• Depuis Atatürk la Turquie est le théâtre d’un combat entre laïcité et religion. Ce combat va être le thème d’une émission de télé réalité sur Kanal T (« Repentis en lice ») dans laquelle un prêtre catholique, un prêtre orthodoxe, un rabbin, un imam et un moine bouddhiste vont tenter de convertir un à un dix participants laïcs à leur foi. Le gagnant devra montrer qu’il s’est converti (conversion vérifiée par un « groupe d’experts ») et il aura comme récompenses : la foi en Dieu et un pèlerinage dans le lieu saint correspondant. Si l’émission fait débat en Turquie, les chaines de TV d’autres pays, dont l’Italie, se sont portées acquéreuses de l’émission (d’après le journal italien la Repubblica).

    Cette nouvelle amène quelques observations :

    1° On ne sait pas très bien où  la télé réalité s’arrêtera, c’est évidemment une pseudo réalité puisqu’elle est en général mise en scène (c’était moins le cas du spectacle de l’agonie de la cancéreuse anglaise). Les jeux du cirque de l’Antiquité ne sont pas loin.

    2° Le concours est truqué puisque pour gagner il faut se convertir, ce qui donne d’emblée un avantage aux religions.

    3° Il est intéressant de mettre ainsi objectivement en concurrence les diverses religions. L’objectivité est cependant un terme mal choisi pour parler des religions, mais il est probable que les arguments avancés seront de l’ordre de la raison, ce qui rejoint l’objectif de Pascal dans ses Pensées qui voulait convaincre les mécréants qu’ils avaient intérêt à croire en Dieu et à l'aimer. On se demande ce que la raison vient faire dans la foi.

    4° La religion étant une façon de gérer la mort, les prêtres seront-ils amenés à vanter la qualité hôtelière de l’Au-delà ? Dans ce cas le paradis musulman a des avantages certains, la réincarnation est tout de même aléatoire, le paradis chrétien manque de précisions et la résurrection à la fin du monde exige beaucoup de patience (encore qu’au train où vont les choses on s’en approche).


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    FLÂNERIE EN SEPTEMBRE

     

    Cette journée à Paris il faisait beau

    Une perfection de ciel et de douceur

    Les arbres étaient mi-feu, mi-eau

    Et le soleil d’automne à mi-hauteur

    Cernaient leurs feuilles de lumière

     

    Nous sommes allés flâner aux halles

    Au pied des grandes maisons de verre

    Sous la soucoupe sur son piédestal

    Le long des terrasses ornées de dîneurs

      L’église St Eustache au loin nous attira

    Elle nous montrait sa nouvelle blancheur

    Le jardin fut franchi en pressant nos pas

    Et elle nous accueillit dans sa fraîcheur

    Sous les entrelacs de sa voûte si lointaine

    Comme pour toucher un Dieu intouchable

     

    Puis au Louvre des antiquaires à la chaîne

    Exposaient une foison d’objets admirables

    Tous ceux que je ne pourrai jamais posséder

    Mais je ne trouve pas ces richesses désirables

    Il me suffit en flânant d’être et de les admirer


    Paul Obraska


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  • LE MARCHEUR DE VENISE

     

    Devant le pont des soupirs, le marcheur de Venise

    Ne peut que soupirer. Il ne cesse de marcher

    De ruelles en places, de surprises en surprises

    Dans cette ville hors du temps, surgie du passé

     

    Dur à la peine, le marcheur de Venise

    Remplit le temps limité qui lui est imparti

    Il va de musée en musée, d’église en église

    Etourdi, affamé, épuisé mais conquis

     

    Belle et terrible Venise pour le marcheur fatigué

    Il ne s’arrête de marcher que pour naviguer

    Aller d’un quai à un autre et débarquer

    Pour pouvoir à nouveau marcher

     

    Des palais fendillés à chaque coin de rue

    Des palais mouillés le long des canaux

    Le marcheur de Venise n’est jamais repu

    Il va, obstiné, de pont en pont et de rio en rio

     

    L’œil saturé des ocres et roses délavées

    Emporté par la cité-navire chargée de beautés

    La coque alourdie s’enfonçant dans l’eau

    Le marcheur de Venise jure de revenir

    Dans la ville dont le passé présent est l’avenir

     

    Paul Obraska

     



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  • Luc Chatel veut être seul dans sa voiture (de fonction) et lorsqu’il se rend à une réunion, il exige donc que ses collaborateurs prennent un autre véhicule (de fonction) pour le suivre.

