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    Dessin de Pétillon paru dans le Canard Enchaîné du 25 janvier 2012

    « Acheter français » est un des slogans de Bayrou (suivi par d’autres) comme une des solutions aux problèmes rencontrés par la France pour limiter les importations et sauvegarder nos entreprises. C’est beau. Bien sûr, il y a là un petit air de boycott à l’envers mâtiné de nationalisme qui pourrait fort bien donner des idées aux autres pays vis-à-vis des exportations françaises (il est vrai que les consommateurs étrangers n’ont pas l’opportunité d’acheter des armes ou des centrales atomiques, mais cela peut se faire pour les vins et les produits de luxe). Vous me direz, pourquoi pas ? L’ennui est que  c’est surtout un slogan.

    D’abord, beaucoup de produits ne sont plus du tout fabriqués en France. Ensuite le consommateur est-il prêt à payer un produit plus cher parce qu’il est français ? Enfin, existe-t-il des produits  intégralement fabriqués en France mis à part les vins et des produits agricoles. Les produits « made in France » sont fabriqués ailleurs pour une partie ou même pour la totalité, peut-être que l’étiquette et la marque sont-elles du terroir mais il est difficile de s’en contenter pour manger, s’habiller, ou faire fonctionner une machine absente. Inversement des produits de marque étrangère sont fabriqués en France, en concurrence avec des produits de marque française fabriqués à l’étranger.

    « Acheter français » risque d’être très compliqué pour le Français moyen. Mais un slogan n’est pas fait pour être efficace, il est fait pour recueillir des voix.


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  • Tribunal.jpgLe projet de décret sur le contrôle de l’insuffisance professionnelle, c'est-à-dire de la compétence, pour les libéraux de santé (médecins, chirurgiens, dentistes, sages-femmes, pharmaciens, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, et pédicures-podologues) est toujours prévu. Approuvé par le conseil d’Etat en juin 2010, il était attendu pour la fin de l’année, il n’est pas encore sorti (élections obligent ?).

    Jusqu’à présent ces libéraux étaient éventuellement sanctionnés pour leur incapacité à exercer ou pour leurs fautes par les conseils de l’Ordre et/ou la Justice. Aux notions de moralité, d’indépendance ou de faute professionnelle vient s’ajouter la notion de compétence qui pourrait être jugée par un tribunal d’exception de trois experts qui procèderont à l’examen des connaissances à la fois théoriques et pratiques du soignant et avant de pouvoir de nouveau exercer, le professionnel devra apporter la preuve qu’il a complété sa formation. Or je sais, par expérience personnelle, que les médecins ont le souci permanent de mettre à jour leurs connaissances.

    On voit qu’après avoir accusé les libéraux de frauder, de détourner l’argent public, de prescrire des médicaments dangereux pourtant autorisés par les organismes officiels, ils sont à présent soupçonnés d’incompétence, et devront éventuellement passés devant un tribunal d’exception qui pourra être saisi par les Ordres ou le directeur général de l’ARS et dont les connaissances en matière médicale sont des plus discutables.

    Voilà une excellente façon d’encourager les professionnels de santé à exercer en libéral, mode d’exercice qui ne signifie plus grand-chose et de plus en plus déserté comme le sont des territoires entiers.

    Néanmoins ces tribunaux d’exception de la compétence ouvrent des horizons.

    On reproche aux Français de bouder les langues étrangères, les pressions administratives exercées sur leurs médecins, cette propension à les infantiliser, vont leur permettre de pratiquer avec des confrères étrangers les langues de l’Europe de l’Est ou l’arabe, ce qui n’est pas sans intérêt[1].

    Ces tribunaux devraient logiquement s’étendre aux autres domaines professionnels, en commençant par les administrations, et d’abord à celles qui exercent un contrôle sur les produits de santé et qui n’ont guère été sanctionnées récemment pour leurs incompétences. Un tribunal qui permettrait d’interdire d’exercer des fonctions plutôt que de donner une promotion à un fonctionnaire dont les décisions se seraient avérées préjudiciables pour le public.

    Et, bien sûr, à tous les politiques exerçant une responsabilité, en cessant de leur donner un autre poste s’ils sont été défaillants dans le précédent ou en ne leur offrant plus un pantouflage doré lorsque leur incompétence est trop manifeste.

    On voit que ces tribunaux d’exception jugeant de la compétence d’autrui ont un grand avenir devant eux, mais il serait souhaitable de les coiffer d’un tribunal d’exception pour permettre de juger de leur propre compétence, structure soviétique que l’on pourrait étendre à l’infini à la manière des poupées russes.  



