-
Par Dr WO le 4 Janvier 2009 à 18:40
Marc Chagall « Moi et le village »MON VILLAGE
Il se souvient de son village en Russie
Là où il est né
Chacun porte son village en lui
Et ne peut l’oublier
Un lieu où chacun vous connaissait
Un lieu de peines et de fêtes
Un lieu où d’autres vous haïssaient
Un lieu de terre et de bêtes
La grande ville des gens perdus
Offre pour tous la solitude du désert
Au sein de la foule dans les rues
Il a laissé là-bas père et mère
De son lointain village disparu
Il peint les couleurs et sa misère
Paul Obraska
4 commentaires -
Par Dr WO le 19 Décembre 2008 à 09:38
Félix Vallotton « Femmes nues jouant aux dames »JEU DE DAMES
Des dames nues sur le plancher
Sont penchées sur le damier
La blonde repliée sur ses pieds
La brune les jambes écartées
Jeu de dames par femmes nues
Pourquoi y jouer ainsi dévêtues?
Dans leur simple appareil dévoilé
Elles font la belle sur le plancher
La blonde pliée s’apprête à jouer
Elle hésite sur le pion à pousser
La brune les fesses au plancher
Ne quitte pas des yeux le damier
Elle espère gagner cette belle
L’unique toilette sera pour elle
Elle fera dame une fois vêtue
Quand la blonde sera vaincue
Maquillée et dans sa belle tenue
Elle jouera aux dames dans la rue
Avec une seule parure pour deux
Les dames nues l’ont mise en jeu
Entre dames on peut être nues
Prendre des poses incongrues
Mais pour affriander le quidam
Il faut gagner au jeu des dames
Bien soigner l’allure et le plumage
Attirer les regards à son passage
Jouer la belle tout en rougissant
Et se mettre nue au bon moment
Paul Obraska
14 commentaires -
Par Dr WO le 10 Décembre 2008 à 14:40
René Magritte « Le jockey perdu »LA FABLE DU JOCKEY PERDU
Un jockey distrait est perdu dans la nature
Lui qui ne connaît que les pistes balisées
De l’hippodrome, comment a-t-il pu s’égarer ?
Et il continue affolé à cravacher sa monture
Dressé sur son coursier le jockey caracole
Parmi les arbres aux plumes d’oiseau
Et le cheval inspiré prend son envol
Les ailes ouvertes de ses naseaux
L’étalon sans remords laisse la course de côté
Orné du petit homme dressé sur ses ergots
Pour rejoindre une jument aperçue dans les prés
Emportant le jockey éperdu sur son dos
Ce galop libre dans la nature est une fête
Sans personne ni devant ni derrière
Sans piste, sans chemin, sans barrière
Au milieu de rangées d’arbres-sucettes
Plantées dans le vide des clairières
Le jockey dans son habit de carnaval
N’a jamais couru à cette vitesse
S’il ne comprend pas son cheval
Il est gagné par son ivresse
Par l’animal il se laisse emporter
Et se demande si en se perdant
Il ne s’est pas trouvé
Paul Obraska
9 commentaires -
Par Dr WO le 5 Novembre 2008 à 16:14
René Magritte " Perspicacité"
L’ŒUF DE MAGRITTETenant son pinceau comme une mouillette
Le peintre prit un œuf d’oiseau
Sur l’assiette de sa palette
Et au bout du pinceau
Sur la toile étonnée
Fit naitre un oiseau
Aux ailes déployées
Le peintre peignit l’intemporel
L’avenir et le passé de son modèle
Mais qui manipule un œuf
Manipule un bœuf
Il aurait pu peindre une brebis
Il aurait pu l’appeler Dolly
Il aurait pu créer une autre bête
Ou faire de l’œuf une omelette
Un œuf est un mystère
D’où peut naitre le meilleur comme le pire
On ne sait jamais ce que l’on peut en faire
On ne sait jamais ce qui va en sortir
Surtout lorsqu’on le retire aux mères
Paul Obraska
14 commentaires -
Par Dr WO le 26 Octobre 2008 à 17:31
EN ECOUTANT CHOPINMais qu’a-t-il ce piano
A égrainer ses notes comme coulent les larmes
Une à une puis pressées comme monte l’onde
Et pourquoi cette rage qui enfle et gronde
Pour finir comme on rend les armes
Quand la colère s’effiloche
Laissant quelques fils trainer où s’accrochent
Les notes cristallines en rangs amers
Qu’a-t-il ce piano à s’excuser pour cette rage passagère
En reprenant sa douceur mélancolique
Par une caresse rapide et pudique
Nous effleurant
Nous enveloppant
Dans un voile de notes tressées
Puis ce silence pour nous abandonner
Paul ObraskaSoulages
6 commentaires -
Par Dr WO le 17 Septembre 2008 à 17:41
Francis Picabia "Hera"
BRASSEEBrassée de visages emmêlés
Jetés au hasard
Les yeux, fleurs enchâssées
Au triste regard
Les pétales des paupières
Alourdis de fard
Sur les pièges à lumière
Bouches de coquelicots fanés
Serrant leur double pétale pulpeux
Parmi les yeux des fleurs écarquillés
Cernés d'une corolle de paupières bleues
Brassée de mains déracinées
Feuilles tendues, paumes réunies
Dressées sur des rameaux amputés
Montrant à la sorcière leurs lignes de vie
Paul Obraska
12 commentaires -
Par Dr WO le 11 Septembre 2008 à 16:04
Marc Chagall "Les saltimbanques dans la nuit"
LES MUSICIENSLes saltimbanques sont venus ce soir
Masques blafards dans le bleu sombre
Troués d'orbites vides au regard noir
Flottant sans corps dans la pénombre
Les instruments s'amusent entre eux
Leurs chapelets de notes enjouées
S'élèvent clairs dans la nuit bleue
Les musiciens exécutent la gaité
Les mains comme des oiseaux
Virevoltent sur le violon pâle
Caressent le corps d'un flûteau
Et attirent les gens dans le bal
Les instruments bêtes fidèles
Flattées par la main des artistes
Plus vivants par leurs ritournelles
Que leurs maîtres au regard triste
Paul Obraska
BANDONEONLe bandonéon se love sur toi Astor
Il baille et se courbe et s'étire
Tes mains tiennent son corps
Et sous la caresse de tes doigts
Il pousse un profond soupir
Alors tu le presses contre toi
Et son souffle rauque, saccadée
Gronde entre tes bras
Puis tu le laisses doucement aller
Et il entoure tes genoux serrés
Pour te remercier, Astor Piazzolla.
