• Dans le métro parisien


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  • Test à claquesPour les hypocondriaques qui veulent ressourcer leur hypocondrie, il leur suffit de traverser la Manche et d’acheter, pour la modique somme de l’équivalent de 158 €, un test ADN commercialisé par une société américaine (23andMe) et seulement en vente libre au Royaume-Uni. Ce test, à partir d’un simple prélèvement de salive, serait capable, selon sa fabricante, de détecter plus de 100 gènes porteurs de 254 maladies (dont certains cancers). Il faut toutefois patienter 6 à 8 semaines – en se rongeant les ongles – pour avoir les résultats de la lecture faite par un laboratoire néerlandais. Ce test permettrait également de donner des renseignements sur les ancêtres de la personne.

    Je préfère les lignes de la main. Pas vous ?


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    Le paradoxe du pouvoir médical. Si le médecin n'avait pas de pouvoir, on se demande pourquoi on irait le consulter. Le pouvoir du médecin est redouté, critiqué,  honni mais nécessaire et recherché. Ne pas l'exercer constitue une faute professionnelle, à la limite condamnable : c'est la paradoxe du pouvoir médical.

    Sur la société la médecine exerce une dictature. Comme toute dictature, elle est basée sur la terreur, celle de la maladie et de la mort. Comme toutes les dictatures, elle prétend s'exercer pour le bonheur de la population et trace les limites du bien et du mal

    Il est mal de fumer. C'est en tous cas s'exposer aux multiples façons de mourir par le tabac. Longtemps symbole de virilité, il peut conduire à l'impuissance en rétrécissant les artères. Devenu symbole d'indépendance et d'égalité chez la femme, il lui permet d'avoir des cancers de l'homme qu'elle n'avait que rarement auparavant et de succomber plus tôt, comme lui, aux maladies cardio-vasculaires. « Juste après le coït on entend rire le diable » (Schopenhauer). C'est sûrement parce que c'est le moment où l'on fume une cigarette.                                                                           

    Il est mal d'être gros. L'épidémie d'obésité des pays développés est à la limite indécente mais contrebalance la perte de poids des dénutris  des pays pauvres, permettant ainsi la stabilité pondérale de la biosphère. La calorie, unité de quantité de chaleur et de valeur énergétique des aliments, est omniprésente dans les conversations des dîners en ville où les convives transmutent simultanément la chaleur en poids et l'énergie en masse. L'amaigrissement est l'objectif déclaré d'une industrie alimentaire pléthorique qui fait de la prévention et de la santé ses arguments publicitaires principaux. A cet égard, les idées médicales ont un impact économique pour lequel les médecins devraient réclamer des droits d'auteurs.

    Mais rien n'est simple : si le surpoids favorise les maladies cardiovasculaires, en cas d'accident cardiaque l'évolution semble plus favorable chez les gros que chez les maigres.                                                                            

    Il est mal de manger ceci ou cela. On s'alimentait pour vivre en y prenant si possible du plaisir. La médecine a heureusement modifié les choses : on mange pour ne pas être malade, suivre l'ANR (apport nutritionnel recommandé)   et devenir assez vieux pour ne plus avoir de dents pour manger « car l'important n'est plus de vivre pleinement le temps qui nous est alloué mais de tenir le plus tard possible : à la notion d'étapes de la vie succède celle de longévité » (Pascal Bruckner)[1]. « Alicament » est une trouvaille néologique qui sert à vendre un aliment auquel le fabriquant attribue des vertus thérapeutiques.                                                                           

    Il est mal d'être sédentaire. Pourtant «  Les exercices corporels, eux, ne servent pas à grand chose »  (St Paul)[2]. C'était également l'avis bien connu de Churchill qui attribuait sa longévité à son mépris du sport :« never sport ». A notre époque le sport a cependant bonne presse, surtout pour les articulations qui s'usent et les disques qui s'écrasent. Bouger, certes, mais pourquoi s'épuiser ?

    Pour votre bien soyez inquiet. Le mode de vie conseillé par les médecins s'applique à toute la population, ceux qui ne rentrent pas dans le cadre vertueux  sont marginalisés et montrés du doigt. S'éloigner de la moyenne statistique devient un péché mortel. Et en plus, les médecins ont raison !

    Toute la population est soumise par tous les moyens : radio, télévision, journaux, internet, à des messages l'informant de toutes les maladies dont elle peut être atteinte. Diffusion insidieuse, permanente de notre fragilité. Il est confirmé à celui ou celle encore en bonne santé que cette état n'est que transitoire et qu'il n'est pas raisonnable de jouir de cette félicité. Les gens qui se sentaient bien finissent par se sentir mal à l'annonce qu'ils ont tel ou tel risque d'avoir telle ou telle maladie et ceci de façon répétée. Crainte diffuse et diffusée que les annonceurs utilisent pour recueillir des fonds. Mais obtenir de l'argent sous la menace n'est-ce pas du chantage ?


    [1] L'Euphorie perpétuelle, éd Grasset et Fasquelle, 2000

    [2] 1ère épître à Timothée 4/8


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    Essuyer la critiqueSi un petit dessin vaut mieux qu’un grand discours, les objets, eux, peuvent avoir une charge symbolique d’emblée accessible à tous. C’est ainsi qu’une agence de création parisienne s’est lancée dans la critique politico-littéraire sobre mais signifiante en créant la collection « C’est quoi ce torchon ». Des torchons d’excellente qualité imitant la couverture de la maison Gallimard et portant le nom d’un best-seller de librairie. Les trois qui ont eu la chance d’être d’emblée distingués étant : « Le suicide français » d’Eric Zemmour, « Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler et « Et si c’était vrai » de Marc Lévy. A noter que ces torchons ne sont pas donnés car ils sont vendus au même prix que l’ouvrage correspondant, de 20 à 22,90 euros, mais ils sont nettement plus faciles à lire.

     

    Ces photos (Agents & Talents) sont tirées de « Next mode » (Libération).Essuyer la critique

     


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    A l’occasion de la sortie d’un de ses livres (« L’erreur de calcul »), Régis Debray a été interviewé par Le Point (n° du 27/11/2014). Les interviews de Régis Debray sont plus amusantes à lire que ses livres. De celle-ci, je me suis permis de sortir quelques phrases qui m’ont paru intéressantes.

    1. « Dans le monde protestant, on gagne de l’argent pour être sûr d’aller au Ciel. Le Bien est dans les biens. »

    2. « Chacun sait que quiconque prétend faire l’Histoire ne fait jamais l’Histoire qu’il prétend. Pour être aujourd’hui déçu par des décideurs incultes et qui ne décident plus rien, il faut en attendre quelque chose. Est-ce bien raisonnable ? »

    3. « Quand le vertueux Mendès France faisait de la politique, il faisait de la morale. De Gaulle faisait de l’Histoire. Mitterrand faisait son possible. Après, les suivants ne font que de la com. »

    4. « Et on en revient à la norme zoologique de base : ôte-toi de là que je m’y mette. »

    5. « L’union technocratique, cette Europe par le haut, sans les Européens, va continuer de courir sur son erre, comme un canard décapité. Le feu sacré s’est éteint. »

    6. « …et la langue dont on est pétri, à son insu, et qui est notre vraie patrie. »

     

    Rompus du 1/12/2014

     

     


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    La loi de santé 2014, comme toutes celles qui furent pondues par les différents gouvernements, insiste sur la prévention. La prévention est en effet « la tarte à la crème » préférée des gouvernants dépassés par les évènements et qu’ils lancent périodiquement à la tête de la population.

    Le postulat est le suivant : si l’on dépense suffisamment d’argent pour prévenir les maladies, elles n’apparaitront pas et nous n’auront plus à dépenser de l’argent pour les soigner. Mais ce postulat n’est vrai (voir l’article « 160. La prévention est-elle source d’économies ? » que dans domaines où la prévention permettrait d’éviter définitivement la survenue de maladies : les infections par les vaccinations (ce qui est fait), le diabète lorsqu’il est induit par une surcharge pondérale, les maladies provoquées par des intoxications volontaires comme l’alcool, le tabac ou les drogues, et il faut y ajouter les comportements sexuels à risques.

    Puisque tous les gouvernements successifs n’ont cessé de prendre des mesures dans ces domaines, quant est-il des résultats de leurs efforts pour cette prévention qui pourrait être efficace de façon radicale ?

    - La consommation d’alcool a certes diminué régulièrement en France mais la proportion de consommateurs excessifs reste stable à environ 10% de la population adulte, avec 20% des patients hospitalisés, et environ 30000 décès par an directement attribuable à l’alcool.

