• Le comble de l'humoriste

    James Ensor : "La Mort  et les masques" 1897

    Déclencher par sa mort les rires de son public.

    Cet exploit a été réalisé le 11/04/19 par l’humoriste anglais Ian Cognito sur une scène de Biscester, près d’Oxford. En évoquant un malade reprenant conscience après une crise cardiaque, il fit lui-même une mort subite et resta affalé sur une chaise. Le public trouva cette mort hilarante, sans doute frappé par l’authenticité du jeu du comédien. Il a fallu cinq minutes pour s’apercevoir qu’il ne jouait pas.

    Quelle belle mort (oxymore) pour un humoriste que de s'éteindre sous les rires des spectateurs.


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  • Au siècle dernier, les corps de métier dont la fonction est de porter secours aux autres ou de rendre service à la population étaient respectés par tous, voire sacralisés. En dehors de gens ivres ou atteints d’une maladie mentale, qui ne respectait pas les médecins, les infirmières, les pompiers, la police lorsqu’elle venait vous protéger ou les enseignants chargés de sortir la jeunesse de son ignorance ? En France, tous ces corps de métier sont mis au service de la population le plus souvent plus ou moins gratuitement grâce aux impôts. On peut d’ailleurs se demander si l’état d’esprit de la population ne s’est pas modifié par le fait même que ces corps de métier sont à son service ce qui peut conduire certains à remplacer le respect par l’exigence.

    J'ai eu la chance d’exercer mon métier de médecin pour sa plus grande partie au siècle (ou au millénaire) dernier et je suis donc effaré d’apprendre que les agressions de médecins se multiplient : 1126 en 2018, et ce chiffre ne concerne que celles qui ont été déclarées au Conseil de l’ordre. Seulement 46% des agressions sont suivies d’une plainte, les médecins hésitant à le faire dans la crainte de représailles.

    288. La désacralisation des soignants

    Ce sont surtout les médecins généralistes qui sont touchés (70%), un peu plus souvent en centre-ville (54%), mais elles sont également observées en milieu rural, c’est ainsi que le département du Nord a connu le plus grand nombre d’agressions (123), et que la Lozère se distingue par la plus forte proportion : 6 agressions pour 161 médecins en exercice.

    Les deux tiers des agressions ne sont heureusement que verbales et quand elles sont physiques la panoplie des armes éventuellement utilisées est riche : couteau, cutter, canne, arme à feu (3 fois) ), bombe lacrymogène et une fois un caddy !

    288. La désacralisation des soignants

    Pourquoi tant de violence ? Les motifs d'agression sont toujours les mêmes : reproche relatif à la prise en charge, temps d'attente jugé excessif, mais le vol est en bonne place (18%) juste devant le refus de prescription (médicament, arrêt de travail) (16%) puis le refus d'établir un certificat de complaisance ou de falsifier une ordonnance (11%). "Lors d'une visite à domicile, une femme médecin a été séquestrée trois heures par le patient, qui réclamait son document".

    Sans faire de parallèle, on observe une désacralisation des soignants dans les conflits récents. Jadis on ne tirait pas sur une ambulance, pendant la guerre de Syrie par ex. les cibles favorites furent, au contraire, les ambulances, les médecins portant secours aux ennemis et les hôpitaux susceptibles de les abriter d’autant plus facilement bombardés qu’ils étaient sans défense. Car quoi de plus démoralisant pour un combattant que de savoir qu’en cas de blessures personne ne pourra venir le secourir. Il est certain que le respect du blessé, du malade et de ceux qui les soignent est un concept plutôt judéo-chrétien.

    Ne pas respecter la personne qui porte secours à un être humain, c’est ne pas respecter l’être humain lui-même et donc un indice de barbarie.

    La sacralisation des soignants fait partie d’un système de valeurs universaliste qui semble reculer face à une autre échelle de valeurs basée sur l’assignation identitaire. Taper sur un soignant laisse les gens plus ou moins indifférents, taper sur un transgenre (ce qui est stupide), provoque un scandale et passe en boucle sur les médias.


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  • SoulagementQuel soulagement ! Eric Drouet - vous savez celui que Mélenchon admire comme il a admiré Castro, Chavez et aujourd’hui Maduro – Donc, Mr Drouet n’en veut pas au Sénat d’avoir annulé son audition prévue hier par les sénateurs, au sein d’une délégation de gilets jaunes évidemment non représentative du mouvement puisqu’il est impossible de le représenter.

