• Alain disait : "Le pessimisme est d'humeur; l'optimisme est de volonté" (Propos sur le bonheur). Ce qui veut dire que spontanément notre humeur nous pousserait à être pessimiste, ce qui n’est pas illogique car chacun sait  que la vie se termine toujours mal, mais il suggère que l’optimisme peut être obtenu sur commande.

    « Les hommes auraient passé leur vie, auparavant dans des cavernes à attendre, oisifs et moroses, leur mort, (…) mais, dès qu’on leur eut retiré la connaissance de l’heure de leur mort, l’espoir naquit en eux ; les hommes s’éveillèrent alors et se mirent à transformer leur monde en un monde habitable » (Eschyle, Prométhée). Au temps présent (Tp), on ne connait pas le temps de la fin (Tf). Bien sûr, on en a une petite idée, mais de façon approximative et c’est cette marge assez large d’approximation qui peut permettre l’optimisme.

    Le temps Tp - Tf  peut être franchi soit avec le sourire, soit avec un rictus. Dans la réalité, sourire et rictus alternent mais plus on se rapproche de Tf plus le rictus est fréquent.

    En médecine, la question s’est posée de savoir si l’optimisme, où le sourire prédomine, permet de retarder Tf par rapport à une attitude cynique plus ou moins hostile où le rictus prédomine. Des auteurs[1] se sont penchés sur cette question délicate en suivant pendant huit années 97 253 femmes ménopausées, exemptes au départ de maladies cardiovasculaires ou de cancer. Pourquoi uniquement des femmes ? Parce que les auteurs les avaient sous la main (étude WHI sur l’effet du traitement hormonal de la ménopause). Le profil psychosocial a été évalué par des échelles et des questionnaires par ailleurs validés et les risques relatifs ajustés (notamment pour l’âge).

    Et bien les plus optimistes ont eu moins de maladies coronaires et la mortalité globale a été plus basse, la tendance était inverse (notamment pour la mortalité par cancer) pour les plus « cyniques ».

    Bien sûr, ce n’est qu’une étude qui demande à être confirmée et on peut se demander quels sont les déterminants du profil optimiste ou pessimiste.

    Mais quoi qu’il en soit : sourire de coûte rien et peut rapporter gros.


    [1] Tindle HA et coll. : Optimism, Cynical Hostility, and Incident Coronary Heart Disease and Mortality in the Women's Health Initiative. Circulation 2009; 120: 656-662.

     


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  • Dans « Soleil vert » (livre de science-fiction et film), en 2022 [déjà !], sur une terre désertique, où le végétaux ont disparu, et ceux qui possèdent une plante la soignent comme un trésor, les cadavres servent à la récupération d’éléments nutritifs destinés aux survivants.

    Aujourd’hui l’utilisation des cadavres fait doucement son chemin, non seulement pour en faire un spectacle (voir « Le mort objet commercial » dans « Casse-pipes »), mais dans un souci de récupération.

    Au Danemark, en 2005, le ministère du Culte a amendé la loi pour autoriser le recyclage après incinération des résidus de métaux contenus dans les cadavres (provenant en particulier des prothèses articulaires). C’est ainsi que depuis 2006, les 31 crématoriums du pays ont gagné 77 762 couronnes [10 445 euros] en vendant 4 810 kilos de métaux à un recycleur néerlandais. Les familles peuvent ne pas être au courant, mais il est interdit d’utiliser ces résidus dans des œuvres d’art (ce qui aurait eu un petit côté « Mémoires d’outre-tombe »).

    L’humanité est à la recherche de sources d’énergie alternatives. Une quinzaine d’établissements se sont déclarés partisans d’utiliser la chaleur produite par la combustion des corps pour alimenter les réseaux de chauffage urbain. En 2011, de nouvelles réglementations exigeront que les crématoriums filtrent les substances toxiques comme les dioxines et le mercure des gaz rejetés dans l’atmosphère. Pour ce faire, ils devront ramener la température d’incinération de 800 °C à 180 °C, et c’est l’excédent d’énergie produit durant le processus de refroidissement que les crématoriums souhaitent récupérer. Si la Fédération internationale de crémation s’est dite hostile à la commercialisation des produits de la crémation, le Conseil d’éthique danois ne voit aucune raison de s’opposer au recyclage de la chaleur et fait remarquer qu’en se décomposant les corps enterrés dégagent eux aussi une énergie qui nourrit les plantes et d’autres organismes. Bref, faire pousser des pâquerettes ou chauffer des radiateurs avec un de ses ascendants, c’est du pareil au même.


