• Le mois d’août se meurt. Une fin attendue, pâle et humide, il avait mauvaise mine à Paris. La ville s’est à peine vidée, les touristes sont venus combler les vides, la main sur le sac pour ne pas être volés. Le métro est resté bondé par une foule multicolore. Les femmes aux têtes voilées abondent dans les rames et les couloirs pour bien montrer qu’elles se soumettent à la même religion que les barbares coupeurs de têtes. Inutile, mesdames, de mettre un voile pour maintenir votre tête en place, dans la tradition du Moyen Âge, les femmes sont plus volontiers lapidées.

    L’ours russe est pris de fringale face à une Europe tétanisée, et les sanctions glissent sur sa peau épaisse.

     En France, le seul parti politique en état de marche est le FN, mais il marche à reculons dans le monde d’avant-hier. Les autres se désintègrent. Le parti bonapartiste est à la recherche d’un chef, et court en tous sens comme un poulet décapité. Le parti socialiste se suicide, poignardé de la main gauche, ses attardés du siècle dernier en sont toujours à la lutte des classes, et d’autres hurlent à l’austérité quand l’Etat se retient (un peu) de dépenser de l’argent qu’il n’a pas. Les centristes à têtes multiples sont à la recherche de leur centre de gravité.

    C’est bientôt la rentrée. Espérons que la bien jeune ministre de l’Education ne se sentira pas obligée d’ajouter une réforme aux autres. Le mieux à faire étant de foutre la paix aux enseignants en les laissant exercer leur métier qui est celui de transmettre leurs connaissances, lorsqu’ils en ont. Un point c’est tout.

     


    8 commentaires
  •  

    162. Une affaire fumeuseDepuis l’apparition de la e-cigarette (inhalateur électronique de nicotine), le nombre  d’amateurs augmente sans cesse, les magasins spécialisés fleurissent, l’industrie du tabac se gratte la tête, et montera sûrement en marche puisqu’ il y a du fric à récupérer.

    Quant aux médecins : ils débattent. Beaucoup constatent que seule la e-cigarette a fait reculer le tabagisme : moins de tabac consommé, et efficacité bien plus grande que la prise de substituts à la nicotine qui étaient jusqu’à présent prescrits pour favoriser le sevrage tabagique. La e-cigarette, en effet, offre en plus de la nicotine (dont le taux peut être progressivement diminué), la gestuelle habituelle du fumeur.

    Mais la e-cigarette est-elle dangereuse ? Tous les spécialistes s’accordent pour dire que la vapeur d’eau aromatisée dégagée est infiniment moins dangereuse que la fumée de tabac à la fois cancérigène et néfaste pour les artères. D’accord, disent ses opposants, mais elle est dangereuse. Comment ? Pourquoi ? On ne sait pas encore.

    Récemment, L’AHA (American Heart Association) et le CDC (Center for disease Control) ont dénoncé l’utilisation de l’inhalateur, suivis par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui recommande d’interdire la vente des «inhalateurs électroniques de nicotine» aux mineurs et de prohiber leur usage dans les lieux publics fermés, au motif que « l’utilisation de ces dispositifs présente un danger grave pour l’adolescent et le fœtus ». Il est certain que la nicotine n’est pas recommandée à un âge précoce, et on veut bien les suivre sur ce point. Mais les experts de l’OMS soulignent que « les recommandations […] sont susceptibles de changer rapidement ». Le problème étant qu’« on ne disposera pas de données probantes sur l’association entre l’utilisation des inhalateurs électroniques de nicotine et [les maladies comme le cancer] avant plusieurs années, voire plusieurs décennies »

    Autrement dit, ces experts ne savent rien mais n’hésitent pas à se prononcer, à éditer des recommandations et des interdits. Ils reconnaissent tout de même que c’est un outil de sevrage tabagique, mais en émettant le curieux bémol suivant : l’ignorance de l’importance de la réduction du risque. Mais la réduction existe donc, alors pourquoi dénoncer la chose ? Voilà des experts qui ne savent vraiment rien, et on peut se demander si l’industrie du tabac n’y est pas pour quelque chose dans leurs réticences. 

    Cézanne : « L’homme à la pipe »

     


    12 commentaires
  •  

    « Quand on accorde des honneurs, on sait précisément ce que l’on donne ; mais, Fissuresquand on y joint le pouvoir, on ne peut dire à quel point il pourra être porté » (Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence).

    « Un pouvoir impunément bravé touche à sa ruine ». (Honoré de Balzac, La peau de chagrin).

    « Le pouvoir est une action, et le principe électif est la discussion. Il n’y a pas de politique possible avec la discussion en permanence » (Honoré de Balzac, Sur Catherine de Médicis).

