• Historiopathie

    Par Dr WO dans Bâtons rompus le 10 Mars 2024 à 18:04

    Les politiciens ont tendance devant des évènements nouveaux à se référer sans cesse à des évènements historiques, il est bien sûr utile de tirer des enseignements du passé, mais les faits ne sont jamais similaires et les acteurs ne sont jamais les mêmes. Les comparaisons se font surtout sur le mode dramatique, et les politiciens interprètent volontiers le présent selon le tragique du passé, surtout lorsqu’il s’agit d’un opposant au gouvernement pour montrer à quel point celui-ci sous-estime avec une légèreté coupable ce qui se déroule devant ses yeux. En ce moment on assiste à l’inverse, le gouvernement « joue » dans le tragique et les partis extrêmes minimisent au contraire la menace représentée par la Russie car ils sont atteints d’une russophilie ancienne qui persiste sous une forme larvée.

     Ainsi Valérie Hayer, la tête de liste Renaissance aux élections européennes, a parlé de Daladier à propos des accords de Munich comme un coupable d’avoir cédé (avec Chamberlain) à Hitler alors qu’il avait été plutôt contre et plus ou moins obligé de le faire, et sa vie a prouvé qu’il n’avait rien d’un collaborateur. Comparaison historique pour fustiger l’opposition molle du RN à l’agressivité de Poutine en mettant bêtement sur le même plan Daladier et Marine Le Pen. La situation historique que nous vivons n’est pas la même que celle qui a précédé la Deuxième guerre mondiale, mais sans aller jusqu’à l’aphorisme sur la répétition des évènements historiques, la première fois comme un drame, la seconde fois comme une comédie car la guerre en Ukraine et une possible extension du conflit n’ont rien d’une farce.

    Quant à Fabien Roussel, il compare la situation tragique à Gaza – une tragédie déclenchée et voulue par le Hamas et entretenue par les extrémistes israéliens – au ghetto de Varsovie, une comparaison qui n’a aucun sens, sinon pour reprocher implicitement aux Juifs de faire aux autres ce qu’ils ont eux-mêmes subi.

    Le point commun à deux évènements historiques dramatiques, c’est le drame, mais les causes, le déroulement, et les conséquences sont rarement les mêmes. Que nos politiciens, et accessoirement les journalistes, se contentent de décrire et d’analyser les évènements du présent sans les mettre sur le même plan que des évènements du passé car ils risquent d’ajouter de la confusion à la confusion et de créer des polémiques anachroniques surtout lorsque les connaissances historiques paraissent un peu lacunaires de la part des polémistes, même si l’on peut soupçonner le recours opportuniste à des lacunes volontaires chez certains d’entre eux.

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  • Commentaires

    1
    Pangloss
    Dimanche 10 Mars à 19:37
    Pangloss

    Quand on ne comprend rien au présent, il est inutile de chercher des explications dans un passé auquel on n'a rien compris.

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      • Dr WO Profil de Dr WO
        Dimanche 10 Mars à 19:42
        Dr WO

        Cela pourrait être un aphorisme. yes

    2
    Liviaaugustae Profil de Liviaaugustae
    Dimanche 10 Mars à 20:48

    C'est beaucoup plus facile comme çà, pour eux, çà les exonère en quelque sorte de leur c......e!

    Répondre
      • Dr WO Profil de Dr WO
        Dimanche 10 Mars à 20:58
        Dr WO

        L'abus de références historiques complique l'analyse du présent et la prise de décision.

    3
    bedeau Profil de bedeau
    Dimanche 10 Mars à 22:14
    bedeau

    Il me revient cette citation de (bien sûr) George Orwell dans (évidemment) "1984" : "Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé..."

                 

     

     

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      • Dr WO Profil de Dr WO
        Dimanche 10 Mars à 23:22
        Dr WO

        Et le "ministère de la vérité" dans 1984 est chargé de modifier l'histoire en fonction du présent. L'URSS le faisait couramment (notamment en effaçant les personnalités sur les photos officielles et en réécrivant l'histoire). Poutine nous a également servi une. histoire parallèle au moment de l'invasion de l'Ukraine. Tous les états auraient tendance à le faire (laTurquie avec le génocide arménien), mais quand les historiens ont la parole libre, c'est plus difficile.

      • bedeau Profil de bedeau
        Lundi 11 Mars à 08:40
        bedeau

        Une parole libre, d'accord... mais ensuite ?

        Les historiens du colonialisme et de l'esclavagisme, ceux de la seconde guerre et de la Libération, ceux de Al-Andalus et de la Reconquista, par exemple sont parfois en désaccord total sur les causes et les effets; L'idéologie (ou "la mode") prend souvent  le dessus...

         

      • Dr WO Profil de Dr WO
        Lundi 11 Mars à 08:57
        Dr WO

        Je ne contesterai pas que chacun voit l'histoire selon sa perspective, et en général c'est l'histoire du vainqueur. Mais certaines manipulations sont plus grossières que d'autres et dans les démocraties, la vérité historique finit par apparaitre un jour ou l'autre.

    4
    Souris donc
    Lundi 11 Mars à 09:45

    Les Pravda, solution pour leur échapper : la zappette.

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      • Dr WO Profil de Dr WO
        Lundi 11 Mars à 09:55
        Dr WO

        Les propagandes bien faites finissent toujours par laisser quelque chose dans les esprits.

    5
    Brindamour
    Lundi 11 Mars à 10:17

    Pour la moitié de la population française le RN c’est Hitler. 
    Alors les fines allusions de Hayer ça peut passer.

    J’aime bien Mme Hayer parce que c’est une belle femme et elle offre un spectacle charmant.

    Répondre
      • Dr WO Profil de Dr WO
        Lundi 11 Mars à 11:15
        Dr WO

        Mais si Mme Hayer voulait accabler Mme Le Pen, c'est raté car Daladier était en fait contre les accords de Munich en faveur de Hitler qu'il a signés à contrecoeur, alors que Mme Le Pen a un penchant pour Poutine qu'elle a intérêt à masquer. Si bien que la comparaison serait plutôt en faveur de Mme Le Pen. On peut être charmante et dire des bêtises.

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