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Tableau tragique
A partir d’une photo prise au Pakistan (Arif Ali /AFP) et publiée par Le Point du 19/08/10
MANNE
Hérissant les corps agglutinés
Des bras se tendent vers le ciel
Comme des branches dénudées
Sous une pluie providentielle
De ses pattes le grand oiseau de fer
Frôlent les têtes dressées pour la becquée
Les faces crispées par un espoir amer
Bouches ouvertes et ventres affamés
Les hommes et les enfants déguenillés
Dressent leurs mains dans un même geste
L’oiseau n’a peut-être plus rien à donner
Un homme s’enfuit courant le dos courbé
Serrant à deux mains la manne céleste
Pour que personne ne puisse la dérober
Paul Obraska
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Commentaires
Comme on peut admirer un tableau dont le thème est le malheur, mais là il ne s'agit pas d'un malheur imaginaire.
Dr WO
La beauté de cette photographie qu'illustre votre poème ne fait pas oublier l'horreur de l'événement de même que le tableau de Goya "Tres de Mayo", ne fait pas oublier (au contraire, il rappelle) la répression de la révolte des espagnols contre l'armée française de Napoléon.Beaucoup de souffrance dans ce cliché. Au point de me mettre mal à l'aise. Le Pakistan agonise dans l'indifférence générale.Cette photo tragique est en parfaite adéquation avec les quelques lignes couchées de votre plume. J’en suis toute émue. C’est tragique et beau de sincérité à la fois. Bonne soirée. ZAZAOui, c'est même la beauté de la photo qui exprime au mieux la tragédie. Une photo banale n'aurait peut-être pas le même effet.
Dr WO
J'ai hésité en pensant que petit poème était superflu, mais j'avais besoin de m'exprimer.
Dr WO
Beau poème.
Et belle photo qui illustre bien à quel point le choix des photos peut influencer nos consciences d'homo médiaticus.
Le cliché pris une seconde plus tard et qui aurait donné plus de place à l'hélicoptère aurait illustré l'importance des moyens mis en oeuvre pour aider la population.
Une seconde plus tôt et légèrement tourné vers le bas et nous avons une illustration de la détresse des villageois.Un fait n'existe vraiment que lorsqu'on le montre et son impact dépend du talent avec lequel on le montre, un talent qui peut aller jusqu'à transformer le fait.
DR WO
J'ai trouvé que le rythme de votre poême renvoyait au ryhtme des retords de l'hélico, un peu hypnotique... L'ensemble des deux crée une émotion puissante. Merci.Tu as raison, c'est une terrible chorégraphie : des corps à l'unisson poussés par la faim.
Dr WO
Ce poème est très beau! Il renforce l'horreur de la photo! Quelle triste réalité!17leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:15La photo en dit long mais les vers que vous avez mis renforcent le tragique de la situation. Je suis révoltée qu'une partie de l'humanité meurt de faim pendant que des milliardaires font la course entre eux, à celui qui va dépenser le plus dans une soirée. Il y a assez de production pour que tout être humain sur cette terre puisse manger à sa faim. De toute façon la civilisation actuelle est vouée à sa perte, mais en attendant.........18leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:15Oui c'est vrai ce que vous dites là, on ne peut le nier même si ça paraît indécent de le penser.19MARIE-HELENELundi 7 Janvier 2013 à 16:15La photo est si dangereusement belle que ses corps semblent chorégraphiés et cela pourrait faire oublier la tragédie qui se joue. Ton poème est très beau et traduit bien l'horreur du vécu de ces villageois!
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Dr WO