•  

    J’ai appris[1] avec surprise que la mouche drosophile mâle lorsqu’elle est frustrée sexuellement, dans l’impossibilité de copuler car repoussée par la femelle quand celle-ci a eu son compte de  copulations, sombre dans l’alcoolisme comme le font certains hommes dans la même situation. La mouche mâle frustrée choisit spontanément la nourriture chargée de 15% d’alcool et en absorbe goulûment de grandes quantités alors que le mâle satisfait de sa vie sexuelle choisit une nourriture normale.[2]

    Contrairement à la mouche, la frustration sexuelle chez l’homme peut avoir d’autres conséquences que l’alcoolisme, le viol en est une expression nauséabonde qui ne semble pas faire partie de la civilisation des mouches.

    Au Maroc, comme dans de nombreux pays musulmans, où la frustration sexuelle des mâles s’explique par les relations difficiles entre les hommes et les femmes, la perte de la virginité hors mariage étant considérée comme un déshonneur dans de nombreuses familles sous le poids de la tradition et de la religion. Alors le viol est une solution et est donc coutumier, d’autant plus que le viol au Maroc n’est considéré jusqu’à présent (malgré la nouvelle constitution qui prône l’égalité de l’homme et de la femme) que comme un simple délit et « la loi considère la mineure violée comme une criminelle ».

    Cette situation aboutit souvent (pour « arranger les choses ») au mariage de la mineure violée avec son violeur. Ainsi, si une jeune fille plait à un quidam et qu’il se voit repoussé, il lui suffit de la violer pour pouvoir l’épouser avec l’assentiment de la famille.

    Il arrive cependant que la jeune fille trouve intolérable d’être à nouveau violée par son violeur de façon officielle et sans recours, alors elle peut se suicider. C’est qui est arrivé à Amina Al Filali qui n'avait que seize ans et a mis fin ses jours en avalant de la mort aux rats. Elle avait été contrainte d'épouser l'homme qui l'avait violée une première fois quand elle avait 15 ans. Le violeur avait épousé sa victime car le mariage  lui permettait d’échapper à plusieurs années de prison s’agissant d’une mineure. Ce viol aurait été classé comme « ordinaire », mais ce suicide remue le Maroc qui se demande si cette situation est bien saine.



    [1] Ulrike Heberlein et col, Université de Californie à San Francisco (travaux parus dans la revue américaine « Science » et rapportés par Le Monde.fr)

    [2] Ce comportement serait du, selon ces chercheurs, au taux d’un neurotransmetteur cérébral, le neuropeptide (F) abaissé si la pauvre mâle n’est pas satisfait et élevé s’il l’est. Ce qui ouvre des horizons car un neuropeptide semblable (Y) existe chez l’homme.


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  • « Un général retraité de l’armée pakistanaise dit avoir consulté des documents confidentiels et rencontré des agents de l’Isi (le service secret) pour aboutir à cette conclusion : c’est la première épouse d’Oussama ben Laden, Khairiah Sabar, qui aurait dénoncé son mari…par jalousie. Elle n’aurait pas supporté que la cinquième femme du chef d’Al-Qaeda, une jeune Yéménite, partage seule sa chambre, dans la maison d’Abbottabad, où il se cachait… » ED (Le Point du 15/032012).

     

    Je ne sais pas si cette information est exacte, mais si elle l’est, elle a un côté réjouissant. Je parle des circonstances, bien sûr. Car que peut-on en déduire :

    1° Que la polygamie ne manque pas d’inconvénients pour l’homme, ce qui risque de décevoir ceux qui pensaient que cette forme d’union permettait d’échapper au théâtre de boulevard qui paraissait le propre de la monogamie.

    2° Que la femme est la faiblesse de l’homme et vice versa. Les grandes destinées peuvent ainsi être bouleversées par un problème de fesses et pas seulement sous un climat oriental. Des exemples récents permettent d’illustrer cette assertion.