     « Quant au pouvoir, je ne saurais, en tout cas, quitter les  choses avant qu’elles ne me quittent. » (Charles De Gaulle, Mémoires de guerre, Désunion).

     


    8 commentaires
  • Prévisions

    Raymond Aron parlait de la certitude des prévisions rétrospectives. Prévoir l’avenir à partir du présent, c’est s’exposer aux erreurs, et il est plus sûr de prévoir l’avenir du passé. Quelle que soit la matière, la prévision est un art périlleux mais qui séduit tous les experts. Leurs prévisions remplissent le cimetière des idées.

    Les économistes se trompent souvent, ce qui n’est pas étonnant puisqu’ils appliquent doctement des schémas du passé ou du présent à un avenir dont les données ne seront plus les mêmes. A cet égard, l’impeccable raisonnement de Malthus de la fin du XVIIIe siècle sur la dramatique discordance entre la progression géométrique de la population et la progression arithmétique des ressources s’est révélé jusqu’à présent erroné car les données ultérieures à sa prévision se sont modifiées par rapport à celles du XVIIIème. Mais peut-être faut-il attendre pour que les prévisions malthusiennes se réalisent. Quand on prévoit la mort, on a toujours raison, que ce soit celle d’une personne, de la Terre ou du Soleil.

    En matière politique ou géopolitique, le cours des évènements surprend souvent. Chateaubriand disait : « Presque toujours, en politique, le résultat est contraire à la prévision ». Les dangers prévus ne sont souvent pas ceux qui apparaissent et contre lesquels on se trouve alors dépourvus pour ne pas les avoir prévus ou les avoir négligés.

    Dès qu’apparait un évènement imprévu, les médias se tournent vers des experts qui vont défiler à la queue leu leu sur les ondes et les écrans où ils vont débiter leur savoir, c'est-à-dire du passé, par lequel on leur demande de prédire l’avenir, alors qu’ils n’avaient pas prévu la survenue de l’évènement. Reste que le passé est la seule boule de cristal que nous ayons. Mais l’Histoire ne se répète pas en boucle, elle déraille.

    La médecine n’a pas échappé pas aux prévisions erronées. En voici quelques-unes formulées par de grands noms et qui peuvent prêter à sourire, mais il est facile et injuste de juger le passé à partir du présent.

    - La circulation est paradoxale, inutile, fausse, impossible, absurde et nuisible " [1] affirme à Paris, le Doyen Gui Patin lorsque l’Anglais William Harvey publie en 1628, à Francfort, après plus de vingt ans d’observations et d’expérimentations rigoureuses, sa théorie de la circulation.

    - «  La chirurgie est parvenue au point de n’avoir presque plus rien à acquérir. » déclarait en toute simplicité un chirurgien parisien renommé, Jean Marjolin, en 1836.

    - «  Eviter la douleur dans les opérations est une chimère qu’il n’est plus permis de poursuivre aujourd’hui » affirmait, en 1839, Alfred Velpeau, surnommé le Prince de la chirurgie, sept ans avant la première opération chirurgicale sous anesthésie générale.

    - En 1878, Pasteur recommandait : «  Si j’avais l’honneur d’être chirurgien, pénétré comme je le suis des dangers auxquels les exposent les germes des microbes répandus à la surface de tous les objets, particulièrement dans les hôpitaux, non seulement je ne me servirais que d’instruments d’une propreté parfaite, mais après avoir nettoyé mes mains avec le plus grand soin […] je n’emploierais que de la charpie, des bandelettes, des éponges préalablement exposées dans un air porté à la température de 130° à 150°… »

    A cela, le professeur Peter, à l’académie de Médecine, répondit la même année : « Ce sont là des curiosités d’histoire naturelle, intéressantes à coup sûr, mais à peu près de nul profit pour la médecine proprement dite, et qui ne valent ni le temps qu’on y passe, ni le bruit qu’on en fait. Après tant de si laborieuses recherches, il n’y aura rien de changé en médecine ; il n’y aura que quelques microbes de plus […] L’excuse de Monsieur Pasteur, c’est d’être un chimiste qui a voulu, inspiré par le désir d’être utile, réformer la médecine à laquelle il est totalement étranger[2]

    - «  Une habile mystification » déclara Lord Kelvin, un des plus grands physiciens de la fin du XIXe siècle, lorsqu’on lui rapporta la découverte en 1895 des rayons X par l ‘Allemand Röntgen. 

    L’ennui avec les experts c’est qu’ils savent beaucoup de choses, et l’esprit encombré par tout ce qu’ils savent ne leur permet pas toujours d’appréhender ce qu’ils ne savent pas. Ceci les amène souvent à rejeter ce qui ne fait pas partie de leur savoir pour ne pas encombrer davantage leur esprit.

    Dessin de Geluck

    [1] Cité par Bariéty et Coury, Histoire de la médecine

    [2] Cité par J-M Galmiche, Hygiène et médecine


    6 commentaires
  •  

    Vol au-dessus des mers

    En arrivant au pouvoir en mai 2012, Hollande imposa une réduction des salaires des membres du gouvernement de 30% (A noter que Sarkozy s'était empressé d'augmenter largement le sien). Aujourd'hui le salaire mensuel brut (soumis aux divers impôts) serait pour le Président de la République et le Premier ministre d'environ 15000 € et celui des ministres d'environ 10000 €.

    L'entrefilet ci-dessus est tiré du magazine "le Point" du 21 août 2014. Vous avez bien lu, cette ex-ministre du gouvernement Raffarin touchait depuis un an un salaire plus élevé que celui des plus hautes autorités de la République pour effectuer un travail spécial dont on peut se demander la nature et l'utilité. Je pense que les îles du Pacifique ne verront que du bénéfice à se dispenser de ses services hors de prix.  


    10 commentaires
  • De tous temps, la survenue d’une épidémie à haute mortalité contre laquelle les médecins n’ont rien à proposer comme traitement en dehors des mesures de prophylaxie, la population menacée réagit toujours de la même façon : incompréhension, recherche de coupables ou de responsables, déversement de la peur sur un bouc émissaire, suspicion d’un complot qui permet une explication cohérente, bien que fantasmée, et la découverte du même coup du coupable et du bouc émissaire.

    Ces réactions s’observent en Afrique de l’Ouest avec l’épidémie à virus Ebola. Récemment, un groupe armée de gourdins a « libéré » 17 malades mis en quarantaine à Westpoint au risque de propager la maladie, à commencer dans le groupe « libérateur », celui-ci niant la réalité de l’épidémie tout en accusant plus ou moins la Présidente du Libéria à laquelle il s’oppose.

    Les Africains ne comprennent pas que l’on ne puisse pas enterrer les morts selon leurs rites et soutenir les parents endeuillés. Ils refusent de croire aux origines invoquées de la maladie (pour le moins confuses), ils ne comprennent pas pourquoi cette maladie habituellement circonscrite fait aujourd’hui tant morts, et que la médecine reste toujours impuissante malgré ses progrès.

    Alors, ils se défient des occidentaux, et mettent en doute la sincérité des coopérants venus sur place pour les aider (à leurs risques et péril) mais qui ne sont, à leurs yeux, que les descendants des anciens colonisateurs. Un journaliste de Guinée écrit : « Lui [Alpha Condé] qui sait que, tout au début, les populations de certains villages de Guéckédou et de Macenta avaient montré de la résistance en s’attaquant à des agents de l’ONG Médecins sans frontières. Ne voulant pas passer pour un complice de ce que les populations assimilent davantage à une sorte "d’invention occidentale" destinée à les liquider ». Défiance renforcée par le fait que les premiers essais d’un traitement expérimental ont d’abord été appliqués sur des occidentaux.

    Pour les anciens colonisés, le bouc émissaire qui va de soi est l’ancien colonisateur.

    On raconte l’histoire suivante : après l’indépendance de son pays, un vieil Africain, devant la succession des dictateurs, les exactions, les règlements de compte ethniques qui l’ont souvent suivie, demande à son fils : « l’indépendance, ça va encore  durer longtemps ? ». On pourrait dire aujourd’hui qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance des pays africains : « la mentalité de colonisé, ça va encore durer longtemps ? ». N’avons-nous pas à domicile des gens qui se considèrent comme des « indigènes de la République » ?


    8 commentaires
  • Trois titres d’articles d’un journal médical en ligne (Egora) : 

    Insécurité Encore un MG agressé devant ses patients

     

    Insécurité Une MG agressée par un toxicomane pour un refus de prescription

     

    Insécurité Un psychiatre reçoit 10 coups de couteau

     Jadis les praticiens étaient respectés et rarement victimes d’agression. L’assassinat du Pr. Pozzi en 1918 par un opéré de varicocèle, «  un malade mental qui attribue ses insuffisances à la chirurgie » était raconté aux étudiants comme un événement exceptionnel et instructif.

    Cette dernière décennie a vu se multiplier les agressions contre les soignants. Appartenir au corps de santé, pourtant destiné à porter secours aux autres, est un statut qui ne protège plus des violences de ceux qui demandent de l’aide.

    Je salue donc ici l’initiative d’un urgentiste de Limoges de former ses collègues hospitaliers à l’auto défense et au karaté. Il y a donc des individus qui méritent d’être soignés de cette façon.

    Le promoteur de ce complément aux études médicales affirme cependant que « le but n’est pas de blesser le malade, mais d’apprendre les bons reflexes ». D’ailleurs, dans l’hypothèse où ces soins énergiques apportés au patient violent conduiraient à le blesser, l’équipe soignante et le matériel seraient sur place pour lui porter secours.

    « D’abord ne pas nuire » aurait dit un certain Hippocrate[1]. Mais c’était avant.

    Nous en sommes là.

     

    Ne vous frappez pas, laissez-nous ce soin

     

    Georges Bellows : « Stag at Sharkey’s »

     

    [1] « Être utile ou du moins ne pas nuire », car le « Primum non nocere » peut être difficilement attribué au Grec Hippocrate qui ne connaissait sans doute pas le latin et s’exprimait en ionien


    9 commentaires
  •  

    Cette obscure transparence qui tombe des députés

     

    Il s’agit- parmi bien d’autres du même acabit - de la déclaration d’intérêt d’un député, rédigée par ses soins, restée manuscrite, et consultable en format PDF sur le site de la HATVP (Haute autorité de la Transparence de la vie publique).

    Source : article de Samuel Laurent (Le Monde.fr).

     


    10 commentaires
  •  

    Nouvelles de l'espace

     

    Le lancement de la Vierge le 15 août fut un succès, et sa mise sur orbite autour de la Divine Station Spatiale,  une réussite. Nous reproduisons ici la première photo diffusée par l'ADV (Agence Du Vatican), et que l'on doit à Francesco Albani, de la sortie des cosmonautes de la Station pour effectuer la dernière phase de l'opération : l'introduction de la Vierge dans le sas de la SOC (Station Orbitale Céleste). On voit nettement que quatre d'entre eux l'entourent, nantis de leur équipement dorsal,  pour la faire pénétrer.


    6 commentaires
  • Les hommes et les femmes politiques pourraient aisément remplacer le « Je pense, donc je suis » par : « On parle de moi, donc je suis ». Bien sûr, dans notre société médiatisée cette formule peut s’appliquer à d’autres catégories de la population, et même à certains individus « ordinaires » qui cherchent à se faire connaître par tous les moyens, y compris les plus stupides ou les plus dangereux, par le biais des réseaux sociaux. Les politiciens, pour exister, recherchent la complicité des médias, peaufinent des petites phrases pour accrocher l’audience, et s’introduisent où ils peuvent pour montrer leur bobine.

    Un cas exemplaire est celui de Sarkozy dont on n’arrête pas de parler depuis sa défaite électorale. Le « reviendra, reviendra pas » et le « j’y vais ou j’y vais pas » font couler beaucoup d’encre dans les journaux et les magazines depuis son départ.

    « Le Canard enchaîné » (13/08/14) rapporte l’analyse d’un parlementaire (dans le « Figaro » du 7/08/14) : « Sarkozy explique qu’il n’a pas le choix, mais qu’il n’a pas choisi, qu’il a un devoir mais qu’il n’a pas pris sa décision. Qu’il va revenir alors qu’il n’est jamais parti. Que voulez-vous que l’on commente ? ».

    Depuis son départ, les médias ont suivi Sarkozy à la trace : bicyclette, scooter, conférences, concerts de sa dulcinée, goûts littéraires etc…C’est à dire qu’ils ont rapporté fidèlement des non-évènements, sans aucun intérêt pour le pays, uniquement pour faire de la copie, et maintenir l’existence publique de l’ancien président par le biais de sa vie privée, alors qu’il n’y a rien à dire sur lui puisqu’il n’a fait jusqu’à présent aucune déclaration significative et exposé aucun projet.

    Comme les politiciens n’ont pas grand-chose à dire, et comme l’on devine aisément ce qu’ils vont déclarer, pour appliquer le principe : « on parle de moi, donc je suis », ils sont amenés à se montrer dans d’autres domaines que la politique, ce qui conduit à une « pipolisation » de la vie politique : où je vis, avec qui je suis, ce que je fais, ce que j’aime…Photos et articles sans intérêt sur leur personnalité, et même participation à des jeux télévisés où ils cherchent à se montrer sous un jour sympathique avec la simplicité du voisin qui vient boire l’apéro dans votre foyer.

    Certes, le récit du rien tient une bonne place dans les médias, mais l’inverse est plus fâcheux : l’absence de récit sur des évènements existants, et qui de ce fait n’ont pas d’existence à nos yeux, et deviennent pour nous des non-évènements. A côté de la présence médiatique de l’absence, il peut exister une absence médiatique de la présence. Mais le pire est la présence médiatique d’un évènement fabriqué de toutes pièces, et qui devient existant à nos yeux, et ce rien entraînera des réactions du public ou même des gouvernements qui seront à leur tour médiatisées en raison de leur présence.

     


    8 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires