• Le virus de l’ancien colonisé

    De tous temps, la survenue d’une épidémie à haute mortalité contre laquelle les médecins n’ont rien à proposer comme traitement en dehors des mesures de prophylaxie, la population menacée réagit toujours de la même façon : incompréhension, recherche de coupables ou de responsables, déversement de la peur sur un bouc émissaire, suspicion d’un complot qui permet une explication cohérente, bien que fantasmée, et la découverte du même coup du coupable et du bouc émissaire.

    Ces réactions s’observent en Afrique de l’Ouest avec l’épidémie à virus Ebola. Récemment, un groupe armée de gourdins a « libéré » 17 malades mis en quarantaine à Westpoint au risque de propager la maladie, à commencer dans le groupe « libérateur », celui-ci niant la réalité de l’épidémie tout en accusant plus ou moins la Présidente du Libéria à laquelle il s’oppose.

    Les Africains ne comprennent pas que l’on ne puisse pas enterrer les morts selon leurs rites et soutenir les parents endeuillés. Ils refusent de croire aux origines invoquées de la maladie (pour le moins confuses), ils ne comprennent pas pourquoi cette maladie habituellement circonscrite fait aujourd’hui tant morts, et que la médecine reste toujours impuissante malgré ses progrès.

    Alors, ils se défient des occidentaux, et mettent en doute la sincérité des coopérants venus sur place pour les aider (à leurs risques et péril) mais qui ne sont, à leurs yeux, que les descendants des anciens colonisateurs. Un journaliste de Guinée écrit : « Lui [Alpha Condé] qui sait que, tout au début, les populations de certains villages de Guéckédou et de Macenta avaient montré de la résistance en s’attaquant à des agents de l’ONG Médecins sans frontières. Ne voulant pas passer pour un complice de ce que les populations assimilent davantage à une sorte "d’invention occidentale" destinée à les liquider ». Défiance renforcée par le fait que les premiers essais d’un traitement expérimental ont d’abord été appliqués sur des occidentaux.

    Pour les anciens colonisés, le bouc émissaire qui va de soi est l’ancien colonisateur.

    On raconte l’histoire suivante : après l’indépendance de son pays, un vieil Africain, devant la succession des dictateurs, les exactions, les règlements de compte ethniques qui l’ont souvent suivie, demande à son fils : « l’indépendance, ça va encore  durer longtemps ? ». On pourrait dire aujourd’hui qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance des pays africains : « la mentalité de colonisé, ça va encore durer longtemps ? ». N’avons-nous pas à domicile des gens qui se considèrent comme des « indigènes de la République » ?

    « Ne vous frappez pas, laissez-nous ce soinVol au-dessus des mers »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 21 Août 2014 à 02:00

    Effectivement Doc ! Les principaux pays européens concernés étaient la France et le Royaume-Uni; l'Allemagne, l'Italie, le Portugal, la Belgique et l'Espagne y ont aussi participé, mais de façon moins importante et souvent plus tardive. Normal dont que ces populations colonisées se méfient des occidentaux. Bonne soirée Doc. ZAZA

    2
    Jeudi 21 Août 2014 à 09:09

    Il n'est pas normal que 50 ans après leur indépendance, les Africains se considèrent encore comme des colonisés, et reçoivent ceux qui viennent leur porter secours comme des colonisateurs ne voulant que leur mal (la plupart des anciens colonisés sont déjà morts).

    3
    Jeudi 21 Août 2014 à 10:59

    Revendiquer un statut d'ancien colonisé (d'infériorité?) autorise à faire porter sur l'autre la responsabilité et la culpabilité des fautes et des erreurs que l'on commet. Cela amène à exiger des compensations et à se poser en victime et non en coupable. La bêtise est une explication. Elle ne doit pas être une excuse.

    4
    Jeudi 21 Août 2014 à 11:18

    La colonisation est devenue un alibi usé jusqu'à la corde, et dont les dictateurs ont abusé pour justifier l'état de leur pays. Les populations elles-mêmes, qui pour la plupart ne l'ont pas connue, continuent à se considérer comme des victimes.

    5
    Jeudi 21 Août 2014 à 12:46

    C'est bien pratique, le statut de colonisé, ça permet à ces braves gens de s'exonérer des conséquences de leurs propres insuffisances et autres turpitudes.

    Amitiés.

    6
    Jeudi 21 Août 2014 à 13:19

    A noter - qu'à ma connaissance - cette mentalité n'existe pas en Asie

    7
    Samedi 23 Août 2014 à 11:26

    Je serais assez d'accord pour traiter d'irresponsables et d'idiots les Africains et les Arabes qui imputent aux Occidentaux (et donc aux Français) la responsabilité de tous leurs problèmes.

    Mais que penser des Français qui considèrent que les Africains et les Arabes sont responsables de tous leurs problèmes ?

    8
    Samedi 23 Août 2014 à 14:18

    Passé un demi-siècle, je crois que oui, question de culture (et non pas de capacités individuelles). N'êtes-vous pas étonné qu'après près de 70 ans des Palestiniens sont toujours dans des camps de réfugiés dont ils ne sont que les descendants. Mettez dans des camps des européens, des Américains, des Asiatiques, qu'ils soient juifs ou non, cela ferait longtemps qu'ils n'y seraient plus. 

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