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  • Edvard Munch : "Mélancolie"


    QU'Y A-T-IL DE PLUS DEPRIMANT ? LE CANARD ENCHAÎNE.


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  • La crise financière récente nous a donné deux motifs de satisfaction :

    D’abord, les banquiers qui jouent avec l’argent des autres au casino spéculatif ont constaté avec plaisir qu’en cas de pertes, les contribuables seront toujours là pour les renflouer, ils ont donc repris le jeu, mais cette fois en étant plus détendus.

    Qui dit qu’on ne lutte pas contre le stress au travail ?

    Ensuite, les retombées économiques de la crise financière pourraient réduire en 2009 les émissions de dioxyde de carbone de 3% par rapport à 2008 (d’après l’Agence internationale de l’énergie).

    Qui dit que les spéculateurs ne font rien pour sauver la planète ?

     

    Le Maghreb s’équipe en panneaux solaires. C’est une bonne nouvelle, car le soleil ne manque pas dans ces contrées. Une partie de l’équipement vient d’Italie par le canal d’une exportation simplifiée : 6% des installations vendues dans la péninsule italienne sont…Volés. Le marché noir prospère : un panneau vendu 700 euros en Italie se revend environ 200 euros au Maghreb. En février 2009, 19 voleurs, partisans de l’énergie propre, ont été arrêtés. La bande, dont le butin se monterait à environ 6 millions d’euros, démontait en une seule nuit des centaines de panneaux, immédiatement expédiés au Maghreb. La plus grosse affaire remonte à 2007, quand 7 000 panneaux de la centrale électrique Enel de Serre, près de Salerne, se sont volatilisés.

    Qui dit que le Nord ne s’occupe pas du Sud  ?

     

    La compagnie aérienne All Nippon Airways tente une expérience intéressante destinée à durer un mois (42 vols) ou plus si son résultat est satisfaisant : réduire la consommation de kérosène et donc les émissions de CO2, en espérant  diminuer de 5 tonnes leur empreinte carbone pendant cette période. Comment ? En allégeant leurs avions. En prenant moins de passagers ? Non, en allégeant les passagers ; il leur est demandé de se rendre aux WC avant d’embarquer.

    Qui dit que les entreprises se déshumanisent ?


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  • Après l’examen, le rhabillage est le moment le plus tendu de la consultation. Le patient est dans l’attente inquiète de ce que va dire le médecin et celui-ci, le diagnostic étant posé et si le cas est difficile, se demande ce qu’il va lui dire ou comment le lui dire et ce qu’il doit faire. Il est heureux que le plus souvent le médecin a le bonheur d’annoncer de bonnes nouvelles, car il n’est jamais indifférent, il est sensible aussi bien au soulagement qu’il procure qu’à la crainte qu’il provoque.

     

    Le plus simple serait de dire toute la vérité.

    D’ailleurs dans le commentaire de l’article 35 du Code de Déontologie il est dit : «  On ne ment pas à quelqu’un qui doit être respecté. Mais toute dissimulation ou tout mensonge est exclu…L’intention de tromper, ou dol, est une faute en droit général… ». Mais ce même article admet tout de même des réserves : « … Toutefois dans l’intérêt du malade et pour des raisons légitimes que le praticien apprécie en conscience, un malade peut être tenu dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic graves, sauf dans le cas où l’affection dont il est atteint expose les tiers à un risque de contamination. Un pronostic fatal ne doit être révélé qu’avec circonspection… ».

    On voit donc que le médecin peut se poser des questions sur l’attitude à adopter et pour beaucoup la vérité n’est pas si simple à dire. La parole du médecin a un grand retentissement sur le patient et que le médecin lui-même ne prévoit pas toujours, en outre ce qui est dit est parfois mal interprété. Il arrive que le malade n’écoute que ce qu’il veut entendre ou que ce qu’il craint. Je me souviens d’un patient à qui j’avais révélé avec beaucoup de précautions la gravité de son  cas, et qui en partant m’a serré la main en disant : « merci, docteur, de m’avoir rassuré ».

    L’avenir d’une maladie et sa durée ne sont pas toujours prévisibles, ne faut-il préserver au mieux ce qui reste de temps à vivre ? Le malade ayant accès à son dossier, il faut également tenir compte de cette possibilité. Certains s’en tirent par une pirouette en avançant qu’un malade bien informé, n’éprouvera pas le besoin de consulter son dossier. C’est donner un droit en espérant que l’intéressé ne s’en servira pas. Mais la question reste entière dans les cas sérieux sur le degré d’information à donner sur la maladie si l’on veut préserver le malade (mais elle doit être complète sur les examens à subir et le traitement à suivre), encore que la diffusion de l’information médicale laisse peu de zones d’ombre. Le patient donne heureusement plus de poids à la parole du médecin.