    Les sénateurs voulaient lui demander son avis éclairé sur le projet de privatisation des aéroports de Paris, la privatisation des autoroutes n’étant pas assez grosse comme bêtise, le gouvernement prévoit, en effet, d’en faire une plus grosse avec le groupe ADP. On n’arrête pas le progrès.

    Il faut dire que le Sénat a mis du sien puisqu’il s’est excusé d'avoir posé un lapin à ce révolutionnaire des réseaux asociaux qui n'hésite pas à porter plainte auprès du commissariat de son domicile pour dégradation de sa voiture. Mr Drouet n’a pas de chance : il n’a pas pu entrer à l’Elysée à la tête de ses troupes et il espérait bien se rattraper avec le Sénat.

    Quoi qu’il en soit, le Sénat s'est fait pipi dessus, et ce n’est pas la prostate probablement conséquente des sénateurs qui est responsable de leur inconséquence certaine.


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  • Parler pour ne rien direIl y a des jours où l’on n’a rien à dire. Cette déclaration préliminaire devrait susciter chez mes éventuels lecteurs deux questions :

    La première : si l’on n’a rien à dire, pourquoi parler ? Question à laquelle je réponds : pour donner une preuve de vie.

    La seconde exprime de l’étonnement : comment peut-on n’avoir rien à dire alors que nous sortons du grand débat ?

    Justement, le grand débat (j’hésite à mettre ou non des majuscules), ce n’était qu’une thérapie de groupe au niveau national, et comme dans toute thérapie de groupe, l’essentiel n’est pas ce que l’on dit, l’essentiel est de parler, de s’exprimer devant les autres. Une parole qui libère, même si l'on n’a rien à dire.

    Certes, des choses ont été dites, mais ces choses étaient déjà de notoriété publique, chacun les connaissait, et notamment ceux qui nous dirigent même s’ils feignaient par commodité de les ignorer.

    Si l’on en croit Saint-Exupéry, « aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre mais regarder ensemble dans la même direction », on peut se demander en voyant les Français regarder dans toutes les directions s’ils aiment être ensemble.

    Tout de même, il y a quelques points sur lesquels ils semblent d’accord : moins d’impôts et plus de services publics et de solidarité, plus d’autorité de la part de l’Etat et plus de démocratie participative (vue du citoyen) ou délibérative (vue de l’Etat), moins d’élus mais plus de disponibilité et d’écoute de leur part, des élus moins payés mais insensibles à la corruption.

    Le consensus parfait se retrouvant dans le mécontentement. Celui des pauvres qui veulent l’être moins, celui des classes moyennes qui ne veulent pas s’appauvrir, celui des riches qui veulent le rester.    


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  • Vestiges du passé

    Les pétromonarchies du Golfe, que l'on pourrait également appeler les monarchies fossiles, sont toutes prises d'une frénésie muséale étonnante en voulant imiter sur leur sol imprégné de gaz et/ou de pétrole les musées ancestraux occidentaux et notamment européens. Assises sur d’abondantes ressources d'énergie, elles espèrent attirer ainsi les touristes une fois la transition écologique accomplie au dépens du pétrole.

    En fait, ce qui pourrait attirer le touriste occidental ce ne sont pas les contenus de ces musées sortis du sable, car il a le loisir d'en visiter de bien plus riches près de chez lui, mais les bâtiments eux-mêmes réalisés par des architectes mécréants, mais néanmoins talentueux, qui peuvent s'exprimer pleinement dans la péninsule arabique car l'argent n'y manque pas depuis que leurs habitants ont été mis au courant qu'ils étaient assis sur un pactole  sans le savoir.

    Les images que nous avons des expositions, par exemple du « Louvre » d'Abu Dhabi, montrent plutôt une sobriété artistique. Je suppose que les statues et les tableaux exposés tiennent compte de la pudeur islamique. Il me semblait par ailleurs que la représentation humaine était interdite en islam, mais il est vrai que les œuvres exposées furent réalisées par des mécréants.

    Cependant, les vestiges les plus remarquables du passé ne se trouvent pas dans les vitrines, sur les murs ou sur des piédestaux, mais dans les allées comme le montre la photo reproduite au début de l'article : si vous ouvrez la tête de ces trois visiteurs, vous y trouverez des vestiges parfaitement conservés du VIIème siècle.

    PS. En fait, je suis mauvaise langue, la salle d'exposition ci-dessous montre des statues nues, mais d'hommes.

    Vestiges du passé


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  • Les écologistes ont un goût prononcé pour tout ce qui peut ramener l’être humain à la nature et au naturel, une démarche sympathique lorsqu’elle est possible, à condition toutefois qu’elle ne devienne pas dangereuse et qu’elle ne verse pas dans l’ésotérisme (tendance Rabhi) ou dans la nostalgie naïve d’un paradis perdu qu’il suffit de retrouver pour résoudre les problèmes actuels de l’humanité. Cette attitude peut amener à négliger le réel et les données scientifiques ou même s’opposer à elles. Cet amour de la nature veut ignorer ce qu'elle peut avoir de cruelle - n’oublions pas les famines et les épidémies - et se double d’une hostilité à l’égard des artifices introduits par l’être humain, de ses découvertes qui lui ont permis de dominer son environnement, malheureusement au risque de le détruire, mais aussi de survivre en améliorant son sort, avec une longévité qui s’est progressivement accrue, particulièrement depuis un siècle avec les progrès médicaux et pharmacologiques. Des progrès que des écologistes n’hésitent pas à remettre en cause, en particulier parce que les médicaments sont fabriqués par des laboratoires qui en tirent bénéfice, d’où une appétence pour la phytothérapie qui n’est pourtant pas dénuée de dangers. Voir : « 44. Cette bonne nature ».

    Michelle Rivasi n’est pas n’importe qui : elle est eurodéputée EELV et actuellement n°2 sur la liste verte aux futures élections européennes. Elle est connue pour ses positions anti-vaccins qui lui furent reprochées par la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Il semblerait que Rivasi envisage d’attaquer Buzyn en diffamation en arguant que ses enfants et elle-même sont vaccinés. J’ignore si ces vaccinations ont été faites avant que naissent les convictions de Rivasi ou si ses convictions n’ont pas fait obstacle à sa prudence.

    Quoi qu’il en soit, on ne peut oublier que cette écologiste de pointe a cherché à diffuser le documentaire Vaxxed au parlement européen en février 2017, et que ce sont les protestations des députés britanniques qui ont conduit à l'annulation de cette projection. C’est encore une militante d’Europe Ecologie Les Verts, Martine Ferguson-André, qui a organisé des projections de Vaxxed dans notre pays à l'annonce en 2017 de l'augmentation du nombre de vaccins rendus obligatoires pour la petite enfance. Ce film n’est pas anodin, il a été réalisé par Andrew Wakefield à l’origine d'une publication « scientifique », ayant été par la suite réfutée pour fraude et falsification, tentant d’établir un lien entre le vaccin ROR et l’autisme. Ces écologistes, Rivasi en tête, ont donc eu à cœur de diffuser un « documentaire conspirationniste de propagande anti-vaccins ».

    Mme Rivasi ne s’en tient pas là. Fidèle à l’hostilité répandue chez les écologistes vis à vis du chimique et des laboratoires pharmaceutiques, elle réclame que les médecines alternatives et notamment l’homéopathie soient enseignées à tous les étudiants en médecine. Peu importe que dans la plupart des pays les sociétés savantes (et récemment les Académies de Médecine et de Pharmacie en France) considèrent que les produits homéopathiques sont des placebos, que l’on peut, certes, utiliser, mais sans pour autant les rembourser et sans décerner un diplôme pour l’exercice de cette pratique afin de ne pas donner à l’homéopathie un label scientifique. Toutes les études sérieuses ont montré l’effet placebo de l’homéopathie, sauf une faite en Suisse en 2011-12 (à laquelle Rivasi se réfère volontiers), critiquée sur le plan méthodologique et qui contient cette remarque : « Si l’homéopathie est très susceptible d’être efficace, mais que cela ne peut pas être formellement prouvé dans des test cliniques, la question se pose de savoir quelles sont les conditions nécessaires pour que l’homéopathie puisse montrer son efficacité et réaliser son potentiel, et quelles conditions menacent de l’empêcher ».[1] Remarque illustrant ce que les homéopathes disent souvent pour leur défense : l’homéopathie est une thérapeutique si particulière que les protocoles appliqués à l’allopathie ne lui sont pas adaptés. Démarche scientifique inversée.

    Mme Rivasi n’a pas froid aux yeux quant à l’intérêt des médecines alternatives et en premier lieu de l’homéopathie : « Je pense qu’on doit intégrer, dans la formation initiale des médecins, des qualifications, des certificats de médecines complémentaires qui soient obligatoires… Oui, il faut former les patients. Leur dire que plus on leur donne de médicaments, plus cela aura des effets secondaires. Et les informer de l’existence d’alternatives qui sont beaucoup moins chères. L’information circule aussi via l’entourage. Par exemple, pour les gens qui ont un cancer, c’est incroyable. Ils font confiance aux médecins qui les soignent, et en même temps ils savent qu’il y a autre chose à côté » (Interview sur le site Kaisen).

    En effet, les médicaments efficaces peuvent donner des effets secondaires, personne ne le conteste, et il est certain que l’homéopathie n’en donne pas : quand on ne donne rien, il ne se passe rien. Et vous avez bien lu, ne pas faire confiance aux médecins pour soigner votre cancer alors que des médecines alternatives comme l’homéopathie ou l’acupuncture existent pour le traiter.

    Ces gens sont dangereux. Je ne voterai pas pour eux.


    [1] Gudrun Bornhöft and Peter Matthiessen (eds.) Homeopathy in healthcare: effectiveness, appropriateness, safety, costs. Springer, 2012.


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  • C’est par une brève allocution dans nos lucarnes matutinales que le président Emmanuel Macron annonça sa démission aujourd'hui.

    Cette exceptionnelle brièveté de sa part étant à la mesure de cet évènement exceptionnel. Comme il se doit, le président du sénat fut chargé d'assurer l’intérim et celui-ci, surpris, avala de travers son copieux petit déjeuner ce qui le laissa sans voix pendant un bon moment.

    Contrairement à son habitude, l’ex président de la République ne s’étala pas sur les motivations de sa décision : il déclara qu’il se pliait ainsi au désir réitéré d’une minorité agissante afin que l’ordre puisse être rétabli dans le pays tout en lui permettant de skier en paix sans avoir à rendre des comptes.

    La minorité agissante s’empressa de revêtir un gilet jaune et fit ce qu’elle savait faire de mieux : manifester dans les rues en laissant à une frange « en marge du cortège » le soin d’allumer quelques feux de joie et de briser quelques vitrines. Les forces de l’ordre décidèrent de se reposer enfin, en suivant l’exemple venu d’en-haut, et de se servir à leur tour sur les étalages pour renouveler une terne garde-robe dont l’uniformité était devenue lassante par leur exposition hebdomadaire.

    A l’annonce présidentielle, Mélenchon et Ruffin furent pris d’une agitation inquiétante, le premier déclara immédiatement qu’il était prêt à se sacrifier pour sauver la République en appliquant des décisions bolivariennes qui avaient fait leurs preuves ailleurs, le second hésitait entre faire un film ou un livre ou peut-être les deux pour fêter l’événement.

    Marine Le Pen qui avait de bonnes chances de s’installer à l’Elysée se montra plus circonspecte. Elle était jusqu’à présent dans une position plutôt confortable en bénéficiant des subsides du système et de l’Europe tout en les vouant aux gémonies et sans provoquer la moindre déception dont elle avait déjà goûté l’amertume après son débat avec Macron.

    Wauquiez hésita entre un gilet jaune ou sa parka rouge ne sachant toujours pas quelle position choisir pour éventuellement postuler et motiver ses troupes réticentes.

    Quelques verts, pourtant pas mûrs pour gouverner, se dirent naturellement prêts à assurer la transition.

    Parmi la gauche dispersée façon puzzle, Hamon et Faure virent une opportunité de manifester leur existence, mais personne ne demanda leur avis. Quant à Hollande, il le donna sans qu’on le lui demande en affirmant que tout ça, il l’avait prévu, en suggérant implicitement qu’il pourrait servir de recours, ce que fit également Ségolène Royal, toujours prête. Quant à Sarkozy, on vit son œil goguenard s’allumer sans même remuer les épaules.


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