les légendes et les spectacles, où l’on met en scène la jouissance vampirique de boire du sang ou de se baigner dedans. Du sang provenant de préférence du cou gracile et bien tentant de jolies jeunes femmes dont l'éventuelle virginité lui apporte un supplément de qualité.

    Les vertus soi-disant rajeunissantes du sang juvénile viennent d’être remis à la mode par Jess Karmazin physicien de 32 ans, diplômé de l’université de Stanford qui a fondé une start-up dénommée Ambrosia. Il aurait déjà une centaine clients. Ils doivent être au moins âgés de 35 ans, sans doute pour que l’efficacité de la cure ne les transforme pas en nourrisson, l’autre condition étant de débourser 8000 dollars pour en bénéficier.

    L’opération sera probablement très rentable car le promoteur se fournit comme tout un chacun dans les banques de sang (dont les « donneurs » sont rémunérés aux USA, ce qui assure leur plein succès) sans avoir à recruter des jeunes gens pour en faire couler le sang comme ce fut le cas du pape Innocent VII.

    Henry Fuseli "Le cauchemar"


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  • Le renouveau

    Cette image illustre ce que pourrait devenir le parti socialiste après les législatives. Rien n’est certain, bien sûr, mais les éléphants rescapés du PS ne se font guère d’illusion.

    A commencer par leur candidat malheureux à la présidentielle, Benoit Hamon, grand connaisseur, puisqu’il n’a obtenu que 6,36% des voix au premier tour, et qui prédit une "tôle historique" pour le Parti socialiste et avoue qu’il n’est même pas certain d’être réélu dans sa circonscription, l’état des lieux lui paraissant "compliqué".

    Aussi Hamon met ses espoirs dans le lancement de son mouvement le 1er juillet, pour une "gauche nouvelle, citoyenne, intellectuelle, sociale, écologiste et européenne".

    Puisque cela a marché pour Macron, allons-y pour le mouvement.

    Reste à définir la nouveauté de cette gauche. Pour ce qui concerne les idéologies usées et qui ont historiquement échoué, nous avons déjà le parti communiste et dans sa version bolivarienne, Mélenchon l’insoumis qui suce avec soumission, et depuis des lustres, les mamelles de la République.

    Cette nouvelle gauche serait citoyenne, ça ne mange pas de pain. A-t-on vu un mouvement politique se déclarant non citoyen ? Citoyen, un joli terme fourre-tout mis à toute les sauces de l’extrême droite à l’extrême gauche et accolé à toute concertation qui ne manque jamais d’être citoyenne. A noter que chez cet homme de gauche le « peuple » a disparu (également chez Mélenchon qui parle plus volontiers de « gens »). Il faut dire que le « petit peuple » vote plutôt pour le FN. Alors « citoyen » fait sortir de la lutte des classes qui a pris un coup de vieux et pourrait permettre d’enrôler les classes moyennes.

    La nouvelle gauche d’Hamon serait « intellectuelle ». Là, j’avoue être un peu perdu. C’est quoi ça ? Un parfum élitiste ? Intellectuelle par rapport à manuelle ? C’est du propre pour un socialiste !

    Pour le reste, ça va. « Sociale, écologiste et européenne ». Il faut avouer que le social a du mal à surnager mais de toute façon on n’a jamais vu un mouvement se déclarer asocial ou antisocial. De même, en dehors de Trump, personne n’ose plus dire qu’il est contre l’écologie.

    Saluons tout de même le fait que Hamon se veut pro-européen. Pas original, mais ça va mieux en le disant.

    C’est sûr que ce mouvement va apporter du nouveau. Bon vent.


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  • Cameron était persuadé, sondages à l’appui, que le référendum allait maintenir la Grande-Bretagne dans l’Union européenne et qu’il en sortirait renforcé : exit la Grande-Bretagne et exit Cameron. May organise des législatives anticipées pour en sortir renforcée, elle en sort affaiblie. Perfide Albion.

    Juppé était le favori des sondages pour la présidentielle, c’est Fillon qui vint, mais mordu par un canard, il ne fit qu’un tour. Exit Fillon.