                                                                                     

    La vérité c’est plus simple pour qui ?

    «  La vérité c’est plus simple » dit-on. Aphorisme simpliste, base de l’argumentation des partisans de la vérité complète dans tous les cas. Postulat dont on se garde d’énoncer le corollaire : plus simple pour qui ?  Dire l’entière vérité au malade assure une cohérence dans le discours des soignants. Aux questions du patient les différents intervenants auront les mêmes réponses. Lorsque la vérité est dite, il n’y a plus de risque d’impairs, plus de doute et d’incertitude, le pire est à venir. Une simplicité bien commode transférant les préoccupations des soignants vers le malade.

     « La vérité, c’est plus simple ». Mais pour qui ? On peut légitimement se demander si cette franchise n’est pas surtout dans l’intérêt du médecin. Si en transférant le poids de la maladie et de l’anxiété qu’elle génère sur les épaules du malade, il ne s’en libère pas d’autant. Si ce n’est pas sa pratique qui devient plus simple. S’il n’assure pas ainsi avant tout sa protection juridique en cas de conflit. Ce qui semble le cas aux Etats-Unis où ce modèle «  vérité » fonctionnerait bien, les médecins estimant que leurs relations avec les patients et leur famille en ont été améliorées. Le nombre croissant de procès permet d’en douter.

    Le malade attend toujours que le médecin le rassure, tout en exigeant parfois la vérité, prouesse oratoire à laquelle certains renoncent et préfèrent dire la vérité de façon abrupte. Les autres tentent de l’introduire progressivement et en attendant ils sont bien obligés de se servir du mensonge sous une forme ou sous une autre.
    Illustration : Gustav Klimt "La Vérité nue"


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  • La polémique sur la maigreur des mannequins féminins de mode se rallume. En Espagne elles doivent avoir un poids minimum et le rédacteur en chef du magazine féminin allemand Brigitte a annoncé cette semaine qu’elle renoncerait en 2010 à présenter des mannequins professionnels au profit de photos d’amatrices.

    Le styliste allemand Karl Lagerfeld, au demeurant homme fort cultivé (ce qui le rend un peu prétentieux), a déclaré, au-dessus de son col montant à type de minerve, dans le magazine Focus que dans la mode « Personne ne veut y voir des femmes rondes […] Vous avez de grosses bonnes femmes assises avec leur paquet de chips devant la télévision qui disent que les mannequins minces sont hideux [dans la mode, il est question de] rêves et d’illusions ».

    Il est possible que nombre de femmes rêvent d’être aussi maigres (car le terme de  « minces » ne me parait pas convenir) et c’est là que réside le danger car un tel rêve risque de conduire certaines vers l’anorexie mentale. Quant à l’illusion, elle est bien là, car pour les hommes qui se mettent en tête de séduire ces créatures éthérées, ils risquent, une fois enlevés le papier et la ficelle, de tomber sur un os.

    En France, notamment, les mannequins féminins ont la silhouette de portemanteaux, c’est leur fonction, elles marchent et tournent toutes de la même façon (quand il leur reste suffisamment de muscles pour le faire). Est-il indispensable qu’elles soient encore vivantes ? Des robots sophistiqués pourraient aussi bien faire l’affaire, ce qui permettrait de clore la polémique et de prévenir la dénutrition.  


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  • Il y a quelques années, l’Etat fabriquait le tabac, poison dont il assurait la vente et empochait les bénéfices, à ma connaissance il n’en conserve actuellement que les taxes. Le jeu, lorsqu’il devient pathologique est un poison dont l’effet est immédiat : temps consacré, activité professionnelle perturbée, ruine, dislocation des familles et parfois suicide. Mais les Etats aiment jouer avec les joueurs, flatter leur dangereuse manie, répandre la tentation à travers la télévision et même, depuis peu, l’introduire à domicile par la voie de l’Internet. Car, évidemment, c’est d’un excellent rapport pour les Etats et quelques officines que l’on pourrait assimiler à des trafiquants de drogues. Dans le même ordre d’idée, il ne serait pas illogique que les Etats vendent eux-mêmes les drogues aux drogués ce qui aurait l’intérêt de démanteler les réseaux de trafiquants et la criminalité qui va avec.