    3° Que la jalousie est un vilain défaut et que l’on est souvent trahi par les siens (sagesse populaire). Que sans cette femme jalouse les moyens puissants déployés par la première puissance mondiale pour retrouver ce pacha meurtrier entouré de ses cinq épouses auraient peut-être continué à être inopérants.

    4° Qu’un des axes de rotation de la Terre est un phallus, les deux autres étant l’argent et le pouvoir, les trois ayant des rapports étroits entre eux.

     

    Ingres : « Odalisque et esclave »ingres-odalisque-et-esclave.jpg


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  • J’ai eu la curiosité d’aller sur le réseau « twitter » où les gens lâchent des petites phrases comme on lâche des pets que l’on ne retient pas. Et, en effet, on ne les retient pas, ces gazouillements (« tweets ») n’ayant, pour leur immense majorité, aucun intérêt et dignes de cervelles d’oiseau car ils n’expriment en général qu’un sentiment (je n’ose pas dire une pensée) passager et épidermique. Bien sûr, on peut me rétorquer que mon exploration est injuste car forcément limitée et dans le temps et dans l’espace, mais la résistance humaine a des limites.

    Ce qui est étonnant, c’est le succès de cette entreprise qui a astucieusement misé sur la paresse d’esprit, dispensant les auteurs de ces « tweets » de tout développement et de toute argumentation. On comprend que les politiciens soient de grands amateurs de ce réseau car il leur permet d’assurer leur publicité à moindre frais aussi bien sur le plan économique qu’intellectuel. Si des nouvelles brèves peuvent ainsi diffuser rapidement elles peuvent aussi avoir l’efficacité de la rumeur. Les blogs peuvent avoir le même défaut mais en général les billets sont plus étoffés, ce qui ne garantit cependant pas leur véracité si la source n’est pas indiquée.


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  • grosz-A-oscar.jpg

    Les foules sont rameutées  à coups de téléphone, de cars disponibles, de TGV et à prix d’or, dans une mise en scène digne d’un spectacle de variétés et bien sûr ce sont des foules volontaires acquises  à la cause. Une masse d’individus, aux pulsions élémentaires, agitant des drapeaux, clamant leur enthousiasme, hurlant des approbations quoi que l’orateur puisse dire, cette foule n’est pas là pour écouter et comprendre mais pour approuver et lancer des slogans. Comment les politiques peuvent-ils se sentir soutenus par la population, alors que ces foules favorables, rassemblées pour l’occasion, ne représentent qu’une infime fraction de l’électorat et comment peuvent-ils se sentir satisfaits de convaincre des convaincus.

    Car, bien sûr, il n’y a pas de contradicteur, il y en aurait-il un qu’il serait énergiquement expulsé sous les huées. Les seuls intérêts possibles d’un meeting sont d'évaluer la résistance physique et le discours de l’orateur vedette dont le contenu, s’il existe, sera par la suite disséqué. Est-il nécessaire de dépenser tant d’argent, de déplacer tant de monde pour ces promesses habituellement sans lendemain et que l’on pourrait ponctuer par des hurlements en boîte.

     

    George Grosz : « A Oskar Panizza »  


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  • picasso-la-tragedie.jpgJe ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai été bouleversé par la nouvelle qui a fait la une cette semaine, suscitée des commentaires atterrés, la consternation des foules et sans doute des pleurs dans les chaumières. Les dévots se sont précipités dans les églises, les mosquées et les synagogues pour écarter par leurs ferventes prières l’éventualité de cette catastrophe : le retrait de la politique de notre bien-aimé président s’il n’était pas réélu ! Car que se passerait-il si le destin par ses détours imprévisibles viendrait à nous imposer cette extrémité ? Rien. C’est justement ce rien qui a bouleversé le monde stupéfait car après le retrait du héros il ne se passera rien. Vertigineux.

     

    Picasso : « La tragédie »


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  • politiques-agonie.jpgNon, ce n’est pas l’image de ces trois candidats à la phase terminale de leur campagne présidentielle, mais celle qui illustre la campagne de « l’Association pour le droit de mourir dans la dignité » représentant dans un montage indigne et irrespectueux ceux qui sont opposés à une légalisation de l’euthanasie, accompagné du message suivant : « Doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur l’euthanasie ».

    Je préfère la vision de mon premier arbre en fleurs du nouveau printemps qui simule avec malice une parure de flocons de neige.

    Arbre-en-fleurs-2.JPG


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  • Buffet-tete-de-femme.jpgLe machisme ordinaire finira par disparaître, mais pas le machisme religieux. Dieu est terriblement misogyne et les religions sont à nouveau envahissantes, prônant, pour la plupart, la domination de l’homme sur la femme.

    Les républicains américains « bien-pensants » traitent les femmes prenant la pilule de « salopes » et de prostituées car pour eux elles sont destinées à mettre bas.

    Les ultra-orthodoxes juifs, en Israël, sont outrés lorsque des femmes osent se mettre à l’avant d’un bus et non pas à l’arrière pour laisser ces putains d’hommes faire bande à part.

    Les « révolutions arabes » vont sans doute aboutir à une régression du statut de la  femme qui avait été instauré par les dictateurs pour rejoindre le statut éclairé au pétrole des pays du golfe et celui où la femme violée est condamnée pour adultère.

    Les institutions sportives reculent – malgré leur règlement – devant les pays islamiques qui exigent que leurs athlètes féminines soient recouvertes des pieds à la tête (concédant que le cou et les oreilles pourraient être visibles sans heurter leur pudeur d’obsédés sexuels), arguant qu’il s’agit là non pas d’un impératif religieux mais culturel.

    Des musulmans dans les démocraties profitent de la liberté et de la tolérance qui y règnent pour introduire leurs traditions rétrogrades dont l’essentiel n’est pas dans la boucherie (bien que la souffrance animale ne soit pas négligeable) mais dans la domination du père sur la fille, du frère sur la sœur, et du mari sur son ou ses épouses.

    Femmes à travers le monde, bonne journée !


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  • Ils crurent que le seigneur était divin

    Et acceptèrent d’être ses esclaves

    Les manants assurèrent ses besoins

    Et le seigneur en usa sans entrave

     

    La lignée des sujets était aussi infinie

    Que la vaniteuse lignée du seigneur

    Mais sans portraits dans une galerie

    Et sans galerie dans leur demeure

     

    Alors ils pourchassèrent le seigneur

    Et mirent à sa place leur meneur

     

    Avec bicorne, casquette ou képi

    Il ne parlait plus de ses ancêtres

    Il parlait d’idéal, il parlait de patrie

    Sans oublier son propre bien-être

     

    Ce seigneur n’épargnait pas les morts

    Pour chercher la gloire du sang versé

    Ou garder son pouvoir sans remords

    Le peuple le suivait, puis il en eu assez

     

    Alors ils pourchassèrent le seigneur

    Mais un autre seigneur est apparu

     

    L’histoire des gens est pleine de candeur

    Cette fois le nouveau seigneur était élu

    Les autres l’avaient placé là en douceur

    Et il ne se priva pas des privilèges reçus

     

    Dans les palais meublés d’antiquailles

    Dans ses voitures aux vitres teintées

    Avec des motos écartant la valetaille

    Pour laisser passer son cul bien calé

     

    Un seigneur s’en va, un autre apparait

    Son costume change, sa morgue jamais

     

    Paul Obraska


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  • Lundi sur Europe 1, François Fillon a estimé que "les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé". "On est dans un pays moderne, il y a des traditions ancestrales qui ne correspondent plus à grand-chose (…) On pourrait y réfléchir",

     

    Ah ! Là, là ! Touche pas à mon steak ! On devait bien s’attendre à une levée de boucliers de tous bords contre cette déclaration plutôt déplacée de la part du premier ministre d’un pays qui se veut laïque et par conséquent neutre pour ce qui concerne les pratiques religieuses, à condition qu’elles restent dans la légalité et dans le respect de la Constitution française.

    L’une conteste le mot « ancestral », d’autres se sentent « choqués », « dénigrés » et même « vexés », et parlent « d’humiliation » les derniers parlent de « provocation ». Le président du Crif, (Conseil représentatif des institutions juives de France), association qui ne serait pas religieuse, se dit également « choqué » et s’élève contre la proposition d’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage et considère que « cette mesure aurait des conséquences négatives essentiellement sur la communauté juive », on se demande bien pourquoi, puisque son association n’est pas religieuse, ce qui prouve qu’il confond les citoyens d’origine juive et la pratique du judaïsme, or dans le monde il y a bien plus de Juifs non pratiquants que pratiquants.

    Cette sortie de Fillon n’avait pas lieu d’être. Mais ceux qui sélectionnent leur alimentation en suivant des impératifs d’ordre religieux le font, qu’ils le veuillent ou non, en obéissant à des préceptes ancestraux dont les juifs ignorent eux-mêmes la raison initiale (la Bible a été rédigée par des hommes) comme les musulmans qui les ont suivis dans ce domaine.

    Pourquoi se sentent-ils vexés ? Parce que de façon abrupte on leur demande de confronter leurs pratiques et leurs traditions avec la modernité et même à la science ! Dans cette confrontation que resterait-il de toutes les religions ? L’ensemble des pratiques d’une religion, celles-ci remontant à des époques reculés, est son armature et les suivre un signe d’appartenance à ce culte. Les discuter et la religion s’écroule, ne laissant que la croyance à une transcendance qui n’a pas besoin d’une organisation religieuse pour exister car son rôle essentiel est de veiller à leur maintien et à leur observance.


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  • manet-edouard-suicide.jpg

    L’euthanasie a été légalisée aux Pays-Bas le 1er avril 2002 et il s’en pratique environ 3100 chaque année, lorsque le patient en fait la demande en pleine possession de ses moyens (donc capable de se suicider lui-même ?), atteint d’une maladie considérée comme incurable par un médecin et à l’origine de souffrances jugées « insupportables et interminables ».

    Une nouvelle spécialité « médicale » est récemment née dans ce pays : bourreau par compassion, chargé d’exécuter les patients dont l’euthanasie a été refusée par leur médecin traitant. Six équipes mobiles (« cliniques de fin de vie » itinérantes), composées chacune d’un médecin (spécialement formé…) et d’une infirmière, sillonnent les Pays-Bas depuis le 1er mars pour assurer ces exécutions à la chaîne qui pourraient aller jusqu’à un millier par an, selon le porte-parole de l’association NVVE à l’origine du projet qu’elle finance et qui rémunère les médecins.

    La demande ne peut être faite que par le patient en pleine possession de ses facultés mentales et non par la famille et les proches (il ne manquerait plus que ça !). Une commission (un médecin, un juriste, un expert éthique) serait chargée de vérifier la conformité de l’exécution avec la loi.

    La ministre de la justice des Pays-Bas ne s’oppose pas à ces équipes mobiles se rendant au domicile des patients si elles restent dans la légalité, mais la Société royale des médecins émet quelques réserves estimant que l’exécuteur dont le rôle ne se borne qu’à achever le malade, ne connait pas et n’a pas suivi le patient et n’est donc pas le mieux placé pour juger de sa situation, même s’il est dans l’obligation de demander un second avis médical auprès d’un confrère (qui ne connait pas plus le malade que lui, le médecin traitant ayant refusé l’euthanasie).

    Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur la nécessité de légaliser ou non l’euthanasie (et pour moi, la question se pose surtout pour les grands handicapés, incapables de se suicider eux-mêmes et dont la vie, bien que non menacée à moyen terme, devient intolérable pour eux), participer en tant que médecin, dont ce n’est tout de même pas la vocation, et être rémunéré pour ces tournées mortuaires dont la systématisation évoque un abattoir de victimes consentantes, me laisse perplexe.

     

    NB voir également dans « Les chroniques médicales » : 87. « On achève bien les chevaux » du 27/01/2011

     

    Edouard Manet : « Suicide »


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