Paul Obraska
6 commentaires -
Par Dr WO le 8 Juillet 2008 à 16:58
Arcimboldo "Le bibliothécaire"
MOTSLes hommes sages vivent en silence,
Loin du monde et de sa jactance.
A l'abri du flot malin des mots menteurs,
Des bouquets de mots roses qui promettent le bonheur,
Des salves meurtrières des mots haineux,
Et du poids fantastique des mots creux.
Les milliers de mots dits s'envolent au vent.
On les épingle dans les livres pour les retenir,
Ils y restent prisonniers, parfois éternellement,
Et l'on écrit des mots sur ce qu'ils veulent dire.
Les mots pour découvrir les choses ou pour en rire
Meurent beaucoup trop vite pour s'en souvenir,
Réels, ils s'effacent avant ceux qui offrent l'éternel.
Pour que les mots demeurent, ils doivent venir du ciel
Et Dieu, tel un instituteur, dicte des mots sans mettre son paraphe,
Et tape les doigts de sa règle à la moindre faute d'orthographe.
Les hommes sages vivent en silence,
Les mots sonores éveillent leur méfiance.
Paul Obraska
4 commentaires -
Par Dr WO le 24 Juin 2008 à 09:27
COMPTINEJ'ai une palette dans mon assiette
Les mets colorés s'emmêlent
Sur le fond bleu de la vaisselle
Je n'en laisserai pas une miette
Une olive centre mon assiette
Petit nombril noir au goût fort
Je lui ferai de suite un sort
Je n'en laisserai pas une miette
La langouste trône dans mon assiette
Carapace orange à la chair blanche
La mayonnaise pour chaque tranche
Je n'en laisserai pas une miette
Un citron jaune éclaire mon assiette
Sa pluie acide donne du caractère
Je le presserai pour arroser la chair
Je n'en laisserai pas une miette
L'avocat s'étale dans mon assiette
Sans robe, il sera facile à déguster
Il apportera de l'onctuosité
Je n'en laisserai pas une miette
Les tomates bordent mon assiette
Cramoisies devant l'avocat vert
Elles amèneront leur saveur légère
Je n'en laisserai pas une miette
L'œuf blanc et jaune dans mon assiette
Attend la mayonnaise, sa complice
Il sera comme toujours un délice
Je n'en laisserai pas une miette
Des champignons ornent mon assiette
Leurs tranches brunes ajoutent une couleur
Ils offriront de la terre leur saveur
Je n'en laisserai pas une miette
L'addition arrive dans une assiette
C'est..ce..lui..qui..a..tout...man...gé
Qui...de...vra...la...ré...gler
Et Il ne m'est resté que des miettes
Paul Obraska
votre commentaire -
Par Dr WO le 21 Juin 2008 à 09:37
René Magritte "L'Empire des lumières
LE SOLEIL EST PARTIUn jour ou une nuit
Le Soleil est parti
Tout seul comme un grand
En laissant ses planètes en plan
Derrière lui
Sans crier gare
Le Soleil ne supporte pas les émotions du départ
De son geste il était bien placé pour en mesurer la gravité
Mais que voulez-vous il en avait assez
Assez de toutes ces planètes
Qui lui tournaient sans cesse autour
Et tournaient sur elles-mêmes par des pirouettes
Pour se montrer sous leur meilleur jour
Toute cette cour lui prenait la tête
Ce galopin de Mercure
Collé à lui malgré la température
Vénus qui se prenait pour la déesse de l'Amour
La Terre bleue fière de sa Lune blême
Et qui n'arrêtait pas de se bronzer
Mars vêtu de rouge pour se faire remarquer
Jupiter qui se prenait pour Dieu lui-même
Entouré de ses douze apôtres
Saturne avec ses anneaux dans le nez
Et les autres
Tout ce petit monde lui portait sur le système
Le monde fut surpris
De se retrouver sans chaleur sans lumière
Dans une froide nuit
Pourtant
Pour échapper à son cortège planétaire
Le Soleil avait depuis longtemps
Préparé sa fuite solitaire
Chaque jour il disparaissait la nuit
Ce n'était pas un jeu gratuit
La nuit devait préparer le monde à mourir
La nuit est un avant-goût de la mort
Le monde aurait du s'en souvenir
On meurt un peu quand on dort
Dans les profondeurs des nos nuits
Seuls les rêves prouvent que l'on vit
Encore
Paul Obraska
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique