• Marc Chagall "Les amants en bleu"


    SAISONS

     

    Passent les saisons, toujours les mêmes

    Chacune a sa couleur pour ceux qui s'aiment

     

    L'explosion verte du printemps est passée

    Où notre amour a failli se briser

     

    L'incendie jaune de l'été est passé

    Où notre amour s'est illuminé

     

    Les braises rousses de l'automne sont passées

    Où notre amour s'est attisé

     

    Le froid gris de l'hiver est arrivé

    Dans nos cœurs il fait toujours beau

    L'un contre l'autre nous restons serrés

    Pour nous tenir chaud

     

    Passent les saisons, toujours les mêmes

    Chacune a sa couleur pour ceux qui s'aiment


    Paul Obraska 



    Marc Chagall "Les amants en gris"


    TANGO

     

    Un couple clair s'en va dans la nuit

    A pas lents. Le temps importe peu

    L'essentiel est d'être unis

    L'essentiel est d'être deux

     

    Un couple clair s'en va dans la nuit

    Leur histoire confondue

    Des pas de tango le temps d'une vie

    L'un par l'autre soutenu

     

    Depuis longtemps ils suivent la mesure

    Même si les faux pas ne manquent pas

    L'un rattrape l'autre et le rassure

    Chacun ouvre pour l'autre ses bras

     

    Chacun craint pour l'autre que la musique s'arrête

    Eux ne sont pas las de danser ce tango

    Chaque pas ensemble reste une fête

    La danse cessera, ils ne le savent que trop

     

    En attendant, ils dansent toujours unis

    Un couple clair s'en va dans la nuit

    Paul Obraska


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  • L'été se meurt. Hier et aujourd'hui à Paris, il fait encore beau. Mais le soleil est déjà bas et les feuilles encore vertes se cuivrent peu à peu. Les cafés se vident sur les trottoirs. Les gens pour goutter le soleil et voler une cigarette, mangent dans les vapeurs d'essence. Et les voitures empêtrées près d'eux klaxonnent comme on gémit lorsqu'on a mal. En pure perte. On manifeste quelque part. On manifeste toujours quelque part. En pure perte.

     Les parcs sont pleins, les uns assis ou couchés, les autres courent. Il y a des tas de gens qui courent et les gens assis les regardent courir. C'est intéressant. Les jeunes filles, les écouteurs aux oreilles, les seins libres cahotant au rythme des foulées, les jeunes hommes, le tee-shirt maculé de larges taches, les vieux hoquetant, le cœur affolé et les enfants courent après les pigeons, s'exerçant aux rêves impossibles. L'été se meurt, vive l'été !


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  • Ces dernières années la façon de se vêtir s'est beaucoup diversifiée. On voit de tout et c'est tant mieux. Le tee-shirt a pris le pas sur la chemise : il a l'avantage de ne pas avoir de col susceptible de se salir et il est moins cher, en outre on peut y inscrire dessus ses opinions. La mini jupe voisine avec la jupe longue. J'avoue avoir un faible pour la mini jupe : l'avantage est de montrer les jambes des femmes (et souvent uniquement le haut lorsque des bottes viennent gainer le bas), l'inconvénient est de révéler les jambes des femmes que l'on aimerait voir cachées et d'obliger les pudiques à tirer sur leur jupe, ce qui est paradoxal.

    Les jeans « taille basse » ont permis aux jeunes filles de révéler leur nombril et le haut de leur string ( la vue du caleçon des hommes est moins divertissante). Cette façon d'être à moitié déshabillées dans la rue permet, certes de gagner du temps dans certaines circonstances, mais c'est aussi une invitation pleine de promesses. Les bourrelets graisseux qui dépassent parfois de la ceinture peuvent cependant constituer un frein aux appétits sexuels du spectateur.

    La mode du jean soigneusement déchiré aux genoux m'horripile, on n'a pas le droit de jouer ainsi au pauvre en simulant des guenilles, la dignité des pauvres est justement de ne pas en avoir. C'est une provocation minable, le trou aux genoux s'accompagne d'un trou à la tête.