    Rachida Dati qui se déplace dans une voiture (de fonction de la mairie du 7ème arrondissement de Paris) a obtenu (entre autres) du gouvernement une 607 Peugeot (comme les ministres) pour ceux qui l’accompagnent (Le Point du 24/09/09).

    C’est à ces petits détails de la vie quotidienne que l’on peut mesurer la profondeur des convictions écologiques de nos gouvernants.

    Bien sûr, il ne faut pas tenir compte des déplacements en avion dont les motifs sont sérieux, comme la location d’un avion privé (140000 €) pour permettre à Christian Estrosi de se rendre de Washington à  Paris (avec escale à Nice) pour assister à un cocktail à l’Elysée organisé quelques semaines après l’élection de Nicolas Sarkozy et consacré à ses fidèles.

     

    Dans « L’Indépendant » du 16/09/09 (rapporté par le Canard du 23/09/09) un couple s’est livré à des confessions : « Bons écolos depuis longtemps, c’est en 1977 que nous avons acheté notre première ampoule économique…Nous trions nos déchets depuis 1992…Nous avons même arrêté de consommer des féculents pour ne pas rejeter du méthane. »

    C’est à ces petits détails (intimes) de la vie quotidienne que l’on peut mesurer la profondeur des convictions écologiques de ces braves gens…Opposés à la taxe carbone.

     

    Il n’y a aucun rapport entre ces deux brèves.


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  • Massés et masseurs, massés sur le pont St Louis


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  • Vladimir Voronine ayant démissionné le 2 septembre 2009 et le parlement ayant des difficultés à élire un remplaçant, la Moldavie cherche désespérément un président de la République en passant des petites annonces. « Le candidat doit parler roumain avec l’accent moldave, avoir un physique agréable, vouloir passer à la postérité et se satisfaire du maigre salaire dévolu à sa fonction ». Je me suis demandé si ce n’était pas un canular. Mais d’après le Courrier International (10/09/2009), citant un journal moldave, trente personnes auraient déjà postulé pour le poste sur le site [Internet moldave [bestjobs.md] et aujourd’hui l’annonce figure toujours à la rubrique Guvern/Instituti.

    J’avoue que recruter le personnel politique par petites annonces comme on recrute un DRH ouvre des horizons. Certes la faible rémunération du poste ouvre également la voie à une corruption généralisée quasi officielle (il faut bien vivre) ce qui éviterait de lutter vainement contre elle. Mais comme une forte rémunération ne met pas à l’abri des tentations


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  • Ils sont quatre des forces de l’ordre. Quatre qui se préparent soigneusement. Tout est dans la préparation. Ils vérifient leur équipement : engin à cogner, engin à électricité,  engin à balles, talkie-walkie. Attentifs, ils parlent peu. Ils sont prêts.

    En file indienne, ils se dirigent vers leur véhicule, un véhicule banalisé, bien que rien ne soit banal lorsqu’on part en mission. Pour quelle mission partent-ils ? Une intervention sur un braquage où des malfrats retiennent quelques bonus en otages ? Une souricière à St Denis pour arrêter les vendeurs de drogues qui fournissent en plein jour les drogués qui sombrent en pleine nuit ? Maîtriser  à leurs risques un forcené qui aimerait bien se farcir un policier ? (tous les goûts sont dans la nature).

    Ils traversent la ville sans gyrophare pour ne pas se faire repérer. L’atmosphère est tendue dans la voiture. Ils ont mal dormi.

    Ils s’arrêtent à un carrefour et les quatre descendent sans précipitation. Ils se postent devant une banque, bien d’aplomb sur leurs jambes, un peu en retrait, invisibles du carrefour. Le piège est en place.

    Le moment est venu. L’un d’eux bouge, met la main à la poche et siffle pour arrêter une voiture dont le conducteur en sortant du carrefour vient de s’engager, bien malgré lui, dans le couloir du bus.

    On respire. C’est bon de se savoir protégé.
    Je ne connais pas le nom de l'auteur de cette photo 
      


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  • SIESTE

     

    Dans le lit rouge de la gondole chamarrée

    Dort le gondolier

    Bras croisés, coussinet sous les pieds

    Il rêve sous son canotier

     

    L’église tête en bas se mire en douceur

    Dans le canal en exil de la mer lointaine

    L’eau silencieuse respecte le dormeur

    Et son sommeil mérité après sa peine

     

    Le cube couvert de graffiti criards

    Devant la façade austère de l’église

    Ne lui donne-t-il pas des cauchemars ?

     

    Peut-être le gondolier dort-il

    Pour ne pas voir enlaidir sa Venise

    Alors quand se réveillera-t-il ?


    Paul Obraska


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  • Ce week-end, comme chaque année, il est permis au public de visiter châteaux et palais appartenant à quelques privilégiés. Les manants se précipitent en nombre pour entrer au moins une fois l’an dans les demeures hantées par leurs gouvernants et notamment au palais de l’Elysée et à l’hôtel Matignon. On ne peut que remercier le roi et les princes de montrer au petit peuple les décors dorés et l’ameublement somptueux dans lesquels ils vivent chaque jour. Effort culturel ou sadisme ?

     

    J’ai appris sur le blog de Sartan que la retraite de Chirac était de18800 € par mois (empilement des retraites des diverses fonctions exercées), à laquelle il faut ajouter les 12000 € par mois comme membre de droit du conseil constitutionnel. Avec une telle misère il est heureux qu’un ami libanais ait pu mettre à sa disposition un appartement à Paris, le temps de se retourner.

     

    1% de chômage en plus, c’est une augmentation de 0,7% du taux de suicide. Cette étude publiée dans le Lancet  établit, pour la première fois, un lien chiffré et direct entre la souffrance liée au travail et la crise.

    23 suicides de salariés de France Télécom, certains sur le lieu de travail ce qui est évidemment symbolique ou en laissant une lettre qui ne laisse aucun doute sur les motivations.

    A l’inverse, le groupe France Télécom est lui bien portant. Il  « sert 186 millions de clients à travers 30 pays » et a réalisé un chiffre d’affaires de 53,5 milliards d’euros en 2008. Mais ces suicides ne peuvent-ils pas être rapportés au taux moyen de suicides en France ?

    D’après les chiffres de l’Inserm de 2007 le taux de suicides en France est de 17,1 pour 100000 habitants. Celui de France Telecom est de 22,5 pour 100000 employés, mais en 18 mois, ce qui fait un taux annuel de 15 pour 100000. Cependant le taux devrait être bien plus bas car ce n’est pas une population à risque (chômeurs, SDF, personnes âgées, maladies psychiatriques graves).

     

    Dans ces « rompus », ce n’est pas par hasard que j’ai associé la 3ème brève aux deux précédentes.


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  • Depuis 10 ans, Gordon Bell (Microsoft Research), âgé de 75 ans et craignant peut-être d’’être atteint de la maladie d’Alzheimer, double sa mémoire par une mémoire numérique, bien moins faillible. Il porte un petit appareil photographique sur le torse qui prend automatiquement, avec des intervalles de quelques minutes, des photos des lieux où il se trouve, il enregistre ses conversations, scanne des documents et tout est archivé. Il n’est pas le seul, d’autres adeptes de l’archivage de leur vie s’y engagent (« Lifelogging »). Un des objectifs affichés de cette méthode d’auto-espionnage serait de mieux « gérer » sa santé et « d’optimiser » ses performances. C’est ainsi que l’on peut enregistrer les ondes cérébrales pendant le sommeil pour en mesurer la qualité, qu’il existe un comptage de calories et de l’énergie dépensée et bien d’autres gadgets. Par contre, j’ignore si l’activité coquine fait l’objet d’un l’archivage, mais il serait dommage de ne pas mettre en mémoire la partie la plus agréable de sa vie et de ne pas pouvoir la revivre, surtout passé un certain âge.

     

    Il s’agit donc d’une robotisation de l’homme. La mémoire humaine a cela d’intéressant qu’elle est capable d’oublier, de sélectionner les souvenirs et même de les embellir. L’archivage numérique de ses faits et gestes vient contredire ce travail subtil. Un autre risque est de passer son présent à regarder son passé, c'est-à-dire à cesser de vivre (comme dit le bon sens populaire : « on ne peut pas être et avoir été »). Et ne parlons pas des implications juridiques possibles si l’on fait appel à ces fichiers dans un procès.

    Il faut être assez tordu pour concevoir un truc pareil dont l’utilité m’échappe si les inconvénients et la folie ne m’échappent pas, même si cet archivage n’enregistre que les faits extérieurs, finalement sans grand intérêt, et qu’il ne met pas en boîte la pensée sur les choses et le ressenti émotionnel. La pensée et les émotions échappent à l’homme-robot…Pour l’instant.


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