    [1] « Au 1er juin 2011, 41% des médecins nouvellement inscrits à l’Ordre avaient obtenu leur diplôme hors de France. C’est une moyenne. Ainsi, dans certaines zones, ce chiffre est largement plus élevé. C’est le cas par exemple de l’Aube, en Champagne-Ardenne, où trois quarts des nouveaux inscrits viennent de l’étranger et seulement 19% ont obtenu leur diplôme à la faculté de Reims. En Picardie, ces jeunes médecins qui constituent 44% des nouveaux effectifs proviennent pour un tiers du Maghreb et pour un autre tiers de la Roumanie. Dans l’Aisne notamment, ils sont un sur deux à arriver de Roumanie »

     


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    Il est possible que Sarkozy nous quitte bientôt. Pour ma part, pour ne pas être irrité, je ne l’ai jamais vraiment écouté, d’autant plus que je ne m’arrête jamais devant les bonimenteurs qui tentent de vendre un produit miraculeux dans la rue quel que peut être leur bagout.

     

    Chirac était plutôt sympathique, un peu escroc, républicain, il a bien profité des ors de la République. Petite condamnation in extremis qui fait tache sur sa carrière d’artiste inutile.

     

    Je n’ai jamais aimé Mitterrand. Il s’était fait limé des dents trop longues qui montraient à l’évidence qu’il n’aimait que le pouvoir. Il était à gauche, car il voulait remplacer les hommes de droite qui tenaient la place qu’il convoitait. Je me souviens d’avoir été heurté par le geste de mépris pour écarter un quidam enthousiaste qui s’était approché trop près de lui à la sortie du Panthéon lors de sa victoire.

     

    Giscard d’Estaing, le pompeux voulant faire peuple, a fait de bonnes choses. Il avait du talent. Il est peut-être dommage qu’il ait été mis sur la touche un peu trop tôt.

     

    Pompidou. J’ai eu l’occasion de m’entretenir brièvement avec lui, ayant eu celle de soigner son père. Homme cultivé, il paraissait sans prétention. Je reproche à son règne d’expansion économique d’avoir permis aux promoteurs de construire à Paris des bâtiments d’une grande laideur.

     

    De Gaulle. Il est difficile à mon humble niveau de donner un avis sur un monument historique qui payait ses timbres de sa poche, ce que ses successeurs ne se sont pas élevés à faire. Il avait accompli le tour de force inouï de faire figurer la France parmi les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale, alors qu’elle l’avait lamentablement perdue, et qu’elle s’était officiellement alliée avec l’ennemi. Cependant, je me souviens dans ma jeunesse d’avoir crains de sa part l’instauration d’une dictature lorsqu’il est arrivé au pouvoir en créant la Vème république après avoir été à l’origine de la IVème. Il a, en fait, permis d’éviter le putsch militaire qui nous pendait au nez. Il a donné, dans la douleur pour beaucoup, l’indépendance à l’Algérie, imaginez que la France ait suivi les Le Pen et consorts en ne l’accordant pas ? Nous aurions 40 millions de musulmans en plus dans nos départements. Il est parti après une révolution d’opérette accomplie par des gens trop heureux et après l’échec d’un referendum sur la régionalisation qui fut nécessairement instaurée par la suite. Ingratitude des Français volages.

    J’espère que Sarkozy, s’il nous quitte, n’aura pas l’outrecuidance d’avoir le même sentiment.


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  • La France ne va pas très bien et le reste de l’Europe ne va guère mieux. Le rêve américain a, pour beaucoup, des allures de cauchemar et le sud du continent fournit aux américains de quoi rêver. La Russie est atteinte d’un poutinerie qui l’étouffe un peu. Le Japon n’arrive pas à se débarrasser de ses atomes crochus. La Chine a contracté un capitalisme aigu. L’Afrique développe surtout son émigration. Et les conflits religieux à nos portes, plutôt ouvertes, ne nous rajeunissent pas.

    Alors que diriez-vous d’une « bonne » guerre ? Non, pas de guerres locales, elles n’ont jamais cessé. Une guerre mondiale, classique, sans l’arsenal nucléaire, car avec, ce ne serait pas de jeu.

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    Les guerres érodent la masse humaine moins vite mais plus largement que les catastrophes naturelles. Et elles ont d’autres vertus. Dans la tourmente on se regarde moins le nombril, il y a moins de dépressions, il y a moins d’obèses – surtout dans les camps de concentration – Un vent de liberté souffle sur les mœurs : les soldats vont aux putes sans remords et les femmes se laissent convaincre pour une dernière étreinte.

    Toutes les compétences sont utilisées : les voyous deviennent des héros, les meurtriers sont décorés pour leurs meurtres, les sadiques sont promus pour leurs tortures, les voleurs pillent joyeusement, les violeurs violent en paix, même les bons pères de famille, et leurs chefs indulgents détournent le regard quand ils n’y prêtent pas la main.

    Et que dire des progrès réalisés pendant les guerres : des bactéries inconnues colonisent les laboratoires, les chimistes remplissent leurs cornues de molécules nouvelles, les ingénieurs construisent des machines qui tuent mieux et plus loin, les savants font péter des pétards et retrouvent ainsi leurs joies d’enfant. Certains pourraient même vendre des avions dont personne ne veut.

    Quand une masse humaine est plus entamée que la masse ennemie, vient la paix où on continue encore un peu d’élaguer par vengeance ou pour ne pas perdre la main, en suivant le doigt anonyme des délateurs.

    Les périodes qui suivent les guerres sont des périodes fastes, on les appelle « Glorieuses », même pour les vaincus. Certes on pleure un peu, mais on rit beaucoup d’être resté vivant, on recommence à ne penser qu’à soi, et on reconstruit vaillamment. L’économie ne connait pas de crises, il n’y a pas de chômeurs, on manque même de bras, ceux laissés sur les champs de bataille. En fait, pendant la guerre il ne se passe pas grand chose dans les champs, tout se passe dans les villes, là où il y a le plus de civils, bien plus faciles à tuer que des soldats armés.

    Mais il faut savoir que les périodes fastes n’ont qu’un temps. Les choses reviennent comme avant, et les crises remplacent les guerres.


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  • Avec le temps la Grande Faucheuse se rapproche petit à petit de chacun d’entre nous. A un certain âge, elle est sur nos talons. Marcher plus vite pour lui échapper (provisoirement) parait être une plaisanterie macabre. Que nenni. Des gens sérieux du département de santé de l’université de Sydney ont voulu vérifier cette hypothèse hasardeuse dans une étude dénommée CHAMP (Concord Health and Ageing in Men Project), dont les résultats sont parus dans le British Medical Journal.

    Les auteurs ont donc suivi, pendant 5 ans, 1705 hommes âgés de 70 ans et plus et ont cherché à établir si la vitesse à laquelle ces hommes marchaient permettait de prévoir le risque de mortalité. Cette vitesse était très variable avec les individus allant de 0,54 à 5,7 km/h (moyenne à 3,17 km/h).

    Au bout de 5 ans aucun homme marchant à la vitesse de 4,90 km/h ou plus n’est décédé. Par contre une vitesse de marche d’environ 3 km/h était prédictive d’une mort prochaine avec une sensibilité de 63% et une spécificité de 70%, ce qui veut dire, à l’inverse, que 4 hommes sur 10 sont morts au  cours des 5 ans de suivi alors qu’ils n’auraient pas du mourir selon ce critère et que 3 hommes sur 10 sont restés vivants alors qu’ils l’avaient (à noter que l’âge réel, à ma connaissance, ne semble pas avoir été pris en compte).

    4,90 km/h est un rythme de marche plutôt soutenu pour un homme de 70 ans, mais si l’on estime que la Grande Faucheuse se déplace à une vitesse de l’ordre de 3 km/h, on conserve ses chances de lui échapper en gardant ses distances si l’on file à une vitesse comprise entre 3,5 à 4,9 km/h, mais le risque qu’elle vous rattrape grandit graduellement si vous ralentissez. La malchance serait qu’en forçant l’allure, le poursuivi soit terrassé par une crise cardiaque, car, bien sûr, la rapidité de la marche n’est que l’un des indices d’une bonne condition physique.


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    J’ai beaucoup d’admiration pour les jambes des femmes, enfin pour la plupart. Les muscles sont à peine visibles (les muscles font trop penser à l’anatomie et à la fonction motrice), gainés par une peau sans poils, enfin pour la plupart ou des poils si fins, si soyeux qu’ils sont invisibles ou éliminés parfois douloureusement  par la cire sacrificielle. On ne peut qu’admirer les petits genoux ronds et les volumes arrondis harmonieusement étagés sur le socle d’un talon haut qui claque sur le bitume comme pour attirer l’attention (les tennis ne font pas le même effet).