     

    D’après la revue médicale britannique The Lancet, qui cite des données de l'Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) il y aurait eu en 2006, 166 millions d'utilisateurs de cannabis âgés de 15 à 64 ans, soit 3,9 % de la population mondiale de cette tranche d'âge. Voilà un pactole qui échappe aux Etats, quel dommage !

     

    Le pouvoir est une drogue qui n'a d'égal que l'argent, son frère jumeau. Notre bon président a affirmé qu’à travers son fils Jean, c’était lui qui était visé. On doit ici rendre hommage à sa clairvoyance et sa sincérité, car c’est en effet son influence qui a permis à son rejeton d’accélérer sa carrière fulgurante en assurant le vote favorable des électeurs locaux et d’avoir la position dont il jouit actuellement pour un poste libéré comme par hasard pour lui. C’est en effet notre bon président qui est visé et c’est juste, car c’est lui le responsable. Entre nous, on se moque totalement de son fils qui serait bien bête de ne pas en profiter et à qui on souhaite sincèrement de réussir ses examens et de soigner son acné.


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  • LES PIGEONS DE LA PLACE SAINT-MARC

     

    Un pigeon s’attable place Saint-Marc

    Un pigeon assoiffé cherchant asile

    Le serveur dos tourné, détourne le regard

    Sans aucun égard pour le volatile

     

    Le pigeon sur le pastel de la nappe bleue

    Cherche en vain le prix des boissons

    Au son de la musique au ton sirupeux

    Le serveur s’occupe d’un autre pigeon

     

    Pourtant les clients attablés se font rares

    Hors ces pigeons en quête de boissons

    Les autres s’attroupent place Saint-Marc

     

    Sur leurs pattes, bec levé, les yeux  ronds

    En troupeau serré, ils déambulent au hasard

    Dans le piège sublime de la place Saint-Marc

     

    Paul Obraska

     


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  •  Les choses n’allaient pas bien. Aussi décida-t-on de réunir un « Grenelle » de la Vie en faisant appel à des experts venus de tous horizons et même au-delà : des philosophes (il faut bien que la philosophie serve à quelque chose), des démographes nantis de leurs courbes, des économistes (pour faire les calculs, pas pour des prévisions), des politiques (dont Balladur, Rocard et Lang), des syndicats représentatifs (de quoi ?), des représentants de la société civile (dont Hallyday), des communicants (il y en a partout, pourquoi pas là) des astrologues (on ne sait jamais), et quatre ratons laveurs (qui peut le plus peut le moins).

    Cette docte assemblée constata des évidences (c’est souvent le cas) :

    Dès que les jeunes prennent conscience d’eux-mêmes, beaucoup (nous ne parlons pas des marginaux qui acquièrent rapidement une indépendance aux dépens des autres) passent l’essentiel de leur temps enfermés dans des établissements austères, à étudier, même chez eux, à préparer des examens ou des concours, à apprendre un métier, à chercher un poste ou à faire des petits boulots s’ils n’en trouvent pas ou s'ils ont été licenciés.

    Plus tard, dans le meilleur des cas, les gens se marient, doivent élever des enfants, divorcer, payer une pension, enterrer leurs parents et gravir péniblement les échelons d’une éventuelle carrière.

    A la fin, lorsqu’ils sont plus ou moins satisfaits de leur situation (je parle des meilleurs cas), ils partent à la retraite ou sont obligés de la prendre (je ne parle pas des politiciens que l’on est parfois amené à abattre pour ne plus les voir). Et que se passe-t-il alors ? Ils ne font plus grand-chose, certains s’ennuient et regardent leur corps dépérir au point de se suicider.

    Cette docte assemblée constata donc que la jeunesse qui possède tous les atouts pour jouir de la vie, perdait beaucoup de temps à ne pas en jouir, alors qu’au-delà de la maturité on avait le temps d’en jouir mais pas toujours les possibilités mentales et physiques pour le faire.

    Le « Grenelle » de la Vie proposa donc d’inverser le processus : laisser tout le temps aux jeunes pour s’éclater et demander, dès la maturité, aux anciens, tant qu’ils en sont capables, d’étudier et de travailler jusqu’à ce que mort s’ensuive.

    C’est ainsi que les jeunes entretenus par leurs aînés furent heureux et eurent beaucoup d’enfants qu’ils confièrent aux vieux, parfois contents d’entendre leurs rires et le plus souvent satisfaits d’être utiles.  

     


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  • Recherche une place de président à la tête d’un quartier d’affaires, de préférence proche de la capitale, pour mon petit-fils. Certes, il n’a que 18 ans, mais il est très brillant et de plus il est en première année de Droit. Plaisantins s’abstenir.



    Pablo Picasso « Le gourmet »

     


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