    - La proportion des fumeurs en France est passée de 31,4% en 2005 à 34% en 2012 avec 200 morts par jour.

    - Les jeunes français sont en tête des consommateurs de cannabis en Europe et la consommation des autres drogues ne fait qu’augmenter.

    - En 2012, 64000 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH. Entre 2011 et 2012, la découverte de l’infection à VIH chez les gays a augmenté de 14%.

    On ne peut que constater l’échec de l’Etat, mais ce n’est aucunement spécifique à la France.

    Quelles sont les mesures prévues en matière de prévention par le gouvernement actuel ? « Prévention du tabagisme : instauration d'un paquet neutre et encadrement de l'usage de la cigarette électronique dans les lieux publics.

    Prévention de l'alcoolisme chez les jeunes. La vente de certains produits favorisant la consommation d’alcool et notamment le « binge drinking » (ou alcoolisation accélérée) chez les jeunes devrait être interdite.

    Accès à la contraception d'urgence garanti pour les jeunes femmes mineures sans condition auprès de l'infirmière scolaire.

    Définition d'un cadre pour l'expérimentation de salles de consommation à moindre risque, dites « salles de shoot ». (Le Monde du 15/10/14).

    Il faut y ajouter le code couleur pour les aliments.

    Ce sont de louables intentions mais si ces mesures sont adoptées, je crains qu’elles ne changeront guère la situation (sauf pour la contraception). Mais il faut avouer que les solutions ne sont pas évidentes, que l’on se heurte à des comportements individuels où le choix peut alterner entre soins, culpabilisation et répression. A noter qu’une opposition à la cigarette électronique est assez paradoxale puisque la consommation de tabac a baissé pour la première fois depuis son introduction. Quant aux salles de shoot, elles ne diminueront sûrement pas la consommation de drogues.

    Le chapeau de la loi de santé est le suivant :

    "Notre système de santé est performant mais inéquitable, c'est pourquoi il est indispensable de le refonder. La loi de santé s'articule autour de trois axes : prévenir avant d’avoir à guérir, faciliter la santé au quotidien et innover pour consolider l'excellence de notre système de santé."

    J’ai toujours une certaine reticence devant les slogans publicitaires.


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  • Naufrage

    Ses cheveux épars collés sur le crâne par la pluie qui semble sans cesse le noyer, le capitaine, bousculé par le tangage, godille en vain dans la tempête. Il ne se retourne pas sur les matelots qui tombent à la mer emportés par le vent des couloirs du palais, et qui, alourdis par leurs poches pleines, s’enfoncent dans les vagues de l’opprobre. Des membres de l’équipage aimeraient quitter le navire et cherchent à embarquer dans des canots de sauvetage, d’autres se révoltent contre la façon dont le capitaine mène sa barque, et envisagent même de remettre son brevet en question.

    Sur la côte, l’ancien capitaine, entouré de son ancien équipage, regarde, sardonique, le bateau secoué par les bourrasques du large. Il veut reprendre la barre alors qu’il avait échoué le navire lors d’un précédent voyage en laissant dans la coque un trou béant. Il espère bien récupérer son poste qu’il estime mériter de droit divin en écartant avec mépris les importuns primaires. Il harangue ses fidèles en imitant les imitateurs qui l’imitent, et en caricaturant ses propres caricatures. Il promet tout et son contraire, mais surtout de défaire ce que l’autre a fait. Les fidèles demeurés en extase sont toujours prêts à le suivre pour un périlleux voyage. Quant à ses anciens lieutenants, ils aimeraient tenter leur chance au gouvernail. L’un espère que la capitainerie se penchera davantage sur le passé de son ancien capitaine. L’autre, qui a beaucoup bourlingué, a la tête d’un revenant qui rêverait ne plus être un fantôme.

    Les gars de la Marine ricanent dans leur coin, et ne pensent qu’à pousser le navire dans le cimetière marin.

    William Turner : « Naufrage »

     


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  • De l’abstraction à la déraisonAlexandre Grothendieck est mort le 13 novembre dernier à l’âge de 86 ans. C’était un mathématicien de génie (en particulier dans le domaine de la géométrie algébrique). Il est mort à l’hôpital Saint-Girons en Ariège…En Ariège, là où sa mère protestante allemande et lui avaient été internés dans un camp comme « étrangers indésirables » et d’où son père, juif russe et anarchiste, Sascha Schapiro, interné dans un autre camp, avait été déporté à Auschwitz pour y être assassiné en 1942. Fuyant le nazisme, la famille s’était réfugiée en France en 1933. Grothendieck (le nom de sa mère) est mort près des lieux des évènements dramatiques de son enfance.