    A coté de ces merveilles doubles, enfin pour la plupart, on est atterré par la laideur des jambes des hommes, enfin pour la majorité : les muscles saillants (quand il y en a), disgracieux, les gros genoux, et que dire des jambes velues. Une femme en chemise, les jambes apparentes, est adorable, un homme dans la même situation, même si la chemise est belle, est parfaitement ridicule. Je pense que cette expérience simple, facile à réaliser, sans matériel  compliqué et sans budget important, démontre parfaitement mon propos.

    La question existentielle qui se pose est la suivante : comment les femmes peuvent-elles coucher avec les hommes ? Alors que l’inverse ne relève d’aucun mystère. Bien sûr, pour être scientifique, il faudrait poser la question aux femmes, leur point de vue ne doit pas être négligé, elles sont partie prenante dans l’affaire.

    Bien qu’étant un homme  hétérosexuel (certes, un peu fané), en restant objectif, je ne peux aboutir qu’à la conclusion provisoire suivante (du moins je l’espère) : logiquement, pour éliminer cette disparité choquante, les femmes ne devraient coucher qu’avec les femmes et les hommes qu’avec les hommes.

    Et si l’on interdit les croisements des sexes et des semences, ce serait une façon élégante d’en finir avec l’Humanité, sans passer par une grossière déflagration atomique ou un séjour pénible en autoclave.


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    ARBRE EN HIVER

     

    Sur cet arbre en hiver qui s’était effeuillé

    Les cieux pudibonds semblent avoir laissé choir

    Des nuages de passage  sur son corps dépouillé

    Couvrant ses membres nus d’un feuillage noir

     

    Le vent soulèvera ces habits provisoires

    Laissant l’arbre en hiver aussi dépourvu

    Son squelette de bois que chacun pourra voir

    Ses bras se découpant sur la clarté des nues

     

    L’arbre patiente dans son sommeil hivernal

    Les feuilles naissantes de sa prochaine mue

    Viendront recouvrir sa carcasse sépulcrale

     

    Et il renaîtra poussé par sa sève dormante

    Dans son habit de paillettes pour un autre bal

    A nouveau grand seigneur dans sa splendeur puissante

     

    Paul Obraska


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  • "Nous allons à nouveau faire rimer le nom de France avec le beau mot de résistance" […]" A l'enlisement, nous allons résister; à l'appauvrissement, nous allons résister; à la fuite des activités, nous allons résister; aux compromissions, nous allons résister; aux privilèges excessifs et indus, nous allons résister; à l'illettrisme, nous allons résister; à l'argent roi, nous allons résister; à l'affaiblissement, nous allons résister"

     

    asterixTel est l’appel au peuple lancé par Bayrou lors de son premier meeting de campagne à Dunkerque et il aurait répété plus de 20 fois le mot « résister ». C’est beau comme une rafale de pistolet- mitrailleur. Mais cela veut dire quoi ? Ce sont des paroles verbales. Pour l’instant le peuple a bien résisté, en maugréant, à toutes ces situations désastreuses. Ce n’est pas au peuple qu’il fallait lancer cet appel mais à ceux qui en sont responsables et donner les solutions pour que cela cesse. Le peuple ne peut rien résoudre, il subit, et je ne vois pas Bayrou prôner la révolution. Alors, à défaut, il  se gargarise d’un mot sorti de la naphtaline et aujourd’hui vide de sens, en remplacement de celui d’indignation qui reste d’actualité.

     

    Je me permets d'ajouter ici le commentaire de Pangloss qui montre le ridicule de cet appel : "Résister! On prend le maquis contre la pauvreté? On organise des écoles clandestines contre l'illettrisme? On monte des réseaux de résistance contre les réseaux d'influence?..."
     


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    L’article précédent pourrait faire croire que je regrette l’intervention omniprésente de la technique dans la pratique médicale, ce n’est pas le cas. J’ai assisté à l’avant et à l’après et je peux vous dire que ce n’est pas une évolution mais une révolution, et que je suis en admiration devant les cadeaux offerts par les biologistes et les physiciens à la médecine : marqueurs biologiques de maladies, imagerie du corps par rayons X (scanner), par ultra sons (échographie), par isotopes à courte durée de vie se fixant sur certaines parties du corps (scintigraphies) ou par résonnance des noyaux d’hydrogène sous l’effet d’un champ magnétique donnant une image quasi anatomique du corps  (IRM). Revenir à un examen purement clinique serait stupide et d’une bien moins grande efficacité, quelle que soit la qualité du médecin.