    Des jeunes hommes s'exhibent encore avec des jeans dont l'entre-jambes affleure les genoux. Le seul avantage que j'y vois est de pouvoir y mettre aisément une couche qui resterait invisible. Le paradoxe est que cette mode a été adoptée uniquement par des jeunes alors qu'elle conviendrait parfaitement aux vieux incontinents.

    La tendance est de ne rien mettre dans le pantalon. Chemise ou tee-shirt dépasse de la veste ou du blouson. L'inconvénient est de laisser penser que l'on s'est habillé à la hâte et de façon un peu distraite, mais les avantages sont là : il est plus simple et plus rapide de s'habiller et combien plus aisé d'uriner pour les hommes sans avoir à écarter tous ces bouts pelotonnés dans la culotte, avantage apprécié en cas d'urgence.


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  • Sans garder des moutons

    Sans entendre des voix

    J'ai parfois la vision

    Entre deux haies de bois

    D'une image irréelle

    Comme un blanc mirage

    Suspendu dans le ciel

    D'un bleu sans nuage


    Paul Obraska


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  • Dans l'Antiquité, les sacrifices d'animaux pour apaiser les dieux et l'observation de leurs entrailles ont permis d'avoir une première idée de l'anatomie humaine. Cent ans avant Hippocrate, au VIe siècle avant notre ère, un disciple de Pythagore, Alcméon, pratique à Crotone la vivisection pour écrire le premier traité de physiologie connu, qui impressionne d'autant plus les historiens qu'il a été perdu et qu'on n'en sait pas grand chose. Il est possible qu'à Alexandrie, quelques trois cents ans plus tard, Hérophile et Erasistrate aient disséqué des criminels vivants avec l'aval de leur souverain. Au 1er siècle l'encyclopédiste Celse « tient pour inutile et cruel d'ouvrir les corps vivants »[1] Mais ce n'est que par des expérimentations animales que la médecine a progressé. Claude Bernard, persécuté par sa femme, opposée à la vivisection, se défend en écrivant dans son œuvre maîtresse Introduction à la médecine expérimentale : « le chirurgien, le physiologiste et Néron se livrent également à des mutilations sur des êtres vivants. Qu'est-ce qui les distingue encore si ce n'est l'idée ? [...] Le physiologiste n'est pas un homme du monde, c'est un savant, c'est un homme qui est saisi et absorbé par une idée scientifique qu'il poursuit : il n'entend plus le cri des animaux, il ne voit plus le sang qui coule, il ne voit que l'idée et n'aperçoit que des organismes qui lui cachent des problèmes qu'il veut découvrir. ».

    Nous devons ici rendre hommage à la grenouille qui a beaucoup servi la médecine. Dans l'Atharva Veda « en cas de maladie on arrose d'eau le patient en plaçant une grenouille sous son lit »[2] pour obtenir la guérison. Mais c'est surtout à partir du XVIIIe siècle avec Galvani et Spallanzani que la pauvre bête devient irremplaçable. Et c'est encore grâce à un batracien que les biologistes américains P. Agre et R. MacKinnon ont obtenu un prix Nobel en 2003. «  Les théories passent, la grenouille reste » (Jean Rostand).   

    La vivisection sur les animaux soulevait moins de protestations lorsque l'anesthésie n'existait pas, depuis qu'on les endort elles sont devenues vives. Alors que faire ? Essayer chez l'homme une intervention chirurgicale nouvelle avant de la tenter chez l'animal ?


    Documentation réunie avec la collaboration de Jean Waligora 


    [1] Cité par M. Bariéty et C. Coury, Histoire de la médecine.

    [2] P.Lévêque, Les grenouilles dans l'antiquité, éd de Fallois


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  • Francis Picabia "Hera"


    BRASSEE

     

    Brassée de visages emmêlés

    Jetés au hasard

    Les yeux, fleurs enchâssées

    Au triste regard

    Les pétales des paupières

    Alourdis de fard

    Sur les pièges à lumière

     

    Bouches de coquelicots fanés

    Serrant leur double pétale pulpeux

    Parmi les yeux des fleurs écarquillés

    Cernés d'une corolle de paupières bleues

     