    C’était un mathématicien de génie en rupture avec le milieu académique et avec l’humanité, refusant les prix qui lui étaient décernés (dont la médaille Fields en 1966 qu’il devait recevoir à Moscou, mais refusa de s’y rendre pour protester contre le régime soviétique), pacifiste et écologiste, il disparut des écrans radar en 1991 avec la volonté de s’isoler. D’après certains témoins, il aurait été en proie à des délires mystiques jusqu’à dialoguer avec les anges.

    Et je me pose la question : jongler avec des abstractions pures ne peut-il pas favoriser la déraison ? Car je lis en ce moment un livre[1] où il est fait référence à deux autres mathématiciens de génie : Cantor et Gödel dont les préoccupations finales furent plutôt déroutantes.

    De l’abstraction à la déraisonGeorg Cantor (1845-1918) était issu d’une famille qui avait émigré de Russie pour s’installer en Allemagne. Créateur de la théorie des ensembles, ce fut lui qui fit de l’infini une partie intégrante des mathématiques. Raisonner sur l’infini paraissait impossible pour la plupart des mathématiciens, et c’est un sujet qu’ils évitaient habituellement d’aborder. Son ancien professeur Léopold Kronecker (un tantinet jaloux), considérant ce sujet comme absurde, s’est d’ailleurs acharné à briser la carrière de son ancien élève. Il arrive fréquemment que ceux qui s’opposent à un génie passent de cette façon à la postérité quelle que soit leur talent, un peu comme un satellite noir entraîné par une étoile. Travaillant seul et à contre-courant, Cantor finit par perdre la raison en n’arrivant pas à démontrer, et pendant des années, une de ses hypothèses (« l’hypothèse du continu »[2]). Il consacra finalement ses phases de lucidité à la théologie (il pensait pouvoir démontrer mathématiquement l’existence de Dieu) et à tenter de prouver que le véritable auteur des pièces de Shakespeare était le philosophe Francis Bacon.

    De l’abstraction à la déraisonL’autrichien Kurt Gödel (1906-1978), proposa, à l’âge de 25 ans, son « théorème d’incomplétude » en affirmant qu’un système cohérent est incomplet en soi, qu’il comporte inévitablement des propositions « indécidables », et qu’il existe ainsi des limites à la pensée rationnelle et au raisonnement logique. Ce théorème démontré pour un système arithmétique est largement utilisé dans d’autres domaines comme la philosophie ou l’informatique.

    Gödel, confronté à l’hypothèse de Cantor, finit par montrer qu’il est impossible de démontrer sa fausseté[3]. Plus ou moins dépressif dans sa jeunesse, il devint plus tard paranoïaque en refusant de s’alimenter, craignant d’être empoisonné, et mourut cachectique et Américain. Fuyant les persécutions nazies, Gödel avait, en effet, quitté Vienne en 1940 pour les USA où, à Princeton, il se lia d’amitié avec Albert Einstein. Après avoir renoncé à se confronter à l’hypothèse de Cantor, il passa 20 ans à tenter de prouver que des travaux de Leibniz ne lui avaient pas été attribués et qu’il lui revenait de rétablir la vérité, tout en se penchant sur le problème de la démonstration de l’existence de Dieu. Lors de sa naturalisation, il ne put s’empêcher de prévenir le juge qu’il existait une faute logique dans la constitution américaine qui risquait de conduire à une dictature.

    Trois mathématiciens de génie dont la manipulation des abstractions fit peut-être chanceler leur santé mentale, et qui finirent, les trois, par se confronter à l’abstraction ultime : Dieu.

     

    [1] « Désir d’infini » de Trinh Xuan Thuan.

    [2] Ne me demandez surtout pas de développer !

    [3] C’est le mathématicien américain Paul Cohen qui montra en 1963 que « l’hypothèse du continu » que Cantor s’était acharné à démontrer n’était ni vraie, ni fausse, mais indémontrable.