    La question est banale, c’est celle de la relation de l’homme avec la machine : qui doit dominer l’autre ? Si, par exemple, un médecin, après son interrogatoire et son examen clinique, soupçonne une anomalie du foie et qu’il demande à la machine de confirmer ce soupçon, il domine la machine. Mais s’il n’a aucune idée préalable et s’il demande à la machine de lui en donner une en faisant systématiquement l’examen, c’est la machine qui le domine. De la même façon si vous rechercher sur internet un renseignement, vous utilisez la machine selon votre idée, mais si, au contraire, vous errer sur internet sans idée préconçue, c’est la machine qui vous domine en vous révélant ce que vous n’avez pas recherché, même si cette errance peut vous distraire.

     

    Ce n’est pas parce que nous sommes capables de faire une chose que nous devons obligatoirement la faire (c’est en particulier le cas pour les examens et les traitements « agressifs »). Il faut d’abord réfléchir et savoir pourquoi on la fait et si, selon le résultat, le malade en tirera ou non un bénéfice et avec le moindre risque.

    L’efficacité des machines peut très bien conduire à une paresse d’esprit et à une véritable démission de la pensée médicale en les faisant intervenir systématiquement. On peut très bien faire un « scanner corps entier » (avec une irradiation non négligeable) sans signe d’orientation et trouver, par exemple, un cancer dont il n’existait aucun  signe apparent, alors qu’il est possible que ce cancer n’aurait jamais évolué.

     

    Mais on pourrait me répondre : pourquoi pas ? En effet, la discussion est ouverte. Pourtant, il n’est pas certain que l’on rende service au patient en découvrant par hasard une pathologie dont il ne souffre pas et dont nous n’avons peut-être aucun traitement. Il faut ajouter que, tôt ou tard, nous n’aurons plus les moyens d’avoir une telle attitude, surtout si l’examen le plus performant a été fait en dernier après une avalanche d’examens préalables.


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    Ce matin, j'ai discuté avec de jeunes médecins en fin d’études travaillant à l'hôpital. Ils m'ont semblé peu enthousiastes de la médecine qu'ils pratiquent selon l'enseignement qui leur est donné.

    Les données médicales, depuis pas mal de temps, sont cotés selon un barème plutôt complexe et aisément remplaçable par des appréciations comme « démontré », « probable », « incertain » mais le qualitatif fait moins sérieux que le quantitatif, même si le second est en réalité issu du premier.

    De plus en plus la tendance est d'aboutir à un diagnostic en cotant chacun des signes observés (encore faut-il avoir appris à les observer), par ex : fréquence cardiaque supérieure à 85/min = 1 point (quand on sait que le rythme cardiaque varie sans cesse et que l’émotion de l’examen risque de l’élever et qu’à 84/min vous n’avez plus ce point, on peut se demander quelle est la valeur d’un tel critère), et le diagnostic d'une maladie est porté si la somme des points atteint un total donné. Le risque de survenue d’une maladie est également coté. C'est introduire un modèle mathématique dans l'humain, et s'y soumettre aveuglément expose, à mon avis, à bien des déboires.

     

    L'omniprésence des algorithmes de décision où la conduite se déroule en fonction d'une réponse par oui ou par non, c'est à dire un déroulement binaire qui « élève » la pensée humaine au niveau de l'ordinateur. Nous ne sortons pas de cette ambition de la médecine qui veut quitter l'art, bannir l’intuition et éviter la personnalisation pour se hisser au niveau d'une science dure.

    Bien sûr, il y a les protocoles et il est heureux qu'il y en ait. Mais ces protocoles, outre le souci de mieux soigner, ont aussi le souci d'éviter un procès ultérieur.

     

    Le tout aboutit à une débauche d'examens complémentaires plus ou moins systématiques, notamment d'imagerie, la plupart onéreux, parfois inutiles mais non exempts de dangers pour certains, alors qu'une bonne utilisation de ses sens aidés d'appareils simples et la réflexion ou le simple bon sens pourraient éviter nombre d'entre eux.

     

    Mais il est de nos jours risqué de penser, surtout si on ne vous apprend plus à le faire. Alors on s'abandonne aux cotations, aux algorithmes et surtout aux machines qui disent forcement la vérité, pensent pour vous et nous ruinent, mais font tellement plus sérieux dans un éventuel procès, où l’on risque, en outre, de vous reprocher de ne pas avoir utilisé toute la panoplie à votre disposition.


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