    Brassée de mains déracinées

    Feuilles tendues, paumes réunies

    Dressées sur des rameaux amputés 

    Montrant à la sorcière leurs lignes de vie


    Paul Obraska


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  • J'ai beau chercher, même en mangeant des madeleines, je ne retrouve pas le temps perdu. Je suis un peu distrait et je ne sais plus où je l'ai mis. L'ai-je un jour possédé ? Et ne serait-ce pas une illusion ? Après tout le Temps n'existe pas en soi, ce n'est qu'une déformation de l'Espace. Il n'apparaît que lorsque les choses changent : la course d'une aiguille ou de l'ombre sur un cadran, du sable ou de l'eau qui s'écoule, le déplacement des étoiles et des planètes, un enfant qui grandit, l'apparition des rides, l'usure des objets, l'érosion des montagnes...Enfin tout ce qui change de forme, naît ou meurt, tout ce qui fait que l'Univers est toujours là, mais jamais le même. Si l'Espace et son contenu restaient immobiles et immuables, le Temps serait aboli. Mais alors deux questions se posent :

    1° Peut-on abolir quelque chose qui n'existe pas en soi ?

    2°Si l'espace et son contenu restaient immobiles et immuables, depuis combien de temps le seraient-ils ?

    Je suis d'accord avec vous, j'ai encore perdu du temps.


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  • Chaim Soutine " La cathédrale de Chartres"


    CATHEDRALES

     

    Dans le désert

    Il ne pensait pas aux cathédrales

    A ces vaisseaux lancés à la verticale

    A la fraîcheur de leurs pierres

    Au silence murmuré des prières

    Au soleil sur les vitraux plombés

    Dans la pénombre de morgue

    Aux statues blafardes éplorées

    Racontant des légendes du passé

    Sous le souffle grave des orgues

     

    Dans les cathédrales

    Il avait la nostalgie du désert

    De l'immensité jonchée de pierres

    De l'horizon horizontal

    Se glissant entre ciel et terre

    De la rosace du soleil blond

    De la chaleur pure de l'air

    Sous une voûte bleue de plomb

    Dans le vent aigu du désert

     

    Loin des dentelles de pierre

    Loin des idoles des chapelles

    Il était né dans le désert

    Où la terre est si proche du ciel

    Où l'homme est si solitaire

    Et se sent si mortel


    Paul Obraska


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  • On vaque à nos occupations. On pense à autre chose. On vit comme si rien n'était. Mais il ne faut pas se leurrer : le problème c'est le commencement. Comment les choses sont-elles nées ? Pour les croyants, c'est simple : c'est Dieu. C'est vrai que sans Dieu le monde est absurde, avec il est révoltant. Par égard pour Dieu je préfère qu'il soit absurde, mais avec on a au moins un responsable sous la main et comme le dit si bien Woody Allen,  espérons qu'il a une bonne excuse.

    Il est aussi difficile de démontrer l'existence de Dieu que son inexistence, tout est affaire de croyance, alors va pour Dieu. Pour les croyants Dieu n'est ni créé ni engendré, donc pour Lui il n'y a pas de commencement, avant de créer l'univers Dieu était donc dans le néant. Aïe ! Et depuis combien de temps ? Un temps infini et de surcroit seul pour les monothéistes. Le sort de Dieu n'était pas enviable avant la création. En fait notre existence que nous Lui devons a été pour le Seigneur une bénédiction. Pouvons-nous espérer de sa part un peu de reconnaissance ? L'évolution du monde ne va pas dans ce sens. Il est vrai que pour la Kabbale, Dieu s'est retiré du monde pour pouvoir le créer (cf « Responsable mais non coupable » dans les « bâtons rompus »)

    Pour les incroyants il y a le « big bang ». C'est un commencement explosif qui a de l'allure. Mais avant l'explosion il y avait quoi ? Et l'explosion a eu lieu dans quoi ? L'univers dans le creux de la main mais sans main (heureusement car le poids de l'univers condensé devait être infini, enfin d'après la rumeur). L'univers jouerait-il de l'accordéon ? Tantôt en rétraction, tantôt en expansion ? Mais avant l'accordéon ?

    Avant, je ne sais pas, mais après je prends de l'aspirine.


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