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    Il faut bien que vieillesse se passe

    La vieillesse ne semble plus être le temps de la sagesse, ni celui du renoncement. Du moins en Grande-Bretagne, mais il n’y a aucune raison que les vieux Anglais et les vieilles Anglaises soient d’un modèle différent de celui des séniors du continent.

    Le journal The Economist (article rapporté par Courrier International) révèle que nombre de personnes âgées britanniques ont tendance à brûler leur vie par le dernier bout qui leur reste en abusant de la consommation d’alcool, de drogues et même de sexe.

    En 5 ans le nombre de femmes en maison de retraite traitées pour alcoolisme dans un centre de sevrage a grimpé de 65 %. Il y a beaucoup de raisons de noyer son âge dans l’alcool, mais il faut savoir que l’alcool ne conserve que les pièces anatomiques.

    « Le Centre européen de gestion des drogues et des addictions estime de son côté que le nombre de personnes de plus de 65 ans qui se rendront en centre de désintoxication aura doublé entre 2001 et 2020 ». Une vidéo circule sur le net où l'on voit trois mamies essayant de fumer du cannabis pour fêter sa légalisation dans l'Etat de Washington.

    Les maisons de retraite m’ont toujours paru d’une grande tristesse. Mais voilà que j’apprends qu’en Grande-Bretagne elles peuvent être le siège d’une activité débridée. Les maladies sexuellement transmissibles s’y échangent gaîment. En 5 ans le nombre de leurs pensionnaires souffrant d'herpès génital a augmenté de 50 % chez les hommes et doublé chez les femmes. A noter que les hommes, moins nombreux, ont un large choix. Cependant, les prouesses sexuelles à cet âge risquent par un équilibre incertain de se terminer par une chute et une fracture du col du fémur. Il y a des positions fracassantes que le Kamasoutra n’avait pas prévues.

    Il faut bien que vieillesse se passe

     


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    Les internes des hôpitaux ont récemment tenté de faire grève pour demander une amélioration de leurs conditions de travail. Cette grève a été, semble-t-il, peu suivie. Les médecins libéraux envisagent de faire grève fin décembre pour protester contre certains projets de la nouvelle loi santé (une de plus) concoctée par MST (pas de confusion, il s’agit de Marisol Touraine). Une grève des cabinets médicaux qui pourrait être suivie début janvier 2015 par celle des cliniques.  

    D’après ce que j’ai pu voir, c’est une loi très littéraire avec surtout des intentions (notamment sur la prévention, la tarte à la crème des gouvernements successifs et la réapparition des salles de shoot, dites à « moindres risques »), mais il en ressort également un renforcement de la prééminence des hôpitaux publics sur le secteur libéral. On peut donc s’attendre à une asphyxie des urgences qui, jusqu’à présent, n’étaient qu’à bout de souffle (car la loi ne prévoit évidemment aucun moyen).

    Quant à la médecine libérale, qui, à ma connaissance, n’a pas eu son mot à dire dans l’élaboration de cette pièce montée (il n'y aurait pas de médecins dans l'entourage de MST), il est prévu d’aggraver ses emmerdements. Dans un esprit de démagogie plus que d’efficacité ou d’économie, MST envisage en deux étapes de généraliser le tiers payant, ce qui va logiquement augmenter la demande (« c’est gratuit et j’y ai droit »), augmenter la paperasse à remplir par les médecins aux dépends du temps passé à s’occuper du malade, en ajoutant également celui qui devra être consacré à vérifier les remboursements des honoraires. Le médecin libéral sera ainsi livré pieds et poings liés aux caisses, et pour gagner sa vie il devra attendre leur bon vouloir pour ce qui concerne les délais de remboursement, s’il ne subit pas éventuellement des mesures de rétorsion pour indiscipline.

    La médecine libérale est agonisante et il serait charitable de la débrancher définitivement.

    Alors les médecins libéraux envisagent de faire grève. Mais, chers confrères, ne vous faites pas d’illusions. Nous ne sommes pas des transporteurs routiers ou des pilotes de ligne capables de bloquer les routes ou le trafic aérien pour faire plier les autorités. Notre éthique nous oblige à organiser d’une façon ou d’une autre les soins des patients pour éviter les drames, et les hôpitaux sont là en cas d’urgence, jusqu’à l’étouffement.

    En tant que médecin hospitalier, il m’est arrivé de faire grève : je portais un badge sur lequel était marqué : « médecin en grève » tout en assurant mon travail. Efficace, non ?


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