    Macron traité de bulle médiatique s’envole et s’installe à l’Elysée. L’hexagone, ne roule pas droit, il va de gauche à droite et de droite à gauche.

    Les sondages prévoient une victoire écrasante de macronistes, à tel point que leurs dirigeants s’inquiètent d’avoir trop de députés à l’Assemblée et de devoir les discipliner.

    Intéressant, les scrutins sont à venir et les inconvénients de la victoire les préoccupent. Enfin ce sont plus les médias qui semblent préoccupés, il faut bien parler sur quelque chose.

    Et si les gens (pas ceux de Mélenchon) se disaient : Macron va avoir la majorité absolue pour agir, et si je votais pour quelqu’un d’autre pour faire contrepoids ?

    Il faut se méfier car on ne peut plus faire confiance au peuple, il fait parfois n’importe quoi.

    Un jour ou l’autre, il faudra le dissoudre.

    On s’en bat les urnes

     


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  • Le doigt et la Lune

    Lors d’un échange avec des responsables d’un centre régional d’observation et de sauvetage, Macron a lancé une plaisanterie qui fait des vagues : « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ».

    Tout est dans le choix du « du » (Comorien), si le président de la République avait utilisé « des » (Comoriens), le poisson se serait muté en être humain. L’art de la diplomatie consistait ici à passer d’un article partitif à un article indéfini.

    Après la consultation de 1974 seule l’île de Mayotte a exprimé le désir de rester française et les trois autres îles ont formé "la République fédérale islamique des Comores", après un longue période d’instabilité et de coups d’Etat qui ensanglantent trop souvent l’accession à l’indépendance,.

    Depuis, des milliers de Comoriens tentent de rejoindre les rivages de Mayotte sur des embarcations de fortune (les kwassa-kwassa) et d’y pénétrer de façon illégale. Ces traversées auraient causé « entre sept mille et dix mille morts depuis 1995 », selon un rapport du Sénat français de 2012.

    La boutade de Macron a évidemment soulevé les protestations des autorités comoriennes qui l’ont trouvée : « choquante et méprisante », « inconsidérée » à mettre « sur le compte de la jeunesse » du président français et elles ont exigé des excuses de sa part.

    On comprend que les membres du gouvernement comorien aient été heurtés, cependant ils ont regardé le doigt présidentiel inconsidéré mais pas la Lune qu’il montrait.

    Une Lune qu’ils ne veulent pas voir, qui devrait leur faire honte, et qui semble moins les heurter que la plaisanterie macronesque : certes, ils déplorent les morts sans sépulture comme ils disent, mais que font-ils pour empêcher cet exode meurtrier ? Pourquoi des milliers de leurs compatriotes risquent-ils leur vie pour rejoindre le département français ? Qu’envisagent-ils pour que leurs compatriotes ne recherchent pas ailleurs de meilleures conditions de vie jusqu’à rejoindre leurs anciens colonisateurs honnis dont ils se sont libérés ? Peut-être que les Comoriens devraient exiger des excuses de la part de leurs gouvernants.

    Ces protestations officielles voudraient presque nous faire croire que ce sont les Français qui seraient responsables de tous ces morts. Ce que ces gouvernants voudraient et ce qui les arrangerait sans doute, c’est que les Français n’exigent plus un visa d’entrée sur le territoire de Mayotte pour tous les Comoriens de la République fédérale islamique des Comores fuyant les conditions de vie dont ils sont les premiers responsables. A noter que cette république islamique considère que l’île de Mayotte est occupée par les Français (malgré le désir de leurs habitants). Où iraient leurs compatriotes nécessiteux si les Français abandonnent Mayotte à son sort ?


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  • La programmation sacerdotaleBlessU-2 est le premier prêtre robot (du moins dans sa forme non humaine). Programmé au protestantisme, il officie jusqu’en septembre prochain dans la ville de Wittemberg en Allemagne. Ce robot prêtre a été construit à partir d’un vieux distributeur de billets, ce qui ne l’empêche pas de connaître une quarantaine de versets de la Bible et de pouvoir donner la bénédiction dans sept langues, avec une voix masculine ou féminine. Il fait en outre ce que le prêtre en chair et en os ne peut pas faire : ses mains s’allument miraculeusement quand il lève les bras pour s’adresser aux croyants.

     "Les croyants n’ont pas à s’inquiéter, le clergé ne sera pas remplacé par des machines. Nous savons que les robots ne pourront jamais se substituer à la tendresse pastorale", assure l’église de Hesse et Nassau à l’origine du projet. Néanmoins ce robot séduit les foules. Il aurait donné plus de 600 bénédictions la première semaine de l’exposition, au point de devoir être refroidi par un ventilateur.

    C’est l’avenir, pourquoi perdre des années à programmer un prêtre dont la fiabilité laisse parfois à désirer alors qu’il paraît plus simple et plus sûr de programmer une machine dont on est certain qu’il ne commettra aucun écart de conduite à condition toutefois de ne pas l’échauffer. La tendresse pastorale, quant à elle, pourrait être remplacée par une objectivité non culpabilisante et sans faiblesse coupable.

    Les vocations sacerdotales se font plus rares et la religion se prête si bien à l’intelligence artificielle.

    La programmation sacerdotale

    Images : © EKHN


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  • L'expo. "Au-delà des étoiles"

    C'est toujours un plaisir d'entrer au musée d'Orsay. Cette fois pour visiter le 3/06/17 l'exposition "Au-delà des étoiles". Des tableaux inspirés par le paysage mystique, exécutés par des peintres de la fin XIXème et du début du XXème. Une exposition qui m'a paru exceptionnelle par les oeuvres exposées et par la diversité des peintres de nombreux pays. Les photos que j'ai pu prendre ne donnent qu'une petite idée de la richesse et j'ai bien été obligé de choisir, abandonnant, entre autres, Kandinsky, Munch, Henri Le Sidaner, Emile Bernard, Puvis de Chavannes, Charles-Marie Dulac, Paul Nash, Vallotton, Georgia O'Keeffe et une poignée de peintres italiens...Avec regrets.

    Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.

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  • Quand la nature aime le videPar inadvertance, je suis tombé une fois sur l’émission TV « Touche pas à mon poste » animée par Hanouna. Il m’a fallu peu de temps pour être effaré par les blagues lourdingues ponctuées de rires gras de l’assistance et pour quitter ce piège à cons.

    Je n’ai donc jamais vu une émission complète, peut-être comporte-t-elle des moments authentiquement drôles et que mon jugement est hâtif et partial.

    Mais les médias se font l’écho des prouesses de l’animateur : son humour paraît souvent basé sur l’humiliation des autres : des nouilles dans le slip d’un collaborateur, embrasser un sein sans y être invité, un canular téléphonique pour rabaisser publiquement un homosexuel. Plus c’est gros, plus ça fait rire.

    Ce qui est triste est que Hanouna a une grande audience et qu’il a de multiples fans.

    Je suis tombé hier sur un article du Monde.fr à propos des téléspectateurs qui suivent quotidiennement cette émission, article intitulé :

    HANOUNA ET SON PUBLIC : « ON REGARDE TPMP POUR SE VIDER LA TÊTE »

    On se demande si la tête n’est pas déjà vide avant de la regarder.


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  • L’égalité des chances

    Les individus sont inégaux en matière de naissance, de physique, d’intelligence et de talent, mais ils sont en principe égaux devant la loi.

    Dans le politiquement correct la sélection (sur concours et/ou dossier) basée sur les capacités et le travail a mauvaise presse car elle a un parfum de discrimination et met en exergue les inégalités individuelles que l’on ne peut malheureusement pas effacer mais difficilement tolérables dans une société qui se veut égalitaire.

    Aussi faut-il saluer la circulaire publiée in extremis par l’ex ministre de l’Education nationale organisant les modalités d’inscription dans l’enseignement supérieur par tirage au sort en dernier recours dans les filières où le nombre de candidats excède le nombre de places disponibles.

    Là les chances sont vraiment égales, encore faut-il avoir de la chance dans cette loterie d'un nouveau genre, ce qui est possible même pour les nuls.

    Van Gogh : « La loterie nationale »


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